Les pionnières de l’entrepreneuriat américain (3)

Elle fut la première femme à gagner un million sans héritage, mari ou intervention du gouvernement.

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Les pionnières de l’entrepreneuriat américain (3)

Publié le 17 janvier 2016
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Par Lawrence W. Reed1

https://fr.wikipedia.org-Madam_C.J._Walker
https://fr.wikipedia.org-Madam_C.J._Walker

Ces trois femmes, Martha Coston, Hetty Green, et Madame C.J. Walker, possédaient, chacune, un esprit apte à briser les barrières. Elles ont obtenu le succès et le respect dans l’entreprise privée. Elles ont ouvert les portes à des millions d’autres femmes pour investir le marché et rivaliser avec les hommes dans la création de richesse.

Madame C.J. Walker

Des millions de femmes noires se sont inspirées de son exemple et des dizaines de milliers sont directement devenues indépendantes en travaillant pour l’entreprise qu’elle a fondée.

Lorsqu’en décembre 1867, Sarah Breedlove naît, sixième enfant de parents qui avaient été esclaves quelques années auparavant, Martha Coston et Hetty Green étaient déjà de riches américaines confortablement installées dans les affaires. Mais cette femme noire qui avait l’esprit d’entreprendre s’est fait connaître de manière rapide et percutante comme une créatrice de richesse avant qu’elle ne meure précocement à l’âge de 51 ans en 1919.

Le biographe John Blundell dans son livre « Ladies For Liberty : Women Who Made a Difference in American History », dit d’elle :

« On peut affirmer de manière fiable qu’elle était la première femme à faire un million sans héritage, mari ou intervention du gouvernement. Elle l’a fait d’elle-même. »

Orpheline à 7 ans, mariée à 14, puis veuve à 20 avec une petite fille à charge, elle est déterminée à ce que sa fille A’Lelia obtienne une bonne éducation privée. « J’ai débuté en me donnant moi-même mes débuts » dit-elle plus tard.

Employée comme blanchisseuse pour environ un dollar par jour, elle travaille longtemps et durement et économise assez pour faire de son rêve une réalité. Elle a ensuite pris pour nom « Madame C.J. Walker » (dérivé de son second mari, Charles James Walker).

Avec le temps, chaque jour est un jour « à se faire des cheveux », pour Madame Walker. En raison de la mauvaise alimentation, du lavage peu fréquent et des produits capillaires nocifs, ses cheveux se sont considérablement abîmés au temps de son second mariage. Elle réalise au même moment que le marché pour des produits capillaires de qualité pour les femmes noires est inexistant. Elle décide de faire quelque chose à ce sujet.

Apprenant tout ce qu’elle peut concernant les cheveux et leurs soins appropriés, elle fait des expériences avec diverses concoctions de sa propre fabrication. En 1905, elle crée la Madam C.J. Walker Manufacturing Company, vendant une ligne de produits de soins capillaires et de crèmes cosmétiques. Elle assigne sa fille A’Lelia aux opérations de vente par correspondance depuis Denver, tandis qu’elle et son mari parcourent le pays pour recruter des vendeuses.

Finalement, après un passage à Pittsburgh, Madame Walker s’installe à Indianapolis en 1910, où elle construit son siège, une usine, un laboratoire, un salon de coiffure et une école de cosmétique pour former les vendeuses de sa société. À cette époque, son entreprise vend des produits dans presque tous les États du pays ainsi que dans les Caraïbes. Son projet est de guérir tous les problèmes des cheveux et du cuir chevelu et de rendre les femmes noires indépendantes grâce à la fois à la beauté et aux opportunités économiques.

La formule la plus célèbre de Madame Walker inclut un shampooing et une pommade qui « transforment les cheveux ternes et cassants en cheveux doux et somptueux ». Les femmes qu’elle emploie portent des uniformes : chemises blanches et jupes noires, cartables noirs remplis d’échantillons, et font des visites à domicile à travers tous les États-Unis et les îles des Caraïbes. Son nom et son visage sont bien connus des femmes, noires comme blanches. John Blundell écrit à son propos :

« Avec sa fortune, elle est devenue une philanthrope sérieuse et active pour les organisations caritatives, de l’Institut Tuskegee de Booker T. Washington au NAACP, mais sa philosophie était très proche du respect de soi-même par le soutien de soi-même, une main levée, pas une main tendue. Elle croyait à une économie d’entrepreneuriat, d’auto-assistance de bas en haut. À la fin de ses cours de vente en soins capillaires, elle montrait aux futures vendeuses des diapositives de grands entrepreneurs noirs américains pour les informer et les enthousiasmer. »

Lorsqu’elle quitte son siège social et son usine à Indianapolis, elle déménage finalement au 108-110 Ouest dans la 136e rue à New York, où elle a un salon plus grand que ceux d’Helena Rubinstein ou Elizabeth Arden. Elle a un revenu à six chiffres, 10 000 agents, de nouvelles opportunités dans les Caraïbes et en Amérique centrale, et est reconnue comme la « plus riche négresse du monde ».

Madame Walker est morte d’hypertension en 1919, mais a laissé derrière elle un héritage de réussite économique, de philanthropie généreuse, et d’activisme politique au nom de l’égalité devant la loi. Des millions de femmes noires ont été inspirées par son exemple et des dizaines de milliers sont directement devenues indépendantes en travaillant pour l’entreprise qu’elle a fondée.

Bien que la discrimination généralisée contre les noirs et les femmes entachent le cours des vies aux États-Unis au début du XXe siècle, l’histoire de Madame C. J. Walker se distingue comme un témoignage remarquable du grand hymne aux droits civiques, qui aura lieu bien des années plus tard : « We Shall Overcome », « Nous triompherons ». C’est ce qu’elle a fait, à bien des égards.

Lire les autres portraits des pionnières américaines ici.

Traduction par Contrepoints de 3 pioneering women in american business.

  1. Président de la FEE, Foundation for economic education.
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