Le terrorisme est-il l’ennemi que l’on croit ? (1)

Quelle est la véritable ampleur de la menace terroriste ?

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Orage foudre CC Flickr Toby1909

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Le terrorisme est-il l’ennemi que l’on croit ? (1)

Publié le 17 décembre 2015
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Par David Stockman.

Orage foudre CC Flickr Toby1909
Orage foudre CC Flickr Toby1909

L’année dernière, Sonya Jones est morte alors qu’elle était en train de cueillir des myrtilles ; Carla Grow a été tuée au cours d’un pique-nique en famille ; Megan Nickell est morte en jouant au volley-ball sur une plage ; et Gage McFadden connut le même sort en jouant au disc golf. William Clevenger fut frappé alors qu’il était en train de rassembler son bétail, tout comme Frankie Roberts tandis qu’il promenait ses chiens.

Dans tous ces cas, il n’y avait qu’un seul assassin : la foudre !

Selon les services météorologiques du pays, depuis le 11 septembre 2001, plus de 400 personnes ont été tuées aux États-Unis par la foudre.

En outre, au cours des quatorze années qui séparent les événements terribles et à la fois improbables du 11 septembre et le massacre du 2 décembre à San Bernardino, seuls six civils ont été tués sur le sol américain par des terroristes djihadistes, deux à l’aéroport de Los Angeles en 2002 et quatre lors du marathon de Boston en 2013.

On compte également cinq morts dus aux attaques non élucidées à l’anthrax en 2001, attaques qui n’étaient vraisemblablement pas l’œuvre de terroristes, sans oublier la fusillade meurtrière à Fort Hood en 2009 et la tuerie au centre militaire de Chattanooga l’été dernier. Mais la plupart des Américains n’ont jamais mis le pied sur une base militaire et n’ont guère de risque de se retrouver exposés à la violence qui pourrait se déclencher dans de telles infrastructures.

Clairement, la semaine dernière, nous avons assisté à un acte commis par des loups solitaires, ce qu’un correspondant de guerre de CNN a décrit comme du « terrorisme amateur. »

Cependant, la meilleure chose que les dizaines de millions de citoyens ordinaires puissent faire face à ce danger est de ne pas écouter ce que les hommes politiques ont à dire à ce sujet.

Le rôle des politiques

Pourquoi ? Parce que pour 99,99% des gens, le risque d’être tué ou blessé par un loup solitaire jihadiste est plus faible que celui d’être frappé par la foudre ; et il est très certainement bien plus faible que leur exposition à l’éruption périodique de massacres par des psychopathes nationaux et des déments mécontents qui ont lieu avec une inquiétante régularité.

Rien que ces quatre dernières années, dans une dizaine de villes différentes à travers tous les États-Unis, 105 personnes ont été tuées et 100 blessées par des fusillades qui n’étaient pas le fait de jihadistes. J’inclus ici les récents événements dans un centre de planning familial à Colorado et sur le campus de la ville de Roseburg, en Oregon, ainsi que la terrible fusillade dans une église noire à Charleston en juin dernier, la tuerie à l’école élémentaire de Newton en décembre 2012 et le massacre dans un cinéma de la ville d’Aurora en juillet 2012.

Au total on dénombre 26 fusillades depuis le 11 septembre, y compris celle du campus de l’université de Blacksburg qui a fait une cinquantaine de morts et de blessés. Environ 425 Américains ont été tués ou blessés durant ces fusillades, des crimes commis principalement par des jeunes gens malades, avec souvent la suprématie de la race blanche comme support idéologique ou d’autres motivations basées sur la haine.

Ces deux types de terrorisme pourraient-ils être supprimés, les agissements haïssables et déments des Syed Rizwan Farook et des Dylann Storm Roof ? Les responsables politiques ne peuvent quasiment rien faire, excepté ne pas empirer les choses en essayant de bombarder, d’envoyer des drones, d’envahir et d’occuper des régions dans l’espoir d’éradiquer la forme djihadiste du terrorisme.

Après tout, n’est-il pas évident, après deux décennies de terrorisme djihadiste, qu’il soit quasi-organisé, inspiré à distance ou en loups solitaires, que celui-ci est entretenu en réaction au chaos généré par l’impérialisme de Washington ? Et plus particulièrement par la terrible violence militaire du 21ème siècle que les États-Unis ont infligé aux populations musulmanes au Moyen-Orient ?

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  • C’est José qui a écrit l’article ? Parce que, voyez-vous, je ne crois pas que ce soit avec ce genre d’articles que vous attirerez les citoyens vers le libéralisme. C’est pouratnt un libéral qui vous le dit (oui, pour José, Commando, and c° : je sais, je sais, je ne suis pas un vrai libéral).

    • Pourtant la question en creux posée par cet article est particulièrement pertinente. Le risque de mourir d’un attentat est très faible – comparativement à d’autres causes – et pourtant beaucoup de gens sont prêts à accepter des restrictions importantes de leurs libertés pour conjurer ce risque. Pour une partie des gens, cela peut être parce qu’ils en exagèrent l’importance ou la probabilité. Remettre les choses en perspective me semble donc utile.

      • Oui, d’accord avec vous, remettre en perspective est utile. Mais entre jouer au volley sur une plage durant un orage (avec d’autres exemples de comportements tout aussi imprudents) et se faire assassiner au Bataclan, on admettra qu’il y a une différence.

        • Vous avez raison. Mais votre exemple montre bien (une partie de) ce qui fait peur dans le terrorisme: le citoyen lambda ne peut pas le contrôler, et ne peut même pas avoir l’illusion de le contrôler, contrairement au risque de foudre ou d’accidents de la route. Le terrorisme est d’ailleurs sur ce point semblable aux risques technologiques, qui font peur parce qu’ils ne sont pas compris, et donc pas contrôlables par le citoyen. Dans les deux cas, c’est la recette parfaite pour une réaction irrationnelle (faire appel à un dictateur, ou se planquer sur le plateau du Larzac avec un casque en aluminium sur les oreilles pour éviter les grandes méchantes ondes…) Le rôle de nos dirigeants devrait donc être de modérer ces peurs et d’y apporter une réponse proportionnée à la nature du danger. On peut toujours rêver…

    • C’est donc en disant que le terrorisme est le seul probleme en France, que le terrorisme islamique est le seul au monde carrément qu’on attire les gens chez les libéraux ? Non parceque c’est ce qui se passe depuis des années en France, ou on ne parle que de l’Etat Islamique a chaque journal TV, dans tous les numéros de presse écrites,… et les Français ne vont pas au libéralisme pour autant…
      Je crois que vous fantasmez tout au travers de l’idéologie libérale… mais la vous faites un hors sujet total car vous n’avez pas aimer qu’on vous dise a un moment que ce que vous dites n’est peut-etre pas trop libéral (j’en sais rien je ne suis pas votre histoire)…

  • Comparaison complètement nulle, quand il y a de l’orage je reste chez moi, je ne sors pas, si je sors c’est a mes risque et périls. (je regarde le ciel, je vois l’orage arriver)

    Quand je vais boire un verre a une terrasse de café, c’est pas pour me faire tuer.

    • Tout d’abord vous pouvez etre sur la route, et il vous reste 300 bornes a faire et vous passez dans un évenement orageux… tous ceux qui se sont fait frappés par la foudre ne sont pas des passionnés par la sortie volontaire en période d’orage, je vais meme vous faire une confidence, je pense que 99% d’entre eux ne voulaient pas se faire tuer, et tenaient à la vie, et n’étaient pas des inconscients.

      Est-ce que quand vous vous faites faucher, en tant que piéton, par un ivrogne au volant, vous l’avez voulu ? Est-ce que quand vous etes un enfant avec des parents fumeurs intensif vous avez chercher le cancer des poumons que vous avez ? Est-ce que quand vous etes un noir américain et que vous vous rendez à l’église vous aviez prévu de vous faire abattre ?

  • prendre en compte les morts….. aux USA n’est pas très sérieux pour évaluer le terrorisme. La violence exercée par des groupes non étatiques a un impact important dans le monde ( au delà des morts il y a la domination, la soumission à une idéologie). De fait, l’efficacité de la violence et de la terreur ( par l’état ou non) est malheureusement énorme.

  • Cet article, façon billet d’humeur, brille par sa confusion, son génie de l’amalgame, son ethnocentrisme . Il range avec détermination les chaussettes avec le beurre, et compare avec finesse la « recherche du temps perdu » au « Périer rondelle ».
    Il parle du terrorisme islamiste sur le seul sol américain . Si nous prenons
    L’Islande comme référence, ce terrorisme est négligeable ou n’existe pas .
    Ce terrorisme touche d’abord les pays musulman: en nombre et en quantité de victime . Israël est quotidiennement victime d’agressions souvent mortelles ou d’attentats(la « bien pensance » non antisémite dira qu’il l’a bien cherché) .
    L’Algérie a connu une guerre civile de 10ans avec au moins 100000 morts. ETC.
    Méconnaitre qu’il y a des forces Etatiques, politiques qui veulent Islamiser le monde , en particulier l’Europe et l’Afrique, radicaliser l’islam au moyen orient y faire disparaitre toute autre religion ou « hérésie islamique » y prendre le pouvoir, cela par des stratégies violentes ou procédurière s’apparente à la posture « intellectuelle » qui considérait le communisme comme une gentille utopie romantique avec laquelle on pouvait discuter, s’arranger, se comparer…Il valait mieux « être rouge que mort « .
    Oui pendant les fêtes prochaines certains vont mourir d’ un canapé de foie gras mal avalé(bien fait pensez aux pauvres oies), d’autre d’un malaise d’avoir trop dansé . C’est trop horrible !
    Soyons fous! Je vais vous livrer d’un coup, hop! une grande pensée maniére » La Palice » . Le monde libre(plus ou moins ok) est imparfait, il est perfectible, il restera imparfait .
    Ps :Zut ! deviendrais-je bavard?

  • Comme son nom l’indique, le terrorisme a pour but de semer la terreur et d’affaiblir la raison.
    Une démonstration par la force des mathématiques et des probabilités qu’on a plus de risque de mourir frappé par la foudre que dans un attentat terroriste ne touche pas les mêmes zones d’un cerveau humain que les images de corps mutilés.
    Mais si j’ai bien compris l’article, le terrorisme djihadiste serait une réaction à « la terrible violence militaire du 21ème siècle que les États-Unis ont infligé aux populations musulmanes au Moyen-Orient  » il deviendrait donc légitime.
    Non seulement, les risques sont faibles mais si par malchance on est au Bataclan un 13 novembre au soir, finalement on paierait par procuration une forme de dette occidentale…
    En France, le nombre de jeunes blancs qui massacrent leurs semblables au nom de la supériorité de leur race est de l’ordre de zéro, difficile d’évoquer « deux types de terrorisme » il n’en existe qu’un.
    Que la responsabilité des pays occidentaux dans le chaos du Moyen-Orient soit soulignée est une chose, qu’elle justifie l’existence de l’islamo-terrorisme en est une autre.

    • « Que la responsabilité des pays occidentaux dans le chaos du Moyen-Orient soit soulignée est une chose, qu’elle justifie l’existence de l’islamo-terrorisme en est une autre. »

      L’auteur n’a pas écrit « justifie » si je lis bien mais « entretenu », ce qui est différent. Rien ne justifie un carnage aveugle comme celui du Bataclan.

      • Exact… l’auteur constate que le terrorisme islamiste est « entretenu en réaction au chaos généré par l’impérialisme de Washington »
        Il n’utilise pas le terme « justifié » qui impliquerait une approbation, il se contente de constater sans approuver ni désapprouver mais il voit une « évidence » à l’existence du terrorisme djhiadiste.
        Comme dans une démonstration mathématique, la conséquence est justifiée par la cause, d’où mon propos.
        L’auteur ne pose un jugement moral sur des « agissements haïssables et déments » qu’en associant un terroriste islamiste à un tueur de masse américain, comme si leurs motivations pouvaient se confondre et se fondre dans une démence déresponsabilisante.
        Ce parallèle me semble contestable.

  • D’abord, qu’est-ce que le terrorisme 7
    C’est une méthode de guerre, en précisant de guerre non conventionnelle et révolutionnaire, visant à démoraliser l’ennemi plus puissant et organisé en attaquant sur ses arrières ses civils désarmés de la manière la plus cruelle possible afin que la population, l’opinion publique, pèse sur le gouvernement afin qu’il accepte de faire la paix aux conditions du révolutionnaire.
    Nota: dans une guerre d’indépendance où la population est partagée, il s’agit de terroriser la partie favorable au pouvoir central en assassinant ses leaders et en commettant des attentats faisant le plus de victimes civiles possibles, afin de la démoraliser et, à terme, la faire basculer du côté du parti révolutionnaire.

    La réponse à la guerre révolutionnaire est la guerre contre-révolutionnaire elle aussi basée sur « l’action psychologique » https://fr.wikipedia.org/wiki/Contre-insurrection

    Stratégiquement, il ne suffit pas d’être le plus fort pour gagner la guerre, mais de démoraliser le pouvoir adverse et c’est ce qu’apprirent à leurs dépens les États-Unis lors des guerres du Viêt Nam, de Somalie, d’Afghanistan ou encore d’Irak. D’ailleurs, la stratégie dans les guerres insurrectionnelles devient de plus en plus un cas d’école

    Lénine a théorisé la guerre révolutionnaire, Mao en a fait de même.
    Lénine disait, contredisant Clausewitz, qu’il s’agissait de « retarder les opérations jusqu’à ce que la désintégration morale de l’ennemi rende à la fois possible et facile de porter le coup décisif »

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