Donald Trump, le joker des présidentielles américaines

Trump occupe toute la scène médiatique, au détriment des autres candidats. Une stratégie des adversaires de Trump ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Donald Trump (Crédits : Gage Skidmore, licence CC BY-SA 2.0), via Flickr.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Donald Trump, le joker des présidentielles américaines

Publié le 14 décembre 2015
- A +

Par Bernard Zimmern

Gage Skidmore Donald Trump(CC BY-SA 2.0)
Gage Skidmore Donald Trump(CC BY-SA 2.0)

 

On sait que la grande invention de Bill Clinton pour faire élire sa femme Hillary, a été, sinon de le lancer dans l’arène électorale, du moins d’encourager à s’y lancer Donald Trump. Donald Trump est en effet si excessif qu’il n’a aucune chance d’être élu contre Hillary. Tout le problème de cette manœuvre est de maintenir Trump en pole position pour qu’il ne s’écrase pas avant les élections des primaires proprement dites, qui débutent au 1er février 2016.

Les Clinton peuvent espérer répéter la stratégie gagnante d’Obama contre Mitt Romney, consistant à faire durer les élections primaires républicaines jusqu’aux votes des derniers États en juin, de façon à épuiser les réserves financières du candidat républicain qui émergera au finish ; il n’aura plus les ressources nécessaires pour contrer les milliards de dollars qu’Hillary et sa fondation ont accumulés.

C’est pourquoi il est indispensable qu’aucun autre candidat sérieux ne puisse se faire entendre par les médias avant le début des élections ; et c’est pourquoi les relais médiatiques de gauche comme le Huffington Post se sont donné comme règle de faire passer chaque jour une nouvelle annonce consacrée à la dernière déclaration ou au dernier esclandre de Donald Trump, de façon à ce qu’il occupe toujours l’avant-scène des Républicains et prenne tout l’espace médiatique.

Il y a parfois des images relayant les messages d’autres candidats extrémistes comme Ted Cruz ou Paul Ryan, qui encouragent les internautes à croire que les Républicains sont tous des extrémistes.

Mais nous croyons n’avoir jamais vu sur le Huffington Post d’images ou de vidéos mettant en valeur Marco Rubio, le candidat républicain qui a pourtant le plus de chances de l’emporter en raison de ses positions modérées, de son talent oratoire et du fait que, né d’immigrés cubains, il devrait réunir sur son nom l’électorat d’Amérique latine qui représente environ un quart des suffrages.

La stratégie du silence est en effet la meilleure lorsqu’il s’agit d’étouffer un concurrent et d’éviter qu’il ne devienne compétitif dans la campagne électorale.

Le miracle américain se répétera-t-il et fera-t-il échouer cette manœuvre des Clinton ?

Ce miracle est le vote du New Hampshire prévu le 9 février qui suit le caucus de l’Iowa le 1er février. Le caucus se différencie des votes suivants en ce que les membres d’un parti se réunissent dans chacun des 91 comtés de l’Iowa et désignent, semble-t-il par acclamation, un délégué, et que ce sont ces délégués qui vont à leur tour désigner le représentant qui va les représenter dans l’élection finale du candidat à la présidence et son suppléant.

Le caucus est déjà une première indication de la force d’une candidature mais n’a pas l’importance d’un vote comme celui du New Hampshire.

Cet État est l’un des plus petits avec environ seulement 1 million d’électeurs et une surface trois fois plus petite que la France, où il est donc possible pour un candidat à la présidence de rencontrer physiquement une grande partie des électeurs dans les semaines ou les mois qui précèdent les élections et de discuter avec eux. Cela permet à ces électeurs de se faire une idée plus directe que celle distribuée par les télévisions où les échanges avec eux sont pratiquement impossibles.

C’est au New Hampshire que des personnalités comme Ronald Reagan ou Bill Clinton ont effectué une percée qui a été décisive pour créer un courant médiatique et leur a permis d’emporter les États suivants. Ce contact avec les électeurs est impossible dans les autres États en raison de populations qui dépassent aisément les 10 millions.

Le New Hampshire est le tunnel caché de l’entrée dans l’histoire qui fait émerger des leaders. Le sera-t-il encore en 2016 ? Réponse dans deux mois.

Sur le web

Voir les commentaires (6)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • « Ne jamais attribuer à la malveillance ce que la stupidité suffit à expliquer. » Si ce grotesque clown xénophobe de Trump apparaît dans la presse plus souvent qu’à son tour, c’est bien parce qu’il fait tout pour, que c’est un bon client pour la presse et qu’il est en tête dans la course des primaires républicaines. Point n’est besoin de voir un machiavélisme de la part du camp démocrate dans ce qui résulte de la stupidité du camp républicain.

  • C’est désespérant de lire sur un média libéral que les déboires des républicains ne sont que le fait des complots ourdis par les Clinton… Oh non Oh non ce n’est pas moi c’est les autres qui complote contre moi.

    N’y a t’il aucune responsabilité du coté républicain ? Si les primaires républicaines durent c’est aussi de la suprême volonté de Obama et/ou Clinton ? Mais nom de Zeus si les républicains se font rouler dans la farine par les démocrates c’est que ce sont des brèles, non?

    Ne suffit il pas de dire que le système de primaire privilégie les accents extrêmes et qu’actuellement le parti républicain y a est plus sensible, ce qui explique le succès de Trump.

    • Trump était pdt longtemps démocrate. Ce qui rends parfaitement possible ce que dit l’auteur. D’autant plus qu’il y a déjà des démocrates qui ont avoué avoir eu recours à de tels techniques.
      Les Clinton sont des gens cyniques profondément manipulateurs. Rien ne m’étonne les concernant.

  • Précision : Le territoire du New Hampshire ne fait pas un tiers de la France, seulement 4,4 % du territoire métropolitain.

  • le problème de Clinton c’est qu’elle a des soucis juridiques graves aux fesses pour avoir utilisé son mobile personnel quand elle était en mission diplomatique, elle sera peut être rattrapée par la justice avant l’heure, en tous cas ce sera un argument létal pour son adversaire dans la finale

  • Ted Cruz est extrême surtout dans son adhésion à la constitution US et à la liberté… Etrange qu’il soit pointé du doigt comme un « dangereux extrémiste » sur un site libéral.
    Etrange aussi de penser que les Clinton contrôlent tout.

    Et finalement étrange de penser qu’un clown comme Trump n’a aucune chance, alors qu’un clown, certes à moitié noir mais clown quand même, vient d’être élu deux fois de suite sur la base de discours creux et de promesses fumeuses et de shows à lasers… Comme Trump.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

La campagne de Joe Biden ne se déroule pas bien. Bien qu’il semble se diriger vers la nomination de son parti, sa cote de popularité ne cesse de chuter, laissant croire que Donald Trump le vaincra s'il obtient la nomination. Son bilan économique mitigé ne sera pas la seule raison pour laquelle plusieurs de ses électeurs en 2020 s’abstiendront ou changeront de camp.

En effet, le récent rapport d’un procureur spécial affirme que Biden a bel et bien été négligent avec des documents confidentiels qu’il a conservés secrètement. Et à l’insta... Poursuivre la lecture

Ukraine : inquiétude sur le front et à l’arrière

Le mois de février aura vu s’accumuler les mauvaises nouvelles pour l’Ukraine. Son armée est confrontée à une pénurie grave de munitions qui amène désormais en maints endroits de ce front de 1000 km le « rapport de feu » (nombre d’obus tirés par l’ennemi vs nombre d’obus qu’on tire soi-même) à près de dix contre un. Ce qui a contribué, après deux mois d’intenses combats et de pertes élevées, jusqu’à 240 chars russes, selon Kyiv, à la chute d’Adviivka, vendredi dernier. La conquête de cette vill... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles