Rabin (1995-2015) : un espoir pour la paix a été tué

Il y a 20 ans était assassiné Yitzhak Rabin, qui donna sa vie pour que le conflit israélo-palestinien puisse prendre fin.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
Parque Rabin credits j6p6k6 (CC BY 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Rabin (1995-2015) : un espoir pour la paix a été tué

Publié le 6 novembre 2015
- A +

Par Michel Ghazal.

Parque Rabin credits j6p6k6 (CC BY 2.0)
Parque Rabin credits j6p6k6 (CC BY 2.0)

C’était il y a vingt ans. Le 4 novembre 1995 à 21h30 Yitzhak Rabin, Premier ministre israélien, a été assassiné de deux balles par Yigal Amir, un militant fanatique d’extrême-droite manipulé par des religieux. Il venait de participer à un rassemblement où il avait chanté un hymne pour la paix.

Son crime ? Avoir été un des artisans des accords d’Oslo qu’il a signés en septembre 1993 et scellés par une poignée de main historique avec Arafat sous le parrainage de Bill Clinton. Il avait compris que ce conflit n’avait pas de solution militaire. Par une reconnaissance mutuelle entre Israël et la Palestine et en posant les fondements de la création d’un État palestinien, ces accords jetaient les bases d’une solution négociée au conflit israélo-palestinien. Son assassinat a signé le glas d’un processus de paix qui a largement sombré depuis. En vingt ans, le contexte a radicalement changé. Avec un nombre de colons qui a doublé, rendant de plus en plus irréversible l’occupation des territoires, la solution avec deux États a du plomb dans l’aile et elle est devenue quasiment impossible à réaliser.

Le chemin vers la paix est bien difficile mais la négociation doit rester son moyen

Que c’est triste de voir tant d’énergie, de temps, d’intelligence, de créativité, de bonnes volontés, de courage, de vision et de capacité à transcender le passé dans le dessein de bâtir la confiance, tisser les liens, renouer le dialogue, construire des passerelles et imaginer des solutions acceptables, partir en fumée. Il aura suffi d’une balle pour anéantir tant d’efforts pour construire la paix par la négociation. Oui, il est toujours plus facile de sortir le dentifrice du tube que de le faire entrer. Oui, il suffit d’un mot pour se fâcher alors qu’il faut souvent des heures pour se réconcilier.

Faut-il pour autant, comme finissent par le penser beaucoup de gens, se résigner à laisser triompher les partisans de la violence et de l’intolérance ? Faut-il, comme le souhaite les va-t-en guerre renoncer, comme ils disent, « aux leurres » de la négociation,  au profit des combats armés ?

Même si par lassitude, je désespère souvent moi aussi, je voudrais encore croire que, dans ce conflit qui mine le Moyen-Orient et le monde depuis plus de 67 ans, le salut ne pourra advenir que grâce au dialogue et à la négociation. C’est, et cela restera, le mode le plus civilisé de résolution des conflits.

Ouri Savir, négociateur en chef des accords d’Oslo entre 1993 et 1996, affirme que si Rabin avait eu un mandat de plus, « nous serions parvenus à un accord permanent avec les Palestiniens et même peut-être à la paix avec la Syrie ». Je reprends donc ce qu’a dit Bill Clinton qui participait à la commémoration des vingt ans il y a quelques jours : « Rabin a donné sa vie pour que vous puissiez vivre en paix ». Que ses paroles soient entendues. Sinon, ne soyons pas surpris de voir émerger après cette troisième intifada « des couteaux », une quatrième puis une cinquième et une sixième. L’humiliation et l’oppression au quotidien ne peuvent qu’engendrer la violence.

Sur le web

Voir les commentaires (6)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (6)
  • de même pendant la guerre d’Algérie, rares étaient ceux qui ont perçu que la victoire militaire (française) ne donnerait pas la paix.

    Et pourtant Israël est en survie : « les arabes ont pour eux l’espace, le temps et le nombre ». C’est aussi ce qu’avait compris Itzak Rabin.

  • Rabin était tout sauf un ange de la paix. Rabin c’est un peu comme le Che ou Allende autrement dit une idole de la gauche dont la légende n’a pas grand chose avoir avec la réalité. Rabin a fait les accords d’Oslo surtout car il avait peur que Peres prenne la tête du parti travailliste. Rabin à la base voulait faire un accord avec les syriens mais comme cela n’a pas marché, il s’est rabattu sur un accord avec les palestiniens. Encore, 3 mois avant les accords d’Oslo, Rabin envoyait un courrier à Peres où il disait qu’il voulait abandonner les négociations. Rabin sur le plan sécuritaire était plus à droite que Shamir. Rabin n’a jamais voulu rencontrer Arafat, il ne l’a fait qu’à cause de l’insistance de Clinton et surtout dans l’optique d’humilier Peres.

    « Ouri Savir, négociateur en chef des accords d’Oslo entre 1993 et 1996, affirme que si Rabin avait eu un mandat de plus » il dit n’importe quoi. Déja, Rabin aurait perdu les élections (il n’avait aucune chance de les remporter). En plus, les divergences étaient trop grandes pour espérer un accord. Ehud Barak a fait en 2000 une proposition extrêmment généreuse aux palestiniens (il pouvait très difficilement allé plus loin). Pourtant, les palestiniens l’ont refusé.

  • « Yigal Amir, un militant fanatique d’extrême-droite manipulé par des religieux » pq dire qu’il a été manipulé par les religieux ? Amir était un fanatique religieux. Il a transformé Rabin en légende alors qu’il aurait suffi d’attendre les élections suivantes pour voir Rabin se faire humilier. Rabin fait parti de ces gens dont la perte du pouvoir leur est fatale.
    « Son assassinat a signé le glas d’un processus de paix qui a largement sombré depuis » je crois que vous exagéré (et pas qu’un peu). Olmert, Barak, Sharon ont essayé faire la paix et ils n’ont jamais réussi. Ce qui a sonné le glas de ce processus de paix c’est surtout car il a totalement échoué. Les accords d’oslo ont amené une vague de terrorisme. Les palestiniens ont refusé à deux reprises un accord de paix (Sous Olmert et sous Barak).
    Les accords d’Oslo c’est comme le désengagment de Gaza oui ils ont été utiles à israel pour divers raisons (économiques,…), Israel a eu raison de les faire mais par contre, ils ont totalement échoué pour ce qui est leur objectif initial à savoir obtenir la paix. Ce n’est pas pour rien si la gauche israélienne préfère se concentrer sur d’autres problèmes (économiques,..) lors des élections car elle a compris que la paix n’est plus possible

  • Actuellement, il n’a pas d’intifada dans le sens où il n’y a pas de soulèvement populaire. Il suffit de voir lors des émeutes, il n’y a quelques centaines (ou milliers) de manifestants.

    « Avec un nombre de colons qui a doublé, rendant de plus en plus irréversible l’occupation des territoires » ce que vous oubliez de préciser c’est que Rabin a participé à « cette colonisation « . Ironiquement, c’est sous Netanyahou qui y a le moins de construction d’implantations alors que c’est le premier ministre le moins favorable à un accord de paix tandis que sous ces trois prédecesseurs, il y en a eu bien plus de constructions d’implantations alors qu’ils voulaient des accords de paix.

  • Article: « ce conflit qui mine le Moyen-Orient et le monde depuis plus de 67 ans »

    Vous parlez des états & dictatures du moyen-orient en guerre contre leurs propre peuples ?

  • La solution au conflit israélo-palestinien ne viendra jamais des dirigeants israéliens (et de leurs alliés occidentaux) et elle ne viendra jamais des dirigeants palestiniens (et de leurs alliés arabes, iraniens, etc). Pourquoi ? Parce que ce sont tous ces dirigeants le fond du problème. Ca ne peut pas être eux la solution étant donné que c’est eux le problème. Il faut en finir avec la recherche d’un Homme Providentiel capable à lui seul de régler ce conflit. La solution ne viendra pas des dirigeants politiques, elle viendra des peuples à partir du moment où ils cesseront de se soumettre à leurs dirigeants, c’est-à-dire à partir du moment où s’opérera dans la mentalité des peuples un changement vers une mentalité moins étatiste.

    Dernièrement un internaute avait marqué « Libéraux de tous les pays, unissez-vous ». Il avait écrit ça sur le ton de la plaisanterie, pourtant c’est là que réside la solution. Il faut considérer que nous vivons dans un Etat-mondial et qu’il est impossible de l’affaiblir si un seul peuple lui résiste. Pour l’affaiblir il est indispensable que les résistances viennent de tous les peuples.

    Deux exemples pour éclaircir mon propos :

    – Même avec la meilleure volonté du monde, les palestiniens ne pourront jamais empêcher le terrorisme palestinien si les iraniens n’empêchent pas les dirigeants iraniens de financer le Hamas.

    – Même avec la meilleure volonté du monde, les israéliens ne pourront jamais empêcher la colonisation israélienne et les guerres non-défensives si les américains ne remettent pas en question le soutien financier de l’Etat américain envers l’Etat d’israélien.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le mouvement yéménite a-t-il l’autonomie et le pouvoir d’amorcer une crise internationale de grande ampleur, ou bien l’Iran est-il le véritable parrain de cette crise ? La priorité consiste à identifier les racines de cette situation, puis le déroulement des attaques récentes en mer Rouge. Enfin, vers quelles perspectives, l’intervention militaire des États-Unis, et diplomatique de la Chine, vont-elles faire évoluer cette situation ?

Le mouvement Houthi n’est nullement le résultat d’une génération spontanée, il est le produit d’un proc... Poursuivre la lecture

Alors qu’une collaboration stratégique a été annoncée le 7 janvier 2024 entre la NASA et les Émirats arabes unis, pour participer à la construction d’une station orbitale au-dessus de la Lune dans le cadre du programme Artemis, les Émirats arabes unis semblent plus que jamais déterminés à promouvoir leur leadership spatial.

Déjà les 5 et 6 décembre 2022 Abou Dhabi accueillait le Abu Dhabi Space Debate qui regroupe les leaders mondiaux du secteur privé et public aérospatial. Organisé par l’Agence spatiale des EAU, ce débat a offert une ... Poursuivre la lecture

Les auteurs : Deniz Unal est économiste, rédactrice en chef du Panorama et coordinatrice des Profils du CEPII - Recherche et expertise sur l'économie mondiale, CEPII. Laurence Nayman est économiste au CEPII.

 

Le conflit actuel pèse sur le marché du travail et sur les finances.

Mais, fort de son remarquable engagement dans la haute technologie, le pays a accumulé une position extérieure nette conséquente. Cette épargne pourrait être mobilisée pour faire face au coût de la guerre. Suffira-t-elle demain ?

 ... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles