Les impôts en 2016 : en baisse, vraiment ?

Moins de gens paieront l’impôt sur le revenu. Donc chaque ménage imposé devra payer plus que l’année dernière. Cadeau de période pré-électorale.

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Niche fiscale-Frits Ahlefeldt-Laurvig-(CC BY-NC-ND 2.0)

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Les impôts en 2016 : en baisse, vraiment ?

Publié le 18 octobre 2015
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Par Simone Wapler

Niche fiscale-Frits Ahlefeldt-Laurvig-(CC BY-NC-ND 2.0)
Niche fiscale-Frits Ahlefeldt-Laurvig-(CC BY-NC-ND 2.0)

Ça y est. C’est l’automne. Le chenil des finances publiques est rouvert. Nos politiciens et nos hauts fonctionnaires essaient de faire coller toujours plus de dépenses avec toujours moins d’argent des autres (nos impôts). Ils maquillent le budget national pour que Bruxelles ne montre pas les dents. Chaque ministre, ministricule, secrétaire d’État et sous-secrétaire d’État grogne lorsqu’on veut toucher à son budget, à ses dépenses.

Les chiens aboient, la caravane médiatique commente… et passe. C’est l’occasion pour nous, cher lecteur, de regarder où nous en sommes sur le long chemin de la faillite française, puis d’examiner avec la plus grande suspicion les quelques niches fiscales encore susceptibles de nous accueillir.

Le budget 2016 et la comptabilité créative des inspecteurs des finances

M. Michel Sapin nous dit qu’il va limiter la hausse « naturelle » des dépenses publiques. Il n’y aura donc que des hausses surnaturelles et forcées ; à bon entendeur, salut ! Inutile dans ces conditions de gloser sur la non-réforme de la France ou sur l’embauche de toujours plus de fonctionnaires à vie. Tout ceci est de la routine.

Plus grave, en revanche, reste l’aveuglement volontaire de nos hauts fonctionnaires du Trésor qui semblent penser que les taux bas le sont pour l’éternité. C’est le talon d’Achille de ce budget. Il va falloir lever 187 milliards d’euros (stable par rapport à 2015) sur les marchés car nos impôts ne suffisent pas à alimenter notre État obèse. « Dans notre scénario de taux que l’on peut qualifier de prudent, le taux français à 10 ans pourrait atteindre 2,4% à fin 2016″, nous indique Anthony Requin, le directeur général de l’Agence France Trésor. Il est donc prévu que la charge de la dette passe de 42,4 milliards d’euros à 44,5 milliards d’euros.

Évidemment, la dette française n’est pas un stock homogène ; il y a des emprunts de maturité plus ou moins longue et les maturités les plus courtes sont les plus vulnérables. L’Agence France Trésor prévoit qu’ils augmenteront de -0,17% en 2015 à +0,25% fin 2016, ce qui justifie les 2,1 milliards d’euros de plus. Les rendements ont déjà commencé à remonter depuis mai 2015. Ces chiffres vous montrent toute la vulnérabilité du budget national.

Si l’euro s’affaiblit face au dollar, les investisseurs étrangers voudront-ils toujours de la dette souveraine en euro qui rapporte moins que les bons du Trésor de la Fed ? Non bien sûr ! Vu que la croissance prévue ne sera pas au rendez-vous, comme toujours, nous risquons bien d’avoir un dérapage totalement surnaturel.

Les impôts baissent, donc vous allez en payer plus

Nous sommes en période pré-électorale. C’est donc le temps des cadeaux et du clientélisme. Moins de gens vont payer l’impôt sur le revenu, nous a promis le Président. Si 52,3% des gens le payaient en 2013, ils ne seront plus que 46,5% en 2016. Mais les recettes attendues en 2016 doivent être supérieures de 2,7 milliards d’euros à celles de 2015. 17 millions de foyers imposés mettront au pot 72,3 milliards d’euros, soit 4 253 euros en moyenne, gentiment lissés. Et chaque ménage imposé devra payer plus que l’année dernière. Mais les impôts vont baisser, nous dit-on…

Les niches fiscales qu’il nous reste

Ce terme de « niches » qui nous assimile, nous contribuables, à des chiens, est détestable. Non pas que je sois hostile à l’espèce canine, loin de là. Simplement, on pourrait trouver un terme plus approprié pour désigner les refuges recherchés par les 46,5% de foyers qui paieront l’impôt sur le revenu après s’être acquittés de la TVA, des charges sociales, de la CSG, de la CRDS, des taxes d’habitation, taxes foncières et autres impôts que tout le monde doit payer ! Et puis, en fait de « niches fiscales », bien trop souvent, on a eu de magnifiques attrape-nigauds ficelés et enrobés de défiscalisation à la sauce commerciale… La niche étant un joli piège.

Mais, mais… il y a peut-être espoir avec certaines d’entre elles. Généralement, les niches fiscales présentent deux inconvénients.

  • Soit elles visent à vous faire endosser un rôle que l’État n’assume pas. Exemple typique : la défiscalisation immobilière dite Duflot. Vous vous engagez à louer à une clientèle dite défavorisée. Bercy prétend donc vous transformer en loueur HLM… mais ce n’est pas votre rôle :
    – soit vous faites la charité et vous maîtrisez durée et montant ;
    – soit vous louez au prix du marché et vous investissez en calculant soigneusement votre rendement.
  • Soit elles ont été élaborées pour faire plaisir à tel ou tel lobby (écologistes, producteurs de cinéma, nationalistes corses, promoteurs immobiliers…). Elles n’ont alors aucune logique économique et seront le plus souvent de mauvais investissements.

Même lorsque les niches n’appartiennent à aucune de ces deux catégories, elles attirent immédiatement une pléthore d’intermédiaires empressés, fournisseurs de solutions clés en main. Bien souvent, ces « solutions » ont une mauvaise gestion car les intermédiaires n’ont cure de la performance : ils vendent la « défiscalisation ». Exemples : certains fonds aux performances désastreuses adossés sur la loi Madelin ou encore ceux qui investissent selon les critères de la défiscalisation ISF.


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  • Tout à fait d’accord, on est dans le domaine du « f…… de g…… », mais visiblement depuis des décennies les Français aiment ça. Comprenne qui pourra…

    Un petit bémol sur les niches fiscales façon DUFLOT, vous oubliez les contreparties imposées (terme à double entrée) concernant, entre autres, le plafonnement des loyers dans certaines villes et l’immonde taxe foncière sur le non bâti (exemple hier dans la presse ou ce qu’on appelle la presse). Ce chef d’entreprise qui a vu sa taxe foncière passer de 451 à 71 000 euros soit affectée d’un coefficient multiplicateur de 150 !

    Nous sommes dans un pays de fou !

    • impôt confiscatoire !

    • Sans payer la surtaxe sur le non bâti, les impôts locaux ont aussi explosé : ceux de ma mère ont été multipliés par 6 : on lui a expliqué qu’elle avait changé de tranche et que donc….

      Ma TH a elle crû de 17 % pour soit disant rembourser les dettes contractées par l’ancienne équipe PS.

      Le train de vie de la nomenklatura coûte très cher mais visiblement, ça ne dérange pas les gens de se retrouver en slip.

  • les impôts sur le revenu.. ne représente pas grand chose par rapport aux autres prélèvements de l’état. les baisser permettra aux assujettis d’en payer plus ailleurs et ceux en payant ‘trop’ d’investir dans des niches fiscales…le coté ‘électoral’ de la manip est vraiment secondaire !
    croire que l’état est inintelligent et ne sait pas compter est un délit de faciès comme les autres, il sait faire entrer l’argent dans la caisse et sait aussi le faire sortir…et si cela ne marche pas , pas d’inquiétude, le peuple paiera les pots cassés.

    • Bjr !
      Les impôts sur le revenu ont rapporté à l’Etat 72 milliards et la TVA 142 milliards . C’est Joseph Caillaux qui a établi cet impôt en 1914 pour financer l’effort de guerre et il devait être provisoire. bien sûr il est resté car il n’y a pas plus menteur qu’un politique.
      Au fait , le dictature socialiste vient de remonter d’1 euro PAR contrat la prime des contrats d’assurance pour soi-disant indemniser les victimes des terroristes ( taxe terroriste ) . Je croyais que c’était déjà financé par nos impôts ! Alors 1 euro par là , 3 par ci , 5 encore par là , augmentation des mutuelles de 8% pour financer la cmu….on paye des impôts pour quoi alors s’il faut encore payer des taxes supplémentaires? Ah , c’est vrai , les impôts sur le revenu ne servent qu’à rembourser les intérêts de la dette . …
      Savez-vous que les impôts reposent sur le consentement ? eh bien moi je ne consens plus ! il faudrait refuser MASSIVEMENT de les payer ( ils ne pourront pas mettre en prison des milliers de gens ) pour mettre ce gouvernement par terre et obliger les suivants à réduire les dépenses sinon ils continueront indéfiniment de nous voler pour dépenser encore et encore ! il faut les freiner de FORCE et le seul moyen et de les ASPHYXIER financièrement !
      Au fait , bientôt la taxe migrant ( je suis sérieux, renseignez-vous ! )

      • les impôts…. on ne recherche pas le consentement car il sert de bouc émissaire aux milliers de taxes vous tombant sur le dos …l’impôt sert a faire passer tout le reste et c’est énorme !

      • Au mépris du principe d’universalité : la recette de l’impôt X ne peut pas être affectée à la dépense Y.

      • Méfiez-vous. La création de camps de concentration à la sauce nazie ou communiste reste tout à fait possible pour faire mourir à petit feu les réfractaires à l’impôt.

  • Si l’euro s’affaiblit face au dollar, les investisseurs étrangers voudront-ils toujours de la dette souveraine en euro qui rapporte moins que les bons du Trésor de la Fed ?

    C’est bien ce qui est voulu. Que la dette n’aie plus de valeur, faisant chuter l’Euro. Par contre pour les réformes, on ira se faire brosser ailleurs.

    • Ça, c’est pourtant bien joué!

      L’ € fort freinait les exportations.

      Les U.S.A. ont imprimé des billets pour relancer l’économie, ce qui a amené un peu de croissance.

      Le différentiel $ / €, devenait trop important, ce qui a décidé le Q.E. actuellement terminé.

      Les pays de la zone € sont priés d’avoir une dette maîtrisée à 60 % de PIB: les pays qui se conforment aux 3 critères de convergence voient la croissance encore légère revenir, la politique de la BCE n’est pas faite pour encourager les pays qui se fichent des critères: ce n’est évidemment pas son but.

      Mais tout le monde savaient que les moins volontaires risquaient de le payer tôt ou tard, soit dans leur économie, soit par des sanctions ou amendes, soit par les 2.

      La France n’a pas fait de réforme et ne montre aucune volonté d’en faire: elle ne répond à aucun des critères et prévoit un taux de croissance irréaliste de 1,5% qui ne sera pas au rendez-cous!

      Vous devez bien vous attendre à ce qu’il vous arrive des bricoles et à ne pas voir de croissance: le calcul de Fr.Hollande qui espérait une meilleure conjoncture pour voir s’afficher de meilleurs chiffres français par contagion ne se réalisera pas.

      Mais vu qu’un scrutin s’annonce (catastrophique), la barrière qui fait payer les riches va s’approcher des demi-riches! (les « gros » riches s’étant, eux, tirés à temps!)

      Tout est fait pour que les impôts escomptés ne se retrouvent pas dans les caisses: il n’y a aucune raison pour que la spirale s’inverse! Sans compter que si l’inflation revient (normal, avec la dévaluation de fait du Q.E.), les taux d’intérêt vont redevenir positifs)

      De fait, vous n’êtes pas sortis de l’auberge! Pourtant tout le monde sait que quand on n’est pas riche, il faut dépenser moins et essayer de gagner plus!

      • L’ € fort freinait les exportations.

        Cela c’est bon pour les pays sous-développés… ❗ Peu importe la monnaie.
        En fait, la motivation, c’est la dette en Euro : elle est en position d’être bouffée par les vampires effacée par l’inflation.

        Et les pays qui vont se faire baiser proprement seront ceux qui auront respecté les critères.

  • les impôts fonciers ont augmenté. Pourquoi autant de décalage par rapport à 2014 ?.
    Est ce les locataires qui font augmenté les impôts fonciers ?
    De toute manière tant que les communes ne sont pas expertisée, elles font ce qu’elles veulent. Chaque commune doit avoir un superviseur

  • Préparez vos virements la CSG, ET la CRDS va augmenter de 2% l’année prochaine

    bienvenue au pays des soviet.

    C’est fini c’est cramé, n’en jeté plus la coupe est pleine.

  • Erreur de frappe: il voulait dire « la baise des impôts »

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