Sciences humaines : une alternative aux cours politisés de l’enseignement public

La bataille des idées ne se joue plus au sein de l’université, mais sur internet.

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Sciences humaines : une alternative aux cours politisés de l’enseignement public

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 8 octobre 2015
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Par Damien Theillier.
Un article des Enquêtes du Contribuable

Damien Theillier, président de l'Institut Coppet
Damien Theillier, président de l’Institut Coppet

Sur le site internet de l’Institut Coppet, le ton est donné : « Nul ne peut nier l’évidence : l’enseignement public est dominé par les idéologues ».

Pourtant, les IUFM ont été supprimés en 2014. Sauf que… rien n’a changé dans les faits.

En effet, il s’agit d’un simple changement d’étiquette. Les IUFM – pour Institut universitaire de formation des maîtres – sont devenus les ESPE pour École supérieure du professorat et de l’éducation. Les méthodes pédagogistes y sont restées les mêmes. Et lire, écrire, compter, réfléchir ne sont plus des priorités pour les pédagogues des ESPE.

Avant l’été, vous avez pu suivre la réforme de l’Éducation nationale par la ministre Vallaud-Belkacem. L’excellence y est bannie au nom de l’égalitarisme. Certaines matières font aujourd’hui partie de l’histoire ancienne, tels que le latin ou le grec ancien. L’université n’est pas épargnée. L’enseignement des sciences humaines est sous le contrôle de la gauche – et parfois même de l’extrême gauche. Les cours d’économie se conforment au mieux au keynésianisme, dont les théories sont à l’origine de la crise économique de 2008, voire au marxisme poussiéreux. Mais l’économie n’est pas la seule science accaparée par les idéologues.

L’enseignement du droit subit les mêmes pressions. La tradition juridique française consiste à protéger le faible contre le fort – et notamment l’individu contre les actions de l’État. Le pouvoir de coercition de l’État empêche de le placer au même niveau qu’un particulier. De là est né le droit administratif. Sous l’impulsion d’idéaux politiques, le Conseil d’État est devenu une chambre d’enregistrement de règlements publics toujours plus nombreux.

L’enseignement de la philosophie n’est pas en reste. Il est marqué par un double héritage : celui de Rousseau – seul le politique peut réguler la société – et celui du positivisme. Selon cette conception, le vrai et le bien ne sont pas des réalités objectives, mais de pures constructions historiques et culturelles.

Enfin, l’enseignement des sciences sociales est imprégné d’un paradigme holiste contestable. Bourdieu, sociologue contesté hors de nos frontières, règne en maître. Selon lui, les phénomènes sociaux sont déterminés par la structure sociale, sans jamais prendre en compte les valeurs personnelles et la rationalité de chaque individu. Si tous ces enseignements sont verrouillés, que faire alors ?

Voilà que les nouvelles technologies viennent à notre secours.

Elles permettent de diffuser les savoirs au-delà du cercle restreint universitaire. Hier, l’université était un lieu central du savoir. Cette situation va changer dans les prochaines années. Prenez par exemple l’université américaine Georgia Tech. Elle propose maintenant son master en programmation informatique par internet. Outre que l’étudiant s’organise comme il le souhaite, ce cours coûte moins cher à produire – et est donc moins coûteux pour l’étudiant. Ainsi, son master en informatique au format MOOC ne coûte que 7000 dollars en ligne contre plus de 40 000 dollars au sein de l’université.

Et dans notre pays ? La réaction est plus timorée. Des professeurs d’université se réunissent en un collectif visant à décrédibiliser les MOOC en France. Côté auditeurs, il y a pourtant de l’intérêt ; en témoignent les 56 000 auditeurs de la première session du MOOC français du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) « Du manager au leader ». Devant cet engouement, il y a donc une carte à jouer : « L’École de la Liberté ».

Puisqu’il est difficile d’enseigner librement les humanités traditionnelles au sein de l’université française, nous pouvons utiliser la technologie MOOC, qui permet de toucher davantage de monde. Aucune université française ne peut mobiliser 56 000 étudiants sur un cours. En cela, « l’École de la Liberté » s’inscrit dans la lignée de l’économiste Friedrich Hayek (Prix Nobel d’économie 1974) qui appelait de ses vœux à l’éducation d’une armée de défenseurs de la liberté.

Les auditeurs suivront les cours en vidéo ; ils pourront interroger et débattre avec leurs professeurs sur un forum privé ; ils rendront régulièrement des travaux dirigés, et en fin de cycle, passeront des examens. Exactement comme au sein d’une université – mais en ligne.

Et les professeurs ? Des enseignants aguerris, tels que Pascal Salin (Dauphine), Gabriel Gimenez-Roche (ESC Troyes), Emmanuel Martin (directeur de l’IESE), Serge Schweitzer (Aix-Marseille), Pierre Schweitzer (ICES), Aurélien Portuèse (ancien maître de conférences à l’université de Westminster et Sciences Po Paris), Jean-Philippe Feldman (Sciences Po Paris), Corentin de Salle (Université Libre de Bruxelles), Marian Eabrasu (ESC Troyes), François Facchini (Sorbonne), Damien Theillier, Benoît Malbranque et Loïc Floury (ICES).

Pour en savoir plus et soutenir le projet : www.institutcoppet.org/ecole-liberte

  • « École : nos enfants en péril »Les Enquêtes du contribuable #13 d’octobre/novembre 2015 – 5,50 € (port compris)€. En kiosque. Vous pouvez commander en ligne ce numéro. 


Sur le web

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  • Je suis dans l’ensemble d’accord avec l’article, mais ayant fait des études de philo ces dernières années, je dois quand même reconnaître un vraie ouverture d’esprit chez les professeurs de philosophie. On peut parler de tout, tout soutenir, si c’est argumenté et rationnel, ça ne posera aucun problème.

    • C’est variable d’un prof à l’autre, certains se montrent relativement ouvert mais pour d’autre il faut écrire précisément ce qu’ils veulent lire et dire ce qu’ils veulent entendre sinon… Je me souviens d’un professeur qui nous expliquait le libéralisme mais après chaque phrase prend le temps de nous rappeler que c’est le mal.

  • Quoi ? Un espace de liberté dans l’Enseignement qui échapperait au contrôle de l’État, à la pensée unique et à la production de crétins bien-pensants ?
    Va falloir que le gouvernement réagisse vite pour mettre un peu d’ordre dans ce foutoir.

  • Je me souviens qu’à Paris III, en Sciences Humaines et Sociales, presque tous les cours étaient politisés. En « mathématiques sociales », le prof, lorsqu’il voulait illustrer un peu plus concrètement ses présentations particulièrement elliptiques ne prenait des exemples que dans l’histoire marxiste ! En psychologie sociale, le prof avait constitué 2 catégories de notation 12/20 et 16/20 parce qu’il ne voulait ni stigmatiser les meilleurs ni les moins bons (je cite). J’étais jeune mais je me demandais déjà ce qui pouvait expliquer pareil tropisme idéologique… Aujourd’hui, cela n’a pas changé. Toutes les facs de lettre et de sciences humaines, certaines de droit, sont contaminées… On y apprend la détestation de l’économie et des entreprises… La haine de la réussite, etc…

  • J’ai donné de l’argent. Je continuerai. Faites comme moi, donnez.

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Les auteurs : Nathalie Sayac est Professeure des universités en didactique des mathématiques, directrice de l’Inspe de Normandie Rouen-Le Havre, Université de Rouen Normandie. Eric Mounier est Maitre de Conférences en didactique des mathématiques, Université Paris-Est Créteil Val de Marne (UPEC).

 

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