Parti socialiste : la déroute en chantant

Après la défaite de l’élection de Noisy-le-Grand, François Hollande envisage la stratégie du pire.

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Francois Hollande credits Parti socialiste WikiCommons ( (CC BY-NC-ND 2.0)

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Parti socialiste : la déroute en chantant

Publié le 25 septembre 2015
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Par Serge Federbusch.

Francois Hollande credits Parti socialiste WikiCommons ( (CC BY-NC-ND 2.0)
Francois Hollande credits Parti socialiste WikiCommons ( (CC BY-NC-ND 2.0)

L’élection municipale de Noisy-le-Grand, au terme de laquelle le PS a perdu une mainmise de vingt ans sur cette ville de l’ex-banlieue rouge vif considérée il y a peu comme imprenable par la droite, montre que le jeu trouble avec le Front national ou le Front de Gauche est de plus en plus dangereux pour les socialistes. À l’issue du premier tour, le Front national n’a pu se maintenir, à quelques dizaines de voix près, alors que le Front de gauche s’est qualifié et a ainsi assuré, en maintenant sa liste, la défaite du PS. Le maire sortant s’en est pris au parti de Mélenchon et, dans des éructations bien peu républicaines, a prédit chaos et « balkanisation » pour sa ville.

Cette situation est très inquiétante pour François Hollande et l’appareil qui le soutient. Une déroute socialiste aux élections régionales pourrait en l’état actuel des forces politiques aller jusqu’à la perte de la quasi-totalité de ces collectivités et de leurs nombreux emplois et prébendes.
Elle ne peut être évitée que par la multiplication de triangulaires où le Front national empêcherait la droite classique de l’emporter au second tour.

Pour cela, trois conditions doivent être réunies :

1) le Front national ne doit pas être en tête au second tour, sinon c’est lui qui remporte l’élection comme les premiers sondages le montrent pour le Nord-Pas-de-Calais-Picardie ;
2) Le Front national doit pourtant pouvoir se maintenir en dépassant les 10 % et réunir suffisamment de suffrages afin de faire échouer la droite ;
3) Enfin, le Front de Gauche/EELV ne doit pas pouvoir se maintenir ou bien il doit accepter de fusionner avec les socialistes faute de quoi l’effet des deux premiers facteurs est annulé en tout ou partie par le troisième.

Cela commence à faire beaucoup de conditions ! D’où la sourde inquiétude qui monte de Noisy-le-Grand. Il faut avoir à l’esprit en effet qu’une débâcle aux élections régionales aurait des conséquences bien plus graves pour Hollande et le gouvernement que ce qu’on lit souvent.

Immédiatement, Montebourg et d’autres dissidents PS réclameront des Primaires en arguant du fait qu’Hollande mène la gauche au désastre en 2017. Si Hollande refuse, au mépris des statuts du parti, ce sera la voie ouverte à la multiplication des candidatures dissidentes. Cette situation cèlerait de manière quasi certaine son échec. Il n’est même pas sûr qu’Hollande obtiendrait la troisième ou la quatrième place.

De plus, la majorité des députés PS a beau être tétanisée par les perspectives de défaite, les choses peuvent rapidement évoluer à partir de janvier 2016 si ces députés « de base » sont convaincus qu’ils n’ont plus aucune chance de s’en sortir en restant fidèles à Hollande.

Dans une étude d’octobre 2014 (lire ici), j’ai calculé qu’un élu socialiste cynique aura financièrement intérêt à censurer le gouvernement s’il espère, en «tombant à gauche», augmenter ses chances de réélection en cas de législatives anticipées. Février 2016 est le moment précis où les pertes de gains liées à la fin anticipée de son mandat égalent les perspectives de revenus accrus dus à une augmentation de la probabilité d’être réélu. Ces considérations sont peut-être un peu théoriques mais elles expliquent parfaitement deux informations récentes en provenance du PS et du gouvernement.

D’abord, la rumeur non démentie que Michel Sapin briguerait un fauteuil au Conseil constitutionnel. Après la désertion de Rebsamen, ce serait le signe indubitable que les rats ministériels quittent le navire gouvernemental, y compris les plus proches du chef et les mieux informés sur la gravité de la situation.

Ensuite, la proposition farfelue de Cambadélis d’organiser un « referendum » de gauche au sujet de listes d’union aux régionales. Un exercice de ce type, sans aucune méthode ni garantie de sincérité, est un piège tellement grossier que les autres partis n’y tomberont évidemment pas. Ils l’ont déjà décliné en des termes ironiques. Tout au plus s’agit-il pour Cambadélis de démontrer que ce sont des mauvais coucheurs à l’attention d’un hypothétique électorat encore en quête d’unité.

Mais, précisément, une large partie de ces électeurs est tellement déçue du PS qu’elle ne veut en aucun cas que les mouvements dont elle se sent proche se rabibochent au dernier moment avec lui. On le constate dans les guerres picrocholines qui agitent les écologistes. Une majorité des militants ne veut plus entendre parler d’une alliance avec les socialistes. Seuls des apparatchiks enkystés plaident la cause de cette union et ils sont désormais obligés de le faire dans un mouvement aussi dissident qu’inaudible.

Bref, une odeur de sapin – sans majuscule – commence à embaumer – sans référence à l’antiquité égyptienne – l’air gouvernemental.
Seul espoir pour Hollande : que Les Républicains se déchirent à l’occasion de leurs propres Primaires, présentent plusieurs candidats et qu’un face-à-face avec Marine Le Pen le sauve in extremis. Mais, outre que son niveau d’impopularité ne lui garantit même plus une victoire dans ce cas de figure, d’autres que lui, parmi les socialistes, peuvent prétendre tirer plus efficacement parti de ce « scénario du pire ».

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  • Je ne vois pas pourquoi le PS éructe sur le front de gauche. Au final, les électeurs sont mieux représenté à la Mairie. C’est donc une victoire de la démocratie et pour le peuple. Oui ce n’est pas la « gauche » qui est aux commandes, mais quelques socialistes, quelques front de gauche qui ne doivent rien à personne et dont la voix va réellement peser et ceux mis en majorité par le peuple. Pour rappel, les unions molles et les primaires internes, je les considère comme des dénis de démocratie… Je suis farouchement opposé à ce système qui est anti-démocratique.

  • Une déroute socialiste aux élections régionales pourrait en l’état actuel des forces politiques aller jusqu’à la perte de la quasi-totalité de ces collectivités et de leurs nombreux emplois et prébendes. » Si on arrive ce résultat, ce sera déjà ça! Il est probable que l’électeur moyen ne se rende pas compte à quel point le socialisme local lui coûte cher.
    Est-il permis d’espérer que les élus de droite vont enfin mettre un terme à ces dérives?

    • « Est-il permis d’espérer que les élus de droite vont enfin mettre un terme à ces dérives »

      depuis plus de trente ans, avez vous constaté une radicale différence entre la politique de la « gauche » et la politique de la « droite » ?

      moi, pas !

      et les indicateurs fondamentaux de la nation en apportent la preuve.

      J’ajoute qu’au parlement européen, « gauche » et « droite » votent ensemble pour les mêmes projets !

      • +1

        Vous mettez en évidence le problème de la classe pomitique française : la gamelle est tellement bonne, la carrière si juteuse, les avantages tellement énormes, et l’impunité quasi totale.

        C’est facile pour eux, ils se votent les lois ad hoc.

        Il suffit donc d’entrer dans leurs confréries, suivant le contexte de se choisir à gauche ou à droite, peu importe il suffit de choisir le vent dominant à l’instant T.

        Bien sûr, utiliser les réseaux multiples et avariés, franc-maçons, diasporas, communautaires, scolaires, cercles, think-tanks, sociaux, etc… etc…

        Ah, bien sûr, bien apprendre son catéchisme et son vocabulaire : Etat, Nation, Solidarité, Démunis, Sacrifice, Justice Sociale (pléonasme de Parti Socialiste), bref le catéchisme de gauche ou de droite et la nov-langue qui résout tous les problèmes.

        Notre premier ministre, hier soir, en a fait une brillante démonstration.

        Et les français qui continuent à voter pour ça.

        • Bjr , tout à fait d’accord avec vous aussi !

        • Je ne crois pas que ce soit le problème principal, qui est l’incompétence flagrante d’une quantité énormes d’élus locaux qui ne savent faire que trois choses : manœuvrer, parler et pérorer.

          Mais en fait, la démocratie ne demande rien d’autre que de se faire élire non ?

        • Et les français qui continuent à voter pour ça.

          On vote pour qui ont peut. Où sont les candidats libéraux???

      • Bjr petitjean , vous avez tout à fait raison , c’est la même musique , c’est seulement le musicien qui change !

      • @petitjean
        faux, c’est malheureusement avec ce type de raisonnement que la gauche s’installe durablement dans le pays.sarkozy était quand même assez différent du socialiste chirac.
        -diminution du renouvellement des fonctionnaires(contrecarré il est vrai par l’ardeur des élus locaux socialistes à embaucher)
        -défiscalisation des heures sup
        voici 2 exemples et il en existe d’autres.
        Alors c’est vrai qu’avec l’arrivé de la crise, il n’a pas su résister aux sirènes de la relance keynésienne, toutefois en restant beaucoup plus raisonnable que les socialistes d’alors qui réclamaient beaucoup plus(heureusement que françois n’est arrivé qu’après !)

        • Absolument d’accord : il faut éviter ces généralités.

          S’il est vrai qu’un bon nombre de politiciens de droite (surtout locaux) sont partisans, le problème principal de Sarko a été de ne pas avoir de ligne politique claire et de vouloir « ratisser » large pour satisfaire au principe de la démocratie.

          Sarkozy est le seul président depuis 1973 (ca date) à avoir fait quelques réformes libérales alors que tout le monde bave sur les mesures bolchéviques de la loi Macron sont aucune (absolument aucune) n’est libérale.

          Après on peut lui reprocher de préférer la baisse des charges à la flat tax, de ne vouloir faire baisser la dépense publique que de 7 points, de ne vouloir qu’aligner les fonctionnaires sur le public etc…

          Fillon a récemment critiqué super sévèrement les décisions keynésiennes de Sarko (en parlant d’erreur de la relance keynésienne …) , comme quoi faire un amalgame est un peu rapide

          • En 2007, Sarko avait des accents libéraux dans son programme, il les a abandonnés aussitôt élu. Cette fois il n’a même pas ces accents, c’est Fillon qui les a. Si Fillon n’est déjà pas crédible pour passer à la pratique, Sarko est lui une garantie étatiste et socialiste. Surtout, aucun de ces hommes n’attache à un programme une importance suffisante pour le mettre au-dessus des manigances, des dénigrements et des copinages.

            On attend toujours (puisque c’est le sujet du jour, l’atteinte des objectifs du Plan) quelqu’un qui veuille diminuer le nombre de logements sociaux (notamment en les revendant à leurs locataires et basta !) en même temps que le nombre d’ayants-droit en augmentant le nombre de riches et d’aisés. Quelqu’un qui propose de supprimer 75% des règlements et d’abroger 75% des lois, et qui nous donne une chance de ne pas changer d’avis une fois élu.

        • Désolé je crois que la cause des victoires électorales du PS sont :
          Droite moins FN < Gauche plurielle.
          1988, 1997,2012 : quinze ans de socialisme en plus, pour une gauche minoritaire.
          Cela ne suffisant plus le Front républicain a été mis en place depuis les régionales de 1998. C'est un cartel anti-démocratique des partis installés.

          Sarkozy (après Copé) essaye de nous vendre l'équation : voter FN c'est voter PS
          Grosse arnaque car Sarkozy hyper- président n'a pas abrogé les lois liberticides et les budgets déficitaires des socialistes. L'électeur de droite pourrait lui rétorquer : Républicains ! Gauche et Droite même politique ! Si Sarkozy fait la sourde oreille, les cadres chez Les Républicains croient-ils pouvoir gagner les élections avec un ennemi à Droite ? (à un adversaire on accepte l'entrée au Parlement !)

          Dynamiter le système me semble un chemin plus direct pour les libertés économiques (l'emploi) et politiques (combien de migrants).

    • La question est intéressante : il existe toute une bande de vieux élus de droite qui sont encore plus soviétiques que certains élus PS.

      • Rappelez-vous ce témoignage de Michel Rocard, rappelant que son camarade de promotion à l’ENA lui reprochait de ne pas être assez à gauche. Ce camarade étant Jacques Chirac.

  • la défaite en chantant ….et quelle défaite , y compris sur le chomage , y compris sur la pauvreté qui augmente , y compris sur les entreprises qui mettent les clés sous la porte , et j’en passe et des meilleures si je puis dire …mais c’est pas grave hein ? valls nous chante que le gouvernement va gagner car il est sur la bonne voie…pour sapin , tout va bien….mon dieu mon dieu , que c’est triste de voir ce pays s’enfoncer via l’incommensurable incompétence de ce gouvernement….et que la note va être salé pour les contribuables français…

  • La chute de l’empire romain en direct. J’attend avec impatience que le défaite (ou plutôt la débâcle) soit consommée pour regarder avec délices les anciens inconditionnels du camp du bien baver comme des héros sur les méfaits du socialisme…

    Kouchner en commentant l’histoire des boat people la semaine dernière a qualifié la France de pays crypto-communiste : je suis tombé de ma chaise !

  • Mon opinion est que ni Batman, ni Superman ne sauvera Scooterman, car les super héros ne se déplacent pas en scooter la nuit pour »s’envoyer » en l’air. Ils agissent avant de tomber  » in love  » comme le disent les Américains. Bien entendu le mépris et les sarcasmes à l’encontre de ce personnage « pépérement » nul, ne sauraient être les seuls motifs de son éviction largement méritée. Il y en a tant…

  • En France la lute pour le pouvoir, c’ est à dire la lutte pour le controle de l’état coute horriblement cher car celà passe automatiquement par une surrenchère démagogique et clientéliste..

  • Pfff meme si il perde ca changera rien utopie, arrêtons de rêver comme a chaque élection ils auront tous gagné et le taux d’abstention aura encore augmenté, ça devient pitoyable , il n’y a rien a attendre ni des élections régionale ni des présidentielles, dans tous les cas la gabegie continuera tant que la dette ne sera pas interdite dans la constitution, le reste découlera tous seul et les politiciens pourries s’en iront d’eux même … ne pouvant plus profiter de la manne financière.
    Pendant de nombreuses années j’ai voté par dépit mais depuis 4 ans c’est terminé pas de candidat intéressant je vote blanc fini de suivre le nini et autre connerie du genre qui les arrange bien au finale.
    Non Basta ayons des « corones » et assumons nos choix.

  • Puissiez-vous avoir raison !

  • Les socialistes ne sont pas si inquiets car élus ou pas ils auront des places bien au chaud et bien payées. On peut faire confiance aux républicains pour les caser ( à charge pour les socialistes de renvoyer l’ascenseur). Les républicains ne montrent aucune volonté d’en finir avec le système corrompu ( cumulards…) des copains et des coquins. ils se serreront encore les coudes pour éviter au Front national de venir perturber le système diabolique qu’ils ont mis en place ces dernières décennies. Ils feront tout pour ne pas être dépossédés de leur gâteau ( nous sommes de moins en moins démocratiques)et on peut craindre que seule des manifestations de masse ( 10 millions de personnes dans la rue) peuvent infléchir leurs positions.

  • Ils ont chanté tout l’été « c’est la rose l’important ».
    L’hiver arrive.
    Eh bien qu’ils continuent à chanter, nous regarderons couler le Titanic au rythme de l’orchestre PS, jusqu’à la dernière note, et dans un ravissement non dissimulé.

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