Sommes-nous civilisés ?

Si nous sommes nous-mêmes domestiqués, sommes-nous civilisés ?

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Sommes-nous civilisés ?

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 18 août 2015
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Le progrès de l’humanité et le destin des peuples doivent beaucoup, sinon tout, à la domestication. Comme le démontre Jared Diamond dans De l’inégalité parmi les sociétés : Essai sur l’homme et l’environnement dans l’histoire, la domestication des plantes et animaux a permis de produire plus avec moins de ressources. Le destin des peuples tient principalement à la répartition originelle des espèces et aux obstacles naturels à l’échange et au partage.

Mais la domestication ne s’est pas arrêtée aux espèces animales et végétales. Les surplus alimentaires ont permis le développement d’autres productions artisanales, mais aussi de bureaucraties et d’armées. La domestication des hommes commençait.

Par l’administration et la force, des chefs ont pu prendre le pouvoir sur des territoires de plus en plus grands. Ils ont remplacé les anciens « chefs » dont l’autorité, limitée, était reconnue plutôt que subie. Respectés pour leur impartialité, ils ne jouissaient pas de réels privilèges et pouvaient perdre leur place si la tribu en décidait ainsi ; ils tenaient plus du leader que de l’administrateur.

Les nouveaux chefs avaient des possibilités bien plus grandes : administrer leur territoire, usant si nécessaire de la force pour capter une partie des ressources produites ; et piller les ressources des territoires voisins. Dès que les rendements et la productivité ont permis de nourrir plus de population, ces ressources ont inclus les hommes : l’esclavage était né.

Les nouveaux chefs ont donc pu prendre le pouvoir sur leurs administrés, devenus partiellement esclaves ; et capturer des esclaves dans les territoires voisins. C’est bien d’une domestication qu’il s’agit : placer une espèce dans les conditions les plus favorables à de bons rendements pour augmenter la taille des récoltes. Le processus de « civilisation » a été un processus de domestication de l’individu, extrait d’une nature dure et imprévisible pour devenir semblable à un animal de ferme. Le grain est gratuit, mais la poule ne conserve pas ses œufs.

sommes nous civilisés rené le honzecBien entendu, de nombreux phénomènes ont accompagné la civilisation. La religion et les idéologies sont devenues des sources de pouvoir plus efficientes que la force physique ; le choix plus grand laissé aux individus dans le choix de leur profession a permis d’accroître la production, alors que l’impôt permettait aux chefs de capturer une partie de la valeur créée par toutes les activités sans avoir besoin de posséder quoi que ce soit.

Le pouvoir est devenu démocratique ; c’est dans « le peuple » qu’il trouve sa source et sa légitimité. Et les États modernes offrent de nombreux services, qui pour lui ont un double mérite. Ils « offrent » une contrepartie élargie à l’impôt, le rendant d’autant moins contestable. Et ils emploient une partie de la population aux frais des autres ; les « serviteurs de l’État » auront tout intérêt à défendre bec et ongles leur position souvent confortable, et donc à soutenir l’État coûte que coûte.

La civilisation telle que nous la connaissons a ses inconvénients. L’idée de vivre comme un animal de ferme a bien peu pour plaire, ni d’ailleurs l’idée de vivre sur leur dos – si tant est que ceux qui sont dans cette position en soient conscients. Mais quelle est l’alternative ?

Vaut-il mieux vivre en homme civilisé, domestiqué, en acceptant d’être privé de sa liberté contre la garantie d’un certain confort et d’une ration quotidienne ? Ou retrouver l’état de nature, qui place l’individu à la merci des éléments, des animaux sauvages et des hommes qui les imitent ?

Heureusement pour ceux qui ne peuvent se résoudre à choisir entre l’esclave moderne et le sauvage, entre la tyrannie de la majorité et la loi de la jungle, il existe une autre voie. La voie de la liberté.

La liberté dit « Tu es libre ». Pas « Tu es libre, mais… ». Et comme le montre David Boaz, du Cato Institute, c’est exactement ce qu’implique la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen de 1789 un mois après la prise de la Bastille. Certains articles libèrent l’individu1

Art. 1er. Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. […]

Art. 2. Le but de toute association politique est la conservation des droits naturels et imprescriptibles de l’Homme. Ces droits sont la liberté, la propriété, la sûreté, et la résistance à l’oppression.

Art. 4. La liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui : ainsi, l’exercice des droits naturels de chaque homme n’a de bornes que celles qui assurent aux autres Membres de la Société la jouissance de ces mêmes droits. […]

Art. 17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé […]

… et d’autres subordonnent sa liberté à d’autres considérations

Art. 3. Le principe de toute Souveraineté réside essentiellement dans la Nation. Nul corps, nul individu ne peut exercer d’autorité qui n’en émane expressément.

Art. 6. La Loi est l’expression de la volonté générale.

Art. 17. La propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité.

Si sa liberté est subordonnée à la volonté générale, à la Souveraineté de la Nation, à l’intérêt général, à la nécessité publique, l’homme n’est pas libre. Il est soumis à une « souveraineté collective », forme de tyrannie. Faire partie d’une communauté auto-gouvernée n’est pas suffisant pour être libre : il faut pour cela des garde-fous. Des droits inaliénables.

« Si les efforts de la Révolution pour la liberté individuelle ont à ce point échoué, c’est principalement parce qu’elle a instauré la croyance que, puisque désormais tout pouvoir était placé dans les mains du peuple, tous les garde-fous contre les abus de ce pouvoir devenaient superflus. » – Hayek, La Constitution de la Liberté

Quand nous serons parfaitement affranchis de la tribu, que nous ne serons plus soumis à la loi du plus fort – qu’il soit un malfrat ou un gouvernement élu – alors nous serons libres. Alors nous serons civilisés.

« La civilisation est le processus qui libère l’homme des hommes. » – Ayn Rand, For the New Intellectual

  1. Les articles 1, 4 et 17 sont volontairement tronqués.
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  • Article intéressant mais qui pose problème dans sa construction.
    Dans une première partie vous étalé un résumé de l’élaboration d’un pouvoir ordonnateur de plus en plus puissant que je nommerai « État »; une émergence qui n’est décidé par personne mais institué néanmoins. Cette partie est une constatation de faits qui se résume à l’homme en adoptant la civilisation a gagné et perdu (on peut se rappeler la fable de la Fontaine du chien et du loup). Nous sommes civilisé mais ce n’est pas parfait.

    Dans la seconde partie vous passez sur le plan des pures idées, hop! vous affirmez que pour surmonter le paradoxe il suffit d’être libre; ooouuuais !!! mais pratiquement cela marche comment ?
    Vous le dites bien dans la première partie l’humanité globalement a fait un choix, la domestication ou la faim. Ce choix n’existe t’il plus ?

    • Je suis assez d’accord avec vous. Le problème avec cette article, c’est que l’auteur reste sur des vérités générales et des abstractions trop éloignées de la réalité. C’est tout le problème de faire une histoire globale qui tente de donner des lois générales pour toutes les sociétés à toutes les époques (la théorie de la domestication de l’homme est-il aussi vrai pour un Breton que pour un Chinois ?)

      En outre, l’auteur a décidément beaucoup du mal à cacher ses positions anti-étatistes viscérales, ce qui l’amène à des affirmations partiales et partiels comme :

      – « Par l’administration et la force, des chefs ont pu prendre le pouvoir sur des territoires de plus en plus grands. Ils ont remplacé les anciens « chefs » dont l’autorité, limitée, était reconnue plutôt que subie. » En quoi le shaman vaut-il mieux que le président élu au suffrage universel ? Vous trouvez que les rois wisigoths avaient une autorité plus limités que l’Etat moderne actuel !? Toute autorité a sa légitimité (voir Weber) et toute autorité est subie, les anciens chefs n’étaient pas élus démocratiquement, il s’imposait par la force et le sang.

      – « Et ils emploient une partie de la population aux frais des autres ; les « serviteurs de l’État » auront tout intérêt à défendre bec et ongles leur position souvent confortable, et donc à soutenir l’État coûte que coûte. » Pourquoi une telle hargne contre les fonctionnaires ? C’est parce que la société européenne réclamait une plus grande rationalisation des activités de l’Etat que les fonctionnaires sont apparus, c’est même un signe de progrès ! Fini les offices royaux qui permettaient de parachuter n’importe qui n’importe où en achetant des postes, fini la féodalisation de la société qui entretenait la corruption et les connivences.

      – « …il existe une autre voie. La voie de la liberté. » Mais qu’est ce que la Liberté ? Il cite l’article 17 sur le droit à la propriété mais un critique marxiste vous répondra qu’un sans-abri ne se sent pas plus libre pour autant puisqu’il ne peut profiter de cette liberté !
      – « Quand nous serons parfaitement affranchis de la tribu, que nous ne serons plus soumis à la loi du plus fort – qu’il soit un malfrat ou un gouvernement élu » Mais justement le gouvernement a été élu, c’est un choix de notre part ! La liberté, c’est aussi être libre de se placer volontairement sous des règles qui réduisent notre liberté au nom même du vivre-ensemble (La liberté des uns s’arrête là où comence celle des autres). Cette rhétorique libertaire et anti-étatiste ne mène à rien sauf peut-être à l’anarchie. Or, l’auteur nous laisse dans le vide avec de très belles paroles prophétiques sans fonds et une citation non remise dans son contexte. Super.

      • je suis assez d’accord, sauf avec « Fini les offices royaux qui permettaient de parachuter n’importe qui n’importe où en achetant des postes, fini la féodalisation de la société qui entretenait la corruption et les connivences. ».
        L’administration (et les élus !) est bien le monde du parachutage de n’importe qui n’importe où, des charges données (même pas achetées …) , de la corruption et des connivence. Et c’est probablement pire aujourd’hui qu’au temps des Louis.

        • Effectivement en pratique vous avez malheureusement raison mais l’idée en soi était quand même un progrès : rendre accessible n’importe quel poste à n’importe quel citoyen selon son mérite. Dans l’armée, il était possible de devenir officier dans l’armée royale en achetant l’office et même de la rendre héréditaire alors même que vous n’aviez jamais été soldat. Parfois, c’était le Roi lui-même qui octroyait cette charge à des hommes de confiance.

  • Le choix démocratique est un choix de second ordre : dans le cadre d’un système et selon des modalités prédéfinis, chaque citoyen peut exprimer ses préférences. Mais il ne peut refuser le résultat du suffrage ou les choix faits par ceux qui en sont issus.
    Et si le suffrage va à l’encontre de ses droits, le citoyen n’a pas vraiment son mot à dire : c’est le jeu (démocratique), ma pauvre Lucette.
    Ce que dit l’article, c’est que le jeu démocratique n’est pas suffisant. Voter ne rend pas libre ; ce qui rend libre, c’est qu’il y ait des choses que le vote ne peut pas faire. Des choses à l’encontre desquelles même l’expression de la volonté générale, la nation ou le peuple ne puissent aller.

    Il y a une alternative entre domestication et faim : la liberté. (Peut-être faut-il dire désormais.)
    Elle consiste à respecter les droits de chaque individu : sûreté, propriété, et le droit de faire tout ce qui n’enfreint pas l’une ou l’autre.
    Si vous vous demandez sincèrement comment ça marche, vous êtes au bon endroit. Bienvenue.

    • Mouai mouai mouai… sauf que l’on ne parle pas de choix de vie personnels mais de l’orientation de société qui se compte par millions d’individu.
      Vous le dites vous même  » Faire partie d’une communauté auto-gouvernée n’est pas suffisant pour être libre : il faut pour cela des garde-fous. Des droits inaliénables. »
      Donc au delà de la l’incantation comment protège t’on les droits inaliénables ? J’ai l’impression des fois que certain voudrait que les humains fassent un saut évolutionnaire pour correspondre à leur aspirations (respectables) à la liberté.

      Attention je ne suis pas meilleur à ce petit jeu et je ne vois pas le chemin ou le moyen d’instituer cet état de liberté au niveau disons d’une nation. Je crains que l’on restera longtemps à écrire des articles (et des commentaires) sur le mode « Heureusement pour ceux qui ne peuvent se résoudre à choisir entre l’esclave moderne et le sauvage, entre la tyrannie de la majorité et la loi de la jungle, il existe une autre voie. La voie de la liberté. » sans dire comment c’est plus prudent…

    • A ce stade de ma réflexion, je pense que la liberté est une utopie, un idéal impossible à réaliser. Pour la simple raison qu’il y a toujours des individus prêts à empiéter sur la liberté des autres. Et puis aussi pour la bonne raison qu’il y a toujours des individus prêts à céder leur liberté en échange de sécurité. Et j’oublie sans doute les multiples raisons circonstancielles, c’est à dire le fait que dans la vie, on peut, je crois (mais je n’en suis pas sûr: à étudier!), se retrouver dans des situations où défendre sa liberté n’est pas une priorité.

      Mais bien entendu, utopie ou pas, idéal ou pas, cela doit rester un modèle d’inspiration vers lequel tendre. Il n’y a de liberté qu’intérieure. Quand, dans le monde, chacun des individus qui le peuplent auront fait leur libération intérieure, alors nous pourrons vivre pleinement, réellement libre. Autant dire que ce n’est pas demain la veille! 🙂

  •  »
    Quand nous serons parfaitement affranchis de la tribu, que nous ne serons plus soumis à la loi du plus fort – qu’il soit un malfrat ou un gouvernement élu – alors nous serons libres.
     »
    Bien sur que si. La loi du plus fort est la première des lois naturelles.
    La propriété n’est que la deuxième.
    Et cette deuxième a toujours été dépendante de la première.

    Quelque que soit les époques
    Quelles que soient les systèmes
    En tout temps, en tous lieux.

    Si l’homme s’est naturellement soumis à une organisation hiérarchique (et ça date même du singe, pour dire si c’est naturel), c’est que cela a été un critère efficace pendant l’évolution.
    Ce n’est pas parce qu’un critère a été efficace pendant un temps qu’il faut absolument le conserver, j’en serait le première à le décrier, mais il serait intellectuellement honnête et intéressant de savoir par quel mécanisme ce critère a été efficace.
    Pour moi, un plus fort sera juste remplacé par un plus fort, que j’ai mon mot à dire ou non. Alors je préfère tout de même avoir mon mot à dire.

     »
    La civilisation est le processus qui libère l’homme des hommes.
     »
    ça ne veut strictement rien dire.
    par ailleurs, la citation de Hayek n’est pas contre le pouvoir, bien au contraire. mais mon avis sur la révolution est tout autre, et se vérifie de par toutes les révolutions qui se sont déroules de par le monde : une révolution ne peut aboutir qu’à une dictature, qui en est son stade le plus évolué (par rapport à ceux qui l’ont initié).

     »
    Ils ont remplacé les anciens « chefs » dont l’autorité, limitée, était reconnue plutôt que subie
     »
    Tu oublie de préciser également que l’on est passé en ce temps de micro sociétés massivement matriarcale à des sociétés patriarcales. par ailleurs, le vizir qui voulait être calife à la place du calife, ça a toujours existé. le leader charismatique et attentif, c’est bon pour les bisounours.

    • Vous commettez une erreur classique d’interprétation sur le terme « loi naturelle ».
      Ça ne signifie pas « loi dans la nature » mais loi qui est liée à la nature humaine, à ce que nous sommes intrinsèquement.

      Pour tout dire, les droits naturels sont ceux dont nous jouissons quand nous sommes seuls. La propriété est donc clairement un droit naturel : si personne n’est là, personne ne peut me piquer mes trucs. La liberté est également un droit naturel : personne ne vient me limiter dans ce que je vais faire puisque personne n’est là. Et ma liberté est donc également limité à ce que je pourrais faire seul. Idem pour la liberté d’expression, etc. etc.

      La loi du plus fort nécessitant une organisation sociale, l’existence d’un autrui qui serait plus fort ou moins fort n’est donc clairement pas du domaine de la « loi naturel ». Elle n’existe pas de par ce que je suis en moi même mais de ma position par rapport à d’autres.

      Bref, la propriété, la liberté d’expression n’est jamais subordonnée à la « loi du plus fort ». Vous avez beau faire 150kg et être champion du monde de karaté, pour m’empêcher d’être propriétaire vous devez être sur mon dos à 100% du temps et vous subordonnez votre vie à la négation de ma propriété. Si ça vous chante, ça va m’amuser… un temps. Et vous aussi ça ne durera sans doute pas longtemps.

      Tu oublie de préciser également que l’on est passé en ce temps de micro sociétés massivement matriarcale à des sociétés patriarcales. par ailleurs, le vizir qui voulait être calife à la place du calife, ça a toujours existé. le leader charismatique et attentif, c’est bon pour les bisounours.

      Mais bien sûr. C’est pour ça que la libération fiscale sous Louis XV c’était au 18 janvier, aujourd’hui au 29 juillet. Que le pouvoir « absolu » de Louis XIV n’est rien face à celui de François Hollande ou n’importe quel président de la Ve. Il n’y avait que 1000 personnes en France au XVIIIe et c’était éminemment matriarcal….

      • Justement je me demande si vous ne faites pas la même erreur avec l’exemple de l’homme seul.
        Un droit est nécessairement donné par une instance supérieure. Si on se donne un droit à soit même il n’a que la valeur qu’on lui donne et la solidité de sa capacité à le défendre.

        On peut penser à Dieu, la Nature, la société des hommes (quel qu’elle puisse être).

        Si on pense à Dieu cela pose problème à l’athée qui ne donne pas nécessairement grand poids aux nombreux et divers textes sacrés.

        Si on pense à la Nature on peut répondre que la Nature n’accorde qu’un seul droit se battre pour manger et se reproduire. Basiquement pour l’homme seul ce serait le droit de courir plus vite que les prédateurs.

        Et finalement on arrive à la société et donc en dehors de l’exemple de l’homme seul.

        Pour votre exemple de la propriété vous dites que « La propriété est donc clairement un droit naturel : » car sans personne aux alentours il ne peut y avoir vol. Ce n’est pas un droit c’est un état.
        Il n’y aura pas vol non pas car une instance supérieure l’a décrété mais par ce que le système ne l’autorise pas (solitude).
        En fait même si il est difficile d’être affirmatif pour des temps si ancien il est probable que les humains qui chassaient ensemble de grosses proies ne concevaient pas une propriété privées aussi fortement que nous car ils œuvraient comme une unité
        Le droit à la propriété a selon moi (sans preuve je l’admets) dû apparaitre avec l’agriculture qui donne une claire vision du résultat du travail individuel.

      •  »
        loi qui est liée à la nature humaine, à ce que nous sommes intrinsèquement.
         »
        J’aimerais que vous ayez raison. Cela serait beaucoup plus simple.
        Mais non, via tout un ensemble de subterfuge pouvant laisser croire le contraire, nos réactions restent instinctives et archaïques. Lire n’importe quel bouquin sur l’économie comportementale pour s’en convaincre. Et les neurosciences ne font que conforter ces résultats.

         »
        Vous avez beau faire 150kg et être champion du monde de karaté, pour m’empêcher d’être propriétaire vous devez être sur mon dos à 100% du temps
         »
        Non, un petit coup derrière la nuque suffira.
        Si cela arrange pour le bien être immedia (extension du territoire et de la production de ressource par exemple), alors à un moment ou a un autre, des gens le feront. Et personne ne portera plainte, vu qu’il n’y aura pas de tribunaux (qui nécessitent une organisation sociale massive, et moyennant compensation).

         »
        C’est pour ça que la libération fiscale sous Louis XV c’était au 18 janvier, aujourd’hui au 29 juillet.
         »
        c’est faux : http://www.histoire-france.net/epoque/avant1789
        la taille, c’est environ 53% des revenus. sans compter le vingtieme (5%) qui a evolué au cours du temps, en passant au dixieme (10%) voir au triple vingtieme (15%). Je ne sais pas ou vous avez vu que la pression fiscale était aussi faible.

        en plus, il y avait pleins d’impôts
        https://fr.wikipedia.org/wiki/Histoire_de_l%27imposition_en_France
        et la corvée, encore en vigueur, est de l’esclavagisme, vu que vous devez travailler sans être payer (ce qui a la particularité de ne pas augmenter la pression fiscale tout en retardant votre jour de libération)

        Mais le passage que vous avez relevé faisait référence – vous vous en doutiez – à
         »
        […]les anciens « chefs » dont l’autorité, limitée, était reconnue plutôt que subie.
         »
        (en début d’article)
        Du coup, je ne comprends pas très bien le rapport avec Louis XV

  • Jared diamond : excellentes lectures.
    L’ouvrage cité dans l’article fait partie d’une trilogie : « Le troisième chimpanzé », « De l’inégalité parmi les sociétés » (donc) et « Effondrement », que je ne peux que conseiller.
    A propos de liberté :
    « Ce grand échec de l’Inde apporte un enseignement : en devenant trop nombreuse et malgré le génie de ses penseurs, une société ne se perpétue qu’en secrétant la servitude.[…] Ce qui m’effraye en Asie, c’est l’image de notre futur, par elle anticipée. Avec l’Amérique indienne je chéris le reflet fugitif même là-bas, d’une ère où l’espèce était à la mesure de son univers et où persistait un rapport adéquat entre l’exercice de la liberté et ses signes. »
    Claude Lévi-Strauss, Tristes tropiques.

  • La liberté est incompatible avec la propriété…
    Car celle ci est liée à la sédentarité, et la sédentarité enchaine et sécurise.

    Quant aux droits, ils ne sont que de la violence mise en textes.

    Pour être un peu plus libre, il faut être nomade… mais dans ce cas, vous ne pouvez avoir que ce que vous pouvez transporter… et il faut faudra utiliser les ressources sur votre trajet. Pas sur que les sédentaires qui y vivent soient d’accord (la détestation entre nomades et sédentaires est très ancienne).

    L’hypernomade d’Attali est en fait un parasite : il vit au dépend de la société dans laquelle il vit, mais a la garantie de ses propriétés et droits par le fait qu’il se sert de la violence de l’état contre les sujets de celui ci. Il est effectivement très libre et possède beaucoup de choses… car il est au sommet de la hiérarchie.
    Une version plus ancienne était les pillards à cheval. On peut résumer leur position vis à vis des sédentaires par cette citation issue des 7 mercenaires : « Si Dieu ne voulait pas qu’on les tonde, pourquoi a-t-il fait d’eux des moutons ? ».

    Bref, il n’y a pas de « voie de la liberté », il n’y a que trois voies :
    – le nomade. Tu seras un loup obstiné. Libre, mais le ventre vide, à la merci des éléments…
    – le sédentaire. Attaché à un territoire, régi par ceux qui l’administre. Un genre de chien de ferme avec son collier et sa laisse… ou un mouton.
    – le parasite, qui vit au dépend des deux premiers (surtout du second, le premier ne produit rien et ne possède rien).

    Ah oui, une dernière chose : seul, on est très faible (et on devient fou au bout de quelques mois). La force des humains réside dans le nombre et la qualité des individus qui composent le groupe. Or qui dit nombre dit règles et hiérarchie. Et comme les hommes ne sont pas égaux en capacités, une élite va forcément se dégager, et diriger le groupe.

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