70 ans après Hiroshima et Nagasaki, le retour du nucléaire au Japon

Le réacteur Sandai 1 entrera en fonction au Japon, près de 70 ans après Hiroshima et Nagasaki.

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Centrale nucléaire du Tricastin (Crédits : Sancio83, Image libre de droits)

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70 ans après Hiroshima et Nagasaki, le retour du nucléaire au Japon

Publié le 1 août 2015
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Par Jacques Henry.

Centrale nucléaire du Tricastin (Crédits : Sancio83, Image libre de droits)
Centrale nucléaire du Tricastin (Crédits : Sancio83, Image libre de droits)

Le 10 août, la Kyushu Electric Power Company va remettre en fonctionnement le réacteur nucléaire Sandai 1, soixante-dix ans et quatre jours après le bombardement par les Américains de la ville d’Hiroshima et soixante-dix ans et un jour après celui de Nagasaki, deux villes également situées sur l’île de Kyushu, 4 ans et 5 mois après le grand tsunami qui frappa le Japon et provoqua l’accident nucléaire de Fukushima-Daiichi.

Le combustible est déjà chargé et les tests finaux sont en cours sous la supervision de l’autorité de régulation (NRA), un organisme indépendant créé après le grand tsunami et l’arrêt de tous les réacteurs nucléaires du Japon. Le personnel a suivi une formation extrêmement stricte pour parer à tout incident en accord avec le cahier des charges imposé par la NRA. Ce cahier des charges a contraint les compagnies d’électricité à réaliser des investissements nombreux, coûteux et variés pour améliorer la sécurité des installations nucléaires et pouvoir intervenir en cas de nouvelle grande catastrophe naturelle. L’unité de Sandai 1 a passé avec succès tous les tests et ceux ultimes de l’approbation populaire qui a demandé beaucoup de temps en raison du forcing des opposants au nucléaire. L’unité 2 du même site devrait également être opérationnelle dans les prochains mois.

La facture d’électricité des Japonais a doublé en quatre ans. L’arrêt de l’ensemble du parc nucléaire du pays a lourdement affecté l’équilibre économique du pays, les importations de charbon, de pétrole et de gaz naturel liquéfié ont en effet pénalisé non seulement les particuliers mais l’ensemble de l’économie qui ne s’en est sortie que grâce à l’abnégation, au sens civique et à l’opiniâtreté des Japonais dans leur ensemble. La facture énergétique japonaise a en effet augmenté de 30 milliards de dollars par an depuis le grand tsunami.

Qu’en est-il du futur ? Le METI est pragmatique et ne s’est pas engagé dans des programmes « renouvelables » intenables. Il se limite à un programme dit S+3E, c’est-à-dire sécurité, efficacité énergétique, efficacité économique et conservation environnementale. La réduction de l’utilisation de combustibles fossiles carbonés ne pourra se faire qu’avec la remontée en puissance des quelques vingt réacteurs nucléaires considérés par la NRA comme aptes à être remis en fonctionnement pour atteindre environ 22% du package énergétique électrique du pays. Au nucléaire s’ajouteront quelques aménagements hydroélectriques pour atteindre au mieux 9% et les autres sources d’électricité renouvelables (vent, solaire et biomasse) n’atteindront pas plus de 14% à l’horizon 2030.Cette réorientation en douceur permettra de diminuer la dépendance aux combustibles fossiles de 88% actuellement à au mieux 55% à cet horizon 2030.

Par ailleurs la société Mitsubishi développe avec ses partenaires américains et chinois des réacteurs nucléaires dits modulaires dont la mise en place quasiment en série pourra être envisagée dès les années 2025. Ces « petits » réacteurs, tout de même 375 MWe soit la taille d’une centrale au charbon, seront beaucoup plus résistants aux tremblements de terre, une dimension mieux adaptée pour un pays qui subit plus du cinquième des tremblements de terre de toute la planète. Enfin le METI n’exclut pas la réouverture du programme neutrons rapides, créneau dans lequel le Japon a toujours été présent.

Source : Japan Atomic Industrial Forum (jaif.or.jp).

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  • Les progrès technologiques rendent la filière très sûre (elle l’était deja beaucoup comparée à dautres aventures industrielles), et c’est maintenant que l’état français décide d’abandonner ce qui pourtant est notre force.

    C’est un peu la même chose avec le diesel.
    Ce carburant était effectivement abominable( on a tous subit ces nuages noires pestilentielles), et c’est maintenant qu’il devient « propre » que l’on monte au créneau pour limiter son abondance alors même qu’il n’y a pas mieux pour limiter la consommation des véhicules.

  • Ce ne sont pas le séisme suivi du tsunami qui ont causé l’accident nucléaire de Fukushima, mais une suite d’erreurs humaines sur le réacteur N°1 qui a conduit à l’accident car à ce moment là les réacteurs 2 3 et 4 étant à ce moment là sous contrôle.

    Cela n’engage que moi mais je pense que si la vanne du condenseur du réacteur N°1 avait été réouverture à temps ce qui aurait évité la fusion du coeur, sachant que les systèmes de refroidissement du réacteur N°3 ont lâché le 13 mars à 2h42, ceux du réacteur N°2 le 14 mars à 13h25, et que le problème rencontré par la piscine du réacteur N°4 sont la conséquence des problèmes du réacteurs N°3 il n’y aurait pas eu d’accident nucléaire à Fukushima mais un incident.

    http://www.irsn.fr/FR/expertise/rapports_expertise/surete/Documents/IRSN_Rapport_Fukushima-1-an-apres_032012.pdf

    • Personnellement, cela me gène beaucoup que la sécurité d’un système soit assurée par des interventions (par des humains ou des automates) et non par la conception.

      • Si vous savez comment on fait pour concevoir un réacteur qu’il soit nucléaire ou chimique dans lequel est réalisée une réaction en chaîne pour qu’il ne puisse jamais s’emballer même si il n’est plus refroidit vous allez faire fortune.

        • Ça existe le safe by design.

        • L’idée n’est pas d’empêcher la destruction, mais de confiner le sinistre pour que la réaction s’arrête d’elle même. Cette conception existe me semble-t’il dans les réacteurs à sel fondu. C’est le principe du coupe feu, de l’éloignement des stocks potentiellement explosif. Mais ça s’applique à tous les domaines et à chaque sous-système.

          • Par exemple, je n’aime pas trop l’idée d’un avion de ligne instable qui ne peut pas planer sans intervention des calculateurs de bord sur les gouvernes pour rétablir l’équilibre. Ou même un fil sur le 220 qui a assez de mou pour toucher le châssis de l’appareil si la soudure lâche …

          • C’est assez simple en cas d’emballement : le combustible est éloigné de la barrière neutronique dans un cendrier, la réaction s’arrête.

          • Le problème à Fukushima n’était pas d’arrêter les réacteurs, (tous les réacteurs ont été mis à l’arrêt) le problème était de poursuivre l’évacuation de la puissance résiduelle alors que toutes les sources élecriques avaient été perdues…

    • Très intéressant, merci.

  • Le rapport avec la bombe m’apparaît hors de propos . On a du supporter pendant des décennies des rouges-verts-pacifistes anti-nucléaires faisant le jeu de l’empire communiste , inutile d’en rajouter .

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