Libéraux et conservateurs dans le même bateau ?

Doit-on se passer des conservateurs ?

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Bette Davis credits Elena lu via Flickr ( (CC BY-NC 2.0) )

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Libéraux et conservateurs dans le même bateau ?

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Publié le 28 juillet 2015
- A +

Par Benjamin Guyot.

Bette Davis credits Elena lu via Flickr ( (CC BY-NC 2.0) )
Bette Davis credits Elena lu via Flickr ( (CC BY-NC 2.0) )

 

La floraison d’un certain nombre de personnalités, associations et media auto-proclamés « libéraux-conservateurs » ces dernières années a de quoi surprendre et dérouter dans une France où le progressisme a longtemps régné sans partage dans le monde intellectuel et politique. C’est ainsi que beaucoup d’esprits brillants sont face à ce phénomène comme une poule qui aurait trouvé un couteau, et y réagissent de manière parfois un peu gauche. C’est le cas d’Emmanuel Bourgerie, le French Libertarien, qui dans un article publié sur Contrepoints le 21 juillet dernier, récuse catégoriquement que les libéraux conservateurs puissent servir d’autre chose que d’alliés pour les libéraux. La thèse semble un peu trop rapide pour ne pas mériter une réponse détaillée.

 

Qui sont les libéraux-conservateurs français ?

Une étiquette nouvelle

Avant toute autre considération, de quoi parlons-nous quand, en France, nous qualifions quelqu’un de libéral-conservateur ? La question est d’autant plus importante que les libéraux-conservateurs sont généralement autoproclamés. Ils forment ainsi une nébuleuse, un nuage de points que peu de choses semblent relier. On y trouve des libéraux de droite bien sous tous rapports, comme Patrick Simon ou Jean-Philippe Delsol ; on y trouve aussi d’horribles personnages que je ne citerai pas pour ne pas leur faire de publicité et me garder de dire tout le mal que j’en pense ; on y trouve enfin entre les deux une galerie de politiciens comme Charles Beigbeder, Philippe Herlin, ou des organisations comme l’Institut de Formation Politique. Ce qui les réunit, c’est une hostilité profonde et frontale envers les socialistes au pouvoir. En effet, l’étiquette a commencé à sortir de l’ombre et à être revendiquée par des personnalités dans le sillage de la Manif Pour Tous, qui signe ainsi peut-être l’acte de naissance d’une nouvelle famille dans l’échiquier politique du pays1. Toutefois, il ne suffit pas d’être anti-socialiste pour être libéral… Ni pour être conservateur, d’ailleurs.

Dans cette masse, il nous faut opérer quelques distinctions et dégager différentes catégories. La première catégorie, ce sont les libéraux avec une authentique affinité conservatrice (quoi que ce mot veuille dire, nous le verrons). Deuxième catégorie, les opportunistes qui récupèrent une étiquette délaissée, et se positionnent dans une niche vide du marché des idées (ce n’est pas le rôle de cet article que de donner des noms ; qui plus est,  je ne sonde pas les reins et les cœurs). Troisième catégorie, les gens vaguement à droite et sans profonde culture politique, dont les opinions ne sont pas issues d’une tradition politique particulière, et qui associent et limitent libéral à moins d’impôt (c’est peut-être la catégorie majoritaire parmi les foules qui se sont déplacées pour manifester). La quatrième catégorie est constituée de ceux parmi les préfascistes qui veulent profiter de ce que cette nuance politique n’est réclamée ni définie par à peu près personne pour repeindre leur devanture.

Quel conservatisme ?

Mais se réclamer du libéral-conservatisme en France, c’est s’exposer à un écueil de taille : il n’existe tout bonnement pas de conservatisme français (en tout cas jusqu’ici). Entendons-nous bien ; j’entends le conservatisme comme un mouvement à la fois intellectuel et politique, relativement structuré, et issu d’une tradition passée de génération en génération, comme on peut en voir dans les pays anglo-saxons, en Suisse, en Pologne, dans les pays baltes, au Japon, au Maroc, aux Pays-Bas et dans de très nombreux autres pays dans le monde.

On voit assez vite que le conservatisme n’existe pas en tant que tel : il existe plutôt un conservatisme par pays, attaché à conserver ce qu’il voit comme constituant l’essence du pays où il existe. Cela peut être la royauté, la famille, la constitution, la langue, ou de nombreuses autres choses parfois contradictoires. En effet, un conservateur britannique sera très attaché à la Couronne et à la noblesse anglaise, tandis qu’un conservateur américain prolongera la tradition antimonarchique des Pères Fondateurs. Et selon les pays, le conservatisme peut fort bien être compatible ou non avec le libéralisme. En Pologne, Droit et Justice est un parti clairement autoritaire, hostile aux homosexuels2, et favorable à davantage d’État-providence. Mais aux États-Unis, les conservateurs3 (comme ceux autour de la National Review ou de The American Conservative) sont plutôt opposés à l’extension des pouvoirs de l’État fédéral, favorables à l’application de la Constitution dans son esprit originel (qui garantit des droits individuels très étendus), et attachés à l’économie libre.

Le problème du conservatisme en France, c’est qu’à l’opposé de ces pays, il n’existe plus de tradition conservatrice, ni en politique ni chez les intellectuels. J’y vois une double cause. D’une part, et pour suivre le raisonnement d’un François Huguenin, les intellectuels de droite en France ont toujours été divisés en deux familles : les libéraux et les réactionnaires4. Historiquement, ça a été Constant contre de Maistre ; Tocqueville contre Bonald ; Aron contre Maurras. Pas de conservateurs entre les deux, tout simplement parce que les traditions intellectuelles ont été plus ou moins forcées de se positionner pour ou contre les principes de la Révolution, et que les positions nuancées ont été ainsi inaudibles. Nous n’avons donc jamais eu de Edmund Burke, de Russell Kirk, de William Buckley ni de Michael Oakeshott. D’autre part, l’autre cause est plus directement contingente : conserver quoi, au juste ? Ce qui aurait pu être historiquement conservé, c’est en gros « le trône et l’autel ». Or, pour ce qui est du trône, sa légitimité a été sérieusement entamée par la douzaine de changements de régimes que la France a connu en deux siècles5 ; et les derniers royalistes s’écharpent pour savoir quel héritier soutenir – des prétendants au trône connus au mieux d’une petite minorité, et reconnus comme légitimes par une minorité encore plus faible –. Il n’y a donc plus de trône qui puisse être restauré. Quand à l’autel, je ne suis pas certain que mélanger à nouveau l’Église et l’État soit une bonne idée, bien au contraire.

Que faire des libéraux conservateurs ?

Boycott

On peut concevoir quatre grandes stratégies possibles face à la naissance d’un tel mouvement. La première consiste simplement à refuser tout contact avec eux. Si l’on considère que la droite est la source de tout le mal sur Terre, que ces gens sont tous des dingues extrémistes, qu’ils ne seront jamais assez libéraux, que la droite c’est le passé et la gauche le futur, alors c’est la stratégie la plus naturelle.

Sauf que ces prémices sont fausses. Une bonne partie de ces nouveaux conservateurs est fréquentable6, et l’on peut même dialoguer avec eux. Par ailleurs, le conservatisme n’est pas une chose du passé : j’en prends pour témoin la composante conservatrice de la vague populiste qui balaye l’Europe ces dernières années (UDC en Suisse, UKIP outre-Manche, Droit et Justice en Pologne, Vrais Finlandais en Finlande, FPÖ en Autriche, Vlaams Belang outre-Quiévrain…)7 pour le meilleur comme pour le pire. Les jeunes notamment (donc les électeurs des cinquante prochaines années) émettent de plus en plus souvent des opinions assez peu progressistes (sur la peine de mort et l’avortement par exemple). Même sur le plan des idées, donc sur le long terme, les choses évoluent dans ce sens. Quelques intellectuels français commencent, en ordre dispersé, à élaborer des critiques plus ou moins radicales de la modernité. Ils ont été qualifiés à tort, il y a quelques années de cela, de « néo-réactionnaires », preuve de l’incapacité d’une bonne part des progressistes de comprendre que l’on peut s’opposer à eux de mille manières différentes. Parmi ces intellectuels, on pense à Pierre Manent, Alain Finkielkraut, Chantal Delsol, Pierre-André Taguieff ou Rémi Brague, qui sont peut-être en train de construire de toutes pièces une forme française de conservatisme. Encore une fois, c’est là un mouvement relativement récent, peu influent, et sans tradition intellectuelle préalable.

Je n’accuse pas Emmanuel Bourgerie de défendre une telle stratégie, je le sais plus fin que ça. Mais dans un camp politique comme le nôtre, qui se bat pour des idées avant de se battre pour des intérêts ou des places, grande est la tentation de garder les mains impeccablement propres, quitte à ne jamais les sortir des poches.

Intégration

Deuxième stratégie envisageable : aider à la constitution d’un conservatisme à la française, en s’y intégrant pleinement. Je crois cette stratégie à la fois néfaste et inapplicable. Néfaste, parce qu’elle signifierait une renonciation à ce qui fait notre identité de libéraux, et des compromis d’autant plus démesurés que nous sommes peu nombreux, et peu habitués aux intrigues de couloir. Au mieux, nous influencerions leurs positions économiques, nous pourrions les pousser à davantage de tolérance sociale ; mais pour cela, il faudrait qu’ils soient demandeurs de nos idées. La stratégie est tout aussi inapplicable, parce que somme toute, il est déjà trop tard. Le remplacement de Frigide Barjot par Ludovine de la Rochère à la tête de la Manif Pour Tous (et la création par Béatrice Bourges du Printemps Français à la suite de son exclusion) a signé la prise de contrôle et le verrouillage d’une organisation au départ sans idéologie par des factions dont l’héritage intellectuel est radicalement antilibéral. Ils nous considèrent comme leur principal ennemi, dans le même panier que Hollande, Valls et Taubira. Encore une fois, pour ce qui est de la masse, ce mouvement est presque uniquement moral et social : il n’avait au départ aucun soubassement idéologique clair, et n’a pas de traduction politique univoque (à part peut-être Sens Commun, et encore). On voit là toute la différence avec les mouvements conservateurs des pays anglo-saxons. Qui plus est, dans ces pays où les conservateurs sont demandeurs, les libéraux ont joué un rôle non négligeable (quoiqu’insuffisant). Et les efforts de Rand Paul pour renouveler le conservatisme américain sont encourageants.

Donc, s’intégrer à une nouvelle force politique conservatrice est sans doute voué à l’échec : soit le greffon sera rejeté, soit il perdra ce qui fait son originalité.

Coalition

La troisième stratégie est sans doute la plus classique : il s’agit de monter des coalitions ad hoc avec les conservateurs, un peu dans l’esprit de la « Leave Us Alone Coalition » de l’ère Reagan. Il s’agit de faire taire les différends entre les camps, pour avancer ensemble sur les points d’accord. Ce qui pourrait ressembler à « Laissez-nous la liberté de nous enrichir et d’enrichir la société ; la liberté de fonder nos propres associations d’entraide sociale ; la liberté d’éduquer nos enfants comme nous l’entendons ; fichez-nous la paix ! ».

En fait, cela pourrait même être un peu plus profond que ça. Il y a un point commun absolument crucial entre les vrais libéraux et les vrais conservateurs : une méfiance viscérale envers le constructivisme social, l’idée que la société pourrait être construite de toutes pièces ou modifiée par décret du gouvernement ou du législateur. C’est un thème qui est omniprésent chez Hayek (c’est l’idée centrale de son dernier livre, La Présomption fatale), mais que l’on retrouve déjà de manière lancinante chez Edmund Burke par exemple. De plus, il est évidemment inconcevable de convaincre tous les Français de la justesse de l’intégralité du libéralisme ; mais il est nettement plus accessible à nos forces d’infuser chez des alliés potentiels l’esprit du « vivre et laisser vivre ». Avec un peu de chance et d’ouverture d’esprit, nous pourrions aussi trouver chez eux des choses intéressantes, qui enrichiraient notre proposition de société.

Il faut avouer que le libéralisme est incomplet. C’est parfaitement normal, d’ailleurs : la liberté se trouve dans les trous des théories, et une théorie totale risque fort de finir totalitaire. En effet, le libéralisme est une doctrine d’application exclusivement politique (et qui vise à limiter le politique au strict nécessaire)… Or, la vie s’étend bien au-delà de la politique. Sauf qu’une telle perspective est souvent intellectuellement insatisfaisante. Notamment, « on ne peut pas prévoir le résultat des processus sociaux » est une vérité très frustrante et pas très entraînante d’un point de vue électoral. Mais une vision qui dépasse le seul libéralisme peut donner du corps au message, sans le trahir. L’important, c’est que la vision conservatrice soit indicative8, et non impérative ; qu’elle indique les vertus à encourager individuellement, sans criminaliser les vices qui leur sont opposés.

Dans une coalition, le facteur premier est le rapport de forces entre ses composantes. Si les libéraux dominent la coalition, on pourra appliquer cette dernière idée, consistant à teinter de conservatisme le libéralisme. Si ce sont les conservateurs qui dominent, alors il faudra plutôt infuser à nos alliés le principe de vivre et laisser vivre.

Influence

La dernière stratégie envisageable consiste à développer notre influence, ou pour le dire différemment, développer notre propre forme de conservatisme. C’est celle qui nécessite le plus de constance dans l’effort, une véritable professionnalisation et spécialisation des militants, mais c’est aussi la plus prometteuse, et celle qui correspond sans doute le mieux à la manière dont les militants libéraux tendent à raisonner. L’idée centrale est la suivante : à chaque question légitime9, il existe une réponse libérale. L’écologie libérale existe déjà depuis des décennies (on peut penser au travail énorme que font le PERC outre-Atlantique, et l’ICREI en France) ; le féminisme libéral aussi (Wendy McElroy y œuvre depuis trente ans, et Cathy Reisenwitz est en train de reprendre le flambeau pour la génération suivante). Pourquoi ne pas laisser se développer un conservatisme libéral sur le même modèle, pour ceux des libéraux qui ont des préoccupations conservatrices ?

En termes de marché des idées, il s’agit d’une diversification dans chaque niche pertinente. Prenons deux exemples qui intéressent particulièrement les conservateurs : la cellule familiale, et le mariage homosexuel. Pour la question de la cellule familiale, on peut invoquer les travaux de Gary Becker sur l’économie de la famille, dans lesquels il démontre que les allocations familiales dissolvent les liens de parenté et déstabilisent les familles. Pour le cas du mariage des homosexuels, on peut aussi entrevoir une solution ; d’une part, la privatisation de l’institution du mariage (n’importe qui devrait pouvoir signer un contrat définissant filiation et transmission patrimoniale devant un professionnel du droit) ; d’autre part, l’idée que l’union stable de deux homosexuels les incitera à mener une vie bourgeoise, ou pour le dire autrement, conservatrice, fondée sur la stabilité, l’accumulation d’un capital et sa transmission… quitte à nommer cette union d’un autre mot que « mariage ».

Au final, il s’agit de retrouver l’usage de ce que des libéraux américains ont appelé le « pivot de Ransberger ». L’idée est relativement simple : écouter son interlocuteur, comprendre ce qui lui pose réellement problème, trouver un objectif commun avec lui, et expliquer que la manière libérale est la meilleure manière (la plus rapide, la plus fiable, la moins coûteuse, la moins tyrannique, la seule…) d’atteindre son objectif. Évidemment, on ne peut l’appliquer que si la préoccupation de son interlocuteur est légitime… Mais si ce n’est pas le cas, alors c’est sans doute que continuer à tenter de le convaincre est peine perdue.

C’est en convainquant les gens de bonne volonté que leurs idéaux peuvent au mieux être atteints par la voie libérale, que la liberté conquerra les cœurs et les esprits, et qu’il apportera aux Français la paix et la prospérité, et l’accomplissement qu’ils méritent. La France commencera alors sans doute à ressembler à ce que Robert Nozick nommait un « canevas d’utopies » : chacun poursuivra son idée du bien, et la société pourra faire coexister des valeurs plurielles sans pour autant nier leur importance. Le respect des valeurs de chacun, sans relativisme, et dans la concorde civile : quelle personne honorable pourrait être contre ?

  1. Pour être exact, la Manif Pour Tous signe aux yeux de Gaël Brustier l’émergence d’un mouvement social conservateur, qui prend ainsi une étiquette politique qui était délaissée jusque-là.
  2. Au moins un nombre important d’élus de ce parti. On relèvera notamment des commentaires comme « les homosexuels sont socialement inutiles », ou une comparaison de l’homosexualité avec la pédophilie, la nécrophilie et la zoophilie.
  3. Je parle ici des conservateurs qui s’expriment par exemple dans la National Review ou The American Conservative, et non des néoconservateurs qui forment un mouvement à part d’un point de vue idéologique. Il serait trop long pour un tel article de retracer les différences et les frictions entre ces deux groupes. Son Histoire intellectuelle des droites a en effet porté pour titre, dans sa première édition, Le Conservatisme impossible.
  4. Je m’éloigne ici de l’analyse classique de René Rémond dans Les Droites en France. D’une part, la troisième famille que Rémond isole, à savoir les bonapartistes, n’a jamais produit d’intellectuel majeur du niveau de ceux que je cite. D’autre part, l’analyse de Rémond perd sa pertinence à partir de l’Affaire Dreyfus, qui entraîne une recomposition complète du paysage politique français, comme le rappelle Philippe Nemo dans Les Deux Républiques françaises.
  5.  L’on est passé de la monarchie à la république, puis à l’empire, puis à la monarchie restaurée, puis à nouveau à l’empire pendant une brève césure, avant le retour de la monarchie, qui a laissé la place à une autre monarchie, qui a cédé la place à une république devenue empire, qui fut succédée par la première république durable, détruite pour construire un État Français, puis deux républiques successives.
  6. Quels conservateurs sont fréquentables ? Ceux qui, par leur caractère ou par leur réflexion, sont ouverts au principe de « vivre et de laisser vivre ». Inversement, les infréquentables sont les plus idéologiquement antilibéraux d’entre eux, et ceux pour qui le libéral-conservatisme est une façade cachant mal le racisme le plus crasse, l’esprit de tyrannie ou la volonté d’en finir avec les minorités.
  7. Je n’y classerai pas le Front National. Qu’il appartienne à la vague populiste, c’est évident ; mais qu’il soit conservateur, c’est nettement moins sûr. En effet, son programme économique est désormais de gauche, et même son programme sociétal est en train de pivoter. Sa faction « catho tradi » a été marginalisée par la défaite de Bruno Gollnisch ; et le FN commence à utiliser comme prétexte la défense des femmes et de la République pour justifier son hostilité à l’islam.
  8. Si la vision choisie est conservatrice, naturellement. Un libéral qui veut s’adresser à la gauche pourrait très bien choisir une vision progressiste de la société, pour peu qu’elle obéisse aux mêmes critères de compatibilité.
  9. Exemple : « Comment renforcer la structure familiale » est une question légitime, tandis que « Comment se débarrasser définitivement-des rouquins » n’est pas une question légitime.
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  • Question.
    Que faire des libéraux de gauche?

    • « Que faire des libéraux de gauche? »

      @gillib: On fait comme d’habitude ma p’tite dame ! On ment sans vergogne en assimilant systématiquement le progressisme à l’étatisme. Il faut donner l’impression que ces deux notions sont à jamais inséparables. Il faut donner l’impression qu’un libéral peut très bien être conservateur mais ne peut absolument pas être progressiste. Exemples :
      – T’es un bobo ? T’es donc un étatiste.
      – T’es anti-sexiste ? T’es donc un étatiste qui veut imposer la parité.
      – T’es contre l’homophobie ? T’es donc un étatiste qui veut abolir le mariage traditionnel et imposer le mariage homosexuel.
      – T’es antiraciste ? T’es donc un étatiste favorable aux antiracistes subventionnés, à la discrimination positive, à la censure des discours racistes, à la repentance, aux lois mémorielles, bref : favorable à ce que les blancs se sentent éternellement coupable pour l’esclavage et la colonisation.
      – T’es pour la liberté d’un étranger européen ou africain ou arabe ou asiatique de se rendre chez un propriétaire privé français ou employeur français qui consent à l’inviter ? T’es donc un étatiste ultra immigrationniste et métissolâtre et favorable à l’assistanat.
      – T’es pour la légalisation des drogues ? T’as fumé quoi au juste ?
      – T’es contre l’impunité de la police ? Bon sang qu’est-ce que t’es laxiste !
      – T’es pour la légalisation de la prostitution ? T’en fais pas, beaucoup de conservateurs le sont aussi, l’important c’est que tu continues à humilier les prostituées, à les calomnier, à les ostraciser, de façon à ce qu’elles restent en bas de l’échelle sociale. Et n’oublie pas de mentir à ta « bourgeoise » en prétendant que tu es un mari fidèle. L’important c’est de préserver tes apparences de respectabilité.

      Voilà, maintenant qu’on a assimilé le progressisme à l’étatisme, nous sommes assurés que la plupart des femmes, des gays, des minorités ethniques, ne s’intéresseront jamais au libéralisme, et donc qu’il ne leur viendra jamais à l’idée de se servir de notre arme (le libéralisme) contre nous-mêmes.

      • – T’es un bobo ? tu es de gauche, forcement, c’est la définition.
        – T’es anti-sexiste ? tu es pour la discrimination positive.
        – T’es contre l’homophobie ? Liberté d’opinion, loi liberticide contre les homophobes.
        – T’es antiraciste ? Idem
        – T’es pour la liberté d’un étranger . Aucun pb, mais arretons d’avoir une vision lénifiante de l’immigration. l’immigration c’est une souffrance pour l’immigré et pour le ‘local’ qui se trouve déstabilisé.
        – T’es pour la légalisation des drogues ? T’as bu combien de litron?
        – T’es contre l’impunité de la police ? Contre l’impunité des délinquants.
        – T’es pour la légalisation de la prostitution ? Pour la sécurité des prostituées.

        « Voilà, maintenant qu’on a assimilé le progressisme à l’étatisme »
        Voila tout est dit le PROGRESSISME.
        Je suis de gauche je suis du coté du progrès du ‘bien’.
        Le progressisme est profondément constructiviste.

        AMHA un libéral est neutre, ni progressif ni réactionnaire. Un libéral veut un état neutre.

        • « arrêtons d’avoir une vision lénifiante de l’immigration. l’immigration c’est une souffrance pour l’immigré et pour le ‘local’ qui se trouve déstabilisé. »

          @gillib : Ça dépend, pour le bobo ‘local’ c’est parfois une plus grande souffrance d’avoir à côtoyer le facho ‘local’ que d’avoir à côtoyer l’immigré.

          Ce raisonnement n’est pas de moi, il est de Pascal Salin : »De quel droit l’État se permet-il de décider de ce qui concerne mes relations privées? Si je souhaite, par exemple, recevoir chez moi tel intellectuel africain dont je me sens proche et si je ne désire avoir aucun contact avec tel Français qui défend des thèses inadmissibles pour moi et qui est pour moi un « étranger », pourquoi l’État français serait-il chargé d’exclure le premier et de tolérer le second? »

          • Nous sommes d’accord pour avoir des frontières ouvertes (on sera peut-être content de s’enfuir de france).
            Mais arrêtez d’avoir des postures boboîdes (l’immigration c’est bien, le métissage c’est bien).
            Chacun est libre de sa vie, l’important c’est la liberté pour soi et pour les autres.
            Prenons l’analogie avec la drogue; Personne ne dira que se droguer est ‘bien’, mais toute chose étant égale par ailleurs la prohibition des drogues ne regle pas la toxicomanie et la prohibition entraine des effets adverses toxiques.

            • Certes, mais la posture « utilitariste » (genre la prohibition ça ne marche pas) n’est pas un truc qui fait avancer car les croyances l’emportent souvent sur les réalités dans « l’utilité ».
              C’est sur le fait que la liberté ne doit être arrêté que par celle des autres gens qu’on peut expliquer le mieux la déjudiciarisation des drogues : un acte sans victime ne doit pas être un crime.

      • Le problème fondamental c’est que le « progressisme » pour exister nécessite qu’on définisse ce qu’est le progrès et que le progrès est souhaitable et quelque part qu’on va l’imposer aux gens pour leur propre bien.

        Bref, le progressisme est un constructivisme au départ, étatiste très souvent pour parvenir à ses fins (je ne sais pas si on peut envisager des constructivismes non-étatistes, en fait) et pré-fasciste à l’arrivée.

        Pas super cool, en fait et totalement pas libéral. Même si le libéral peut à titre personnel partager beaucoup de points avec le « progressiste » (mais aussi avec le conservateur ou le réactionnaire). Le truc étant que le libéral se garde bien, lui de dire que ci ou ça est « bien » et « une avancée » et que la seule « avancée » qui compte pour lui est que lui et les autres soient libres. Libres de « vivre le progrès » et tout autant de « vivre la réaction ». SANS JAMAIS DÉCIDER POUR LES AUTRES !!!! (et ça l’anti-sexiste, l’anti-homophobe, l’antiraciste, l’immigrationniste, l’a au cœur de son logiciel. Les autres trucs, bobo, légalisation -enfin plutôt dépénalisation/dé-judiciarisation- des drogues ou de la prostitution sont plus libéraux ou libéro-compatibles).

    • Pareil que pour les libéraux conservateurs, mais avec des valeurs progressistes et non pas conservatrices, je suppose.

  • Par ailleurs, à noter, l’apparition chez les libéraux conservateurs d’un « national-libéralisme » se réclamant des idées de Hans-Hermann Hoppe, chez Henry de Lesquen en particulier.

    • Pitié, pas Henry Le Mesquin ! Un type qui appelle à la « remigration » des pas-de-chez-nous, c’est nécessairement un tyran en puissance. La « remigration », i.e. « renvoyer les étrangers chez eux » (en supposant que les descendants de la seconde ou de la troisième génération aient un « chez eux » hors de France, ce qui est une hypothèse osée), ça veut dire les déporter par bateau ou par avion. C’est moins brutalement sale que de les déporter en wagons plombés, mais on ne peut pas raisonnablement se réclamer à la fois du libéralisme et de cette horreur.

      • Mais est-ce qu’imposer à des gens qui ne le veulent pas de vivre ensemble (ce qui se passe actuellement) n’est pas aussi mauvais.
        La « remigration » se produirait naturellement pour un nombre certain (mais pas tous) d’immigrés de la deuxième troisième quarantième génération si les aides sociales à tout va et la préférence pour le « non de souche » ainsi que la lutte anti-raciste, anti-discriminations, etc. venaient à disparaitre. L’imposer serait aussi mauvais que l’incitation quasi militaire à l’immigration qu’on a vu dans le passé, mais en soi elle n’a rien de bien gênant.

        Le truc c’est de laisser et même permettre aux gens de vivre où ils le veulent, avec les voisins qu’ils veulent, sans se mêler de ça. Et la plupart des gens préfèrent vivre avec des « comme eux » même si quelques « différents » ne sont pas un problème, tant qu’ils sont rares et modestes. C’est une réalité en termes raciaux, sociaux, politiques, musicaux, littéraires etc.

        Perso j’ai un peu de sang irlandais et quelques lointaines racines suisses et je serais ravi de remigrer (je le ferai d’ailleurs probablement un jour ou l’autre si les choses continuent comme ça en France)

        • Franz, je ne suis pas certain que la « remigration » se produira pour les descendants des immigrés, et ce pour deux raisons. D’une part, seuls les plus entreprenants migrent, et il y a peu de chances que les descendants soient aussi entreprenants que leurs ancêtres qui sont venus en France. D’autre part, où pourrai bien partir un type dont les quatre grands-parents viennent du Sénégal, du Cambodge, de Martinique et du Maroc ? Il est tout aussi français que moi, et peut-être davantage en un sens (son aïeul martiniquais était sans doute Français avant que mes propres aïeux ne viennent en France).

          Il faut aussi souligner que le problème vient aussi du mot « remigration » lui-même. Il désigne, comme vous l’employez, à la fois la « remigration » volontaire (historiquement appelée expatriation, émigration, départ pour tenter sa chance ailleurs), et la « remigration » forcée (historiquement appelée déportation). Il se trouve que mes aïeux ont connu les deux, et je vous assure que venir de son plein gré dans un pays qu’on a choisi en plaquant tout derrière soi n’a rien, mais vraiment rien à voir avec le fait d’être parqué par la police pour être déplacé de force dans un pays inconnu dans un wagon plombé.

          Parler de « remigration », c’est troubler la réalité des choses, soit que l’on ne s’en rende pas compte, soit qu’on le fasse délibérément (c’est sans doute le cas d’Henry le Mesquin). Or, mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde. Si vous ne le comprenez pas, c’est fort dommage.

  • Hélas se laisser influencer par le conservatisme, c’est transformer le libéralisme en ce qu’il n’est pas.

    1) Aujourd’hui qui critique le « libéralisme » pardon, que dis-je l' »ultra-neo-liberalisme » ? le FDG, la majorité du PS, une grande partie du centre et des LR et bien sur le FN.
    2) Qu’est-ce que le libéralisme dans leur esprit (a part un bouc-émissaire qui ne peut pas se défendre car peu représenté de plus j’entend) ? le capitalisme de connivence, les subventions aux entreprises,… bref tout ce qui n’est pas libéral.
    3) demain, si nous acceptons la gangrène conservatiste dans le libéralisme, alors nous acceptons qu’une idée majoritaire (le conservatisme) entre dans une idée minoritaire (le libéralisme) donc que se passe t’il quand un gros rentre chez un petit ? il se fait bouffer tout cru… cela tuerait le libéralisme.

    Non, nous ne devons pas accepter les valeurs conservatistes, car elles sont un contre sens idéologique, vous parlez de mariage homo mais prenons l’immigration qui pose tant de débat ici-meme. Les conservateurs veulent l’absence totale de l’immigration, les libéraux veulent une immigration controlée en fonction de l’interet économique et social que cela peut apporter… comment concilier cela ? Un conservateur n’acceptera jamais qu’un seul immigré « musulman » actuellement, puisque c’est leur mode (hier c’etait les immigrés arabe, noirs, chinois et polonais) puisse intégrer le pays. Les libéraux eux se disent peu importe que le type soit « musulman » ou avec 3 pattes, pourvu qu’il puisse apporter quelque chose de bénéfique au pays. Nous allons faire quoi ? dire qu’on peut accepter que 100 musulmans… pour faire un compromis ? etre plus rigoureux sur les musulmans que sur tous les autres ?

    Le libéralisme est totalement indépendant du conservatisme et du progressisme, il ne doit avoir aucune liaison directe avec l’un ou l’autre, il ne doit défendre qu’une idée, la liberté. Les conservateurs et progressistes ne défendent que leur cause, et peu importe qu’elle soit libérale ou non, le conservatisme/progressisme étant leur base idéologique.

    Nous devons donc faire une seule chose, dire ce que n’est pas le libéralisme en étant les pionniers de la dénonciation du capitalisme de connivence, des subventions,… et bien sur expliquer des vrais mesures libérales, comme la libéralisation de la santé par exemple.

    • Que le libéralisme soit une idée complètement distincte du progressiste et du conservatisme, je crois que c’est relativement acquis pour les libéraux. Que vos choisissiez la stratégie que l’auteur qualifie de « Boycott », c’est votre choix. Mais au moins, lisez l’article plus attentivement, vous lui faites dire ce qu’il ne dit pas.

      Pour expliciter son propos, l’auteur aurait sans doute gagné à citer ce qu’écrit Lord Acton dans son Histoire de la Liberté : « De tous temps, les amis sincères de la liberté ont été rares, et ses triomphes ont été dus à des minorités qui ont triomphé en s’associant avec des alliés dont les objectifs étaient souvent différents. »

      Accessoirement, je me dois de rectifier ce que vous affirmez : les libéraux ne veulent pas une « immigration controlée en fonction de son intérêt ». Ils veulent que les gens soient libres de vivre et de travailler où ils l’entendent, pour peu qu’ils ne fassent de mal à personne. Ceux qui sont pour une immigration contrôlée, ce sont les vrais conservateurs (cf. les conservateurs anglais et américains). Ceux qui ne veulent pas d’immigration du tout, ce sont (je suppose) les « horribles personnages » que l’auteur refuse de citer, probablement les gens qui trainent autour du Club de l’Horloge (et je comprends qu’il refuse de leur faire de la publicité).

    • « Les conservateurs veulent l’absence totale de l’immigration, les libéraux veulent une immigration controlée en fonction de l’interet économique et social que cela peut apporter »
      => Vous trouverez nombre de « conservateurs » qui seront tout à fait d’accord avec la vision de l’immigration que vous décrivez comme étant celle des libéraux. Par ailleurs, vous trouverez certains autres commentaires de l’article qui se prononcent pour l’ouverture totale des frontière: quelle est donc la « bonne » vision libérale de l’immigration? Je risque de me faire à nouveau traiter de nombreux noms d’oiseaux, mais il y a plusieurs degrés dans le libéralisme, et non une vérité unique, absolue et universelle.

      « Nous devons donc faire une seule chose, dire ce que n’est pas le libéralisme en étant les pionniers de la dénonciation du capitalisme de connivence, des subventions (…) libéralisation de la santé »
      => vous mettez clairement l’accent sur l’aspect économique du libéralisme, sur sa conception de l’économie de marché. Ceux que l’article nomme les « libéraux conservateurs » ne seront pas en désaccord avec cela, la différence avec les libéraux « purs » tient au fait qu’ils peuvent concevoir la limite ou la contrainte dans certains champs qui ne relèvent pas du marché, ou ne devrait pas en relever, pour eux.
      Si je prends l’exemple du mariage homosexuel: l’article indique que tout un chacun devrait pouvoir signer un contrat de mariage et que l’Etat n’a pas à interférer avcc la filiation. Il y a de plus en plus d’études (je pourrai donner des liens) qui montrent l’instabilité des « couples » homosexuels qui se séparent plus souvent que les couples hétérosexuels (de mémoire, +30% pour les hommes et +70% pour les femmes), et la violence est importante entre homosexuels, plus que chez les hétérosexuels (même si le sujet est absolument tabou dans les médias). C’est un environnement que l’on ne peut définir, a priori, comme étant le meilleur pour le développement d’un enfant, ce qui peut expliquer l’opposition au mariage homosexuel puisqu’en droit français, mariage et filiation sont intrinsèquement liés.

      Comme je l’ai dit en commentaire d’autres articles, être libéral n’implique pas le refus de toute contrainte, sinon il faut s’élever contre les notions de majorité, de majorité sexuelle, de tutelle, de curatelle… certes, la liberté vient avec la responsabilité, mais qui peut dire avec certitude qu’un jeune aura nécessairement franchi le cap de responsabilité nécessaire à l’exercice de ses libertés à 18 ans plutôt qu’à 17? Et que sur le plan sexuel, on ne parle pas de 18 ans mais de 15 ans? Dans certains domaines, un curseur limitatif se doit d’être fixé parce qu’on ne peut traiter toutes les situations au cas par cas.

      • Et bien, plutot d’accord avec tout ce que vous avez dit…
        Juste une précision, quand je dis que les libéraux devraient se battre pour défendre les idées économiques comme la santé et etre l’avant garde de la critique des abus économiques comme les subventions et le cap. de conniv. je ne dis pas que les conservateurs sont contre… mais que je me fous de cela, que tous ceux qui se sentent un tant soit peu libéral dénonce ce que certains appelent de manière injustifié du « libéralisme » et expliquent ce qu’est le libéralisme éco. car dans la tete des gens c’est les subv., le capit. de conniv. et le serrage de ceinture a tous les niveaux, alors que le libéralisme ce n’est pas de dire « il faut que la sécurité sociale serre la ceinture, en faisant payer plus cher les contribuables » un peu comme l’UMP enfin le LR dit en gros, mais qu’il faut ouvrir le marché de la santé… ce qui n’a rien a voir entre les 2. Et je suis certains que beaucoup aimeraient l’idée de l’ouverture de la santé au privé mais par contre vu ce que l’on paye comme impots en tout genre, personne ne veut se serrer la ceinture.

        Ensuite non, sur l’éco, les libéraux conservateurs ne sont pas en accord sur tous avec les libéraux classiques, les conservateurs sont contre l’argent du Qatar ou l’Arabie saoudite, les libéraux je ne verrais pas pourquoi, les conservateurs protestent quand le roi d’arabie saoudite privatise une plage, je ne vois pas en quoi cela choquerait un libéral (et je rajouterais, que ces memes conservateurs ne sont pas choqués quand, lors du festival de Cannes, Canal+ privatise la plage pour diffuser son émission), un conservateur va vouloir mettre des taxes d’entrées sur les produits chinois, va vouloir fermer son pays pour ne pas avoir a subir la concurrence espagnole ou polonaise…. etc… non définitivement les conservateurs sont conservateurs avant d’etre liberaux.

  • Très bon article avec de bonnes références. C’est une très bonne base de travail. Sur le conservatisme français l’auteur oublie de citer la tentative de Chateaubriant de fonder un parti conservateur français pendant la Restauration ,autour de sa revue Le Conservateur. Il a inspiré la création du parti conservateur britannique des anciens Tories.
    Sur le plan personnel quand je suis devenu libéral je me suis plongé dans l’étude historique de ce courant. Pour moi il s’ inscrit intellectuellement dans la tradition occidentale de la pensée grecque classique et du christianisme occidental. En ce sens je me définis aussi comme conservateur. La tradition n’est pas un carcan ou un boulet pour la liberté mais une base d’appui pour aller plus loin.

    • Je crois que la tentative de Chateaubriand était vouée à l’échec parce qu’à l’époque, comme l’auteur le signale, la Révolution était encore dans toutes les têtes, et l’on devait se placer soit totalement pour, soit totalement contre. Or, une position conservatrice est nécessairement une position modérée et tempérée, qui aurait donc été complètement inaudible dans un tel contexte, comme l’auteur le fait remarquer.

  • La famille libérale commence aux libéraux sociaux et se termine, à l’autre bout du spectre, par les anarcho-capitalistes.
    On y trouve dans l’ordre selon du classement de plus à moins d’Etat les libéraux sociaux, les chrétiens démocrates, les conservateurs, les libéraux (libertarians en anglais), les anarcho-capitalistes.

    L’autre famille, c’est celle des marxistes et marxisants qui commence par les communistes (marxisme léninisme), les socialistes, les socio-démocrates et enfin les socio-libéraux.

    définitions tirées de quizz politiques anglo-saxons.
    Pour en revenir aux conservateurs, ils sont attachés aux valeurs traditionnelles qu’ils souhaitent maintenir mais ils sont également attentifs à la modernité maîtrisée et à l’amélioration des conditions de vie matérielle du peuple dans son ensemble.
    Ces qualités font que les partis conservateurs peuvent être des partis de masse et donc de gouvernement.

    Le problème de la France est que, depuis le milieu du XX° siècle, elle est très à gauche (gauche = marxisme) en comparaison du reste de l’Europe où les partis communiste n’existe pas et où le parti socialiste a disparu, ne laissant que les socio-démocrates.
    Au UK, il existe un courant au sein du parti travailliste (Labour) un petit courant socialiste en voie de sénilité avancée que les travaillistes eux-même appellent the Old Labour par référence à cette petite chapelle traditionaliste de l’Eglise Anglicane appelée the Old Church.

    A l’époque de Tony Blair, la droite française pour qui être traité de Droite était une injure ou une incongruité, voulait à tout prix être « travailliste » et aurait volontiers troqué son Chirac qui pourtant est bien de gauche contre le Prime Minister.
    L’UMP/Centre était et est toujours au centre du parti travailliste anglais alors que le PS serait son aile gauche ou d’extrême gauche (Old Labour)

    Le FN actuel tend à ressembler de plus en plus au parti Conservateur anglais, y compris pour sa politique économique (quitter l’Euroland, problème que n’ont pas les britanniques qui n’y ont jamais été) et, politiquement, modifier les traités européens pour permettre à la Nation de retrouver ses prérogatives de souveraineté indument bradées à des instances qu’un grand ancien aurait qualifiées de « Machin ».

    • Non, les libéraux, ça commence aux minarchistes et ça finit aux anarcaps. Et ça contient certainement pas les chrétiens démocrates et encore moins les conservateurs.

      • Houuu, là là…
        les libéraux ça commence aux anarcaps et ça finit aux anarcaps. Pour être plus précis ça va de David Friedman à Spooner, avec Rothbard plus ou moins au centre.

        Et pas de liberté pour les ennemis de la liberté (c’est à dire tous les non anarcap). Non, mais ! 😉 :mrgreen:

        cela dit il est clair que si les chrétiens démocrates et les conservateurs sont parfois sensibles à la liberté et en général moins hostiles aux libéraux que les maoïstes et trotskistes, ils ne sont pas vraiment catégorisables comme faisant partie du libéralisme.

  • Il est toujours intéressant de jeter des ponts entre des courants que l’on a tendance à séparer, voire à opposer.
    Et si l’objectif d’un conservateur n’était pas d’abord de « conserver » le passé, mais de discerner ce qui, dans ce passé, a été bénéfique? Y compris ce qui a favorisé la liberté. Y compris ce qui a pu la limiter, mais en vue d’un bien supérieur. La liberté n’est pas un absolu (ce serait alors une idéologie). Elle est à apprécier en fonction d’objectifs pour des individus dans une société. Quels sont ces objectifs? Quelle société voulons-nous construire? Là est l’important.

    • C’est ce que m’efforce de dire sur ce forum. Le libéralisme, ce n’est pas l’aspect économique dont tout le monde parle jusqu’à plus soif sans rien y connaître d’ailleurs.
      Le libéralisme c’est avant tout la liberté, l’aspect politique est primordial.
      Les libéraux européens qui se sont battus au XIX° siècle et qui ont créé finalement les partis chrétiens démocrates, libéraux et conservateurs dont certains sont toujours en activité se fichaient comme d’une guigne des histoires de gros sous à la Guizot. Ils n’appartenaient pas à la « droite d’argent » comme on dit.

      Une histoire qui me plait bien est la définition de la liberté par Benjamin Franklin, un des pères de la république américaine, qui l’opposait à la démocratie (dans sa définition grecque, les gens de cette époque étaient des classiques connaissant leurs auteurs grecs et latins par coeur)
      « la démocratie, disait-il, ce sont deux loups et un agneau qui votent sur ce qu’il y aura au déjeuner; la liberté, c’est l’agneau bien armé qui conteste le résultat du vote ».

      Le tort de certains libéraux, c’est de prêter le flanc à ceux qui pensent que, bien souvent, ils raisonnent comme les deux loups.
      être libéral, c’est aussi protéger l’agneau par la Loi.

  • « je ne suis pas certain que mélanger à nouveau l’Église et l’État soit une bonne idée »
    Elle ne le demande pas.
    Mais comment la protéger contre la spoliation, l’expulsion, la soumission (gallicanisme) ?
    Le sacre du roi à l’Église a longtemps été la solution.
    Je préfère la démocratie directe à la suisse.
    Mais la démocratie représentative, où les socialistes soudoient les électeurs pour installer leur totalitarisme, garantit la persécution de tout ce qui gêne le totalitarisme.

    Du reste, comment définir la laïcité sans référence aux Évangiles ?
    La séparation de l’Église et de l’État peut exister parce que l’Église explique en quoi elle n’est pas l’État, les Évangiles définissant ce qui revient à chacun.
    Sans christianisme, la laïcité est indéfinissable.

    • Fucius, ça faisait bien longtemps que vous n’étiez pas venu nous tanner, avec la démocratie directe ou l’apologie de l’Eglise catholique romaine et apostolique. Pour ma part, ça ne me manquait pas. Au moins, renouvelez-vous un peu !

  • « Pour le cas du mariage des homosexuels, on peut aussi entrevoir une solution ; d’une part, la privatisation de l’institution du mariage (n’importe qui devrait pouvoir signer un contrat définissant filiation et transmission patrimoniale devant un professionnel du droit) ; d’autre part, l’idée que l’union stable de deux homosexuels les incitera à mener une vie bourgeoise, ou pour le dire autrement, conservatrice, fondée sur la stabilité, l’accumulation d’un capital et sa transmission… quitte à nommer cette union d’un autre mot que « mariage ». »

    Un contrat entre deux personnes n’est pas un mariage, sauf retournement orwellien de ce terme. Un mariage unit deux personnes, mais en accomplissement d’un devoir (envers la famille, ou la nation, ou Dieu…).
    C’est pourquoi le mariage civil est assorti de droits et célébré par un représentant de la nation avec écharpe tricolore. Or ces droits sont usurpés dans le cas d’un pseudo-mariage homosexuel
    Le mariage gay ne consiste pas à tolérer l’homosexualité, mais à la promouvoir, ce qui est absurde.

    La transmission patrimoniale doit être libre, donc pas conditionnée à l’existence de rapports sexuels.

    L’union stable de deux homosexuels (pourquoi pas plus?) est une demande arbitraire.
    Aucune nécessité objective ne la justifie.
    Libre à vous de l’émettre au nom de votre religion, et de la célébrer.
    Mais la loi doit être bâtie par la raison sur le constat des nécessités objectives. Or la seule chose qui ne peut se faire qu’à deux et qui demande la fidélité à vie, c’est un bébé. Et il y faut les deux sexes.
    La procréation responsable est un devoir objectif. À ce titre un libéral peut accepter qu’elle fasse l’objet d’une institution d’État, tout en préférant une solution hors de l’État.

    Pour s’unir à une personne du sexe opposé, il ne faut pas s’unir à une personne du même sexe que soi.
    Si vous prônez l’irresponsabilité en matière de mariage civil, comment la combattrez-vous en matière économique ?
    Le mariage gay est au mariage civil ce que la redistribution est à la production économique.
    Il est incompatible avec le libéralisme.

    • « la seule chose qui ne peut se faire qu’à deux et qui demande la fidélité à vie, c’est un bébé. »

      La fidélité à vie ? LOL, toujours aussi comique ce cher Fucius.

      « Un contrat entre deux personnes n’est pas un mariage »

      Bien sûr que si. Votre problème à vous les conservateurs, c’est que vous êtes des grands romantiques. Les gens de gauche, que vous aimez traiter de bisounours utopistes, sont pourtant souvent beaucoup moins naïfs que vous sur ce sujet. Ils comprennent que le mariage n’est rien d’autre qu’une forme sophistiquée de prostitution.

      • Bah votre bébé il risque de mal vivre et peut-être de venir vous casser la gueule quand il aura 20 ans et fera 90kg si vous ne restez pas dans la « fidélité (étendue, peut-être) à vie ».

        C’est assez étrange comme les enfants de divorcés font moins d’études, se suicident plus etc. que les enfants de couples stables…

        Après on fait ce qu’on veut, une fois les enfants adultes. Mais faut juste pas s’étonner de mourir seul sans que vos enfants s’occupent de vous si vous ne vous en occupez pas « à vie » et probablement « à deux »…

        La naïveté est du coté des « modernes » constructivistes qui n’ont pas 40 000 ans d’expérience humaine convergeant vers certaines solutions dominantes (ordre spontané hayekien ?). Enfin j’en ai l’impression.

        • « Mais faut juste pas s’étonner de mourir seul sans que vos enfants s’occupent de vous si vous ne vous en occupez pas « à vie » et probablement « à deux »… »
          Les conséquences ne pèsent pas que sur les parents.
          L’irresponsabilité en matière de procréation est même très lourde de conséquences pour autrui.
          Si les conséquences étaient limitées aux parents, il faudrait se contenter de les laisser les assumer.
          Mais ce n’est pas du tout le cas, donc il existe un devoir, donc une institution telle que le mariage est justifiée.

          Ce qui me consterne le plus dans cette affaire, c’est d’avoir à rappeler même à des soi-disant libéraux qu’un droit vient en contrepartie d’un devoir, et qui ne prennent donc pas la peine de l’identifier.
          Dans ce conditions la seule sortie raisonnable est l’abolition du mariage civil.
          La société civile s’organisera.
          Mais quelle déchéance pour nos institutions, comment croire encore en leur pertinence…

  • La fracture est résumée par une phrase de l’auteur : l’Eglise et l’Etat.

    Tout le clivage politique (droite gauche, conservateur progressiste) en France se résume dans la position vis à vis du « droit divin » ou pour être plus précis, de la légitimité du pouvoir : est ce que le pouvoir tire sa légitimé du Peuple ou de l’Histoire ?

    Je ne pense pas que l’on sortira par la réflexion de cette discussion sur le sexe des anges … Cette histoire est une vraie guerre de religion, où chaque camp défend fièrement ses positions …

    Le libéralisme en France refuse les deux : l’Eglise et l’Etat, alors que les citoyens vivent avec les deux.

    C’est le mythe de Rousseau qui crée cette utopie d’un monde sans Dieu et sans Maître, sans foi ni loi.

    On est ici à mille lieues de l’esprit de Locke : la totale neutralité de l’Etat dans les opinions de chacun, afin que l’Etat soit un État de Droit, un État fort qui protège les droits naturels et se cantone à cette charge.

    Et cet article est à l’image de cette difficulté de se séparer du mythe de Rousseau, d’assumer que le pouvoir n’a besoin ni de la légitimité du peuple, ni de celle de Dieu, mais de la légitimité que lui donnera son efficacité, ses résultats : seul le marché, l’épreuve de la réalité est souverain.

    Qu’importe les principes et le sexe des anges, si le libéralisme reste un courant d’idées perdu dans des forums confidentiels.

    Il n’y a que l’approbation du marché (c’est à dire des citoyens) qui peut régler les questions posées : sans programme, sans concret, sans slogan, sans partisans, tout cela n’est que spéculation.

    • Un « État fort qui protège les droits naturels et se cantone à cette charge », c’est définie dans les Évangiles, qui a précédé Locke de 1500 ans.
      Il est paradoxal qu’il soit interdit de citer l’origine de la laïcité sous prétexte de laïcité…

      Je ne vois pas pourquoi vous dites que le libéralisme refuse l’Église et l’État, je crois que vous vous contredisez. Le libéralisme s’applique à l’État, et un État libéral coexisterait dans l’harmonie avec l’Église.

      Le socialisme se réclame de la laïcité et pourtant récuse votre définition, puisqu’il ne connaît pas de limite au champ d’intervention de l’État. C’est pourquoi il envahit le domaine religieux défini par le christianisme et la spolie et la persécute.
      C’est effectivement une guerre de religion, le socialisme étant la religion agressive. Vous devez considérer le socialisme comme une religion, puisqu’il sort du domaine de la politique tel que vous l’avez défini.

      • Oui Locke a remis en lumière une notion qui avait été mise à mal par le refus de la scolastique de la part des protestants.

        Mon point adresse le préambule de l’auteur comme quoi il est impensable de remettre en question la révolution Française : tout le reste de son paragraphe concerne l’autel et le trône, ce qui se mon avis encombre complètement la discussion.

        Le libéralisme Français refuse l’Eglise et l’Etat … Ce que ne fait pas du tout le libéralisme anglo-saxon, pour qui la liberté de culte est aussi fondamentale que la constitution US ou la couronne britannique.

        Vous avez du vous rendre compte du manque de tolérance, de la moquerie, voire de la condescendance envers la foi dans ce pays.

        La réaction envers l’Eglise me semble assez comparable à la réaction envers l’Etat, les deux ayant été associés.

        Je ne cautionne nullement cette approche que je n’associe pas au libéralisme en général, mais à un esprit soit disant Français et sans doute aussi renforcé par l’endoctrinement éducatif.

  • Excellent article. Arriver sur un sujet assez polémique ici à éviter résolument le dogmatisme et le relativisme, à faire des propositions pragmatiques sans aller jusqu’à l’utilitarisme (pouvoir à tout prix), c’est un sacré travail.

    En particulier, j’ai trouvé instructive l’explication de l’insuffisance du libéralisme pour définir une politique, parce qu’il est d’abord une philosophie « négative » : après avoir décrit ce qu’il ne faut pas faire (contraindre, interdire sans raison impérative), encore faut-il donner du sens à l’action, du corps comme le dit l’article.

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