La Suède dans l’union européenne : une implication frileuse

L’appartenance à l’union européenne n’est pas un sentiment très développé en Suède.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
suède drapeau-magNoug (CC BY-NC 2.0)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

La Suède dans l’union européenne : une implication frileuse

Publié le 19 juillet 2015
- A +

Par Cassandre Lebouc
Un article de Trop Libre

suède-mll (CC BY-NC 2.0)
suède-mll (CC BY-NC 2.0)

 

Il faut bien l’admettre, la Suède n’est pas le premier pays qui vient à l’esprit lorsque l’on pense à l’Union Européenne. C’est un État discret et assez peu investi dans l’UE. Mais cette impression n’est pas uniquement externe, puisqu’au sein même de la Suède l’appartenance à l’UE n’est pas un sentiment particulièrement développé.

Une adhésion à reculons

C’est seulement au début des années 1990 que la Suède revint sur sa décision de rester en dehors de la construction européenne. Ce refus a une origine historique ; en effet, depuis la Campagne de Norvège en 1814, la Suède prône le principe de neutralité afin de conserver ses intérêts. Sa position neutre lors des Grandes Guerres l’a mise à l’écart des prémices de l’UE. Cependant, la Suède a toujours œuvré au maintien de la paix et à la solidarité internationale (d’où son adhésion à la Société des Nations ainsi qu’à l’ONU, mais pas à l’OTAN).

C’est en 1994 que fut organisé le référendum suédois sur l’adhésion à l’UE. L’entrée dans l’Union fut votée, mais l’avance était relativement courte avec 52,3% de votes positifs. Cette victoire a été suscitée par la prise de conscience que la situation géographique et économique du pays pourrait tirer profit d’une participation à l’Union.

Préserver le modèle suédois

En plus de sa neutralité historique, la Suède cultive une méfiance envers l’UE et les pays membres (particulièrement les pays du Sud). Les Suédois sont en effet conscients d’être performants en termes d’économie, d’éducation, d’environnement, d’égalité des sexes, de service public, etc. Ils pensent que leur Welfare State est supérieur à celui des autres pays européens et souhaitent le préserver d’un éventuel « nivellement par le bas ».

Cette idée renvoie à l’élitisme nordique, c’est-à-dire la volonté d’aider d’autres États (solidarité internationale) à condition que leurs propres intérêts ne soient pas mis en jeu. D’ailleurs la Suède fait partie du Conseil Nordique (Norden), une association d’États du Nord de l’Europe qui développent des coopérations internationales dans plusieurs domaines (économie, environnement, éducation).

Le refus de l’euro

Ces craintes se vérifient clairement avec le refus d’adopter la monnaie européenne. En 2003, lors du référendum sur l’entrée dans la zone euro, seuls 41,8% des votants se sont prononcés en faveur de celle-ci. Pourtant les principaux partis politiques ont activement soutenu l’adoption de l’euro, en accord avec les attentes des acteurs économiques qui y ont vu une opportunité d’agrandir leur marché. À l’inverse les opposants ont mis en avant la meilleure santé économique de la Suède par rapport aux pays de la zone, ainsi qu’une croissance plus importante et un chômage plus bas.

À la crainte d’être touchée par la situation économique mitigée de la zone euro s’est ajoutée la crainte de devoir payer pour les autres États et de cette manière réduire la performance de l’État-providence suédois en agissant négativement sur les dépenses publiques.
Le passage à l’euro ne devrait pas être prochainement un projet du gouvernement au vu de la situation de la zone euro depuis la crise, qui présente la monnaie unique plus comme une monnaie-fardeau que comme une opportunité économique.

Par ailleurs, il faut rappeler que la Suède est un petit pays de 9 millions d’habitants, peu urbanisé et situé en périphérie de l’Europe, trois critères qui contribuent à reléguer cet État au second plan dans l’UE. De plus, avec seulement vingt députés au Parlement Européen, les Suédois peuvent difficilement espérer influer sur les décisions législatives européennes. L’enjeu de la participation suédoise à l’UE est donc moindre comparé aux États du cœur de l’Union.

Références :


Sur le web

Voir les commentaires (3)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • Il est vrai qu’on les entend rarement les Suédois, ils sont des nôtres mais restent dans leur coin et se concentrent sur leur propre prospérité. Un pays qui fait beaucoup rêver tout de même.

  • Article clair, appuyé sur d’indéniables références. Il est utile de se rappeler qu’en matière économique (leurs structures, mentalités des travailleurs, le commerce extérieur, … donc les emplois), la Suède fut et reste fortement arrimée à des partenaires anglo-saxons (dont .. les U$A).
    Le principe des réalités y prévaut parmi nombre de milieux « actifs ». Ainsi, en dépit d’être une structure politique de « social démocratie à-la-scandinave », le pays ne se compare NULLEMENT avec les tenants d’un socialisme continental (ou pire sudiste), tous deux milieux d’obtus et d’idéologies figées.
    Ajoutons-y que le taux de corruption figure dans un Hall of Fame (par contraste avec celui Hall of Shame duquel nos socialistes sont si coutumiers)…
    La Swedish krona a donc toute raison de se tenir à l’écart des affres monétaro-politiciennes d’Eurozone !

  • @l’auteur : Il n’est plus possible de dire n’importe quoi, surtout si l’intention est de rédiger des articles.

    « Ce refus a une origine historique ; en effet, depuis la Campagne de Norvège en 1814, la Suède prône le principe de neutralité afin de conserver ses intérêts. Sa position neutre lors des Grandes Guerres l’a mise à l’écart des prémices de l’UE ».

    L’histoire s’écrit en permanence, et celle de la suède s’est considérablement agrémentée pour la période de la seconde guerre mondiale, pour laquelle la neutralité suédoise a été battue en brèche.

    Déportations, collaboration, dénonciations, lois raciales sans précédents dans toute l’Europe (!), ainsi que camps d’internement sur son propre sol.
    Sources : Klas Amark qui « compare le comportement des Suédois à celui du hérisson qui se referme sur lui-même, sort ses piquants et ferme les yeux sur ce qui se passe autour de lui ».
    En 2000, le Premier ministre, Göran Persson a annoncé ouvrir les archives suédoises, les historiens attendent toujours… malgré toutes les preuves accumulées.

    En conséquence, la position de la suède sur l’UE, en l’agrémentant de son comportement supposé neutre pendant les grandes guerres (vos propos), la seconde particulièrement, rend caduque votre article.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le mouvement de décrépitude européenne s’accélère depuis quelques mois et pousse les gouvernements européens d’une part, et la bureaucratie de l’Union d’autre part, toujours plus loin vers l’autoritarisme et le rognage accéléré des droits fondamentaux de leurs citoyens.

Ainsi, en France, la liberté d’expression est chaque jour un peu plus profondément remise en cause. On se rappelle qu’en février dernier, CNews encourait les foudres de l’ARCOM pour avoir osé laisser des gens s’exprimer sur ses plateaux, ce qui est impensable dans un pa... Poursuivre la lecture

Le très court délai d’organisation des scrutins des 30 juin et 7 juillet prochains favorise indéniablement le Rassemblement national (RN) en forte dynamique aujourd’hui à la droite de l’échiquier politique face à une gauche minée par ses querelles intestines, malgré une unité de façade purement électorale, des Républicains en plein divorce et une majorité présidentielle victime entre autres du rejet de la réforme des retraites, et de l’inflation.

Toutes les études d’opinion soulignent que le vote RN est un vote de colère et de méconten... Poursuivre la lecture

C’est à l’air libre ! Il est à la portée de tous d’observer les chiffres de progression des hommes politiques sur les principaux médias sociaux. Ces chiffres ne sont pas parfaitement représentatifs de la réalité des opinions. Ils sont moins précis que la méthode des quotas utilisée largement par les instituts de sondage qui continuent à alimenter la presse de leurs pronostics. Mais ils permettent d’avoir un terrain d’observation des tendances, sans le filtre des médias mainstream. Nous reprenons notre série d’analyses démarrée pour Contrepoin... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles