Austérité : le mot et la chose

Il n’y a jamais eu d’austérité en économie.

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Manifestation du 2 avril contre l'austérité - Credits Lëa-Kim Châteauneuf (CC BY-NC-SA 2.0)

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Austérité : le mot et la chose

Publié le 17 juillet 2015
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Le mot austérité fait désormais partie du vocabulaire économique. Du moins au niveau médiatique. Les spécialistes ont d’autres approches, moins ambiguës, mais uniquement lorsqu’ils s’expriment entre eux. La plupart des utilisateurs du terme l’emploie avec l’arrière-pensée de renforcer leur opposition par le vocabulaire : ils sont contre « la politique d’austérité » et veulent « une relance ». Mais le succès journalistique des simplismes est tel que des politiciens de tous les horizons se voient acculés au mur : non, non ! Ils ne sont pas pour l’austérité, tout au plus pour une certaine rigueur budgétaire, mais modérée, cela va de soi.

Manifestation du 2 avril contre l'austérité - Credits Lëa-Kim Châteauneuf (CC BY-NC-SA 2.0)
Manifestation du 2 avril contre l’austérité – Credits Lëa-Kim Châteauneuf (CC BY-NC-SA 2.0)

 

Le mot : le complot austéritaire

Le fait d’utiliser un terme à connotation morale pour désigner une réalité économique relève évidemment de la manipulation politique. L’austérité serait un choix éthique et politique imposé par certains. Nous aurions le choix entre l’abondance et l’austérité mais certains choisiraient l’austérité pour conforter leur pouvoir ou par égoïsme. Certains ? Qui ? La réponse est vague à souhait car le mot austérité relève d’une approche émotionnelle proche de la théorie du complot. Les responsables sont donc : la finance, les banques, le patronat, le capitalisme, l’Allemagne, la droite, le libéralisme, etc. Chacun peut choisir en toute irrationalité, en fonction de son vécu, de ses aversions et de ses haines.

L’émotionnel et l’irrationnel apparaissent parfois de façon caricaturale. Jean-Luc Mélenchon est, à cet égard, un bon cobaye. Il s’acharne sur Emmanuel Macron, le « banquier » illégitime, évidemment favorable à « l’austérité ». Ainsi le leader du Front de Gauche déclarait récemment sur France 3 à propos du ministre de l’Économie : « Ce type est sinistre. Il n’a jamais été élu, il est le résultat du fait du prince, il sort d’une banque pour arriver au pouvoir et accabler les autres de son mépris (…) Je n’ai pas que du mépris mais j’ai aussi du dégoût. » La vindicte du bouillant politicien s’abat aussi régulièrement sur l’Allemagne et Angela Merkel. À propos du plan d’aide à la Grèce de juillet 2015, Mélenchon déclare : « Pour la troisième fois dans l’histoire, l’obstination d’un gouvernement allemand est en train de détruire l’Europe. » Donc : 1914,1939 et 2015. De toute évidence, le leader de la gauche extrême ne craint pas le ridicule. Mais populisme oblige, il surfe sur l’anti-germanisme latent en France pour se faire le chantre du complot austéritaire. Le boche de 1914-1918 et le nazi de 1939-1945 ne peuvent pas devenir des amis ; l’Allemagne agit toujours contre la France mais avec d’autres armes.

La chose : en économie, l’austérité, ça n’existe pas

Bien entendu, il n’y a jamais eu d’austérité en économie. L’austérité véritable est réservée depuis la nuit des temps aux monastères et aux anachorètes. Le glissement sémantique récent date tout au plus de quelques décennies. En économie, il peut y avoir stagnation ou baisse de niveau de vie si la production d’un pays n’augmente pas ou diminue : pas de consommation sans production préalable. Mais la notion d’austérité économique permet de dissocier les gentils, les keynésiens, des méchants libéraux, ultra-libéraux et monétaristes de tout poil. Cela explique l’utilisation du mot au-delà du petit cercle du populisme politicien. Les socialistes français en sont friands, mais pour se défendre de toute austérité : la rigueur, oui, l’austérité, non. Bien malin qui pourra placer sous ce vocabulaire de circonstance une réalité économique tangible. Il s’agit d’utiliser le verbe – le verbiage – pour faire de la toute petite politique.

Nous avons tous le cœur serré face au sort du peuple grec, mais nos démagogues de tous bords ont depuis longtemps découvert les coupables. La Grèce a subi une austérité dont l’Europe libérale, voire ultra-libérale, est l’unique responsable. Il aurait suffi, chacun le sait, de relancer la consommation par la dépense publique, de créer quelques dizaines de milliers de postes de fonctionnaires ou de distribuer des prestations sociales pour faire croître le PIB. Mais pourquoi donc cette droite libérale et sans cœur ne comprend-elle pas que les choses sont simples ? Il suffit que l’État le veuille et tout est résolu.

La cruauté des chiffres

Les objurgations populistes peuvent avoir un écho politique mais n’ont pas d’effet sur la réalité. Il s’agit précisément de fuir cette réalité par le discours. Les chiffres sont cruels, aussi bien pour la Grèce que pour la France. Le PIB grec n’a cessé de reculer de 2009 à 2013, l’année 2011 étant la plus récessive avec un repli 8,9%. Au total, sur 5 ans, la richesse nationale a diminué de 26%.

En 2014, le pays retrouve une légère croissance de 0,8%, mais la récession reprend au premier trimestre 2015 (-0,2%). Pour les keynésiens, le problème est vite réglé : la politique d’austérité a entretenu la baisse du PIB. Élémentaire, personne ne saura jamais ce qu’aurait produit un interventionnisme public accru.

La vérité est probablement assez simple. Le poids de l’État était déjà énorme avant la récession et il est devenu insoutenable avec une économie de plus en plus fragilisée. L’emploi public, par exemple, représente en Grèce environ 40% de l’emploi total contre 25% en France. Qu’ont fait les gouvernements ? Réduire le poids de l’État pour le rendre supportable ? Absolument pas. Ils ont emprunté encore davantage pour masquer la réalité de la situation à une partie de la population bénéficiant de la manne publique. La dette publique grecque, qui était d’environ 110% du PIB en 2008, est ainsi passée à 177% en 2014. Il ne s’agit donc pas d’une austérité instaurée par une autorité tutélaire et maléfique, mais simplement d’une économie qui ne s’est pas adaptée à l’évolution de son environnement mondial du fait de ses rigidités.

La France, une Grèce en puissance

Le panorama français est, dans son principe général, proche du panorama grec, avec une évolution négative beaucoup plus modérée : stagnation du PIB, mais pas récession, augmentation constante de la dette publique, qui n’atteint pas encore 100% du PIB mais s’en rapproche à grands pas. Le refus des Français de s’adapter aux réalités du monde s’apparente au comportement de la population grecque. Espérons qu’une majorité de Français n’en viendra pas à penser qu’il suffit de voter pour un charlatan (ou une…) pour résoudre miraculeusement tous les problèmes économiques. L’engrenage grec serait alors enclenché. Bien entendu, la France n’a pas connu la moindre austérité puisque les dépenses publiques continuent à augmenter malgré l’absence de croissance. Le poids excessif de l’État rend désormais toute amélioration très hypothétique. Ferons-nous à temps les fameuses réformes de structure que les Grecs ont refusées ? Ou continuerons-nous à nous lamenter sur une austérité qui n’existe pas ?

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  • l’austérité marche à condition que l’on pratique la bonne austérité (autrement dit que l’on ne fasse pas comme les pays d’europe du sud qui constitue en une augmentation massive des impôts). au contraire, il faut baisser les impots et les dépenses publiques. il existe suffisamment d’exemples historiques (usa dans les années, Harding a coupé les dépenses de plus de 80 % ce qui a permis d’éviter une grande dépression, Pays Bas dans les anées 80, Canada dans les années 90, Suède, Pays baltes,……). de toute facon, quand l’on vit au dessus de ses moyens et que l’on est surendetté, on est obligé de diminuer son train de vie c’est de la simple logique.
    La récession n’est pas provoquée par l’austérité mais par ce qui a déclenché le besoin d’un plan d’austérité, c’est à dire l’atteinte des limites de l’endettement, qu’il soit public ou privé, tolérable par le système. La récession n’est qu’un réajustement désagréable mais nécessaire des économies pour purger de trop grandes erreurs commises par le passé. Lorsque une nation s’est trop endettée, tôt ou tard, elle doit purger son surendettement. Le plan d’austérité n’est pas la cause du recul de la croissance qui s’ensuit mais la condition absolument nécessaire du redémarrage ultérieur.

    • Ça n’a rien avoir avec l’austérité. L’austérité c’est dépenser le minimum vital quel que soit le niveau de revenu et on est loin de ne dépenser que ce qui est vital. La rigueur c’est de ne pas dépenser plus que ce qu’on gagne.
      La réalité d’aujourd’hui c’est qu’il n’y a ni rigueur, ni austérité, juste moins de gaspillage et encore

    • La récession n’est pas provoquée par l’austérité

      Etant donné que les dépenses publiques sont comptées pour leur valeur dans le PIB, la réduction de ces dépenses produit mécaniquement de la récession. Une cure d’amaigrissement ce n’est jamais facile…

      • Ces dépenses publiques seront dépensées ailleurs par les acteurs privés, à condition bien évidemment qu’elles s’accompagnent d’une baisse des impôts.

        • Oui, sauf si les acteurs privés décident d’épargner le montant de la baisse des impôts en question.

          • Sauf à « placer » cet argent directement sous votre matelas, ça n’est pas une mauvaise chose. L’épargne des uns (les particuliers) est une source de financement pour les autres (entreprises).

            C’est d’ailleurs la théorie de l’école autrichienne qui préconise des taux d’intérêt élevés (en réalité, des taux fixés librement par le marché et certainement pas virtuellement bas) pour inciter les possesseurs de capitaux à l’épargne en banque, cette dernière peut alors prêter à des entreprises pour investissement.

            C’est tout le contraire de la politique de la BCE qui s’attaque directement à l’épargne, les détenteurs de capitaux vont alors investir leur argent de façon peu efficiente en achetant dans l’immobilier ou des parts d’entreprises, d’autant plus que l’argent est quasi-gratuit (ainsi SFR peut tenter de racheter son concurrent Bouygues à un prix exorbitant sans sortir un sous de sa poche). Ceci ne contribue pas à augmenter le nombre d’unité de capital et créée par la même des bulles, alors que l’épargne investie permet de créer de nouvelles entreprises.

            L’épargne n’est pas improductive contrairement à ce que croient les keysnésiens et n’est pas un mal. Vous n’aurez pas une chute vertigineuse du PIB suite à la réduction des dépenses publiques, à la condition bien sûr que les institutions étatiques stoppent par la même occasion de triturer les indicateurs économiques…

      • « Une cure d’amaigrissement ce n’est jamais facile… »

        Surtout pour les fonctionnaires, les politiciens, et les subsidiés de l’état. Les autres peuvent dépenser plus et mieux.

        • Les autres peuvent dépenser plus et mieux.

          En fait la baisse des dépenses publiques a mécaniquement un effet récessif. Par exemple les entreprises de travaux publics se retrouvent au régime sec.

          Les acteurs privés peuvent dépenser plus et mieux (ou épargner ou encore investir) seulement si leur revenu disponible augmente. Ceci est possible par exemple si la baisse de dépenses publiques s’accompagne d’une baisse des prélèvements obligatoires. Une autre possibilité consiste à privatiser certaines activités, en supposant que les nouveaux propriétaires auront (à terme) une gestion plus performante que l’Administration.

          • On a peut être pas besoin de refaire le revêtement des routes tous les trois ans, de dépaver, re-paver les rues, de mettre des rond points partout au prétexte de diminuer les accidents (on devrait ne plus avoir un seul accident de route avec le nombre de rond points)…

          • En fait la baisse des dépenses publiques a mécaniquement un effet récessif. Par exemple les entreprises de travaux publics se retrouvent au régime sec.

            Et ce n’est pas un problème. Mieux un vrai PIB qu’un PIB en toc et authentoc. Sinon, il suffit de creuser des trous et les reboucher. Vous créez encore plus de PIB et d’emploi…

  • les grecs vivaient grâce à l’endettement sans rien produire. l’économie grecque était basé sur l’endettement. une fois qu’il n’a plus été possible à la grèce de s’endetter, elle n’a eu d’autre choix que réduire son train de vie (un train de vie qu’elle n’aurait jamais du avoir). les grecs paient aujourd’hui l’addition pour les décennies où ils ont vécu au dessus de leurs moyens. c’est peut être dur mais il n’y a rien d’injuste c’est juste logique. normal que l’économie grecque ait souffert de la réduction des dépenses publiques puisqu’elle n’était pas productif mais vivait grace à l’argent « gratuit » de l’état. à noter que le secteur privée grecque a plus souffert de l’augmentation des impots et des taxes que de la diminution des dépenses publiques.
    Aujourd’hui, l’économie grecque est étouffé par l’euro
    C’est triste à dire mais les Grecs n’auraient jamais dû avoir un niveau de vie aussi élevé pendant toutes ces années, aujourd’hui, ils payent l’addition.
    La récession en Grèce a été en grande partie provoqué par la hausse d’impôts et des taxes. Une bonne partie de l’économie grecque est devenue souterraine (qui est énorme en Grèce) à cause de la hausse des taxes et des impôts

  • C’est un tour de force des parasites que d’avoir réussi à substituer le mot « austérité » au mot « prudence ». Car au fond, l’austérité c’est la prudence quant aux dettes excessives, aux impôts injustes et immoraux, à l’irresponsabilité généralisée, à la connivence mercantiliste et à la chute inexorable de la qualité du soit-disant service public.

    Sans doute aucune réforme de structure en perspective, même s’il n’est jamais trop tard. Seulement une lente décadence anti-libérale jusqu’à l’auto-destruction. Il n’y a qu’à voir comment le bail-out de la Grèce a été accueilli par les marchés : c’est l’euphorie, comme si RIEN ne s’était jamais passé…

  • Soyons logique ! Un libéral, un financier, un industriel ne peut être pour l’austérité. Ce qui assure ses revenus est l’activité économique et la consommation. Au contraire, ceux qui prônent la réduction du temps de travail, l’évaluation de la richesse en incluant une « qualité de vie », la décroissance pour l’écologie sont les vrais tenants et responsables de l’austérité – car on ne peut pas financer tout ça sans réduire son pouvoir d’achat.

    Il n’y a donc pas seulement un glissement sémantique, mais aussi un véritable foutage de gueule.

    Sur le plan de l’action, la rigueur ressemble bien sur à de l’austérité. Mais c’est du court terme par opposition à l’austérité à long terme, perpétuelle et définitive du socialisme. Les politiques keynésiennes ne sont que des pratiques comptables à court terme misant sur une reprise cyclique utopique de l’économie. Au final au lieu de parler de milliards de dettes, on ferait mieux de parler d’années supplémentaires avant le départ à la retraite – car c’est la variable d’ajustement ultime. Et quand on arrivera à un départ théorique à 100 ans, on pourra enfin apprécier la pertinence de cette vision économique.

    • Ce qu’on entend par « austérité » dans le domaine économique, c’est la réduction du poids de l’Etat : un libéral, un entrepreneur ne peut être que favorable à cela. Sont évidemment contre cette austérité tous ceux qui profitent des dépenses de l’Etat, en premier lieu les fonctionnaires, les politiques, les entreprises semi-publiques, les parasites de tout poil.

  • « La France, une Grèce en puissance »

    N’oublions surtout pas de rappeler que la puissance ici évoquée n’est pas relative au temps, comme s’il restait du encore du temps pour jouir sans retenue de la fête aux cigales, mais relative aux volumes financiers qui vont être dépréciés brutalement, douloureusement. Même si elle ne sait pas encore, la Franchouillie socialoïde est déjà en faillite.

    • Pour s’en apercevoir, il suffit d’aller faire une tour dans les rue de Paris : la crasse et la destruction des installations « publiques » à elles seules démontrent qu’on est proche de l’état de faillite (morale et financière)

      • Ou reformulé autrement : depuis bien longtemps, les français ne se comportent plus comme des co-propriétaires légitimes et responsables mais comme des parasites profiteurs de la manne publique en l’échange de rien.

  • « Il suffit que l’État le veuille et tout est résolu. »

    Si cela était vrai, qu’a donc foutu la Grèce ? Elle n’avait qu’à…

    • les méchants ultra libéraux l’ont empêché, du FMI jusqu’à l’Allemagne, en passant par les banques, ces gens assoiffés de profits adorent pousser les autres à la faillite… Heu… il y aurait pas comme une incohérence, là ?
      T’inquiète, c’est des méchants donc c’est des méchants. Ah, oui, bien sûr.

  • On aurait pu souhaiter que l’article remette de la clarté là où le flou règne. Mais ce n’est pas le cas puisqu’il ne donne jamais une définition du terme. Pourtant il en existe une, commune, même si les raccourcis journalistiques la font souvent perdre de vue. On parle « d’austérité (budgétaire) » ou de « politique de rigueur » pour des décisions visant à réduire les déficits des budgets publics.

    • Oui, mais il y a deux manières de réduire les déficits: réduire les dépenses ou augmenter les recettes.

      1) Réduire les dépenses. Les politiciens n’aiment pas ça. Les entreprises qui vivent de la commande publique non plus. Les bénéficiaires des prestations sociales non plus. Les fonctionnaires qui gèrent les dépenses non plus.

      2) Augmenter les recettes. Les politiciens ne connaissent que ça. Les contribuables détestent.

      Bref, quel que soit l’angle choisi, les médias ont beau jeu de présenter l’austérité comme néfaste. Le fait que l’austérité produise de bon résultats à long terme est totalement occulté par les inconvénients de court terme.

      • Justement, on ne peut pas discuter des manières de réduire un déficit si on n’a pas d’abord identifié qu’on parlait de déficit. Et si ce n’est pas de ça qu’il s’agit, de quoi s’agit-il?

        L’auteur parle de « poids de l’Etat », qu’il relie d’abord à la proportion de l’emploi public dans l’emploi total, puis à la dimension relative de la dette publique (suggérant implicitement qu’il est question de déficit après tout). Puis de manière plus explicite, l’auteur nous explique qu’il n’y a pas eu d’austérité puisque les dépenses ont augmenté en l’absence de croissance (augmentation des dépenses relativement au PIB donc).

        C’est donc flou. S’il y a austérité quand les dépenses baissent (en absolu ou relativement au PIB), alors cela peut être le cas avec un déficit croissant > incompatible avec la définition en termes de déficit/dettes. Si on parle d’austérité comme de réduction du déficit, il peut y avoir austérité même avec un poids croissant de l’Etat (est-ce que quelqu’un doute que le poids budgétaire de l’Etat est plus important dans un pays où ce budget représente 60% du PIB et est en équilibre que dans un pays où il est en déficit mais où il représente disons 10% de son PIB?).

        Par ailleurs, pour ce qui est de l’impact de l’austérité, si on parle de politique de réduction des déficits, il pourrait bien être différent suivant qu’elle se traduise par une baisse des dépenses ou une hausse des impôts, puisque ce sont des actes de natures différentes? Là aussi on ne peut commencer à traiter la question que si on a identifié les distinctions en question. Par ailleurs vous affirmez que ça donne la même chose en termes d’impact sur quelque chose (les « bons résultats », bons en termes de quoi?). Mais c’est une simple affirmation, le genre de trucs qu’il faudrait démontrer, sinon ça n’a pas plus de valeur a priori que l’affirmation contraire.

        Enfin, l’auteur lui aussi ne fait qu’affirmer à la fin que l’austérité, ça aurait été chouette. Dans son cas donc, le problème est que:

        1. le lien de cause à effet entre austérité et « amélioration » (du PIB j’imagine) est seulement affirmé, sans aucune démonstration, de la même manière que des anti-austérité ne font qu’affirmer le contraire, et;
        2. on ne sait même pas ce qui caractérise précisément « l’austérité » en question (comment pourrait on identifier un lien de cause à effet entre A et B si on n’a même pas identifié l’objet A?)

        Bref, on est dans le flou habituel.
        2.

        • Il y a un bon paquet de publications avec études empiriques qui montrent que la consolidation budgétaire basée sur une hausse de ressources fiscales, sans toucher ou sans toucher beaucoup à la dépense conduit à une récession modérée puis à pas grand chose. Une consolidation fiscale basée sur une baisse de la dépense publique avec un maintien constant (voire une baisse) de la pression fiscale conduit à une récession plus forte mais plus courte et surtout à une croissance nettement plus soutenue après.

          Par ailleurs les estimations empiriques de la courbe de Rahn (là encore assez nombreuses) tendent à placer le sommet de la dite courbe (dépense publique qui conduit à une croissance du PIB la plus forte) vers 17% du PIB. On en est très très loin. Donc à moyen terme on sait que…

          1° Une réduction (drastique : on est entre 35 et 58% du PIB en dépense publique dans les pays « développés ») de la dépense publique menée en parallèle à une baisse légère de la fiscalité conduite à une récession dure mais assez courte

          2° Cette réduction augmente le niveau auquel le « sentier de croissance » se situe et permet une création de richesse supérieure à moyen et long terme.

          Cette réalité se passant sur un horizon d’au moins 7-8 ans (la durée moyenne des cycles courts) ce qui est supérieur à la durée d’un mandant dans la grande majorité des pays développés, et les politiciens étant d’abord intéressés par leur réélection, puis par le niveau de vie de leurs « clients » et enfin, très accessoirement, par la richesse du pays, depuis l’invention du deficit spending et le racourcissement des mandats, nous avons : a) une augmentation de la fréquence et de la gravité des crises, b) des dettes monstrueuses qui s’ajoutent aux dettes, c) aucune tentative de remise à plat des choses avant la « grosse grosse crise ». Pour l’instant seul la Suède, la Nouvelle-Zélande et le Canada l’on connue et leur situation s’est largement améliorée depuis lors mais il a fallu la « grrroossse » quasi-faillite pour qu’une « union sacrée » permette la mise en place de ces consolidations fiscales qui font du mal mais qui font du bien.

          L’Angleterre avant Thatcher à été à peu près là également… La Grèce a reculé, reculé et maintenant se mange le mur deux fois plus dur. Et on fait pareil (voire pire, du fait de notre taille et de notre compétitivité sur le secteur privé). Bientôt… Boom le mur.

    • Heu, non. Pour ces politiques visant à équilibrer les comptes d’un État le terme consacré en économie c’est « fiscal consolidation »

      L’austérité et la rigueur c’est des trucs de journalistes/politiciens, sans définition précise. Où commence la rigueur et finit l’austérité ? Personne n’en sait rien. La « relance » par « deficit spending » à la Keynes est facile à définir : dès qu’il y a déficit budgétaire il y a « relance » (bon, pour nous ça fait 40 ans qu’on « relance » et ça n’a pas l’air de marcher : super, on continue… pour les grecs, plus d’un siècle qu’ils relancent. Et ils n’ont pas l’air d’en gouter les fruits).

      Pour le reste, même dans la vision Keynésienne (donc laxiste et n’importe-quoi-t-iste) un budget est sensé être excédentaire sauf durant le cœur des crises, période pendant laquelle le budget devient déficitaire et dépense les excédents accumulés précédemment pour « relancer la consommation » grâce au multiplicateur magique.

  • Il n’y a jamais eu d’Austérité en France, Ni en Italie..
    Contrairement à ce qu’on laisse croire : L’Espagne n’a pas bénéficié d’un plan de sauvetage, comme la Grèce, Chypre, L’Irlande et le Portugal.
    Elle s’est mise à la diète toute seule.. ce qui aujourd’hui donne des résultats surprenants, puisqu’ils on crée 600 000 emplois depuis le début de l’année et pensent s’approcher des 1 000 000 en fin d’année ; annoncent baisse des impôts et à la rentrée baisse de TVA…
    Il semble que la formule obtenue d’Austérité : soit la bonne, pour se glisser dans l’Euro à leur niveau.
    A toujours reculer, la France ne pourra pas trouver de place dans l’Euro et si un jour créé des emplois ce seront des emplois aidés, financés par l’emprunt..

  • Le Larousse de 1998 définit ainsi « politique d’austérité » : politique visant à la diminution des dépenses de consommation, des dépenses budgétaires, etc, et au relèvement des recettes, ce qui me semble parfaitement correspondre. Le terme « austérité » n’a d’ailleurs pas nécessairement une connotation négative contrairement au néologisme « austéritaire ». Cependant, il est toujours bon de rappeler que le langage n’est pas neutre et que pour gagner la bataille politique, idéologique, il faut commencer par gagner la bataille des mots. Quelques exemples :
    – « flexibilisation » c’est tout de même mieux que « précarisation »,
    – qui pourrait être contre la « libéralisation » ?
    – Il convient mieux de parler de « charges sociales » que de « cotisations sociales ». Une charge ça pèse, on se porte mieux lorsqu’elle est faible, alors que le terme « cotisation » est un peu trop connoté « mutualisme » et solidarité.
    – Pourquoi préfère-t-on parler du « coût du travail » plutôt que du « prix » ? Là encore, parce qu’un coût on veut toujours le diminuer tandis qu’un prix on peut au contraire le vouloir le plus élevé possible (par exemple lorsqu’on vend sa maison, sa voiture).
    – On en vient même à déformer la réalité économique, par exemple quand on parle de « demandeur d’emploi » alors que sur le marché du travail ce sont bien les salariés, les chômeurs, qui sont les offreurs et les entreprises les demandeurs.
    En matière d’idéologie et de dogmes, j’invite P. Aulnas a relire le Varian, manuel de microéconomie ultra-classique. Page 156, voici ce qu’on peut lire : « Considérons que toutes les fonctions d’utilité indirecte des consommateurs prennent la forme de Gorman. ¬[Cela signifie] que la propension marginale à consommer du bien j, [..], ne dépend du revenu d’aucun consommateur et qu’elle est également constante quel que soit le consommateur […]. [La fonction de demande agrégée] peut en fait être généré par un consommateur représentatif. » Ce qui est dit, c’est en clair que tous les biens sont homothétiques, c’est-à-dire que si avec un revenu de 100 euros par semaine vous consommez 10 euros de pizza par semaine, avec un revenu de 10 000 euros par semaine vous consommez 1000 euros de pizza par semaine. Je laisse chacun décider de la crédibilité d’une telle hypothèse. Quant à la seconde condition (constance), elle signifie que les goûts de tous les consommateurs sont les mêmes, ce qui signifie qui n’est réaliste que dans une économie à 1 seul consommateur ! Les profs de micro-économie ont-ils conscience de cette aberration épistémologique ?

    • « « flexibilisation » c’est tout de même mieux que « précarisation » » n’importe quoi, la flexibilsation n’appauvrit pas, elle permet aux gens qui sont au chomage (jeunes et les gens peu qualifiés) d’avoir un emploi (précaires). Je pige pas logique de préfère un pauvre au chomage à un pauvre au travail. Je ne vois pas ce qu’il y a de mal à permettre aux gens d’avoir un travail.
      En plus, si vous prenez le cas des jeunes. certes, au début, ils commencent avec un emploi précaire (là où en France, ils sont au chomage) mais après, gràce à leurs expériences professionnelles, ils accèdent à des meilleurs emplois.
      Marrant, de voir le nombre de jeunes (et contrairement à ce que l’on croit ce ne sont pas seulement des surdiplomés) qui partent de france et d’autres pays ayant un marché du travail rigide pour aller travailler dans des pays ayant un marché du travail flexible (GB, australie, suisse,…). J’imagine qu’ils sont maso.
      Mieux faut être pauvre et travailler qu’être chômeur et pauvre. C’est mieux pour l’ensemble de la société (car le chômage a un coût élevé). Mais aussi pour les personnes concernés car le chômage nuit à la santé mentale et en plus, seul le travail permet à ces gens de monter dans l’échelle social, seul le travail peut leur donner espoir d’améliorer leur condition social. Avec un métier, ils peuvent acquérir nouvelles qualifications ce qui leur permet par après d’avoir un meilleur métier. Dans un situation de plein emploi,les salariés ont plus de pouvoir sur les employeurs. Ils peuvent le quitter facilement sans craindre de se retrouver au chômage. Je connais quelqu’un en GB qui a déjà changé trois fois d’employeurs pour avoir un meilleur salaire. Il est très content de vivre en GB. Il y a aussi l’immigration qui aggrave le sous emploi en GB.

    •  » Il convient mieux de parler de « charges sociales » que de « cotisations sociales ». Une charge ça pèse, on se porte mieux lorsqu’elle est faible, alors que le terme « cotisation » est un peu trop connoté « mutualisme » et solidarité. » appeller une charge sociale une charge sociale n’est que la stricte vérité. Plus les charges sociales sont élevés plus c’est mauvais pour l’économie et le travail. Plus une charge sociale est élevé moins un salarié gagne d’argent. Il n’y a aucune différence entre une « cotisation patronale » et une « cotisation salariale » dans les deux cas c’est le salarié qui paye.
      ici le lien d’un article éloquent de Julien Grenet. Professeur de l’Ecole d’Economie de Paris et fervent disciple de Thomas Piketty (qui fut d’ailleurs son directeur de thèse), cet égalitariste patenté devrait parvenir à vous convaincre que les cotisations patronales sont bien un impôt prélevé sur les revenus du salarié !
      http://www.ecopublix.eu/2007/11/qui-paie-vraiment-les-cotisations.html
      Les cotisations sociales sont un exemple flagrant du coût caché de l’état, les gens ne voient pas les cotisations sociales. Ce qui compte c’est le salaire complet. Si les gens se rendaient compte du fric que leur prends l’état (cotisations, impots, taxes,…), je crois qu’ils seraient bcp moins inclins à la soutenir. La majorité du salaire des travailleurs va à l’état.
      Le mutualisme à la base sous entends une base volontaire ce qui n’est pas le cas des cotisations qui sont obligatoires.
      Quand à la solidarité, la vraie solidarité c’est sur base volontaire et non pas obligatoire. quand c’est obligatoire cela s’appelle du vol

    • « Cependant, il est toujours bon de rappeler que le langage n’est pas neutre et que pour gagner la bataille politique, idéologique, il faut commencer par gagner la bataille des mots » là, vous avez totalement raison ce que vous oubliez de préciser c’est qu’aujourd’hui, en france c’est le socialisme qui a perverti les mots, qui les a dénaturés de leur vrai sens pour imposer son idéologie. En France, la pensée unique c’est le socialisme. Exemples de mots pervertis par le socialisme: solidarité, justice sociale, égalité,….

      La justice sociale
      « Social » est devenu en quelques années, le mot fourre-tout de la langue politique française. Tout est social : la politique, les enjeux, la misère, les drames, la détresse, le mouvement, la souffrance et… la justice. Cette dérive n’est pas innocente. Dans le meilleur des cas, elle ne rajoute rien d’utile à la signification du mot affublé d’un « social » ; dans de nombreux cas, elle en transforme radicalement le sens tout en bénéficiant de son aura. Justice sociale appartient à cette dernière catégorie.
      Dans le langage parlé, le terme « justice sociale » est d’abord ambigu. Si la justice sociale c’est de permettre aux plus modestes d’avoir un accès à l’instruction, à la santé, à la retraite, alors le libéralisme est le meilleur allié, et de loin, de la justice sociale. La liberté et la propriété sont le meilleur moyen pour produire en masse ce dont les hommes, y compris les plus modestes, ont besoin pour vivre bien. La définition politique de « justice sociale » va, quant à elle, dans une direction très différente. La justice sociale est alors une norme supérieure écrasant la justice « simple » au nom de laquelle l’État peut légitimement tenter de fixer la place de chacun dans la société.
      Chez les penseurs antiques, la justice n’est pas une situation donnée, un état de choses fixe, c’est d’abord une vertu individuelle. Une action consciente est juste ou injuste, un objet inanimé ne peut pas être juste ou injuste. Une pluie estivale peut être plutôt bonne ou plutôt mauvaise pour une récolte, elle n’est ni juste ni injuste, sauf à retourner dans la pensée animiste donnant aux forces de la nature des intentions. Par raccourci de langage, on dit ensuite qu’une loi est juste ou injuste selon qu’elle encourage ou décourage une action juste ou injuste.
      S’appuyant sur cette tradition, la justice consiste alors à protéger les droits naturels de chaque individu (liberté, propriété, sécurité), à faire respecter les engagements et à dédommager les victimes en cas de violation des droits naturels. La justice est donc d’abord « restauratrice », elle permet de rétablir un équilibre qui a été rompu.
      Quelqu’un a pris quelque chose qui ne lui appartenait pas (vol). Quelqu’un n’a pas tenu un de ses engagements (rupture d’un contrat). Quelqu’un a une responsabilité dans la violation des droits naturels d’un autre (accident, agression). La justice rétablit l’équilibre rompu. Elle oblige le coupable à dédommager la victime, et elle sanctionne le coupable.
      Cette définition classique se retrouve d’ailleurs dans toutes les oeuvres populaires. La veuve et l’orphelin ne demandaient pas la justice sociale, mais la justice. Le héros punissait le méchant – lui faisait assumer ses responsabilités – et restituait le butin aux victimes, il ne prenait pas aux puissants leur dû ni ne leur faisait assumer des responsabilités qui n’étaient pas les leurs en vue d’une image donnée de la société. Les Robin des Bois ou les Zorro ne défendaient pas la justice sociale, mais la Justice.
      Dans ce contexte, une société n’est donc pas juste parce qu’elle a un aspect donné, un état des choses fixe, mais parce qu’elle est régie par des lois justes, quel que soit l’aspect que l’application de ces lois justes lui donne ensuite.
      Le concept de justice sociale inverse complètement cette hiérarchie. La société n’est pas juste parce qu’elle est régie par des lois justes, elle est juste parce qu’elle a un aspect donné (égalité des revenus, ou des capacités ou des opportunités), aspect donné quelles que soient les lois qui ont permis de parvenir à cette situation.
      La justice sociale viole les principes de justice. Pour que l’apparence de la société soit ceci plutôt que cela, la place des individus doit être fixée – ou a minima favorisée ou défavorisée. C’est-à-dire que les lois ne doivent plus être justes, sans autre objectif que rendre à chacun son dû ou ses responsabilités, mais forgées en vue d’un objectif précis sur la situation des individus après l’application de la loi, sans considération particulière pour les responsabilités ou les droits de chacun.
      La justice sociale, pour exister, doit ainsi violer la justice. Elle doit prendre à Pierre pour donner à Paul, sans considération sur le fait que Pierre n’a jamais violé les droits naturels de Paul, n’a jamais rompu un contrat avec Paul, sans même que Pierre ne connaisse Paul. Pierre devient un moyen, au service de la justice sociale.
      Cela a plusieurs conséquences.
      Les principes de Justice permettent aux hommes de vivre en société, sans craindre pour leur sécurité ; ils permettent aux hommes d’échanger, de coopérer sans violence, ni incertitude. La justice sociale, en abîmant les principes de justice, détruit donc la source même de la société harmonieuse, les échanges justes entre individus égaux en droit.
      D’autre part, le « social » devient une sorte de nouvelle exigence morale, supérieure à la justice ou à la bonté. Un individu soucieux de respecter les principes de justice peut ainsi n’avoir aucune conscience sociale. Dans le même temps, on peut violer ces principes de justice au nom de cette nouvelle exigence morale majeure. Ainsi, brûler la voiture de son voisin pourrait ne pas être condamnable puisque ce ne serait que l’expression d’une révolte sociale.
      Désormais, les individus ne doivent pas agir avec justice ou bonté envers les autres, mais agir pour le bien d’une autre entité, manifestement distincte des individus et des liens qu’ils créent entre eux : la société.
      La justice sociale permettrait donc de construire une société « juste » sans individus justes – c’est inutile, ce qui compte c’est la place et les moyens de chacun dans la société – ni règles justes – cela empêcherait la justice sociale de passer.
      La justice sociale n’est donc ni « juste », ni « sociale ». Elle n’est qu’un prétexte pour augmenter le pouvoir de l’État et de la classe politique, contre les individus, contre la justice, et contre la société.

    • il faut lire « La France injuste : 1975-2006 : pourquoi le modèle social français ne fonctionne plus » de Timothy Smith qui est social démocrate, celui ci démontre comment le modèe social francais loin d’être redistributif envers les plus pauvres sert à certaines catégories de personnes (notamment les fonctionnaires). Cet ouvrage démontre, dans une perspective de centre gauche, que le modèle français est : premièrement, de manière générale, non redistributif envers les pauvres ; deuxièmement, il est lui-même la cause principale du chômage ; troisièmement, il est injuste pour les jeunes, les femmes, les immigrés et leurs descendants ; enfin, quatrièmement, il est intenable financièrement

    • austérité a aujourd’hui clairement un sens négatif. ce qui est marrant c’est que la plupart des gens (surtout ceux qui s’opposent à l’austérité) ne savent pas ce que c’est, ils sont incapable de définir précisement ce que c’est.
      En France, il a une austérité (dans le sens un matraquage fiscal) mais pas dans le sens d’une réduction des dépenses publiques (il y a une réduction de la croissance de la dépense publique)

      •  » un sens négatif » un sens péjoratif dans l’imaginaire populaire
        « il a une austérité » il y a une austérité

  • En Grèce, le problème de l’austérité s’est qu’elle a surtout consister en des augmentations d’impots et de taxes et non pas en une baisse des dépenses publiques, on a avant tout fait porté les efforts sur le secteur privé créateur de richesse et non pas sur le secteur public. Il y a trois lobbys super puissants en Grèce: celui de de la fonction publique, celui des agriculteurs et celui des armateurs (les deux dernières catégories ne payent pas d’impots).
    Quand à la baisse des dépenses publiques, elle a été faite de manière stupide. La troika aurait dû s’orienter en priorité sur un ciblage du secteur public, dans son ensemble, au niveau des missions (politiques publiques) et de son périmètre d’intervention, et non simplement en direction de la masse salariale, elle aurait dû faire un ajustement par les effectifs plutôt qu’un ajustement par les salaires, elle aurait dû faire une réforme des modes d’indemnisation préalable à la « mise à la retraite volontaire » pour les agents publics. Concernant la baisse du salaire des fonctionnaires, il faut savoir qu’il y a eu un refus des administrations elles-mêmes de mettre en place les coupes budgétaires (désobéissance civile), au sein de l’administration d’État, 66.000 agents qui ont été initialement assujettis aux coupes salariales, ont vu ces dernières « neutralisées », par des remboursements allant jusqu’à 1.000 euros/mois sous forme de primes individuelles différentielles (sont en jeux les effectifs des ministères des finances, de la culture et de plusieurs opérateurs de l’État) ,des promotions ont également été accordées, aboutissant à une augmentation artificielle du GVT positif (pour reprendre une expression française), aboutissant à accroître encore les différences entre agents publics. N’oublions pas que s’agissant des magistrats, des policiers, des militaires et des agents des services de secours, le Conseil d’État grec a jugé qu’il s’agissait de fonctionnaires disposant d’une protection spéciale due à leurs obligations particulières de services publics. Les coupes salariales de 10% dont ils étaient frappés ont donc été annulées, avec effet rétroactif en janvier 2014, impliquant une obligation de remboursement évaluée entre 500 et 650 millions d’euros.
    La Troïka a tenté de parer au plus pressé, mais se sont les rentes qui en sont sorties gagnantes et leur puissance financière renforcée
    Depuis 2011, la liberté économique ne cesse de reculer en Grèce.
    J’oublie de parler d’une fait qu’une bonne partie des réformes n’ont jamais été appliquées dans les faits en Grèce, ce n’est pas parce que loi est votée au parlement grec qu’elle est appliquée (un exemple: la loi qui déréglemente les professions réglementées). Sous la fin du gouvernement précédent, la situation commencait à s’améliorer (certes, elle restait mauvaise), les premiers résultats positifs commencait à arriver. L’arrivée de Syriza au pouvoir a détruit tout cela. Aujourd’hui, la situation s’est empirée.

    Je vous conseille de lire ceci: http://www.boeckler.de/pdf/p_imk_study_38_2015.pdf
    Cette étude montre les erreurs de la troika. Les auteurs n’y vont pas par quatre chemins et ne mâchent par leurs mots : en regardant les comptes nationaux et notamment les revenus des agents économiques entre 2008 et la période 2012-2013 (allant parfois jusqu’en 2014), ils mettent en exergue que la Troïka a trop souvent négocié des accords bancals avec les pouvoirs publics grecs, aboutissant à conforter ces derniers dans une démarche du « deux poids, deux mesures ». En clair, l’impossibilité d’ajuster correctement le périmètre du secteur public, a induit plusieurs effets pervers qui ont renforcé l’effondrement de l’économie grecque et ralenti son potentiel rebond.

  • Ce qui est marrant c’est que les gens qui s’opposent à l’austérité ne proposent jamais de solutions alternatives. Moi, j’ai juste envie de leur demander quelles solutions il faut mettre en oeuvre ? parce que quand un état est surrendetté et qu’il n’a plus la capacité d’emprunter, il se retrouve un peu coincé, il est obligé de pratiquer une austérité (en augmentant les impots et les taxes et/ou baissant les dépenses publiques. quand à l’inflation, c’est un impot caché et en plus, il y a suffisamment d’exemples historiques prouvant son échec)

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