Afrique du Sud : s’insurger contre les politiques irresponsables

La décision de la Haute Cour de Pretoria va permettre au gouvernement de continuer à détourner avec insouciance l’argent public.

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Afrique du Sud : s’insurger contre les politiques irresponsables

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 29 juin 2015
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La décision de la Haute Cour de Pretoria va permettre au gouvernement de continuer à détourner avec insouciance l’argent public au profit des riches qui volent à bord de la South African Airways.

Par Leon Louw, Directeur exécutif de la Free Market Foundation
Un article de Libre Afrique

South African Airways - Darren Olivier (CC BY-NC 2.0)
South African Airways – Crédit photo : Darren Olivier via Flickr (CC BY-NC 2.0)

 

La décision de la Haute Cour de Pretoria (Afrique du Sud) lors du procès intenté par la compagnie aérienne privée Comair pourrait désespérer. En effet, elle va permettre au gouvernement de continuer à détourner avec insouciance l’argent public au profit des riches qui gèrent et ceux qui volent à bord de la South African Airways (SAA). On pourrait aussi être désespéré par les ministres qui ignorent leurs promesses et leurs engagements, quand ils appâtent les gens vers des compagnies privées sous de faux prétextes, et en même temps maintiennent sous perfusion les dinosaures de l’apartheid en faillite.

Ne désespérez pas si vous êtes un contribuable riche. Le gouvernement ne vous prendra pas un cent supplémentaire pour financer sa folie dépensière. Chaque cent continuera à être prélevé sur les budgets de l’éducation, du logement, des hôpitaux, de la police, de la protection sociale et des services publics. Ne désespérez pas si vous êtes un député de l’ANC au Parlement. Vous n’avez pas besoin d’effectuer un contrôle parlementaire, ou d’empêcher l’exécutif de prendre des décisions secrètes dans des salles, non-fumeurs, pour subvertir vos politiques. L’exécutif vous fait passer pour des acteurs redondants en empiétant sur votre rôle législatif et décisionnel.

Ne désespérez pas si vous êtes dans l’opposition, parce que quand « les masses populaires » obtiennent moins du gouvernement, elles sont plus susceptibles de voter pour vous. Ne désespérez pas si vous êtes « les masses populaires », souffrant de la stagnation économique et d’un haut niveau du chômage durable, parce que gaspiller votre argent est «stratégique», puisque cela permet de peindre votre drapeau national sur les avions. Si vous êtes impressionnés par une telle baliverne, si vous réalisez que « stratégique » est un mot vide de sens.

Ne désespérez pas si vous êtes un ouvrier ou un investisseur. Votre seule issue est de vous contenter d’un niveau de vie stagnant si vous êtes un travailleur, et d’investir ailleurs si vous êtes un entrepreneur.

En revanche, vous devriez désespérer si vous travaillez pour la compagnie SAA parce que vous travaillez pour la honte nationale, vous êtes payés au détriment des pauvres, et on vous empêche d’augmenter votre revenu en refusant l’entrée à plusieurs compagnies aériennes qui rivaliseront pour s’adjuger vos services.

Environ 30 milliards de rands ont été gaspillés dans des vols inutiles à bord de la SAA, et ce nouveau verdict du tribunal permettra de gaspiller 30 milliards encore. Les avocats du gouvernement et les banquiers de la SAA ont admis que cette société est en faillite. Par voie de conséquence, ses actifs et le personnel auraient pu, sans renflouement, trouver un abri plus sûr dans des compagnies aériennes viables.

Si vous croyez que le gouvernement et le président Jacob Zuma ne doivent rien à Nkandla (scandale de rénovation de la résidence privée du Président Zuma) ; si vous croyez que l’Alliance démocratique (DA), doit 50 millions de Rands, en supposant un juste milieu de 25 millions de rands, ce qui a été gaspillé sur la SAA permettrait de financer 1.200 Nkandlas, 250.000 logements sociaux, 60 000 autobus scolaires, ou une clinique dans chaque communauté. C’est suffisant pour financer 15 000 infirmières, 18 000 policiers ou 20.000 enseignants pour une décennie. Si le renflouement n’avait pas conduit dix compagnies aériennes à la faillite, tous les itinéraires viables de la SAA, et plus, seraient exploités au détriment des investisseurs, pas les pauvres.

La compagnie Comair a perdu et cela bien que la cour ait confirmé que le gouvernement avait « une politique nationale claire du transport aérien depuis 1990 » qu’il a qualifié de « déréglementée et ouverte à la concurrence », dans laquelle la « SAA devrait fonctionner de manière autonome et sur une base commerciale » et ne pourrait « profiter de privilèges du gouvernement ». Le gouvernement ne pourrait « garantir des prêts à la SAA ». Comair n’avait pas été autorisée à « faire des réclamations (…) alors même que la décision de renflouement constitue un écart fondamental de la propre (…) politique du gouvernement ».

Si le jugement n’est pas infirmé en appel, il permettra un enrichissement plus téméraire de quelques riches, et l’appauvrissement de plusieurs pauvres, et le recul de l’État de droit, en particulier la séparation des pouvoirs et le contrôle du pouvoir discrétionnaire administratif par des règles objectives.


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