Une croissance démesurée et tape-à-l’œil a mené l’Émirat en 2008 au bord de la faillite. Aujourd’hui, les constructions flamboyantes mais fragiles semblent avoir laissé place à un développement plus lent mais plus sûr, davantage régulé et soutenable.
Un article de Trop Libre.

Une crise violente
Le développement rapide de Dubaï, cette capitale du Golfe, ne manque pas d’impressionner. Ville modeste et isolée, vivant de la pêche jusqu’à la fin du XIXe siècle, la capitale est aujourd’hui le lieu de toutes les folies : îles artificielles, tour la plus haute de la planète (Burj Khalifa de 828 mètres), station de ski en plein désert…
Mais ces extravagances eurent un prix. En 2008, le conglomérat d’investissement Dubai World, financier de ces projets et responsable du développement de Dubaï, annonce des difficultés à rembourser ses 59 milliards de dollars de dette. La plupart des projets de construction s’arrêtent et les prix sur le marché de l’immobilier, jusque-là en surchauffe, baissent de 40% en un an.
Des leçons tirées
Le plafonnement des prêts accordés, dont les montants trop élevés ont créé une véritable bulle immobilière, couplé à des mesures anti-spéculation a été adopté afin d’éviter une nouvelle crise financière. Les investisseurs, désormais en majorité dans la région, ont rendu les dettes plus soutenables, ramenant la confiance sur le marché dubaïote.
De nombreux points forts
Aujourd’hui, Dubaï peut se vanter d’une croissance annuelle de plus de 4,5% l’an et d’une économie diversifiée dans laquelle le pétrole, moteur de son développement originel, ne représente plus que 4% du PIB. Le tourisme, comptant pour 25% du PIB, est désormais un des moteurs principaux de l’économie. En 2014, 11,6 millions de touristes se sont pressés à Dubaï, un chiffre en hausse de 5,6% par rapport à l’année précédente. À cela s’ajoute une diversification croissante du secteur touristique lui-même, jusque-là ciblant majoritairement le domaine du luxe. Cette tendance à la hausse devrait d’ailleurs s’accentuer à l’approche de l’Exposition Universelle de 2020, conférant à Dubaï (7e ville la plus visitée au monde !) des perspectives économiques confortables.
Parallèlement, Dubaï dispose d’autres atouts considérables tels que sa compagnie aérienne Fly Emirates qui, profitant d’une position géographique centrale entre l’Asie et l’Europe et d’un pétrole peu onéreux, se place désormais première compagnie mondiale. Cette dernière compte d’ailleurs pour 44% des commandes d’avions Airbus A380. À côté d’elle, le port de Jebel Ali de l’Émirat, port le plus chargé du Moyen Orient et qui draine aujourd’hui 20% des conteneurs mondiaux, devrait devenir premier port à conteneurs au monde d’ici 2030.
Aux années folles semble donc succéder une croissance plus saine, diversifiée et donc davantage durable. L’avenir de Dubaï est-il néanmoins assuré ?… Affaire à suivre.
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Une chose m’échappe complètement à propos de Dubaï : comment se fait-il que cette ville, et plus généralement les Émirats, pays situé en plein dans la poudrière du Moyen-Orient, n’attisent pas une immense convoitise, et ne soit victime d’aucune attaque terroriste ?
Peu de chance qu’un local fasse une attaque car ils ont de bonnes conditions de vie plus le fait qu’ils ont des services de renseignement et une police éfficace. Dubai est à des années lumières des dictatures socialistes du moyen orient au niveau de l’éfficacité des services régaliens. On peut aussi ajouter à cela que Dubai est surement le modèle du “conservatisme musulman” qui a réussit à allier un certain respect des libertés civiles (pas de voile obligatoire, alcohol autorisé, état de droit…) avec un respect des traditions locales. Le peu d’intervention de l’état dans l’économie permet aussi au gens de ne pas etre frustré par le manque de démocratie, contrairement aux pays dirigés par un des partis baath.
Merci pour la réponse. Je comprends mieux pourquoi Dubaï n’est pas rongé de l’intérieur par le terrorisme islamiste. En revanche j’ai toujours du mal à comprendre pourquoi les libertés dont vous parlez ( “pas de voile obligatoire”, “alcool autorisé”, etc) n’attisent pas davantage la colère de terroristes islamistes étrangers qui, d’un point de vue géographique, se trouvent à proximité des Émirats. Selon vous, ce qui freine ces terroristes étrangers, c’est l’efficacité de la police et des services de renseignement des Émirats. Je trouve que cette explication revient un peu à croire que chaque agent secret des Émirats est aussi bon que James Bond. Mais bon, peut-être que vous avez raison.
C’est en effet certainement la cible la plus tentante au monde. Certainement aussi un des endroits les plus surveillés. L’attaque d’avant-hier au Koweït n’est pas pour rassurer.
“Selon vous, ce qui freine ces terroristes étrangers, c’est l’efficacité de la police et des services de renseignement des Émirats.”
Ils sont bien plus aidés par la géographie que vous le pensez. Leur petit bout de mer est si important d’un point de vue géopolitique qu’il est impossible d’y bouger sans que quelqu’un ne regarde ce que vous faites. Du coté du désert l’Arabie saoudite constitue une première cible et un rempart contre les terroristes. Il n’y a pas de continuité entre les zones peuplées de l’AS et des UAE, si quelqu’un se balade dans le désert il est donc facilement repérable.
C’est un peu comme se demander pourquoi il n’y a pas une plus grande proportion d’immigration clandestine latino américaine au Canada. La plupart sont très satisfait des US et les chances qu’ils arrivent au Canada sans se faire attraper sont très faibles.
“chaque agent secret des Émirats est aussi bon que James Bond.”
Ces gens cumulent les moyens, la technologie et le niveau de formation des services occidentaux avec la brutalité de n’importe quelle dictature absurde qu’il y a sur le monde.
Ok, je comprends mieux : Si les terroristes ne s’attaquent pas à Dubaï, ce n’est pas qu’ils n’en ont pas envie, c’est juste que d’autres endroits du moyen orient sont plus facilement atteignables.