Être prof, franchement, c’est magique

Deuxième opus de notre enseignante qui, après nous avoir exposé la réforme des collèges vue de l’intérieur, nous décrit ce qu’elle vit au quotidien, dans un lycée français pas trop élitiste.

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Être prof, franchement, c’est magique

Publié le 14 juin 2015
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Par Rara’

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Professeur, c’est un métier formidable et même le plus beau métier du monde selon la rumeur, très varié puisque vous êtes tour à tour flic, nounou, voire éventuellement gardien de zoo. C’est très formateur, cela permet d’envisager tout un tas d’options de reconversion. C’est magique, et je ne vous parle même pas de mon CAP en dépannage de photocopieuses, je ne comprends pas pourquoi certains collègues râlent.

Bon, certes, il existe encore des bahuts, pas nécessairement de centre ville, où il fait bon venir bosser, où les élèves sont de vrais élèves, pas toujours super brillants mais pas non plus super méchants ; j’irai même jusqu’à prétendre que certains sont plutôt bienveillants envers leurs professeurs, même quand on les châtie pour leur manque de boulot ou leurs bavardages.

Je crois que l’on devient professeur parce que l’on est tombé amoureux d’une discipline et qu’on a plus que tout la volonté de transmettre aux plus jeunes ses bienfaits et tout ce qu’elle peut apporter en terme de liberté, d’autonomie intellectuelle et morale. Sauf à être issu de la COTOREP, nous nous doutons bien que les premières années, nous serons confrontés à un public pas tout à fait acquis à la cause et que nous devrons batailler sec pour espérer obtenir un résultat, même minime.

Pourtant, je pense que la réalité, dans certaines enclaves de la République Française, dépasse ce que tout nouveau professeur pourrait imaginer.

Je le dis, et pourtant, je suis une grande planquée de l’Éducation Nationale : professeur de philosophie, je ne peux qu’être face à des classes de Terminale – générales ou technologiques – et donc les rescapés de l’impitoyable sélection zélitiste pratiquée à chaque étape de l’évolution de l’apprenant par de méchants professeurs qui ne pensent qu’à stigmatiser. Quand tout dérape, je pense à ce que subissent les collègues de collège, de lycée professionnel, de seconde et au travail qu’ils fournissent, chaque jour, pour essayer de civiliser des mioches décérébrés qui n’ont parfois plus que leur folie pour s’imposer et exister socialement (Et je pense très fort à Clemenceau).

J’ai eu le privilège de travailler dans le pire établissement de mon académie en termes de résultats – 60% de réussite en terminale au bachot en terminale ES, c’est dire s’il faisait baisser les statistiques nationales – et j’en parle aujourd’hui comme si j’avais survécu à la guerre. Une guerre intellectuelle, une guerre morale, la guerre contre la bêtise et la couche crasse de propagande qui recouvre les cerveaux de certains.

Dans cet échec massif de l’Éducation Nationale à apporter un minimum d’autonomie intellectuelle aux populations les plus défavorisées, il faut pointer les réformes qui ne cessent de s’empiler au nom d’un pédagogisme tout rousseauiste que Rousseau lui-même estime pouvoir être « chimérique et fau[x] ». Même Rousseau le dit, mais ce n’est pas grave, on va continuer quand même, le niveau ne fait que baisser depuis quarante ans, mais ce n’est pas grave, on va continuer quand même : les sciences de l’éducation, c’est comme les fruits et légumes, c’est bon, mangez-en cinq fois par jour.

La méthode globale a été mise en place parce que la méthode syllabique était très très méchante puisqu’elle supposait d’apprendre avant de goûter au plaisir de lire des textes répétant les cinq mêmes mots appris par cœur le matin même; grâce à la loi Jospin, la grammaire ne s’enseigne plus, charge à l’élève de découvrir des régularités dans un texte. Résultat des courses : mes élèves – quel que soit l’établissement, et je suis passée par tout à l’exception des lycées de centre-ville – qui sont pourtant des miraculés et par conséquent, l’élite, confondent, pour la plupart, la monstration et la possession, avoir, savoir et être, tout en s’imaginant que si art est féminin, une « opignion » doit, elle, être masculine. Pire, certains élèves, en fin d’année, continuent à écrire philosophie « phylosophie », en expliquant que ce n’est pas une faute mais de l’anglais, dans un Double Fail à peine perçu.

À vouloir mettre un « apprenant » au centre du système scolaire, en refusant de parler de transmission des savoirs et sauf à croire en la métempsychose, ils ont mis le vide au centre de tout. Malheureusement, on ne raisonne pas sur du vide, on répète ce qu’on entend à la télévision et on fait des dissertations de philosophie à grands coups de proverbes dans ta gueule. (D’ailleurs, je suis devenue super forte en proverbes.)

On s’étonne de l’augmentation des violences dans certaines banlieues mais très honnêtement, je ne serais pas super contente non plus si l’État m’avait dépossédée de mon esprit. Je crois même que je serais très en colère. Privés des mots, et bien qu’ayant étudié à l’école Citoyenne et Festive de la République, il ne leur reste que la violence brute, déchaînée, irraisonnable (et pourtant, je vous jure, j’essaie, je fais de la « remédiation » toute l’année, comme on dit rue de Grenelle, en espérant leur faire comprendre que c’est à eux avant tout qu’ils font du mal en se comportant comme des débiles).

À force de vouloir envoyer des bisous plutôt que des réponses fermes à des individus, on fabrique des bêtes ou des brutes, mais certainement pas des esprits. À force de confondre le savoir, qui se mérite et requiert l’effort d’apprendre, avec un click sur ouikipédia, on forme des consommateurs et des réceptacles à propagande. À force de ne jamais les confronter à l’échec, on forme des gens qui imaginent que tout leur est dû parce que c’est comme ça EPIcétout.

Le résultat, c’est que dans certains bahuts, je n’enseigne pas la philosophie, je suis prof’ de « Devenir responsable de ses actes ».

Déjà, ils se retrouvent face à un mur, l’abstraction n’est pas possible pour ces élèves. Dès lors, le voyage au bout des Idées démarre avec une roue crevée et un réservoir à sec et ils le sentent bien. Je ne dis pas qu’ils sont capables de mettre des petits mots dessus pour identifier le problème mais ils sentent bien que quelque chose dysfonctionne. Comme cela ne peut évidemment pas venir d’eux, cela ne peut venir que de moi. Les élèves diront alors que je suis trop méchante, et l’Éducation Nationale, que je suis trop zélitiste.

La réalité, c’est que pour ces élèves en perdition, je symbolise le baccalauréat, l’institution dans sa froideur la plus brute, la porte qui va se refermer d’un seul coup sur le coin de leur nez avec d’autant plus de violence que ce sera la première fois en dix-huit ans.

La réalité, c’est que certains parents ne nous aident pas : quand un élève me jette une chaise en pleine figure (que j’esquive, heureusement, rassurez les enfants) et que sa mère nous dit en substance et en pleurs, sachant que nous en sommes au minimum à sa quatrième exclusion de l’établissement, « Je ne sais plus quoi faire, il va trop loin, pourtant son père et moi on ne l’éduque pas comme ça. Mais là, il va trop loin ! Je le prive de portable une semaine », c’est moi qui ai envie de pleurer.

Mais tout ceci n’est pas très grave, puisque les lycées sont de plus en plus éco-citoyens et responsables, qu’on mange bio une fois par semaine à la cantoche, qu’on réfléchit à proposer des menus végétariens, que l’ennui recule (merci m’ame Najat), et que l’Éducation Nationale s’est donné comme projet de produire une chaîne de montage 100% parfaite. Et puis nous, nous pouvons même ajouter « entraînement Ninja » à notre curriculum vitae.

Prof’, franchement, c’est magique. Je me demande pourquoi on râle.

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  • Pour être franc madame, je crois que vous oubliez un peu l’influence de la corporation des profs sur ce beau bordel dans lequel vous vous trouvez.
    La protection de l’emploi dont vous jouissez a permis à des catastrophes pédagogiques de sévir pendant des décennies complètes dans l’éducation, jettant ainsi l’opprobre sur votre profession. Où sont les profs qui se battent pour que les mauvais profs soient virés?

    Votre corporation est le pire repaire de pédants que j’ai jamais vu. Je suis désolé de vous le dire ainsi mais de trop nombreux profs sont pétés d’un orgueil mal placé au point que ca rend toute discussion avec eux imbuvable.

    Votre corporation a traité les parents d’élèves comme des tétra crétins pendant des décennies également et maintenent vous vous étonnez que ceux cis ne vous soutiennent plus… Or vous partez quasiment tous du postulat que les parents sont dans l’ensemble trop cons pour s’occuper de l’éducation de leurs enfants, d’où l’aspect monopolistique et obligatoire du suivi des programmes scolaires établis par des fonctionnaires non élus qui décident de la vie de gosses.

    Et pour finir: Pauvre chérie!
    Ouh lala ils sont pas gentils les élèves! Ah ouais? Et t’as déjà nettoyé un bac de copeaux de laiton dans un tour d’usinage dans un attelier à 40C ? T’as déjà monté des planchers techniques pendant plusieurs semaines? T’as déjà fait un ronde commerciale de 3 semaines sans rentrer chez toi à te faire claquer la porte au nez par des prospects qu’en ont rien à foutre de toi et un patron qui te mets la pression pour vendre sous peine de licenciement? Ca c’est la vie de milliers de gens qui bossent (plus que vous) tous les jours sans se plaindre dans des conditions peu enviables, physiques et bien plus éprouvantes que les votres. Pourquoi vous croyez que ca nous intéresse vos simagrées de profs? Vous croyez pas qu’on en a assez subi de votre fange de geignards qui pleure la bouche pleine?

    • Bravo Mitch,dans sa gueule à la pleurnicheuse,ils seraient payés au résultat ils se bougeraient un peu plus le cul

      • Je me retiens mais la nullité de vos commentaires m’afflige. Parce que CERTAINS d’entre vous auraient des métiers difficiles, nous autres profs devrions la fermer ? Juste une question : pourquoi AUCUN intervenant que je fais venir dans mes classes ne voudrait y prendre ma place ne serait-ce qu’une semaine ? C’est sûr que d’autres se tuent plus que nous à la tâche mais je vous invite à visiter une salle des profs avant Noël, et vous verrez ce que fatigue nerveuse veut dire. Ca vaut bien une salle de réunion remplie de commerciaux désespérés le lundi matin après une mauvaise semaine (oui j’ai connu aussi). Quand à proposer de payer les profs au résultat, pas de problème, c’est moi qui les fais les résultats, grâce aux réformes de la Sainte E.N. Une autre idée aussi géniale ?

        • « Je me retiens mais la nullité de vos commentaires m’afflige. » Pourquoi vous retenir?

           » Parce que CERTAINS d’entre vous auraient des métiers difficiles, nous autres profs devrions la fermer ? » Non, pas la fermer, juste arrêter de monopoliser l’attention. Le malaise des profs est un truc dont on nous rebat les oreilles en permanence. A coté, le malaise des coiffeurs exposés aux produits chimiques, à la pression du RSI, et au malaise des des profs qui y comme beaucoup de gens viennent y vider leurs problèmes psychologiques, tout le monde s’en tape. C’est bien ce dont je parlais. Les profs sont tellement pétés d’orgueil qu’ils pensent effectivement être des gens dans une situation exceptionnellement dure. Ils sont convaincus que leur sort présente un enjeux majeur au point de devoir se répandre en permanence dans les médias le cinéma, la littérature etc… Le malaise des profs est un sujet LOURD. Et bien sur si on a le malheur de dire qu’on s’en bat le steak de vos salades, alors la on devient une personne qui n’a rien compris, qui n’a aucune idée de la dureté du job etc…

          C’est généralement derrière ces jugements de valeurs sur la personne et ses propos que les profs se cachent pour ne pas répondre à ca:

          « La protection de l’emploi dont vous jouissez a permis à des catastrophes pédagogiques de sévir pendant des décennies complètes dans l’éducation, jetant ainsi l’opprobre sur votre profession. Où sont les profs qui se battent pour que les mauvais profs soient virés? »

          Et quand on vous dit ca:

           » Or vous partez quasiment tous du postulat que les parents sont dans l’ensemble trop cons pour s’occuper de l’éducation de leurs enfants, d’où l’aspect monopolistique et obligatoire du suivi des programmes scolaires établis par des fonctionnaires non élus qui décident de la vie de gosses. »

          vous répondez:

          « Allez dire un inspecteur, qui a tout pouvoir sur votre avancement, que vous refusez les méthodes pédagogiques délirantes qu’il veut imposer. Démissionner ? Pour aller grossir les rangs des chômeurs ? Facile à dire. Moins facile à faire surtout quand on n’a aucune solution de repli. »

          Alors du monde pour faire la grève il y en a quand c’est pour lutter pour vos avantages acquis, mais quand il s’agit de porter ses cojones lutter contre un problème de fond, la effectivement il n’y a plus personne.

          Et puis nous faire croire que vous pourriez vous faire virer pour non respect des programmes alors que des profs qui ne font absolument rien faire du tout à leurs élèves existent, j’ai du mal à y croire. Un prof doit tripoter des gamins pour être viré, et encore, combien ont été protégés par leur hiérarchie? Aller nous faire croire qu’ils ont une pression de malade, ça me fait bien rigoler.

          Allez une question chiante de plus: Ils sont ou les profs qui gueulent sur les planqués du rectorat? Sur les planqués des syndicats? Sur les planqués du ministère? Ils sont où les mouvements de grève pour déposer ces parasites?

          « QuanT à proposer de payer les profs au résultat, pas de problème, c’est moi qui les faiT les résultats, grâce aux réformes de la Sainte E.N. Une autre idée aussi géniale ? »

          C’est pas à l’éducation de juger des résultats des profs, c’est aux parents de le faire. Le résultat c’est la marché. Si votre corporation ne jouissait pas d’un monopole et n’avait pas instauré la carte scolaire pour tuer toutes remise en question, effectivement ce ne serait pas difficile de juger au résultat: Les lycées ou il aurait la queue seraient les bons ceux ou personne ne veut aller seraient les mauvais. Plus besoin d’usines à gaz quand on accepte les mêmes règles que les autres.

          • La seule envie du marché, c’est de planter son gros dard court-termiste dans le fion de nos chère têtes blondes, pour les faire cracher une fortune le droit à un enseignement minimum.

            Le marché n’est pas la réponse à tout, et à vrai dire, c’est même pas la réponse à grand chose en fait.

            • Le court-termisme du marché, c’est plus ou moins d’une réforme par an ?

            • Il est vrai que le court termisme electoralo clientelliste a tellement démontré sa supériorité par rapport aux gens qui échangent librement sur la base du consentement mutuel que je me demande d’ou m’est venu cette idée que le collectivisme arrive la plupart du temps à un sous optimum…

            • Et le marché c’est des gens aux intérêts divergents qui discutent et qui négocient. Le marché n’a donc pas de volonté propre. Donc votre propos est un fantasme d’adolescent ignorant. Désolé de vous ramener sur terre.

              • Ok, donc des gens qui mutualisent leurs intérêts au sens d’un état et expliquent aux autres d’aller se faire foutre, c’est bon en fait, c’est dans les règles du marché. Débat clos.

                • SFAD: Sauf que vous n’expliquez pas aux autres qu’ils vont se faire foutre. Vous leur expliquez qu’ils vont aller en prison et se faire retirer la garde de leurs enfants s’il ne se plient pas au joug de votre Etat despotique que vous adorez.

                  La mutualisation Oui mais sur la base du consentement mutuel. Elle se trouve uniquement la la différence entre vous et moi. Selon vous vos mesures sont bonnes si un jour on trouve 51% de la population d’accord pour l’appliquer et obliger les 49% restant à s’y SOUMETTRE. Le marché dit juste à chacun de trouver un accord avec qui il peut/veut et de faire au mieux selon ses capacité/souhaits.

                  Vous, vous voulez mettre au pas tous ceux qui ne sont pas d’accord avec vous. Dans votre cas c’est de gré ou de force que ca se passe, et plus souvent de force d’ailleurs.

                  Vous êtes un despotique tyran en fait…

                • Parfait exemple des ravages de l’EN! Vous êtes manifestement trop limité pour comprendre la différence entre un contrat librement consenti (le marché) et une mutualisation imposée par l’État.

          • « Aller nous faire croire qu’ils ont une pression de malade, ça me fait bien rigoler. »

            Ah oui, vous seriez capable de tenir une classe dans un établissement moyen (je ne parle même pas de ZEP)?

      • « ils seraient payés au résultat »

        Mesuré comment?

        Par qui?

        • Le marché Monsieur…
          Comment mesurez vous les résultats dune boulangerie? D’un cabinet médical? D’un prof particulier? D’un club de sport tenu par des pros? Simple: Les bon sont ceux qui donnent satisfaction et chez qui on fait la queue. les mauvais sont ceux qui restent vides.

          Vous etes tellement conditionnés par l’idée de l’école de Jules Ferry qu’il devient impossible d’imaginer une école non peuplée de technocrates et de non régie par des système kafkaiens… Le marché… Tout simplement. laissez les parents vous juger. Certains vous jugeront en bien, surtout si vous bossez bien… J’ai moi meme eu aussi des excellents profs, pardus au milieu des médiocres des insipides des planqués et des juste normaux (ce qui est déjà pas si mal).

          • Les parents sont ils nécessairement les seuls clients de l’école ?

            • actuellement, ils ne sont pas clients, ils sont fournisseurs (et même pas payés). Le client c’est la technostructure pédagogol de la rue de Grenelle, qui a besoin de sa ration de chair fraiche.

            • Clairement ils payent… Donc ce sont eux les clients. Après si des entreprises veulent payer des formations à des élèves ça pourrait aussi être eux les clients. On peut aussi imaginer des élèves en auto financement. Mais clairement le client c’est l’acheteur du service. Dans la majorité des cas ça devrait être les parents d’élèves.

              • Les parents sont des usagés pas des clients. Ils sont parfois les victimes silencieuse comme avec la Mafia.

                Ils subissent. Quand un scandale apparait, qu’un prof signale un dysfonctionnement avec comportement illégal d’un établissement (couvert par l’Inspection générale comme par le Rectorat, cela va de soi), les parents sont trop inquiets pour protester : le Mammouth pourrait se venger sur leurs gosses!

                • « Les parents sont des usagés pas des clients »
                  Tiens donc, v’là un terme étatique !! Non, non et non ! ce sont des clients !

                  • Alors pourquoi dans la salle le public se comporte comme un public de spectacle gratuit (mauvais public), et pas comme un public qui paye sa place?

                    • Parce qu’ils ne sont pas conscient qu’ils la paient !

                      FH a dit : « c’est gratuit , c’est l’état qui paie », voilà la mentalité générale des français.

    • Personnellement, j’ai été prof, salarié du privé, puis entrepreneur.

      Je suis donc passé d’une sécurité totale de l’emploi à une insécurité totale. Je devrais donc être beaucoup plus stressé maintenant.

      Et bien en fait pas du tout. Prof est en France un métier insupportable. On est méprisé par la majorité de nos concitoyens, et écrasé par un système marxiste (L’E.N.). On finit par ne voir que des collègues pour parler de nos problèmes et devenir invivable aux yeux des autres. C’est un cercle vicieux.

      A l’autre extrême, je n’ai désormais aucune visibilité sur ce que je vais pouvoir (si je peux) me payer le mois prochain. Il faut que je me batte pour obtenir des petits contrats ici ou là. Mais quand je les ai c’est parce que je rends un service immédiat et de valeur à un client. Donc la relation se fait sur la base de bonne humeur partagée avec des gens très divers. Physiquement c’est beaucoup plus dur. Humainement c’est beaucoup plus confortable.

      Il n’y a pas photo, je ne reviendrai pas en arrière.

    • « Vous croyez pas qu’on en a assez subi de votre fange de geignards qui pleure la bouche pleine? »

      Est-ce que vous avez déjà une fois dans votre vie tenté d’enseigner quelque chose à une classe de gamins?

      Tenu une classe?

      Non? Plus personne?

      • J’ai enseigné le français en Afrique du Sud pour rendre service. C’était épanouissantmeme s’il faut bien avouer que mon activité était très allégée (5 heures par semaines).

        • Dans quel contexte? Combien d’élèves? Quel age?

          Quelle motivation?

          • Vous êtes de la police? Dommage je suis pas en France, je vous dois aucune explication. Si vous voulez que je me dévoile commencez par donner l’exemple… Vous croyez que je vous dois quelque chose?

            • C’est VOUS qui venez ici mettre en avant votre expérience!

              • C’est VOUS qui avez supposé que j’avais aucune expérience. Je veux bien vous en parler mais je vais pas non plus vous donner mon CV. Vous faites des posts de 6 lignes maximum dont un tiers de citations où la pauvreté de votre argumentation est la chose la plus éclatante et c’est encore à moi d’en rejouter dans mes explications? Non mais regardez un peu votre contribution au sujet! Vous emmetez des sarcasmes non argumentés et des mises en doutes de vos interlocuteurs sans autre arguments que « je vous crois meme pas d’abord! » et ce serait encore à nous de nous justifier? Non mais vous en êtes où là? Vous voulez la transparence totale? Et bien donnez l’exemple! Qu’est ce qui vous fait croire que l’éducation est difficile et que les profs sont à ce point la mal traités par rapport aux autres professions? Qu’est ce qui fait que leur sort est à ce point la peu enviable que l’on devrait écouter religieusement ces gens qui n’écoutent que très peu les autres?

    • Mitch : « Votre corporation … »

      Tout est dit ! Ils doivent exprimer (sans faire grève parce que c’est vraiment pénible) leur mécontentement envers leur corporation, nous on n’en a rien à secouer !

  • Pour être franc, monsieur, vous allez un peu loin dans votre hargne destructrice.
    S’il est vrai que les professeurs (surtout ceux recrutés après 1981) sont des pédagogistes stupides et incorrigibles ; largement responsables des dérives actuelles en réclamant toujours plus de moyens tout en détruisant les anciennes bonnes méthodes, les remplaçant par un gloubi-boulga inepte et inintelligible ; il n’en reste pas moins que beaucoup de professeurs résistent silencieusement à la marée de médiocrité qui submerge l’éducation nationale depuis que la droite et la gauche se sont entendus pour faire des économies à la petite semaine afin de respecter les critères du rapport de 1999 de l’OCDE sur l’éducation minimale par compétences.
    Les libéraux ont leur part de responsabilité dans ce désastre, comme tout le monde. Privatiser l’école par le chèque éducation, même les Suédois en sont revenus au vu des désastres que cela a provoqué dans leur école bisounours.
    Quant au mépris des professeurs pour les parents, il vient le plus souvent de profs pédagogistes face à des parents prônant une éducation plus stricte et traditionnelle. Moi qui enseigne dans une ZEP (on dit REP, maintenant) avec de tels parents, je peux vous dire que je les bénis silencieusement tous les jours. J’aurai presque envie de les embrasser, si la décence me le permettait.
    Quant à la dureté du monde du travail, il est vrai que nous ne faisons pas un métier physique, mais nous sommes loin d’être les seuls dans cette économie tertiarisée à l’extrême. Et les souffrances psychologiques sont souvent plus destructrices que celles du physique. Ainsi, le taux de suicides chez les enseignants est le 3ème le plus élevé par catégorie socio-professionnelle : les agriculteurs en souffrant le plus, les policiers en 2ème… Eux-aussi, ils morflent avec leurs hiérarchies schizophréniques.
    Maintenant, il est vrai que le système est sclérosé et que beaucoup de souplesse améliorerait les choses : apprentissage dès la fin de 5ème, différenciations des parcours des élèves et des pédagogies, possibilités d’aménagements des programmes et des moyens en fonction du contexte local. Mais qui aura le courage de le faire, en mécontentant beaucoup de monde, et sans casser le peu qui marche encore ? La droite ? Faut pas rêver … Le FN ? Mais ses projets pour l’éducation sont les plus libéraux du « marché » politique, tout en mettant une bonne dose de propagande nationaliste. Malheureusement, le pire est encore devant nous, hélas !

    • « Privatiser l’école par le chèque éducation, même les Suédois en sont revenus au vu des désastres que cela a provoqué dans leur école bisounours »

      Lesquels?

      • C’est marrant, les Chiliens, eux, ont l’air d’apprécier (au point qu’aucun gouvernement socialiste n’est parvenu à le supprimer).

        Le problème des Suédois, c’est pas vraiment le chèque éducation, de toute manières.

      • Ni les Chiliens ni les Suédois n’ont apprécié leur modèle éducatif plus libéral que le nôtre.
        En Suède, bon nombre d’établissements scolaires montés par des fonds de pension ont fait faillite, laissant sur le carreaux des milliers d’élèves et des dizaines de profs du jour au lendemain, et ce pendant des mois. Résultat : l’état central a été obligé de tout récupérer en urgence, aboutissant de facto à une recentralisation des décisions alors que les collectivités locales étaient autonomes en matière éducative avant ce fiasco, certes partiel ; mais quand on parle d’enfants, un tel fiasco a des répercutions sur le long terme, comme le fiasco actuel de notre éducation nationale. Alors la peste ou le choléra ? Laissez-moi au moins la possibilité de ne pas choisir …
        Quand au Chili, c’est encore bien pire ! Les réformes libéral du très « libéral » Pinochet (merci la CIA en 1973) sont toujours appliquée en matière d’éducation. Résultats : un taux d’analphabétisme élevé, pas assez d’écoles ni de maîtres, ni assez bien payés, sauf dans les quartiers riches, merci pour eux … , et un système universitaire très ségrégatif, au sens social mais aussi racialiste du terme, comme au Brésil d’ailleurs. Quel modèle là-encore !

        • Le modèle educatif Chilien reste néanmoins convenable: 96,5 % d’alphabetisation, des université avec des diplomes qui valent quelque chose… Il faut pas non plus en faire une bete immonde. Et puis Pinochet est mort (Après avoir rendu le Pouvoir dailleurs).

        • Sur le Chili, vous êtes un sacré menteur, Starsky.

          Le taux d’alphabétisation des adultes est de 98.6% (98.9 pour les jeunes).
          Le salaire moyen d’un professeur débutant est supérieur de 20% au salaire moyen national ($17k-$18k pour un prof débutant contre $14k).

          http://www.unicef.org/french/infobycountry/chile_statistics.html
          http://www.oecd-ilibrary.org/fr/education/salaire-des-enseignants_teachsal-table-fr
          http://www.journaldunet.com/business/salaire/chili/pays-chl

          Mais peut-être que vous avez des infos que l’UNICEF, la banque mondiale et l’OCDE n’ont pas ?

        • « bon nombre d’établissements scolaires montés par des fonds de pension »
          Quel est le but d’un fond de pension dans le domaine scolaire ? je ne vois pas vraiment et du coup la faillite ne m’étonne pas, c’était prévisible.

          • Il y a eu méprise, désolé, je me suis mal exprimé. Je suis entièrement d’accord sur les chiffres que vous avancez sur l’alphabétisation. Sur les salaires, ils restent faibles, comme en France, par rapport au niveau d’étude exigé et au salaire moyen.
            Mais moi, je parlais plus du vécu que des chiffres officiels. C’est comme en France, on a des résultats mirobolants au bac et au brevet, mais la moitié des élèves désormais ne savent plus écrire une phrase correctement ou lire un texte analytique de plus d’une demi-page (et c’est pareil pour les nouveaux profs …). Alors officiellement, au Chili comme chez nous, on progresse ! Mais dans les réalités des vécus sur place (une amie chilienne prof sur place après des études en France), tout est très différent des statistiques internationales bien lisses et policées.
            Quant aux fonds de pensions, je suis entièrement d’accord, je ne vois absolument pas ce qu’ils venaient faire dans l’éducation suédoise. Peut-être pensaient-ils que l’ouverture au privé de ce nouveau secteur économique était-il une aubaine ? Il en sont vite revenus (au bout d’un an et demi, je crois) et on ne les a plus revus. Ils ont laissé un tel mauvais souvenir que le débat actuel en Suède est à une éventuelle recentralisation de l’éducation. Tout ça pour ça !
            Au final, je pense que plus d’autonomie et de libertés locales sont nécessaires dans notre système sclérosé, mais sans oublier que le mot égalité fait partie de notre devise et de notre histoire. Un cadre national (avec programmes et horaires modulables, avec des options) doit rester la norme. Une forme de concurrence peut être insérée dans ce cadre, comme en G-B, mais les Suédois, les Américains sont allés trop loin. D’ailleurs, leurs résultats PISA sont bien pire que les nôtres, déjà pas brillants …

  • Commentaire d’une très vieille prof qui continue à enseigner pour le plaisir, librement et gratis: VRAI que beaucoup d’enseignants sont actuellement des « planqués », VRAI qu’ils n’ont plus aucune liberté, que tout est permis aux chers petits qui n’apprennent rien dès le CP ( les programmes sont « géniaux » et les méthodes d’enseignement les plus stupides sont imposées…) VRAI que les parents pourraient demander un vrai enseignement et pas un « diplôme » qui ne vaut rien, VRAI que les profs pourraient se battre pour avoir le droit de travailler utilement…. VRAI que si j’avais 25 ans à l’heure actuelle je fuirais cette galère!!!

  • Grace à des gens comme @Synge et @Mia vossen et leur abnégations les Lycées de Bobigny, Stains, Saint -Denis, Grigny et autres ZEP sont devenus les meilleurs du monde :
    http://www.ozp.fr/spip.php?article15325

    Alors @Mitch : un peu de respect : pour ceux qui ont tout fait pour le retentissement de cette réussite mondiale, vous devriez avoir honte de saper le moral de ces pionniers d’une éducation ouverte.

    Nos élites de Gauche et notre ministre et les journalistes qui ont écrit les articles sur les Lycées de ZEP numéros 1 du monde : et les autres ont compris, que pour la réussite de leur progénitures, il fallait courir et se battre pour obtenir une inscription de leurs enfants dans ces lycées des futures élites.. @Mitch informez-vous sur ce phénomène social et la désertion par nos élites des anciens Lycées Henri IV ou Louis le Grand…un peu de mesure dans vos propos SVP.

    • UN extrait de votre source: « A noter encore que ce mode de calcul avantage les établissements les plus défavorisés . Un lycée de centre ville qui a un taux de réussite attendu de 99 % et qui obtient 100 % de réussite n’a qu’un point de plus-value, aussi longtemps que la DEPP ne prendra pas en compte les mentions obtenues par ses élèves. »

      Votre « Meilleur lycée de France » est une médaille en chocolat…

      • S’en prendre, comme vous le faites, à des gens qui mettent tout en oeuvre pour faire correctement leur travail dans un environnement hyper hostile avec toute leur hiérarchie et une bonne partie de leurs collègues contre eux, dans un milieux bouffé par les syndicats, et subissant de plein fouet les lubies du ministère, c’est abject. Honte à vous.

        • Oh mon dieu, citer un morceau de l’article qu’on m’oppose c’est etre méchant? Mais quelle est donc cette engeance si sainte que la critiquer est un pêcher? Cette corporation des profs serait elle peuplée de gens à ce point au dela de tout soupcon que leur faire des reproches (argumentés) serait un crime de lèse majesté?

          • Le problème c’est pas de faire des reproches aux profs, le problème c’est dans faire aux quelques-uns qui essayent de faire leur boulot correctement.

            • D’une c’est pas ce que je fais. Je parle de corporation… Ces gens ne sont pas la corporation à eux seuls…

              Et par ailleurs, en quoi serait-ce un problème?

  • sans compter le trafic et la consommation de canabis… quel avenir pour notre société ?

  • Reprenons calmement. La plupart des profs pourraient signer le texte désabusé de notre jeune collègue. Hélas, mille fois hélas, beaucoup des remarques cruelles de Mitch ne sont pas infondées.

    Première remarque, vouloir enseigner en France, c’est devoir se soumettre à la Sainte E.N. Il n’y a pas d’autre solution. L’E.N. dirige tout et surtout elle contrôle tout. Or c’est quand même une vocation, au minimum une volonté que d’entrer dans ce métier. Tant de collègues sont malheureux, étouffés, corsetés par le système. Mais ils ne savent rien faire d’autre et beaucoup veulent faire ce job.

    Par contre ils ont (je dis « ils » d’un air détaché, non par totale pédanterie, mais parce que j’ai vécu avant de devenir prof) un gros défaut. La plupart des profs croient dur comme fer à l’école publique obligatoire et surtout uniforme urbi et orbi. Programmes nationaux, diplômes nationaux et tout le barnum. C’est religieux. C’est sans doute la dernière chose en laquelle ils croient car ils voient très bien que tout s’effrite dangereusement. Mais il n’y a pas de conception alternative qui circule. Le simple énoncé de pratiques différentes les fait sursauter (ils se signeraient s’ils n’étaient pas aussi massivement laïcards). Fainéantise intellectuelle ou endoctrinement ?

    Allez dire un inspecteur, qui a tout pouvoir sur votre avancement, que vous refusez les méthodes pédagogiques délirantes qu’il veut imposer. Démissionner ? Pour aller grossir les rangs des chômeurs ? Facile à dire. Moins facile à faire surtout quand on n’a aucune solution de repli.

    • Oui au fait, qu’est-ce que « se signer » pour un laïcard?

      Chanter l’Internationale?

      • Ça dépend de son obédience.
        On peut appliquer rapidement la paume d’une main sur la pliure (intérieure) du coude de l’autre bras pendant que celui-ci passe de la position allongée à la position pliée et que le poing correspondant se serre et se lève à hauteur du visage.
        Autre signe possible (que d’aucuns associent aux franc-maçons) : le bras étant légèrement fléchi, les cinq doigts d’une main pointant vers le haut et se touchant, avec le pouce masser doucement la dernière phalange des autres doigts d’une série de mouvements circulaires. Peut se faire avec les deux mains pour plus dévotion.

    • « Hélas, mille fois hélas, beaucoup des remarques cruelles de Mitch ne sont pas infondées. »

      Je dois avouer que mes constats ne me font pas plaisir non plus.

      « Première remarque, vouloir enseigner en France, c’est devoir se soumettre à la Sainte E.N. Il n’y a pas d’autre solution. L’E.N. dirige tout et surtout elle contrôle tout. Or c’est quand même une vocation, au minimum une volonté que d’entrer dans ce métier. Tant de collègues sont malheureux, étouffés, corsetés par le système. Mais ils ne savent rien faire d’autre et beaucoup veulent faire ce job. »

      Il est vrai que c’est triste, et je comprends ce que vous dites: Si la finance avait été ce qu
      elle devrait etre à savoir du financement d’investissement et non Une énorme bulle speculative à cause des emprunts et initiatives d’Etat, j’aurai aimé faire de la finance. Ca gagnerait beaucoup moins mais ca m’aurait plu comme métier. Mais comme le monopole monétaire et autres effets d
      éviction jouent à plein pour pourrir le système, j’ai fait autre chose.
      En revanche je vois bien que de nombreux profs se laissent avoir et phagociter par ce système. je ne pense pas qu’ils y soient plus heureux que s’ils étaient en concurrence et pouvaient eux meme faire jouer la concurrence entre les école: Quand on est bon on a le dessus dans les négotiations. Il serait bon que les profs opposés à cette situation se coordonnent et fassent entendre leur voix ensemble pour se protéger les uns les autres des revanches du léviathan.

      Pour ce qui est du monopole uniforme de lEN vous posez la question de leur réaction épidermique au changement en ces termes: « Fainéantise intellectuelle ou endoctrinement ? » Je pense qu’on pourrait parler des deux, sans oublier la lacheté: Exprimer un avis contraire c’est s’exposer aux foudres des syndicats et autres profs extrémistes de gauche (Faut voir Nathalie Arthaud) qui vont faire jouer leurs contacts dans l’EN pour vous saborder vos mutations, vous envoyer des inspecteurs peu favorables etc… Effectivement s’opposer au dogme peut etre anti carriériste. Il y a un risque en tout cas…

      « Allez dire un inspecteur, qui a tout pouvoir sur votre avancement, que vous refusez les méthodes pédagogiques délirantes qu’il veut imposer. Démissionner ? Pour aller grossir les rangs des chômeurs ? Facile à dire. Moins facile à faire surtout quand on n’a aucune solution de repli. » Je comprends et l’argument est valide. Il contient néanmoins la solution: Se trouver des replis pour le cas où, et faire face après.

    • Eh bien moi je l’ai fait ! pas plus tard que cette année mais aussi l’année dernière ! Je vous dis pas le scandale. Ma note pédagogique est bloquée, j’avance à l’ancienneté, mais je m’en fout, je viens d’une famille aisée, alors … Et quel bonheur désormais d’enseigner en toute liberté, y compris en ne respectant pas toutes les lubies des programmes (sauf dans les classes à examens, quand même …).
      Evidemment, je suis le mouton noir du rectorat, la bête immonde à abattre : je vais même sûrement passer en conseil de discipline, et alors ? Je suis fonctionnaire, non ? Et je n’ai tripoté aucun élève, beurk ! Alors que vais-je risquer pour cela ? Une mise à pied de 15 jours sans salaire ? Possible, mais je peux me le permettre, et ma liberté, ma conscience professionnelle peuvent se payer à ce prix, somme toute un petit sacrifice … pour ne pas détruire, j’espère, mes élèves, passés, présents et futurs.

      • J’avoue que ça force le respect. Bravo d’avoir utilisé votre chance (famille aisée) pour un idéal de conscience professionnelle que pour votre confort. Je trouve dommage que dussiez en être de votre poche pour bien bosser.

        Alors l’autre chose qu’on pourrait faire c’est lancer une cotisation citoyenne pour influencer sur les les programmes et payer aux profs qui suivent le mouvement, le salaire qu’ils perdent au passage.

        • Vu mon salaire de prof actuel, j’avoue que la perte ne serait pas aussi si grande que si j’avais touché un salaire de cadre du privé … Et puis, je ne vais pas jouer au héros : je suis fonctionnaire d’état, et ne risque donc absolument pas une révocation pour cela. Et certains syndicats (SNALC) défendent encore les collègues ayant une certaine vision de l’éducation et non du formatage étatique de jeunes cerveaux malléables. Enseignement et propagande ne font jamais bon ménage, mais c’est tellement dans l’air du temps. Mais il se trouve que la fréquentation de la culture générale ne m’incite pas à suivre les modes pédagogos du moment (depuis 30 ans). Alors sanction, certes, au vu de tout ce que je leur ai envoyé par écrit dans la figure (sans vulgarité mais avec une fermeté très claire, au final jouissive et libératrice) ; mais mon métier, pour peu qu’on le veuille, reste très libre au quotidien. C’est cette liberté possible qui rend à mes yeux le métier encore attractif, bien plus que la sécurité de l’emploi et les salaires (haha !) ou les vacances dont je passe la moitié (sauf à Noël, quand même… faut pas pousser) à travailler, quoiqu’en disent nos pourfendeurs.
          Mais aussi bizarre que cela puisse paraitre, les collègues sont tenus par leurs (maigres) perspectives de carrière (agrégation sur liste d’aptitude, hors-classe), et la peur quasi panique d’affronter l’Etat tout-puissant qui peut briser nos vies. Très peu ont envie de dire non.
          Beaucoup adhèrent encore aux lubies pédagogistes parce qu’ils n’arrivent pas à faire des cours intéressants sans faire de démagogie. Et puis les salaires de base étant assez faibles (mais faut pas exagérer non plus), beaucoup se disent qu’ils ont déjà la sécurité de l’emploi, et qu’il suffit de fermer sa gueule et de dire oui à tout pour mettre un peu de beurre dans les épinards. C’est humain, et je ne leur jette pas la pierre, même si le bateau (Education nationale) coule …

  • « quand un élève me jette une chaise en pleine figure »

    « Je ne sais plus quoi faire, il va trop loin, pourtant son père et moi on ne l’éduque pas comme ça. Mais là, il va trop loin ! »

    Trop c’est trop!

    Il aurait pu se froisser un muscle en jetant la chaise, et là je demande : qui aurait été responsable de cet accident scolaire?

    • Pour l’inspecteur ca aurait été le prof qui n' »aurait pas trouvé de solution adaptée, mesurée et transcendante a une solution de conflit ». Et dont on peut donc douter raisonnablement des compétences.

      La hiérarchie aime bien les coussins en plume qu’elle a sous les fesses.

  • @L’auteur : merci pour votre article . Le constat que vous faites est glaçant, d’autant plus qu’il peut être constaté par tous. Il y a quand même une excellente nouvelle : cette réalité saute désormais à la figure de chacun des acteurs . Elle n’est plus escamotable comme auparavant. Ceci restaure le dialogue entre les professeurs qui se battent pour transmettre et les parents . Cela brise cette loi du silence, cette méfiance qui pesait sur le dialogue . Je crois personnellement que lorsque l’on peut parler d’une problème, quand les mots peuvent être dits comme vous le faites , somme Synge le fait , quand Mitch et Synge acceptent de dialoguer sans faux semblants malgré leurs différends , cela veut dire que l’on tient déja un début de soltution . Une imposture ( ici l’EN) démasquée est moribonde.

  • encouragement aux profs qui choisissent ce boulot malgré ce pourrissement(volontaire?) du job et les propos désagréables de certains….

    D’ailleurs, pour que le travail de prof soit bien fait et mieux reconnu, il serait bon d’augmenter le salaire dérisoire(ceux qui se plaignent, en ont en fait largement pour leurs argents) plutôt que de diminuer éternellement le nombre d’heures ou d’élèves par classe; qui sait, peut être qu’alors les profs seront moins systématiquement d’orientations politiques « alternatives ».

    • On peut critiquer les profs mais il faut rester « agréable »? Il faut pas choquer ces petits chéris en sucre quand même…

      Augmenter les salaires? Pourquoi pas, mais après mise en concurrence des écoles et des profs. Comme ca ce ne seront pas les plus planqués qui seront mieux payés, mais bien les profs qui donnent satisfaction.

      • Content de lire quelqu’un qui prône pas la bienséance dans ses commentaires. Etre poli et mielleux sont deux choses différentes. Merci.

  • le plus triste c’est que ce texte est très rigolo.
    Sans doute parce qu’on y voit quelqu’un qui se casse la gueule

  • « t’as raté ta vie, comment tu comptes élever mes fils ? » Orelsan

  • J’attends avec impatience la suite,chère Rara,et j’avoue avoir eprouvé beaucoup d’émotion,malgré le persiflage de votre ton,à la lecture du texte.
    Alors le chaos est proche,ou le KO si vous voulez,mais pour l’instant ce sont les profs qui sont sonnés avant que cela soit le tour de toute la société
    La fébrilité révolutionnaire permanente des enseignants et leur efficacité dans l’action collective ne peut -elle pas etre à l’origine du bing bang salvateur?

  • J’ai eu de bons profs. C’était il y a longtemps!
    A la fin du primaire, on passait le certificat d’études. Ceux qui l’obtenaient (la majorité) savaient lire, écrire (sans fautes), et compter. Ceux qui ne l’obtenaient pas redoublaient.
    Il y avait un examen d’entrée en 6ème pour ceux qui voulaient faire des études secondaires.
    Les autres allaient en cours complémentaire, où ils apprenaient un métier. Après le brevet, ils avaient possibilité si leur niveau était suffisant de rejoindre le cycle secondaire.
    Tout cela fonctionnait parfaitement bien.
    Qui a tout foutu en l’air?
    Les profs eux-mêmes, après mai 68, par idées et théories issues du gauchisme: « il est interdit d’interdire », etc….

    • J’ai dû avoir de la chance, la quasi totalité des instits/profs que j’ai eu jusqu’au lycée étaient de bon pédagogues et nous disaient toujours d’avoir un esprit critique sur leurs cours… Pas d’idéologie, pas de découragement, bien au contraire.
      J’avoue que certaines matière ne m’attiraient pas comme la philo et que certaines mauvaises étaient de ma propre faute. C’était il une quinzaine d’années; je suis certain qu’il y a toujours de très bon profs (il y en a certainement aussi des mauvais). Malheureusement, ils n’ont pas toujours les bonnes cartes en mains pour que les élèves réussissent et certains parents d’élèves n’aident pas.
      Ce qui est sûr, c’est que l’éducation n’est pas quelque chose à prendre à la légère.

      • Pardon pour les fautes dues à la fatigue… je ferai plus attention à l’avenir.

        • « De mon temps » (comme disent les vieux), les gens qui finissaient l’école primaire savaient écrire sans fautes.
          Ma fille, qui est prof agrégé, écrit avec des fautes.
          Responsable: la méthode dite « globale ».
          Plus personne n’écrit sans fautes, sauf « les vieux ».
          Comment en est-on arrivé là?
          Comment en est-on arrivé à avoir des gosses qui entrent en sixième sans savoir ni lire, ni écrire, ni compter?

          • Permettez? J’ai pas 35 ans et j’écris sans faute (quand je me relis). Et cela grâce à une prof tyrannique, attentionnée, qui venait en cours même avec 39 de fièvre, tenait ses élèves, et leur faisait entrer la grammaire et l’orthographe dans la tête de gré ou de force (souvent de force). Une prof qui nous menait la vie dure mais qui nous défendait comme lionne en conseil de classe devant les syndicalistes qui se plaignaient de la discipline.

            « Je ne comprends pas » disait elle… « Dans mes cours il n’y a aucun problème de discipline, et s’il y en a un, il ne dure pas longtemps. » Tu parles, qui aurait cru pouvoir affronter cette Valkyrie de 50 ans? Même le conseil de classe ´tait plus discipliné quand elle était la.

            Cette prof avait ce que tellement peu d’enseignant ont de nos jours: La vertu de l’exemple.

            Les interros et les rédactions étaient rendues corrigées et annotées en détail dans les trois jours maximum. Elle n’était jamais en retard, ne faisait jamais grève et si elle ratait un jour de classe, on savait ou la trouver: A l’hôpital.

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