Subventionner le pétrole : une mauvaise idée !

À l’échelle de la planète, les « subventions pétrolières » s’élèveraient à 5300 milliards de dollars.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
pompe à essence credits ores 2k (licence creative commons)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Subventionner le pétrole : une mauvaise idée !

Publié le 7 juin 2015
- A +

Par Youri Chassin
Un article de l’Institut économique de Montréal

pompe à essence credits ores 2k (licence creative commons)
pompe à essence – credits ores 2k (licence creative commons)

 

Le FMI vient de faire paraitre une évaluation des « subventions pétrolières » qui estime ces dernières à 5300 milliards de dollars à l’échelle de la planète. C’est l’équivalent de 10 millions de dollars par minute !

Les subventions sont généralement de très mauvais leviers économiques, pour l’énergie comme pour le reste. Au Québec, on connait les effets désastreux sur nos factures d’électricité des subventions aux éoliennes qui s’élèvent à environ 695 M$ par année. En Ontario, les subventions aux énergies renouvelables augmentent la facture des consommateurs de 285 M$.

Subventionner le pétrole n’est certainement pas une meilleure idée ! Or, selon deux dirigeants du FMI, les subventions au pétrole sont « omniprésentes dans les pays avancés ». En fait, les subventions de 5300 milliards dont il est question dans cette étude ne sont pas des chèques remis par les gouvernements aux entreprises ou des rabais pour les consommateurs de pétrole.

Ce type de subvention traditionnelle représente seulement 500 milliards de dollars par année, ou moins de 10% du total, selon l’Agence Science Presse. J’ai déjà estimé que ces véritables subventions ont pratiquement disparu au Canada et ne s’élèveront qu’à 71 millions de dollars l’an prochain.

Pour en arriver à des sommes aussi astronomiques que 5300 milliards, les auteurs de l’étude doivent ratisser si large que leur méthode soulève bien des questions méthodologiques.

L’essentiel des « subventions » seraient ainsi constituées de la pollution associée au pétrole et des coûts liés aux changements climatiques dont les coûts ne sont pas payés par les pollueurs. Ces coûts sont en quelque sorte « subventionnés » dans le sens où ils sont supportés par d’autres.

D’autres considérations locales, comme la congestion routière ou les accidents de la route, comptent pour 18% du total. Ces facteurs n’ont pourtant rien à voir avec le pétrole. Les voitures électriques ou à hydrogène ne sont pas à l’abri des accidents. Et qu’elles soient mues par une énergie fossile ou non, les voitures qui se conduisent elles-mêmes pourraient bien réduire de beaucoup la congestion dans les prochaines années.

Le problème lorsqu’on tente d’estimer les coûts de la pollution et des changements climatiques, c’est qu’on estime des coûts futurs avec les connaissances techniques et scientifiques d’aujourd’hui. Bon nombre de problèmes qui semblent coûteux et difficiles à régler à une époque paraissent triviaux quelques décennies plus tard. Il est donc facile de surestimer ce genre de coûts.

Cela n’empêche pas que la combustion du pétrole engendre bel et bien des externalités négatives, c’est-à-dire des coûts que le prix d’un litre d’essence, tel que fixé par le marché, ne reflètera pas. Ne parlons pas de subvention dans ce cas, ce serait malhonnête et plus confusionnant qu’éclairant. Mais le prix du marché n’est certainement pas ce que nous payons, avec l’ensemble des taxes sur l’essence imposée aux automobilistes. Bien au contraire, les externalités négatives sont souvent déjà prises en compte.

Bref, si subventionner le pétrole demeure une mauvaise idée, le 5300 G$ donne quant à lui une bien mauvaise idée des véritables subventions au pétrole.


Sur le web.

Voir les commentaires (9)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (9)
  • mais quelles subventions au pétrole ? d’après les chiffres que vous indiquez, les 5 300 milliards de dollars par ans représente une subvention de 145 dollar par baril.
    et cette subvention représente l’absence de paiement de ce que l’industrie du pétrole devrait payer pour des trucs qui ne la concerne pas (embouteillages, accidents de la route,…) ou pour des machins qui n’existent pas (réchauffement climatique). et l’industrie pétrolière devrait payer parce que, parce que… euh… parce que le pétrole c’est sale et qu’il doit payer (h16 à l’intérieur) ?

    je resterai sur ma première manière de voir les choses : le baril vaut actuellement 60 usd sur le marché, et il contient 159 litres, soit 38 centimes de dollars le litre, soit 33 centimes d’euros le litre. un peu de transport, un peu de raffinage, un peu de distribution, beaucoup, beaucoup, beaucoup de taxes et le carburant est à 1,20 à la pompe.

    • Exact, et je réagis comme vous : de quelles subventions précises et concrètes parlons-nous, finalement ?

      • au delà des couts virtuel qu’on ne facturea certainement pas au solaire et a l’éolien (a commencer par l’intyermitence, la pollusion), j’ai entendu parler qu’on mettait comme subvention la prise en compte de couts de fonctionnements déduit des bénéfices…
        c’est vrai que quand l’état concède de ne pas compter ce que coute la production de ce que vous vendez, c’est une niche fiscale… comme ne pas compte ce que coute les intérêts du capital que vous empruntez pour produite (ca je l’ai entendu), ou quand vous faites un choix intelligent qui éboutit a éviter une taxe (genre se garer là ou c’est gratuit) c’est une fraude fiscale…

        qand on vois la mahonêteté de ce genre de’étuden, et le fait que aucun journaliste ne se lève courageusement pour faire son boulot et critiquer ce ramasi de manipulation, …
        on peut se demander si il n’y a pas une censure, une terreur, derrière ce consensus.
        certains mettent ca sur le dos d’un biais idéologique, mais moi je ne trouve pas ca suffisant, et je trouve même que ce biais ressemble plus à un syndrome de stockholm qu’a un biais sincère…

        nos média sont des mercenaires, des escalves de divers lobbies… des états sur les sujets géopolitiques, des lobbies se la bien pensance….
        bref le groupthink bien a l’oeuvre…

        lire ce qu’il en est des journalistes (avec Internet c’est de plus en plus visible)
        http://johnpilger.com/articles/war-by-media-and-the-triumph-of-propaganda
        http://www.globalresearch.ca/western-news-media-as-tyrannys-propagandists-hiding-reality/5453705

        un journaliste qui prétend dénoncer un scandale le plus souvent est juste, consciemment ou pas, dans un plan de propagande, américain ou écolo , les deux plus puissants lobbies sur terre.

        pour la CIA c’est via la NED et ses ONG que la manipulation se fait…
        Les ONG ce sont des multinationales, mais sans les actionnaires pour recadrer la direction.

        certains sont même inspirés par le succès de cette approche, qui culmine en Ukraine
        http://theatrum-belli.org/rapport-dalerte-ege-la-france-peut-elle-vaincre-daech-sur-le-terrain-de-la-guerre-de-linformation/

        maintenant pourquoi veux t’on punir le pétrole, le charbon ?
        parce qu’il est urgent d’en sortir pour une raison évidente et économique que le gouvernement savent, et qui n’a rien a voir avec ce qu’il peuvent vous dire… et certainement pas pour aller vers l’intermittent ou le nucléaire…

      • Tout d’abord l’étude parle de subventions énergétiques alors que l’article parle de subventions pétrolières, c’est une première confusion.
        En parcourant l’étude il ressort que la notion de « subventions » renvoie aux externalités négatives des énergies fossiles, il suffit de charger la barque des externalités pour aboutir à des chiffres ridicules, l’étude fait référence à des études sur les conséquences économiques du RCA, la pollution atmosphérique entre autres.
        Il suffit de trouver les études catastrophiques ad hoc – et il y en a – pour aboutir au chiffre choc.

        Le seul point intéressant de cette étude c’est qu’elle vient du FMI, on dirait que l’entrisme écolo-néomarxiste n’a plus de limite 😉

      • Quand vous croisez quelqu’un et qu’il vous met PAS une tarte, en fait c’est un geste d’amour qu’il vous fait.

        Mais évidemment comme vous ne comprenez pas ça vous ne pouvez bosser au IMF (Impossible Mission Force).

  • « la combustion du pétrole engendre bel et bien des externalités négatives »

    Quand on fait le bilan des externalités, il importe de mettre dans la balance les externalités négatives comme positives. Les bienfaits du pétrole sont pratiquement sans limite (http://www.contrepoints.org/2015/05/31/209355-lessence-du-progres). On comprend ici que les effets bénéfiques dépassent infiniment quelques désagréments mineurs par comparaison.

    Le concept même d’externalité négative est une remise en cause de l’efficience des marchés libres et une demande d’intervention de la force publique pour corriger leur défaillance. Jusqu’à preuve du contraire, le prix du marché reste pourtant le meilleur estimateur de la valeur et le libre échange le seul moyen de création de la richesse. Les externalités positives sont la nature même du progrès permis par le libre échange, à travers la réduction historiquement inespérée de certains coûts jusqu’à leur quasi gratuité. Par ailleurs, il n’y a pas de raison permettant d’affirmer que les externalités négatives ne sont pas déjà prises en compte dans les prix de marché, à travers par exemple les indemnisations s’il y a lieu. Si des externalités négatives persistent hors du prix des marchés, seule l’intervention dérégulatrice des Etats peut en être la cause. Il est donc pour le moins absurde ou malhonnête de demander à ces mêmes Etats d’intervenir pour les corriger. Tout au plus doit-on exiger que les amateurs (politiciens, bureaucrates…) des Etats ou des institutions internationales agissant par erreur hors du cadre strictement régalien cessent leurs méfaits et laissent enfin la place aux professionnels (les individus libres et les entreprises en concurrence).

    • Certaines externalités négatives sont supposées réparties sur des millions ou des milliards de personnes qui subiraient chacune un impact faible mais non nul de chaque pollueur.

      Evidemment c’est arbitraire et très certainement faux, les lois linéaires sans seuil sont sans fondement scientifique.

      Pour la radioactivité, la loi linéaire sans seuil n’est pas seulement non démontrée : elle est réfutée par une montagne de preuves, c’est un des résultats épidémiologiques les plus robustes qu’on connaisse.

  • Ce qui étonne n’est pas ce chiffre mais que ceux qui le reprennent ne réfléchissent pas au moins un peu.

  • Ils ont oublié de comptabiliser les conséquences de l’attaque des lézards vert géant d’outre-espace attirés par l’odeur nauséabonde des fumées pétrolière câpitaliste.

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
5
Sauvegarder cet article

Comme chaque année, les chiffres de la balance commerciale sont minorés et présentés en retirant les frais de transport du montant de nos importations.

Les frais de transport sont pourtant une partie intégrante du coût de revient et sont répercutés sur le prix de vente au consommateur. Mais pourtant, ils sont retraités afin de les comparer aux chiffres des exportations qui, eux, n’intègrent pas les frais de transport. L’opération semble contestable…

Les « vrais » chiffres de la balance commerciale de 2022 avaient ainsi frôlé les... Poursuivre la lecture

Avant l’exploitation du pétrole et de ses dérivés (1859), la production industrielle d’électricité n’existait pas (début vers 1870), … et ne pouvait pas exister.

Aujourd’hui, sans pétrole et la pétrochimie qui en découle, il serait impossible de produire de l’électricité !

Et ce sera encore le cas dans un futur lointain.

 

La poule et l’œuf

La première dynamo à courant continu date de 1871, la lampe à incandescence de 1879, et les premières centrales hydroélectriques de 1880.

Tous les composants des moy... Poursuivre la lecture

Depuis le début du mois de juillet 2023 les prix des carburants sont largement repartis à la hausse, le SP95 passant en un mois de 1,81 euro à 1,93 euro. Il se rapproche ainsi de la limite symbolique des deux euros, qui, selon toute vraisemblance, devrait être atteinte à l’automne.

La raison principale invoquée dans les médias est celle du prix du baril de pétrole qui depuis fin juin s’est réenchéri de 11 % passant de 75 dollars à 85 dollars. Cette hausse rapide est liée d’une part à une demande très soutenue des pays du sud-est asiati... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles