Climathon, semaine 14 : double frappe

Tout au long de l’année 2015, le climathon récompense chaque semaine la plus belle pièce de propagande climatique de la semaine écoulée.

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Climathon, semaine 14 : double frappe

Publié le 8 avril 2015
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Par Benoît Rittaud.

karate kid credits Abdullah Faiz (CC BY-NC-ND 2.0)
karate kid credits Abdullah Faiz (CC BY-NC-ND 2.0)

 

La désignation de Jean Jouzel comme champion d’hiver a mis en lumière l’importance du ridicule dans la propagande climatique quotidienne. L’événement a donc logiquement conduit à une réorientation de la stratégie des compétiteurs.

Ainsi, l’émission « Le Grand journal » sur Canal + a su transcender la propagande climatique primaire. Dans l’édition du 31 mars de cette émission, intitulée « Bové/Klein : ensemble pour le climat », nous n’avons donc pas seulement eu droit aux images-choc habituelles, à l’évocation de l’ouragan Katrina ou à l’appel à sauver les enfants. Ce n’était pas non plus une simple occasion de passer la brosse à reluire à José Bové et Naomi Klein (par ailleurs lauréate de la semaine 8), ou de ressasser les éternels slogans (« chacun peut agir », « les super-pouvoirs des multinationales ») qui permettent d’afficher sa bonne conscience à bon compte.

En effet, ce fut aussi l’occasion de mettre à nouveau le ridicule à l’honneur, avec le « club des moustachus qui défendent la planète », à laquelle Naomi Klein peut désormais s’honorer d’appartenir.

Autre tentative de briller par le ridicule : cet article du Point qui permettra d’ajouter de nouveaux items à la célèbre liste de John Brignell de toutes les choses causées par le réchauffement climatique. Selon Le Point, en effet, « les carottes seront amenées à ramollir, le chou deviendra de plus en plus amer, les aubergines nous paraîtront difformes ». Et ainsi de suite.

À côté de ça, la réalisation de Cécile Duflot fait presque pâle figure. De tous les compétiteurs, l’ancienne ministre française écologiste est pourtant celle qui a le mieux développé la faculté de glisser le mot « climat » à tout propos. Ainsi, lors de cette interview au Monde, où il était question des élections départementales françaises (rappel du score du parti écologiste de Cécile Duflot : 2%), l’ancienne ministre du logement n’a pas jugé bon de s’appesantir sur la cérémonie de Tunis en hommage aux vingt-deux victimes de l’attentat du 18 mars, préférant insister sur ce qui compte :

« Vous étiez à Tunis, dimanche, avec François Hollande. Vous le trouvez plus réceptif à vos arguments ?

Je lui ai dit ce que je répète sans cesse. Nous avons besoin d’un changement de modèle pour trouver le chemin d’une prospérité sans croissance et d’une refondation démocratique – avec la proportionnelle – pour restaurer la confiance. La discussion se poursuit avec le président de la République, à l’élection duquel les écologistes ont contribué. Je ne me lasserai jamais d’essayer de convaincre. Les choses ne sont jamais figées. Et en tant qu’écologiste je sais que nous ne pouvons plus perdre de temps. La conférence sur le climat à la fin de l’année est une occasion historique de changer le cours de nos sociétés. »

Le vainqueur de la semaine 14

Pour la première fois depuis le début du climathon, un compétiteur figure à la fois dans les accessits et parmi les vainqueurs. C’est donc avec tout le respect dû à un exploit hors-normes que le jury salue la prouesse de Naomi Klein avec son article paru dans le Journalderéférence, cosigné par Bill McKibben et Nicolas Haeringer (« messieurs 350.org »). Au cas où vous ne l’auriez pas compris, Naomi Klein est en France avec un nouveau livre à vendre. Elle a parfaitement su profiter de sa séquence promotionnelle pour faire main basse sur le climathon et s’imposer en patronne de la semaine.

L’introduction de l’article ne prend pas de gants et place d’emblée la désinformation sur les rails habituels :

« Toutes les personnes sensibles à la question du changement climatique se sont réjouies d’apprendre que, la semaine passée, le Conseil de Paris a pris position en faveur du désinvestissement des entreprises du secteur des combustibles fossiles.

Au cours de la même semaine, des vents record brisaient des vies sur l’archipel de Vanuatu, tandis que les relevés de température prouvaient que l’hiver qui s’achève tout juste dans l’hémisphère Nord était le plus chaud de l’histoire.

Au même moment, la ville de Paris était frappée par une pollution atmosphérique insupportable, conséquence directe des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, ce choix courageux apparaît comme un rayon de soleil bienvenu. »

Bien sûr, il faut espérer qu’aucun climatologue, ni aucun journaliste des pages Planète du Monde, n’aura le mauvais goût de signaler les erreurs factuelles de ce passage. L’occasion est trop belle. Alors, sur l’absence de lien entre cyclones et changement climatique (le vice-président du groupe 1, Jean Jouzel, a bêtement convenu que le typhon Haiyan qui avait ravagé les Philippines, comme tout typhon de cet ordre à l’heure actuelle, n’a rien à voir avec le réchauffement changement dérèglement climatique), sur l’ « hiver le plus chaud de l’histoire » (là, ne braquez vos yeux que sur la courbe du GISS et pas les autres, et surtout ne soyez pas trop regardant sur la marge d’erreur, le record étant de l’ordre du centième de degré), sur l’amalgame entre pollution et réchauffement climatique… les sauveurs de planète comptent sur vous pour faire silence.

Dans l’article de Klein et al., la « bombe climatique » (sic) explose de partout. Qui allume la mèche ? Réponse sans surprise :

« Des banques, des institutions ou encore des collectivités locales continuent d’investir leur argent dans ce secteur – autrement dit s’enrichissent en détruisant le climat. »

Avec de tels méchants qui nous préparent un drame mondial, avec des appels aussi mesurés ciblés sur la France et sur sa capitale, et relayés par l’ensemble de la machinerie médiatique raisonnable, on se demande bien pourquoi l’environnement est en queue de peloton des préoccupations nationales. Le sujet n’intéresse semble-t-il qu’un pourcentage à peine supérieur à celui des écologistes aux dernières élections départementales : 3%. Quels veaux, ces Français !


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  • Pour l’article du Point il y a deux choses à voir : l’article lui-même, absolument passable et sans aucun recul – avec un peu de profondeur historique on peut donc dire qu’en l’an 1000 les carottes étaient molles, les aubergines difformes, les pommes plus molles et sucrées et que les coquilles Saint Jacques avaient disparu… heureusement qu’on a eu le petit âge glaciaire entre temps pour remettre les pendules à l’heure !
    Par contre les commentaires sont intéressants, dans la mesure où à l’heure actuelle sur 14 personnes, 13 sont du même avis : il faudrait peut-être passer à autre chose. Ça montre qu’il y a d’une certaine manière une fracture dans ce pays, entre d’une part des élites bien pensantes qui croient dur comme fer qu’il faut faire quelque chose, même (et surtout) n’importe quoi, et que d’autre part il y a de plus en plus de citoyens qui réfléchissent, qui se documentent et qui critiquent la thèse officielle.
    Il est donc urgent d’agir, et entre la LOPSI et la loi sur le renseignement en cours de « consensus Charlie » à l’Assemblée Nationale les politiques (je ne veux plus parler d’État) s’en donnent les moyens : bientôt les sites critiquant la thèse officielle pourront être rayés de cette vaste zone de non-droit qu’est l’Internet, et tous ceux qui voulaient se renseigner seront fichés. Facile !

    • « heureusement qu’on a eu le petit âge glaciaire entre temps » : sans oublier qu’une épidémie de peste décimant les deux tiers de la population mondiale permettrait de réaliser l’objectif de « prospérité sans croissance » cher à Cécile D.

    • Oui mais c’est le Point. Regarde le meme article chez Liberation ou Le Parisien et tous seront d’accord pour cramer des millions dans tous les sens…

    • c ‘est vrai que les commentaires du point font plaisir à lire

    • Ils sont modérés au point, pour ma part je dirais que les carottes seront cuites.

  • Au même moment, la ville de Paris était frappée par une pollution atmosphérique insupportable, conséquence directe des émissions de gaz à effet de serre. Dans ce contexte, ce choix courageux apparaît comme un rayon de soleil bienvenu.

    Ils ne vont quand même pas mettre au pilori l’agriculture, non ? En attendant, cela cogne sur ce qui permet l’individualisme. l’agriculture ne perd rien pour attendre : à quand le retour de bœufs et des paturons dans les étables et écuries ? La, on aura plus du tout de pollution : ah quel beau musée pourront dire les touristes chinois abreuvant les campagnes de Yuans.

    • « la ville de Paris était frappée par une pollution atmosphérique insupportable, conséquence directe des émissions de gaz à effet de serre »

      Je propose l’instauration d’une carte de journaliste à points :
      – sortir une énormité comme celle ci-dessus : moins 2 points
      – manquement déontologique : moins 5 points
      – collusion avec le pouvoir : moins 12 points
      – etc

      Idem pour les politiciens …

      Dans un monde de plus en plus complexe, mondialisé et en crise, on ne peut laisser ces chauffards de l’information circuler en toute impunité dans les media …

    • C’est dommage d’entendre ces âneries.. c’est comme le coup des tsunamis. Ce sont des idées reçues que ceux qui n’y connaissent rien perpétuent.

      Et sinon ces cornichons? On se plaint encore d’un temps de saison qui va virer à l’été? J’attendais un retour de votre part..

      • Et sinon ces cornichons? Ils vous manquent vos confrères hein ❓ Eh bien, ce n’est pas 2 jours avec des températures au dessus de 2 degrés des températures Moyennes Max qui sera suffisant pour qu’ils poussent. Vous allez vous faire chier sec en attendant hein 🙁
        Moi 2 degrés, cela me va. 🙂

        Pour les âneries, la palme, largement facée, revient à ces politiciens qui attribuent les tsunamis aux gaz à effet de « serre ».

        • Vous cherchez à minimiser.. à part samedi, on se dirige vers une longue période de temps chaud et ensoleillé avec des écarts dépassant de 5° les normales saisonnières. Vous voyez bien que le ressenti des gens est trop exigeant et complètement biaisé. On est quasiment systématiquement au dessus des normales saisonnières depuis depuis le printemps 2013, mais on raconte encore qu’il fait froid…Voyez mon rappel argumenté de l’autre article.

          • Le printemps dernier (2014), et celui d’avant (2013) il a neigé régulièrement dans les Alpes jusqu’à mi mai. Avec un record de 25 cm en 1500 m d’altitude le 26 mai. DU JAMAIS VU !!!
            Mais chuuut… cela se réchauffe !!!
            A au fait : la décennie 2000-2010 a été la plus enneigée depuis la décennie 60-70… MDR !!!

          • Cessez donc vous aussi vos âneries.
            A part demain mercredi 15 qui verra 2 degrés de plus par rapport à la moyenne maximale, et aujourdhui qui est dans les limites, pas de quoi faire pousser mes cornichons. :mrgreen:
            Combien de jours en dessous des moyennes en avril ❓

  • « Les carottes seront amenées à ramollir, le chou deviendra de plus en plus amer, les aubergines nous paraîtront difformes »
    Il semble plutôt que la thèse officielle commence à ramollir (comme en témoigne le regain de propagande), que le citoyen est de plus en plus amer, et que la politique nous paraît de plus en plus difforme…

  • L’Etat contrôle les médias :
    Lors de l’ouverture du journal de TF1 la semaine dernière à 13 h, Pernaud annonce que la Pollution sur Paris est minime, et ne saurait s’étendre. En outre elle provient majoritairement de l’Allemagne.
    Le soir même, Bouleau annonce que la pollution frappera Paris de manière importante et qu’elle provient de nos émissions de voiture diesel…
    La même chaine, pas la même info… Le CSA et ses sbires écolo-bien pensants sont passés par là !

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Nicolas Quénel est journaliste indépendant. Il travaille principalement sur le développement des organisations terroristes en Asie du Sud-Est, les questions liées au renseignement et les opérations d’influence. Membre du collectif de journalistes Longshot, il collabore régulièrement avec Les Jours, le magazine Marianne, Libération. Son dernier livre, Allô, Paris ? Ici Moscou: Plongée au cœur de la guerre de l'information, est paru aux éditions Denoël en novembre 2023. Grand entretien pour Contrepoints.

 

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