Par Fabien Duval.

Depuis une dizaine d’années, le numérique apparaît comme la valeur sûre de l’économie du futur. La multiplication des interconnexions et la prééminence grandissante d’Internet en font l’un des vecteurs de la croissance de demain. Études à l’appui, cette nouvelle technologie peut être source, en France, d’un accroissement de richesses. Pourtant, l’Hexagone accuse aujourd’hui un retard regrettable en la matière : en cause essentiellement : la tradition.
« Notre téléphone portable est devenu la télécommande de notre vie ». Ce constat, ce n’est ni le patron d’un grand groupe de téléphonie mobile, ni l’un des leaders américains du numérique qui le fait, mais bel et bien un Français. Pour Charles-Edouard Bouée, PDG du cabinet de conseil Roland Berger, il ne fait aucun doute que les données numériques représentent l’avenir du socle économique mondial ; il dresse à ce propos un autre constat, plus inquiétant : « Le 7ème continent, constitué de toutes les données produites… dans le monde, et qui représentent le nouvel or noir, nous échappe. » En cause, directement, une culture française, si ce n’est passéiste, en tout cas dépassée.
Une source de richesses indiscutable
L’Hexagone va pourtant devoir modifier ses habitudes – dignes du siècle précédent – s’il souhaite se raccrocher au wagon numérique, que certaines nations, comme les États-Unis, la Chine ou le Royaume-Uni dans une moindre mesure, ont pris depuis quelques années. Il en va donc de sa capacité à s’adapter au monde de demain, mais bien avant cela, à celui d’aujourd’hui également : le numérique est une réalité, que Paris se le dise. D’un point de vue économique, surtout, les études n’en finissent pas de montrer ses effets bénéfiques.
Une récente étude publiée par le cabinet de conseil McKinsey juge en effet que « le potentiel de valeur en jeu est considérable, à la fois pour les entreprises et pour l’économie française dans son ensemble ». Les analystes estiment ainsi que la part du numérique dans la richesse française équivaut aujourd’hui à quelque 110 milliards d’euros. Surtout, si la France se donnait les moyens, elle pourrait accroître son PIB annuel de 100 milliards grâce à ces nouvelles technologies. Plus que de simples données constatées, McKinsey fustige donc, d’une certaine manière, l’atmosphère quelque peu récalcitrante en France à l’égard du numérique. Sous-entendu : les entreprises et les autorités publiques tardent à créer l’environnement nécessaire à son déploiement.
Inertie des principaux acteurs du numérique : l’entreprise et l’école
S’il convient de reconnaître que le retard numérique des premières est inégal selon les secteurs – le tourisme est très avancé tandis que la banque s’y met –, toutes confessent un manque d’implication regrettable. Et là encore, la France renoue avec son éternel traditionalisme désuet : le numérique implique des modifications d’organisation et de management ; le verrou social a du mal à sauter. Certaines, cependant, reconnaissent qu’elles souffrent d’un réel déficit d’attractivité et ne trouvent pas la main-d’œuvre qualifiée dont elles auraient besoin pour assurer cette transition.
Ce problème provient, semble-t-il, plus ou moins directement des carences de l’éducation nationale en matière de numérique. Certains, comme Alain Finkielkraut, croient utile d’asséner des coups de semonce à l’égard d’une jeunesse qui favorise la tablette au livre. C’est pourtant en habituant dès le plus jeune âge l’individu à l’environnement numérique qu’on pourra « créer » des professionnels capables de maîtriser – dans leur philosophie mais également dans leur aspect matériel – les enjeux des nouvelles technologies. Car, contrairement au papier dont l’avenir est déjà passé, la Toile montre déjà , à travers ses multiples possibilités d’interconnexions par exemple, qu’elle est le tissu de l’économie du futur.
Le vecteur social du numérique n’est pas une chimère ; Jeremy Rifkin, économiste et essayiste américain spécialisé dans la prospective, estime que « la troisième révolution industrielle » mènera vers un « nouveau modèle économique, fondé sur le partage et les communautés collaboratives ». Et celui-ci de citer comme exemple l’éventualité d’un rapprochement entre la France et l’Allemagne « pour former un marché unique et intégré des réseaux ». Pourquoi pas. Sauf que l’élément psychologique reste un adversaire de taille, de ce côté-ci du Rhin en tout cas.
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- Fabien Duval est ingénieur informatique.
Et si le retard français venait de ce que dans notre pays on n’imagine pas utiliser les nouveaux outils sans avoir reçu à l’école, par des maîtres qu’il faut former grâce à des stages agréés, une instruction sur l’usage de Tweeter ou des tablettes ?
On a gaspillé des heures et des heures à apprendre aux élèves à copier/coller leurs devoirs depuis internet parce que les profs complexés ne savaient pas le faire et croyaient que c’est ça qu’on demande dans la vie professionnelle. De doctes aréopages nous distillent que les sociétés françaises n’ont pas compris tous les bénéfices qu’elles pourraient tirer du numérique, parce que les petits jeunes embauchés ne savent pas former leurs anciens à ces technologies indispensables. Ont-ils fait seulement un stage en entreprise, tous ces prêcheurs ? Moi, il me semble que le problème serait plutôt que les employés passent sur Tweeter ou Facebook le temps qu’ils devraient consacrer à se concentrer sur des notions désuètes d’avant l’âge de l’information comme la qualité produit ou la continuité du suivi client…
S’il vous plaît, vous ne voulez pas flouter la photo ?
Fermez les yeux, et vous n’entendrez que le flou auquel vous aspirez.
Je n’ai absolument rien compris.
Tout cela me semble vaseux et sans substance.
De quoi parle-t-on? De quelle valeur? Elle vient d’où? D’économies? Des données personnelles qu’on volerait aux gens pour leur refaire payer ensuite?
De quelle formation parle-t-on? De codage? De nouvelles utilisations de ces données? Qu’apporteront-elles?
Un changement de paradigme social, humain et économique. Mais au nom de quel intérêt l’accepterions-nous? N’avons nous pas mieux à faire?
Ça me semble sacrément vaseux aussi.
L’EDNAT additionne les cours barbant à faible nombre d’heures (de sujets à la mode) qui ne laissent absolument aucun traces chez les jeunes, (dans le cas optimal ou c’est bien enseigné, sinon c’est encore moins que rien, voir une répulsion)
Et cela au détriment des cours élémentaires qui permettront de se former toute sa vie: Lecture et compréhension parfaite de textes, lecture rapide, synthèse, technique de mémorisation, logique, pratique. Cette formation en numérique couterait une blinde (en matériel) pour zéro résultat.
Si la France accuse du retard je dirais que c’est plutôt parce que c’est une nation de littéraire plutôt que de techniciens et de scientifiques. L’état, l’ednat et les médias font tout pour renforcer ce travers.
“Faire” et “réussir” n’est pas bien vu dans ce pays. Penser et rêver si.
Article d’une naïveté presque touchante.
De ce que j’ai lu les enfants des cadres de la Silicon Valley vont dans des écoles sans écrans.
http://www.speechi.net/fr/index.php/2012/02/22/dans-la-silicon-valley-les-geeks-paient-tres-cher-pour-envoyer-leurs-enfants-dans-des-ecoles-sans-aucun-ordinateur-2/
Ce n’est pas forcément utile de mettre une tablette dans les mains d’un très jeune.
Les “digital native” d’aujourd’hui ne sont pas forcément des codeurs.
J’abonde, l’idée de la tablette, qui donne accès à tout Internet, à des classes de 35 élèves peu motivés par le fait de devoir s’astreindre à un quelconque apprentissage, c’est la lubie des arrivistes brasseur des idées “tirées du bon sens”, mais n’ayant aucune approche opérationnelle.
L’EN est truffée de professeurs dont des geeks, ils vivent eux aussi dans la société, c’est idiot de les supposer rétrogrades.
Avoir un clavier en lieu et place d’un crayon, ne change rien au fait qu’il faut bien un jour apprendre à rédiger…