Par Francis Richard.
Vous aimez les roses ? Vous aimez la poésie ? Vous aimez Rainer Maria Rilke ? Alors le recueil de 24 poèmes Les roses, composé en français par Rilke en 1924, tandis qu’il se trouve en Suisse, est le meilleur cadeau que vous puissiez offrir à la rose que vous aimez, ou vous offrir en pensant à elle.
Ce bel objet est illustré de photographies de roses, prises par Nicole Weber. Le design graphique est de Jean-François Tiercy. Et les poèmes sont précédés d’un magnifique texte de présentation de Mireille Callu.
Tenir cet objet vivant – par la grâce des mots – entre ses mains fait chaud au cœur, car tant de qualités – les mots choisis et délicats qui s’adressent à l’imagination, les images qui les accompagnent, les présentations textuelle et formelle qui mettent l’ensemble en valeur – ne peuvent que le réjouir.
24 poèmes en roses : quel bonheur !
Le premier de ces poèmes commence par ce quatrain qui donne le ton à tout le recueil :
Si ta fraîcheur parfois nous étonne tant,
heureuse rose,
c’est qu’en toi-même, en dedans,
pétale contre pétale, tu te reposes.
Après un tel début il est bien difficile de se déprendre de ce bijou de livre, qu’il faut goûter pour s’extasier, qu’il faut respirer pour retrouver du souffle, qu’il faut méditer pour voir plus loin, qu’il faut humer pour s’enivrer, qu’il faut lire et relire pour se nourrir de mots.
Le premier quatrain du poème VI ravira ceux qui voient dans la nature façonnée par l’homme une œuvre où une simple rose est une pierre indispensable à l’édifice :
Une rose seule, c’est toutes les roses
et celle-ci : l’irremplaçable,
le parfait, le souple vocable
encadré par le texte des choses.
Il convient de citer le poème X in extenso. Une rose peut en effet prendre un esseulé sous ses pétales :
Amie des heures où aucun être ne reste,
où tout se refuse au cœur amer ;
consolatrice dont la présence atteste
tant de caresses qui flottent dans l’air.
Si l’on renonce à vivre, si l’on renie
ce qui était et ce peut arriver,
pense-t-on jamais assez à l’insistante amie
qui à côté de nous fait son œuvre de fée ?
Dans le poème XIV, Rilke indique à qui veut l’entendre le chemin de l’éternité :
Faire de chacune qui se meurt
une confidente,
et survivre à cette sœur
en d’autres roses absente.
Rilke fait humer une rose abondante quand il écrit dans le poème XV, à son propos :
Ton parfum entoure comme d’autres pétales
ton innombrable calice.
Je te retiens, tu t’étales,
prodigieuse actrice.
Pour finir, de cette roseraie, j’extrais ces vers, du poème XVIII, qui permettront à l’amateur de belles lettres de communier avec Rilke :
Il y en a d’entre vous qui sont comme des dictionnaires ;
ceux qui les cueillent
ont envie de faire relier toutes ces feuilles.
Moi, j’aime les roses épistolaires.
Il n’est pas le seul.
- Rainer Maria Rilke, Les roses, L’Aire, 80 pages.
Effectivement cela semble un beau recueil de poésie, Rilke savait y faire de toute façon 😉
hélasse, hélasse, belle rose devient gratte-cul.