2030, l’Horizon H+

Sommes-nous prêts pour la révolution technologique à venir ?

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2030, l’Horizon H+

Les points de vue exprimés dans les articles d’opinion sont strictement ceux de l'auteur et ne reflètent pas forcément ceux de la rédaction.
Publié le 11 décembre 2014
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Par Thierry Berthier.

cyborg credits Vern Hart (licence creative commons)

Les futurs probables selon le National Intelligence Council

Il y a tout juste deux ans paraissait Global Trends 2030 : Alternative Worlds, un rapport très attendu de 160 pages rédigé et publié par le National Intelligence Council. Formé en 1979, le National Intelligence Council est une agence de renseignement qui produit des analyses stratégiques à moyen et long terme destinées à la communauté du renseignement américain. Les prévisions, avis et préconisations émis par le NIC sont à la fois attendus et entendus par le Pentagone et par la Maison Blanche. Les études publiées cherchent à dégager les grandes tendances à quinze ans et les évolutions technologiques à fort impact, ce qui constitue par définition un exercice difficile et nécessaire. Le but du rapport n’est pas tant de prédire l’avenir mais de fournir un cadre de réflexion sur les futurs possibles et leurs conséquences sur les équilibres humains. S’il fallait résumer l’idée dominante de ce rapport en une phrase, on pourrait dire que le monde de 2030 sera radicalement différent de celui dans lequel nous évoluons aujourd’hui. Parmi les hypothèses à forte probabilité du rapport paru en décembre 2012 figurent notamment :

– La fin de la domination mondiale américaine.
– La montée en puissance des individus ou groupes d’individus contre les États.
– L’émergence d’une classe moyenne mondiale qui n’hésite pas à contester les gouvernements.
– Des pénuries chroniques en eau, en nourriture et en énergie ; les effets toujours plus violents du changement climatique.

La tendance la plus radicale selon le rapport Global Trends 2030 concerne la modification et l’augmentation des capacités humaines par la technologie et l’évolution transhumaniste disruptive qui viendra bouleverser les grilles d’analyse usuelles. Rappelons encore une fois que ces prévisions ne sont pas le fruit d’un collectif d’auteurs de science-fiction ou de scientifiques iconoclastes se laissant aller à des divagations jubilatoires mais qu’elles proviennent d’une structure académique d’analyse et de renseignement sérieuse et respectée…

Ce que nous dit le rapport Global Trends 2030 sur la technologie

Comme on peut s’y attendre, le rapport insiste sur le déferlement hautement probable des implants, prothèses et exosquelettes motorisés qui se généraliseront à toutes les sphères d’activités humaines en devenant des extensions « banales » et pertinentes de notre corps. En très peu de temps, les capacités humaines pourraient évoluer de manière spectaculaire et modifier les équilibres actuels.

Les prothèses pourraient devenir plus performantes que les membres et organes biologiques « d’origine ». Des pans entiers du handicap pourraient trouver des réponses fonctionnelles efficaces et acceptables. Les armées s’appuieront sur des exosquelettes pour équiper le combattant et augmenter ses capacités opérationnelles (déplacement en zone de combat, port de charges lourdes, vision diurne et nocturne, aide au tir,…). La mise au point de psychostimulants de nouvelle génération permettra au soldat de rester actif plus longtemps et lui donnera une acuité renforcée. Les stimulants amélioreront ses réactions et ses réflexes dans un contexte ultime de combat.

Ces technologies seront d’ailleurs déclinées dans leurs versions civiles pour lutter contre le vieillissement et prolonger la vie. Les implants cérébraux font l’objet de prévisions claires et précises. Les interfaces « neuro-cloud » viendront combler les déséquilibres d’information et de calcul existant entre le cerveau humain et les systèmes cybernétiques. Ces neurotechnologies pourraient accroître de manière disruptive certaines capacités humaines et faire émerger de nouvelles fonctionnalités biologiques. L’œil et la vision humaine profiteront de ces augmentations.

Des implants rétiniens permettront une vision nocturne et donneront accès aux spectres de lumières inaccessibles chez l’homme de 2014. Les progrès réalisés sur la chimie des neurostimulants augmenteront nos capacités de mémorisation, d’attention, de vitesse de réaction et de réalisation.

Les systèmes de réalité augmentée devraient améliorer notre compréhension des phénomènes complexes réels. La simulation numérique généralisée ouvrira de nouvelles fenêtres sur le monde. Les progrès de l’intelligence artificielle seront immédiatement intégrés aux développements de la robotique. Les avatars et robots fourniront des données inédites liées au toucher, à l’odorat. Ils bénéficieront d’une plus grande autonomie et d’une IA embarquée conséquente.

Le rapport nous alerte également sur les risques associés au progrès disruptif et au changement de paradigme qu’il devrait induire. D’après le groupe d’analystes, bon nombre de ces technologies d’augmentation ne seront disponibles que pour ceux qui seront en mesure de les payer.

Ces déséquilibres d’accès à l’amélioration pourraient être à l’origine de violentes turbulences, et de conflits si rien n’est mis en place pour réguler et encadrer les technologies impliquées.

Le risque principal résulte d’une société clivée, à deux niveaux formée d’une part des individus ayant accès aux technologies d’augmentation et profitant pleinement des améliorations et d’autre part, des laissés pour compte technologiques, non augmentés pour lesquels l’écart des capacités se creuse à mesure que le progrès avance. Cette asymétrie n’est pas tenable et nécessitera probablement une stricte surveillance des gouvernements et une régulation méthodique des technologies d’augmentation. La convergence NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, sciences Cognitives) devrait induire des progrès scientifiques collatéraux importants comme ceux du stockage de l’énergie avec des batteries longue durée, ceux de l’interfaçage biologique – silicium, ou encore ceux de l’électronique biocompatible flexible.

Notons sur ce point que les premiers succès de l’électronique moléculaire viennent d’être enregistrés
en cette fin d’année 2014, confirmant ainsi certaines prévisions à court terme du rapport…

Prévoir, Préparer, Prévenir

Ray Kurzweil credits oscar espiritusancto nicolas (licence creative commons)
Ray Kurzweil

On ne doit pas douter une seconde de l’utilité d’un tel rapport lorsqu’il s’agit de prévoir les changements disruptifs, de préparer les gouvernants et les décideurs aux impacts d’une technologie exponentielle et de prévenir les futures crises liées à ces changements violents.

Les États-Unis qui produisent aujourd’hui l’essentiel de l’innovation technologique mondiale ont parfaitement compris l’intérêt stratégique d’une réflexion à toute échelle portant sur les évolutions NBIC et les risques associés. Des instituts de recherche intégrant des équipes de chercheurs en éthique contribuent régulièrement à la réflexion stratégique nationale.

La Grande Bretagne dispose du « Future of Humanity Institute (FHI) », composante de l’Université d’Oxford, qui mène une réflexion de qualité sur la convergence NBIC et ses effets sur l’humanité.

Le positionnement du FHI est assez proche de celui de l’Université de la Singularité (SU) créée par Google, Cisco, la Nasa, et de nombreux grands acteurs du numérique américain.

La Chine est également très engagée dans l’innovation NBIC et en mesure pleinement son potentiel
en tant qu’outil de puissance. Les transgressions génétiques ne semblent pas rencontrer d’obstacle ou de réticence particulière dans la population chinoise qui adhère massivement au progrès technologique sous toutes ses formes.

Le temps des questions...

  • La France est-t-elle prête à relever les défis technologiques majeurs des quinze prochaines années ?
  • Existe-t-il, au sein de la sphère politique nationale, une réflexion stratégique globale à quinze ans, ouverte et suivie, intégrant le facteur technologique ?
  • Avons-nous commandé un rapport s’inscrivant dans le même esprit que celui du NIC ?
  • Disposons-nous sur le territoire national d’un institut de recherche similaire au FHI ou à la SU
  • Comment allons-nous accueillir le train express des innovations technologiques et son wagon de transgressions éthiques ?
  • Serons-nous passagers actifs de ce train du progrès ou simple spectateur immobile sur le quai, figé par des postures anachroniques et par des dogmes d’un autre siècle ?
  • Allons-nous enfin adapter nos structures éducatives aux réalités d’une révolution technologique exponentielle qui bouleverse l’ensemble des équilibres ?
  • En 2030, nos enfants et petits-enfants auront-ils encore la possibilité de demander des comptes à ceux qui auront été à l’origine du déclin français amorcé au début de ce siècle ?
  • Souhaitons-nous réorienter la France vers un destin technologique afin qu’elle puisse compter dans la compétition mondiale ?
  • En avons-nous l’envie et les moyens ?

Ces dix questions n’ont pas vocation à provoquer ou à froisser la sensibilité du lecteur. Elles appellent toutes à des réponses individuelles issues d’une introspection minimale. Elles mériteraient d’être posées sans détour par le citoyen lors des prochaines échéances électorales nationales. Le politique n’aura pas le choix, il devra se saisir de la question technologique pour l’intégrer pleinement à son programme. Orienter la nation vers son destin technologique peut constituer l’objectif principal d’un gouvernement. Cela sous-entend de l’abnégation, du courage politique, une volonté déconnectée de toute arrière-pensée de réélection, bref «de la sueur, du sang et des larmes » selon les mots de Winston Churchill en 1943. Les grands hubs technologiques sont tous nés de volontés humaines et de concordances d’efforts exercés dans la même direction, celle de l’innovation et de la rupture technologique.

La première conférence internationale Transvision 2014 « le Transhumanisme face à la question sociale » a été organisée à Paris, Espace des Sciences Pierre-Gilles de Gennes – ESPCI les 20,21 et 22 novembre 2014. Ce colloque a rassemblé des acteurs majeurs du mouvement transhumaniste international ainsi que des contradicteurs et pourfendeurs de la pensée H+. Les contributions des transhumanistes américains ont fait preuve d’une vraie différence d’approche sur les enjeux de l’augmentation par rapport à celle des intervenants français. Les grandes figures du mouvement H+ ont affiché un optimisme appuyé et une tendance marquée à un « solutionnisme » qui occulte assez facilement les risques collatéraux. Le transhumanisme questionné sous l’angle social constituait certainement la meilleure approche pour une première conférence organisée sur le sol français. Les échanges ont été fructueux et constructifs. Il reste maintenant à poursuivre cette réflexion dans un cadre académique et selon un programme de recherche structuré.


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  • Je ne suis pas trop d’accord avec les conclusions du rapport, mais là n’est pas le problème. Le point qui me frappe est que le progrès n’en a rien à cirer de ces rapports, il arrive à son train, à sa mode, et par des voies le plus souvent totalement étrangères à ce que tous ces aréopages ont prévu. Et, plus frappant encore, il le fait en opposition complète avec tous ceux qui voudraient que leur pays ait une vision nationale du futur. Arrêtez de vous interroger sur le destin de la France en science ou en technologie : elle n’en a jamais eu et n’en aura jamais. La seule question valable est de savoir si les Français sont ou non empêchés de s’intégrer dans le progrès mondial.

    • @MichelO : Prévoir pour anticiper puis agir en conséquence. Tout est dit.

      • Exactement. Les recherches en France font l’objet d’une phase quinquennale de planification prospective, suivie de la phase triennale de planification logistique et financière. Le proposant dispose ensuite de deux ans pour mettre son idée (déjà vieille de 8 à 10 ans) en accord avec les souhaits des cabinets ministériels concernés, puis il est autorisé à rechercher les labellisations indispensables à son financement (public, car s’il se vend au privé il sera immédiatement exclu de la liste des activités autorisées), puis le financement lui-même. Grâce à quoi, il n’y a pas de découverte qui n’ait été anticipée depuis une quinzaine d’années et qui ne soit dûment attendue, et aucun risque de bouleversement de la société par un machin dont nos énarques n’auraient pas eu le temps de discuter les mérites au café de Bercy et du Commerce.

    • Michel, la phrase qui m’a le plus frappé c’est :
      « Les implants cérébraux font l’objet de prévisions claires et précises »/
      Bien du plaisir. Les « chercheurs » ont réussi à convaincre pour leur budget !
      Il faut dire qu’à force de parler robots et intelligence artificielle, certains y croient.
      J’ai même lu (ailleurs) que l’homme (notez que je ne mets pas H) peut durer plusieurs centaines d’années (comme Mathusalem) !

  • Dans notre douce France, ce sera déjà un miracle si les efforts gouvernementaux ne visent pas à empêcher ces changements au nom d’un dogme écosocialiste parfaitement réactionnaire.
    En effet, si ces aéropages de gens savants nous disent avant même que ça ait commencé, qu’il y a un risque (horreur !) que ces évolutions créent de nouvelles inégalités (à ce stade le lecteur écosocialiste fait un malaise vagal), c’est une raison majeure de réguler, i. e. de tout enfouir sous un monceau de lois, au nom du principe de précaution et de St Piketty.
    Ca m’embête un peu car dans 15 ans je commencerais sans doute hélas à ressentir le besoin de certaines aides pour pallier l’inexorable déclin des facultés de mon actuel corps de rêve.

    • Pour information : le PS souhaite plancher sur la nouvelle étape de l’évolution humaine :
      cf : les articles de Corinne Narasiguin, porte parole du PS, Député, qui vient de signer une tribune intitulée « Humanisme, transhumanisme et post-humanisme » sur le Huffington Post.
      C’est d’ailleurs la seule « politique » à avoir participé à la conférence internationale « Transvision 2014 » en novembre dernier – Espace Pierre Gilles de Gennes – ESPCI, table ronde « Robotique et transition laborale » ! Cette réflexion devrait concerner tous les politiques de l’échiquier sans exclusion car elle détermine l’ensemble des solutions aux problèmes sociaux et économiques actuels.

      • « elle détermine l’ensemble des solutions aux problèmes sociaux et économiques actuels. »

        Que faut-il comprendre ? Dieu lui est apparu et lui a donné la solution. (Mais il a oublié de parler de la courbe du chômage).

        J’en reviens à un problème de fond : dans un monde de plus en plus complexe qui peut évoluer très rapidement (mais jamais la où on s’y attend), les pouvoirs publics ne devraient pas tenter de « prédire l’avenir », l’orienter ou prévenir les problèmes, mais se donner les moyens et la réactivité pour intervenir rapidement et efficacement quand un problème est avéré.

        A titre d’exemple, à la suite de chaque catastrophe, la conclusion n’est pas qu’on aurait du la prévoir, mais que les secours n’étaient pas près à intervenir sur ce type de problème.

        • Effectivement. En simplifiant beaucoup la recette : agir au niveau de l’éducation;l’orienter vers un apprentissage consistant de la programmation dès le plus jeune âge, favoriser le gout des sciences chez l’enfant et l’adolescent, favoriser l’expression de l’imagination au travers de vecteurs numériques, c’est préparer une génération au Tsunami numérique et réorienter une nation vers une voie technologique ;celle de nation technologique; je vous rassure tout de suite : ni marxisme ni totalitarisme ni rien de la sorte …

          • Vous avez déjà publié des articles dans ce sens, et vu que vous enseignez la programmation, vous devez connaître le sujet. Je suis également tout à fait d’accord qu’il y a un gros problème d’adaptation du public à une société hyper-numérique. Mais …

            – peut-on espérer augmenter la proportion des enfants qui s’intéressent aux sciences ?
            – qui doit savoir programmer ? Les techniciens ou tout le monde ? Pensez vous que les produits d’usage courant doivent être programmable par l’utilisateur final ? RTFM pour tous ?

            Les enfants ont abordé le numérique de façon beaucoup plus naturelle et aisée que leurs parents. Je pense qu’ils sont plus réceptifs à notre savoir faire actuel en matière d’ergonomie car n’ayant pas de préjugés. Mais qu’ils soient « instinctivement » meilleurs pour la programmation et surtout la logique que leurs ainés, j’ai comme un doute.

      • La députée PS a entendu dans un couloir qu’on parlait de son parti « posthume », elle a compris qu’il s’agissait du merveilleux champ des possibles à labourer avec la charrue du post-humanisme social.

        • Vous lui faites un procès d’intention. Elle peut également s’intéresser sincèrement à ces problématiques et mesurer leurs caractères stratégiques dans un futur proche. D’ailleurs, elle n’est pas la seule parlementaire française à se pencher sur l’idéologie H+. L’UMP compte une député qui porte un grand intérêt à ces évolutions. Deux femmes parlementaires conscientes des enjeux, cela fait peu sur l’ensemble, mais tout le monde s’y mettra dans quelques temps.
          A ce titre, Jje fais partie de ceux qui pensent que le clivage gauche-droite va se fondre dans un clivage technoprogressistes VS technoconservateurs et que l’on retrouvera du monde des deux bords dans chaque camps. Des partis politiques que l’on peut nommer « démocraties technologiques » sont en phase de création aux USA et à Séoul; leur ADN est clairement proche de la pensée H+. Changement disruptif à tous les étages y compris celui des politiques; cela sous-entend un coup de balai, une MAJ, une mutation génétique des mouvements politiques actuels.

  • « Le risque principal résulte d’une société clivée, à deux niveaux formée d’une part des individus ayant accès aux technologies d’augmentation et profitant pleinement des améliorations et d’autre part, des laissés pour compte technologiques, non augmentés pour lesquels l’écart des capacités se creuse à mesure que le progrès avance. »

    Comme à chaque fois que le progrès avance… Au début ceux qui pouvaient se payer une voiture étaient hyper avantagés par rapport à ceux ne pouvaient pas. Et maintenant tout le monde en a une, meme si tout le monde n’a pas de Lamborghini. Les couts marginaux baissent. La fabrication des implants va suivre la meme courbe que celle des telephones portables. La chirurgie sera de plus en plus faite par des robots dont le cout marginal de l’acte est très faible. Ensuite, quand on passera aux implants de seconde génération, ceux qui voudront se faire implanter sur terrain vierge ne seront pas forcément désavantagés par rapport à ceux qui devront se faire retirer les anciens implants pour en mettre de nouveaux. Avoir une espèce de PC dans le cerveau sera aussi une faiblesse. Je vous raconte pas le bonheur quand votre implant se fait pirater et qu’on vous diffuse du porno toute la nuit qu’on vous empêche de dormir etc…

    La croissance des inégalités est la même que lorsqu’on a inventé la pénicilline… Je vois pas ce que ca a de spécifique.

    Pour les exosquelettes, il faut se souvenir que ce sont des véhicules comme les voitures. On peut prêter son exosquelette à son pote, en utiliser un d’occasion, un plus bas de gamme…

     » Cette asymétrie n’est pas tenable et nécessitera probablement une stricte surveillance des gouvernements et une régulation méthodique des technologies d’augmentation. »

    Beuark. Le marxisme technologique ca me fait vormir…

     » La convergence NBIC (Nanotechnologies, Biotechnologies, Informatique, sciences Cognitives) devrait induire des progrès scientifiques collatéraux importants comme ceux du stockage de l’énergie avec des batteries longue durée, ceux de l’interfaçage biologique – silicium, ou encore ceux de l’électronique biocompatible flexible. »

    Oui, et c’est formidable.

    Toutes ces craintes des « sages » futurologues à propos des inégalités induites par le progrès technique me fait toujours sourire. Certes il y a une tendance de la part des plus avancés à asservir les moins avancés. Seulement il y a autre chose: Le rattrapage est moins coûteux que l’exploration. Les suiveurs peuvent dépasser facilement les pioniers, et ce à moindre coût. La théorie du rattrapage de Gerschenkrom va tout à fait dans ce sens: Quand on sait où on va, on y va plus vite…

    Les inégalités ne sont pas envisagées par les chercheurs à la lumière des théories économiques telles que la baisse de la valeur du capital à mesure que celui ci devient moins rare. Ces inégalités seront temporaires parce que les fabricants d’implants voudront vendre plus, que google aura des concurrents (chinois, coréen, japonais) et que si les gens du Togo peuvent se payer des téléphones que j’aurai même pas pu imaginer il y a 20 ans, ça veut bien dire que le progrès a une sérieuse tendance à se généraliser.

    Bref une fois de plus, les futurologues tombent dans le piège de l’arrogance. Prévoir du progrès est une chose. Prévoir ses conséquences sur un secteur économique est bien plus hasardeux. Prévoir ses conséquences sur la société entière, c’est de la foutaise.

    Exemples:
    A l’évidence il faut prendre en compte le problème démographique: Que va t’il se passer pour les personnes transhumaines au niveau de leur reproduction. Vont ils continuer à faire des gosses? Si oui combien?
    Comment vont ils les élever?A quel âge vont ils les implanter?
    Quand ils auront 150 ans et seront en pleine forme, que ferontles gens? Quand ils auont 250 ans et en pleine forme que feront ils?
    Le suicide va il augmenter drastiquement?
    La guerre sera t’elle toujours menée par des soldats?
    Entreront nous en conflit avec certaines de nos créatures? Lesquelles? Auront elles le dessus? Si oui combien de temps?
    Créerons nous des robots toujours plus puissants pour avoir des alliés toujours plus puissants, en nous méfiant de nos anciens protecteurs?
    Quid des drogues nouvelles, des addictions aux rêves artificiels etc… Etce que ces dérives ne donneront pas un avantage aux pauvres qui en seront exempts?

    Tous ces trucs vont tellement changer la société que se focaliser sur des points comme la différence entre ceux qui y auront accès (les méchants riches) et ceux qui pourront regarder de loin (les gentils pauvres) est complètement réducteur. Ce sont des problèmes qui ne dureront pas et seront en passe d’être résolus d’une manière ou d’une autre avant que nous ayons pleinement saisi la problématique.

    Enfin, comme dans toute l’histoire de l’humanité, ces outils ne profiteront pas plus à ceux qui peuvent les acheter mais à ceux qui savent le mieux s’en servir: Même avec une épée pourrie Cyrano vous embroche, puis il prend votre rapière de maître…

    • @Mitch : D’accord avec vous sur la vitesse de diffusion des technologies et la baisse des couts (qui est systémique) mais l’accélération de la production d’innovation donnera l’avantage aux premiers arrivés, aux plus rapides, aux plus réactifs. Concernant la régulation, il ne s’agit pas de « marxisme technologique » mais de simple bon sens : vous sous-estimez les effets des transgressions éthiques, morales et religieuses qui accompagneront cette ascension technologique; elles seront violentes et provoqueront de réelles tensions à toute échelle. Il suffit de lire les commentaires actuels sous les articles qui traitent des problématiques H+ pour sentir le malaise de certains et les réticences biologiques d’autres. Dans ce cadre, le mot disruptif prend tout son sens.

      • « @Mitch : D’accord avec vous sur la vitesse de diffusion des technologies et la baisse des couts (qui est systémique) mais l’accélération de la production d’innovation donnera l’avantage aux premiers arrivés, aux plus rapides, aux plus réactifs. »

        Aux plus réactifs, aux plus rapides peut etre. Aux premiers arrivés pas sûr. Remplacer des implants est plus compèxe que de les insérer dans du vierge. Les premiers arrivés subiront les bugs, et payeront très cher une technologie naissante, subiront la vindicte des gens qui se prétendent ethique en voulant imposer de la violence « au nom de l’Ethique » à des gens qui ne leur demandent rien. Moi, ca me fait pas rêver la cybernétique. J’ai pas forcément envie d’ajouter de l’électronique dans on corps. Mais peut être changerais-je d’avis le jour où ca me permettra de pas devenir sourd muet, ou hémiplégique. Peut etre changerais-je d’avis en voyant mon pote sauter à 2 mètres de haut, peut etre changerais-je d’avis quand mon gosse perdra un bras dans un accident de bagnole.

        L’éthique? Mais quel est le problème en fait que certains l’aient et pas d’autres? Bill Gates a des milliard et pas moi. C’est pas un problème. Les flics ont des flingues et pas moi ca semble pas être un problème pour la majorité. Plein de gens ont de la coke qui les rend moins sensibles à la fatigue, plus résistants à la douleur plus rapide intellectuellement etc… Moi j’en ai pas. Cest un problème pour qui? Pour eux? Je m’en tape! Pour moi? Je le vis bien.

        Les problèmes éthiques sont souvent des problématiques de JALOUSIE. entre ceux qui ont et ceux qui n’ont pas parce que ceux qui n’ont pas la vision nocturne et ne dépensent pas leur pognon dans la technologie qui leur permettra de vivre 150 ans de plus pensent que ceux qui l’ont le leur ont pris.

        L’ethique qui va plus loin que le principe de non agression est en général du bullshit proto socialiste.

        • Sauf que les problèmes éthiques sont aussi à la base de la DUDHC… Votre monde rêvé sans l’éthique (qui vous emmerde et est « le fait des JALOUX ») n’est pas un monde anarchique, c’est un monde qui n’existerait pas, tout simplement. L’éthique est la base de la loi. La Bible est la base de beaucoup de constitutions modernes et civilisées.

          L’éthique, cela va peut-être au-delà du confort et des possibilités financières de chacun… Même les hommes les plus riches de la planète, « qui peuvent tout se payer » selon vos dires, ne peuvent se payer une conscience avec leur argent. Résultat, ils ont prévu de laisser jusqu’à 98% (Warren Buffet) de leur fortune à leurs œuvres et de ne donner que des miettes à leurs descendants… Peut-être au nom de l’éthique ! Votre point de vue s’appelle le cynisme. Il devrait certainement aller faire un petit tour chez ses contemporains grecs ou chez les pré-chrétiens… Spinoza serait bon aussi pour éclairer votre couloir sombre.

          • Il n’a pas parlé de monde sans éthique, vous êtes de mauvaise foi.
            Il parle de ceux qui transforment leur jalousie en soi-disant éthique, qui consiste en gros à imposer aux autres par la violence un choix qu’ils n’aiment pas personnellement. Ce n’est pas de l’éthique, c’est de la jalousie avec un nom plus joli.

  • « Les effets toujours plus violents du changement climatique. »

    Ahahaha et ils sont payés combien par le contribuable pour sortir ces énormités? Avec des prémisses aussi fausses une prévision à trente ans est aussi crédible qu’un roman de Jules Vernes… Quelqu’un a-t-il pu ressortir leur rapport de 1979 pour 2009 ou quelque chose du genre pour vérifier la validité de leurs prédictions précédentes? Juste histoire de se payer une bonne tranche de rigolade.

    La bureaucratie américaine adore dépenser de l’argent pour sortir ce genre de bouse. Ça me rappelle une autre officine du même genre qui a produit récemment une étude qui se prenait très au sérieux sur la façon dont il faudrait réagir en cas d’agression extraterrestre.

    Alors non, tout n’est pas à jeter dans ce genre de rapport ; comme on a coutume de dire, même une horloge arrêtée donne l’heure juste deux fois par jour. Le problème c’est que 80% des préconisations – et je suis généreux – sont à mettre à la poubelle direct, et que vous n’avez pas la moindre idée de ce qui constitue les 20% à peu près valables.

    • « Avec des prémisses aussi fausses une prévision à trente ans est aussi crédible qu’un roman de Jules Vernes »

      Tout à fait, mais vous êtes en dessous de la vérité : 2030 ce sont des prévisions à 15 ans ! MDR

      Or 15 ans, c’est encore dans la durée de la « pause du réchauffement » que les climatologues s’autorisent avant de commencer à douter d’eux-même. C’est aussi de l’ordre de grandeur de la durée pour mettre au point et autoriser des vaccins ou des technologies médicales (pour un premier pas, pas quelque-chose d’abouti).

      Entre reprise des thèmes à la mode comme le réchauffement, et délire sur la rapidité de mise au point des technologies, on se doute aisément du peu sérieux de ce rapport.

    • Le rapport en question dégage des tendances à 15 ans en se basant sur les grands programmes de recherche qui débutent aujourd’hui et qui s’étalent sur dix années ou parfois plus (comme le Human Brain Project HBP EPFL dans votre beau pays ou la « Brain Initiative » américaine qui sera active sur dix ans.
      Le groupe d’analyste ne cherche pas à prévoir les évènements de type cygnes noirs (décrits par NN Taleb : évènements à faible probabilité, à très fort impact et rétrospectivement prévisibles) mais à extrapoler ce qui se fait aujourd’hui. On est dans le centre de la Gaussienne et pas du tout dans la queue de distribution en termes probabilistes. 15 ans est une période « raisonnable » pour ce type d’exercice.
      Pour vous convaincre, faites un petit tour sur le site Innovation 2030 et regardez les startups et entreprises confirmées qui ont été retenus (au niveau national – français) dans la phase 1 de sélection. Regardez les spécialités et l’ADN de ces startups : elles sont très proches des thèmes H+ – NBIC…
      Il faut situer les conclusions du rapport à ce niveau : extrapoler les tendances actuelles et les étendre à 15 ans ; ni plus ni moins. Les services de renseignements US ne jouent pas à « Madame Soleil » !

      • Innovation 2030 : Anne Lauvergeon (il vaut mieux en effet regarder le futur que le passé).
        1. Stockage de l’énergie : problème que devait résoudre l’homme dans la décennie 1970 d’après le discours de distribution des prix de mon lycée en 1965
        2. Recyclage des métaux : le moindre Rom en sait plus que la super-commission
        3. Valorisation des richesses marines, métaux et dessalement : les deux sujets qui ont bercé mes études du temps des nodules et de l’ETM.
        4. Protéines végétales et chimie du végétal : le steak de soja et le sac en amidon de patate me rappellent eux-aussi ma jeunesse.
        5. La médecine individualisée : pour qui fréquente hôpitaux ou cliniques, ça n’est pas vraiment l’évolution ressentie, et encore moins ce qui pourrait se résoudre à coups de projets plutôt que d’organisation humaine des systèmes médicaux.
        6. La silver-économie : robotique et domo-médecine. Pas la peine de me prolonger si ça n’est que pour occuper un robot et garder un père pour un tamagotchi.
        7. Le big data : un concept qui n’est pas pour 2030 mais les nostalgiques de 1984.

        • MichelO, vous m’avez bien fait rire avec votre « silver économie »… Mais quand on regarde les courbes démographiques de vieillissement depuis 200 à 300 ans, la silver économie d’hier n’est pas celle d’aujourd’hui, ni celle de demain. Le petit vieux de 1780 avait 35 balais, celui de 1960, 65 ans. Pire, Parkison aura été lobotomisé dans moins de 50 ans. Un marché s’ouvre. En 2050 on prendra sa retraite après 70 ans. C’est déjà le cas dans nombre de professions indépendantes qui ne voient pas l’intérêt de s’arrêter s’ils sont encore en forme et performants, intellectuellement comme physiquement.

          A combien estimez-vous l’âge de Jean-Claude Casadesus, directeur de l’Orchestre National de Lille ? Cherchez, vous allez tomber, compte tenu de son apparence et son esprit. Vous allez me demander une recette, je vous la donne : la pratique de la musique conserve la jeunesse du corps et de l’esprit. Ce n’est pas nouveau. A quoi occuper sa retraite…

          • Ca n’est pas ma silver économie, c’est celle qu’on trouve sur le site en question. Et il n’y a pas que la musique qui conserve. Je viens d’ailleurs de passer deux jours avec un type de 68 ans bien connu, dont je suis loin de partager les idées politiques, mais dont les projets d’aventures devraient amener ceux qui veulent fournir aux vieux tutelle physique et intellectuelle à s’assommer de facepalms. A moins que le marché ne soit pas celui qu’on croit, mais celui consistant à pousser de force les petits vieux dans un assistanat bien juteux pour récupérer leurs biens sous forme de paiement pour une aide qu’ils ne peuvent plus contester comme n’étant pas celle qu’ils auraient souhaité.

            Ceci dit, je me faisais aussi la réflexion que quand j’étais jeune, les aventuriers se répartissaient entre toutes les classes d’âge, tandis que maintenant il n’y en a plus que des vieux…

            • Quand nous étions jeunes, les aventuriers étaient la génération de 68. Elle est, toute seule, passée à travers la crise, on le sait tous. La génération la plus égoïste ! Logique que les derniers aventuriers soient de cette génération. Après eux le déluge, ils ont creusé un fossé derrière eux, pour ne pas qu’on passe. Leurs idées politiques sont connues, ils sont généreux. Ils nous ont charmés pendant notre jeunesse et spoliés pendant notre période productive.

          • « … Le petit vieux de 1780 avait 35 balais, celui de 1960, 65 ans… »

            Non ! Les maladies, famines et autres GROS mauvais coups tuaient, mais un homme de 35 ans a toujours été jeune, un homme de 50 a toujours été à l’age ou commencent les soucis du vieillissement, et il y a toujours eu des octogénaires et même des centenaires (peu, il est vrai, mais quelques un quand même) pour ceux, prudents, disposant en plus d’un bon patrimoine génétique.

            Dans ma famille, les octogénaires sont tres nombreux depuis 200 ans, les nonagénaires nombreux. Bien sur, pas de mineurs de fond, pas d’ouvrier dans des villes malsaines, mais de petits paysans ou artisans propriétaire de leur terres, soucieux de leur santé, gérant leur corps avec soin (hygienne). Résultat, sur mes lignées on a presque rien gagné en espérance de vie depuis 100 ans : tous, sauf accident, entre 80 et 100 ans. Et beaucoup bossaient encore à 70 voire 80 ans (!).

            Les vaccins, la chirurgie, les medocs permettent maintenant à presque tout le monde d’arriver à 80 ans (c’est à dire aux jeunes de devenir vieux, là ou autrefois il n’y avait que quelques chanceux robustes qui y arrivaient), mais le mur de la vieillesse est d’une autre nature, et permettre au vieux de devenir tres vieux (80 -> 110/120 ans) n’a rien a voir ! Et dans quel état.

            Mon papy, mort à 100 ans (crise cardiaque), conduisant encore la veille, jardinant, vie sociale, comme un mec de 70 ans, ça, c’est cool, mais il y en a combien ?

            • Et bien non, je confirme. A 35 ans au Moyen-Age et jusqu’à la fin de l’Ancien Régime, on était presque vieux, qu’elles qu’en soient les causes. Les filles et les garçons étaient mariés dès la nubilité, pour profiter à fond de leurs périodes fertiles, qui allaient rarement au delà de 30 ans sans risque vital pour la mère et l’enfant.

              Certes des privilégiés (bonne souche génétique, bon biotope préservé ou isolé, travail physique au grand air et aux champs, bon régime alimentaire – l’huile d’Olive -, comme en Sardaigne ou à Malte) pouvaient permettre de vivre jusqu’à un âge assez avancé : 5% de la population. Le vieillissement n’est pas qu’un problème d’âge légal, c’est aussi un problème d’âge de vos tissus. Quand ceux-ci étaient rongés par les miasmes ou les bactéries, n’avaient aucun rempart contre les virus, le vieillissement était accéléré par le simple fait que votre bagage de défenses immunitaires s’épuisait à toute vitesse. Les médications modernes entretiennent ce bagage jusqu’à des âges très avancés, seule raison pour laquelle les populations ont vu leur espérance de vie augmenter jusqu’à doubler et tripler en un seul siècle, le XXème. Ce phénomène de vieillissement ne changera réellement qu’à partir de l’invention des vaccins, aux XIXème siècle.

              On parle souvent de la catastrophe humanitaire de la guerre 14-18 qui tua 18,6 millions de personnes civiles ou militaires. Qui parle de la grippe espagnole (H1N1) qui au sortir de cette même guerre tua en 1 an 30 millions de personnes dans le monde (2 milliards d’habitants en 1925) ? Personne. Qui parle de la peste noire en Europe qui au mitan du XIVème siècle tua 34 millions de personnes en Europe, quasiment 50% de la population en moyenne ? Personne.

              Avant les vaccins, on vieillissait vite et on mourrait vite car les germes épuisaient les barrières immunitaires à vitesse grand V. Les familles avaient entre 5 à 10 enfants car 2 seulement sur 10 arrivaient à l’âge adulte. Les survivants étaient certes résistants.

              Vivre vieux jusqu’en 1850-1900, un privilège assez rare.
              Dans ma famille, c’était comme chez vous, mais je n’en fais pas une règle.
              Et puis on parle rarement dans les familles des fausses couches, des enfants morts-nés, des enfants morts en bas âge…

              Le privilège de nos générations : 99% des enfants nés arrivent à l’âge adulte.

              Sous Louis XIV à la Cour du Roi Soleil, qu’on présente toujours comme propre et raffinée, dans la réalité les bouches étaient édentées et puaient l’infamie, les corps un peu vieillis étaient perclus de rhumatismes et de démangeaisons, la médecine était celle de Molière – mort de vieillesse à 51 ans, son corps était vieux et malade -.

              Étudiez un peu la démographie, sa réalité, et l’espérance de vie avant 1800…

    • La prospective se nourrit des prévisions mais l’avenir est un arbre généalogique.

    • « Gouverner c’est prévoir ».

  • Les experts ont parlé … il y a 30 ans, les experts avaient prédit que Internet changerait la vie de beaucoup de gens. Avant ils avaient prédit que les avions seront le meilleur moyen de transport. Que ferions nous sans les experts ?

  • « Comme on peut s’y attendre, le rapport insiste sur le déferlement hautement probable des implants, prothèses et exosquelettes motorisés qui se généraliseront à toutes les sphères d’activités humaines en devenant des extensions « banales » et pertinentes de notre corps. En très peu de temps, les capacités humaines pourraient évoluer de manière spectaculaire et modifier les équilibres actuels. »

    Il y a bien 40 ans, un dessinateur de BD (Roger Lelou – Yoko Tsuno) avait imaginé que le méchant s’équipait d’un exo-squelette et d’une peau de gorille pour jouer les super-méchants. Connu pour la précision de ses dessin, je suppose qu’il s’était inspiré d(un prototype existant.

    La question est : « où est cette merveille de la technologie qui permettrait à un ouvrier d’effectuer le travail de 10 plus une pelle mécanique ? ». (Probablement au placard à cause du problème de source d’énergie). Mais la seconde question est : « comment peut-on toujours délirer sur la prolifération dans le grand public de technologies alors que l’industrie qui pourrait se les payer et en tirer grand profit n’en a toujours pas vue le début du commencement d’un prototype utilisable » ?

    • @pragmat : je vous suggère de trouver une invitation au prochain salon Eurosatory et d’y passer une journée. Vous serez surpris et vous chercherz ensuite à modifier votre commentaire.
      regardez sur YouTube les vidéo de Big Dog déveoppé par Boston Robotics (rachetée par Google il y a deux ans). Observez SGRA1 la sentinelle autonome développée par Sansung, testée et en production depuis quelques semaines sur la frontière des deux Corées.
      le business des exosquelettes est en évolution exponentielle, les prototypes fonctionnent et commencent à être produits. Vous ne regardez pas aux bons endroits…

      • « Vous ne regardez pas aux bons endroits »

        C’est plutôt que je ne regarde plus depuis pas mal de temps car lassé par les annonces tonitruantes mais sans suite qui mêlent le rêve, la business des media, la publicité et la recherche de crédits. Mais je regarderais, car j’ai toujours été fasciné par les « machines ».

        Sur un plan plus général, je suis un peu inquiet sur l’assimilation que l’on peut faire sur le plan économique entre les technologies de la communication et les autres technologies. Le domaine IT me semble à part : il a un coût de déploiement très faible et monte en puissance de façon exponentielle avec le nombre de relations qui s’établissent et dont il dépend.

        La montée du Web peut fasciner. Pourtant les technologies existaient en 1995 (serveur HTTP + CGI + navigateur). Tout était disponible pour créer un intranet. Un intranet permet de faire circuler plus efficacement l’information dans une entreprise mais est un poste de coût et pas de profit direct. De fait cette technologie n’a explosé que à partir du moment où elle s’est répandu grâce à son utilisation hors des entreprises, pour devenir maintenant incontournable dans l’entreprise car on est passé de la communication interne à la communication externe. Est-il sain et réaliste d’imaginer un tel processus pour d’autres technologies ?

      • Notez bien que j’y crois, c’est seulement sur les délais que j’ai un doute. Avez vous lu « Sarship Trooper » de Heinlein (écrit en 1959 !) Contrairement au film où les braves « marines » se battent au pistolet à bouchon contre des araignées géantes, le fantassin du futur imaginé par Heinlein est équipé d’une armure, exosquelette, système de communication combiné qui lui confère la puissance de feu et la mobilité d’un hélicoptère de combat.

        L’idée n’est donc pas nouvelle. En revanche la technologie avance moins vite qu’on peut le supposer quand on ne considère que les réalisations abouties en ignorant le long chemin parcouru et tout ce qui n’a pas abouti dont on ne parle pas.

        En outre, il est difficile de prévoir les conséquences réelles d’une avancée technologique: imaginer dans quels domaines elle va permettre d’autres percées, profondément changer les habitudes et donc la société et dans quel sens. Cela amène à des non-sens. A titre d’exemple, le stockage de l’énergie est nécessaire à la réalisation de certains projets utopiques. Mais le jour où l’on saura vraiment le faire, cela changera tellement la donne dans tous les domaines que ces projets n’auront même plus de sens.

        • Dans starship tropper 3 ils ont des armures de combats (bon ça dure 15min et c’est en image de synthèse digne d’un débutant,mais c’est là).

          Enfin, si un jour vous avez envie de vous auto infliger beaucoup de souffrance, je vous conseil ce film.

    • @pragmat, il vous suffit de vous brancher sur la chirurgie délocalisée, les bras robotisés sur les chaînes de montage automobile, le combat délocalisé (drones), etc… pour vous convaincre que la robotisation est déjà une actualité intégrée dans bien des domaines. Dans le mien, je peux faire un mixage et un enregistrement sur une table SSL ou un ProTools (plus la maitrise de tous les plugs-in et tous les paramètres) à l’autre bout de la Terre sans me déplacer grâce à Internet.

      • Un robot chirurgical, un robot peintre pour carrosserie, un drone sont des machines comme une machine outil à commande numérique, une pelleteuse mécanique ou une perceuse électrique. Il y a un progrès constant mais pas vraiment de saut technologique.

        Vos outils informatiques ont leurs équivalents dans la plupart des domaines (CAO, DAO, XAO …) et changent rapidement et considérablement les méthodes de travail et la productivité. Il y a un saut à la base, une complexité qui nécessite une modification rapide de l’enseignement pour s’adapter (mais en plus trop rapide pour être anticipée dans des programmes scolaires). Depuis ce saut, le progrès est continu, rapide et plutôt exponentiel à cause de l’échange de code informatique. Je me demande cependant parfois comment chacun va parvenir à suivre le rythme dans sa propre branche d’activité. De la à ce que l’état puisse suivre ce rythme, je suis littéralement mort de rire.

        Mais comme vous le soulignez c’est encore pire au niveau de la communication pure (Internet). On passe de l’interaction avec quelques individus que l’on connais physiquement à des échanges dont le nombre augmentent avec le carré du nombre de participants.

        Du coup on a une évolution à vitesse variable entre systèmes mécaniques, informatique et information. Et dans un sens tout est à inventer à cause de la vitesse et de la disparité des vitesses d’évolution. Mais en se gardant bien de penser que l’on forme des chirurgiens aussi vite que l’on crée un blog sur Internet et qu’on peut le former à l’utilisation du robot qui existera quand il aura fini ses études.

        • Vous avez totalement raison. La progression est liée, dans nos vies comme globalement au niveau des institutions et organisations, à la formation continue, comme il l’a toujours été par ailleurs bien que le terme soit récent. La pérennité des formations et des organisations est un leurre. En 1980, j’étais en 2ème cycle de Sciences Eco (avant de virer vers mon métier et ma passion, la musique). Les cours d’informatique se résumaient à un enseignement théorique sur les échelles duodécimales et la manipulation des disques souples de 1Mo… alors que dans un garage près de San Francisco, le premier Mac était déjà né. Rien qu’au cours d’une vie, nous passons symboliquement de la grotte paléolithique au téléphone portable. Alvin Toffler a défini ce paradoxe par son désormais célèbre « S’adapter ou périr ».

        • « Trop rapide pour être anticipé dans des programmes scolaires… » Mais mon dernier fils de 4 ans 1/2 navigue seul sur Windows 8 et comprend tout de mon logiciel de musique pour enregistrer des patterns quand l’envie lui en prend dès qu’il vient me voir dans mon studio… L’anarchie créative est au rendez-vous mais la dernière génération d’outil est toujours intégrée instantanément par les plus jeunes générations.

  • Ce rapport lu en Z grâce aux bons soins éclairés de Thierry Berthier ne doit jamais nous faire oublier que la vie sur Terre procède de situations concurrentielles permanentes, elles-mêmes programmées par la vie dès la fécondation. Les spermatozoïdes ne luttent-ils pas eux-mêmes de manière acharnée pour que le meilleur d’entre eux s’impose. J’augmenterai donc cette étude fondamentale d’une non moins importante publiée par notre Ministère de la Défense nommée Horizons Stratégiques : (http://www.defense.gouv.fr/das/reflexion-strategique/prospective-de-defense/articles-prospective/horizons-strategiques.

    Car le progrès technologique est toujours le fait de la défense et de l’attaque. Dans cette étude américaine, nul besoin d’obérer le fait que les USA sont la première puissance mondiale encore pour un petit moment, que cette puissance s’obtient et se maintient avant tout par cette avance technologique, donc économique (cf. La Richesse des Nations) et le fait des armes, toujours de plus en plus sophistiquées.

    Je suis un artiste et donc plus tourné vers les sens et les sentiments. Malgré cela, je trouve que notre ADN européen, pacifiste et ouvert sur l’altérité, sensibles aux autres points de vue, est devenu bien faiblard face à des « philosophies » de plus en plus violentes, agressives et déterminées à nuire globalement à notre culture de manière évidente, à en finir avec nous pour moult raisons sur lesquelles il n’est pas le sujet de revenir ici. Notre ADN pacifiste est devenu bien faible par rapport à celles-ci, j’en faisais déjà l’amer constat dans un de mes articles de 2010 : http://www.esolem-production.com/20100901_BLOG_VousCrachezDansLaSoupeOuLaBoiteAIdeesIlFautChoisir.pdf. L’esprit souchonien pleurnichant s’est emparé de nos esprits, nous aveugle dans nos « Allo maman bobo » psychanalysés et permanents, ceux de foules sentimentales qui le sont devenues à force de faiblesse et de repli sur nos petits maux nombrilistes du quotidien et de la vie, désormais pris en charge totalement par la sécurité sociale et l’État Mama.

    Pourquoi digresser si largement à partir d’un article vantant les avancées technologique envisageables à l’horizon 2030. Et bien parce que la France et son peuple ne paraissent pas prêts pour cette échéance technologique, pas du tout alors qu’ils sont plus absorbés par un déclinisme civilisationnel qui se nourrit autant des pleurs que des lamentations, mais aussi des extrémismes et de notre dépression économique actuelle. Pathologies qui ont tout à voir avec la psychanalyse, ou plutôt avec la psychosociologie analytique. La France est encore au rendez-vous de ses faiblesses historiques et récurrentes et la guerre en retard est encore au menu de nos chroniques militaires. Pas plus tard qu’hier, le chef d’État major de l’Armée de l’Air disait que, compte tenu des coupes budgétaires que condamnait déjà De Gaulle en 1936 pour les mêmes raisons idéologiques et économiques, l’engagement de ses forces – 20 avions en tout et pour tout sur 3 théâtres d’opération – montrait la limite de nos forces sur le terrain au delà de laquelle il ne fallait pas se risquer. 20 avions en situation de combat, la Vème puissance économique du monde est au bord de l’asphyxie !

    On en revient à l’article de Thierry Berthier. Nos mentalités ne sont évidemment pas prêtes pour ce changement. Le désirent-elles ? L’hypothèse Soleil Vert fait alors son chemin, d’une société à deux vitesses dont il évoque la perspective, situation bien réelle existant entre les pays sous-développés d’aujourd’hui et les pays du G20. A force de jouer les filles de l’air économique, la France décline. Prendrons-nous le virage de la modernité, nos finances y suffiront-elles ? Voulons-nous être encore dans 20 à 30 ans un peuple dominant ou la perspective est-elle celle d’un peuple dominé, économiquement, donc culturellement, technologiquement et militairement ? Dans l’ordre ou le désordre.

    Pour finir, en lisant tous ces progrès à venir, nous sommes face à des peurs et des incertitudes. Mais pas moins que celle de mon grand-père maternel né en 1900 et mort en 1975, féru de technique et de technologie (il était devenu importateur Mac Cormick en Mayenne suite au plan Marshall), mais qui aurait été effaré de voir les avancées technologiques produites entre l’année de sa disparition et aujourd’hui. Nous ressentons une certaine appréhension à lire ce texte, mais c’est l’avenir, il faut s’y plier et l’adopter.

    • Merci fraserve, j’aurais pu et j’aurais dû ajouter votre commentaire dans le corps de l’article !

    • « mais c’est l’avenir, il faut s’y plier et l’adopter »

      Tout à fait. La France a une spécialité de combat d’arrière-garde. Ne pas savoir reconnaître qu’un changement est arrivé et que s’il n’est pas forcément idéal et surtout s’il n’est pas à notre avantage, on n’y peut rien car nous ne sommes qu’une toute petite partie des acteurs à l’échelle mondiale et qu’en plus nous avons perdu une grande partie de notre influence à force de freiner des quatre fers dans tous le domaines.

      A commencer par la « préservation de l’usage de la langue française » et notre faiblesse consécutive dans l’apprentissage de l’anglais. Croit-on que dans un monde où les communications augmentent à vitesse exponentielle, on ait le temps de tout traduire en français ?

      • Exactement. L’avenir nous tombera dessus, il faudra l’adopter, et finalement nous nous en trouverons sans aucun doute mieux. Mais vouloir le planifier, l’orienter, s’y préparer comme s’il était chargé de risques qui nous submergeraient sinon, ça ne rime à rien.

  • J’adore l’émergence d’une classe moyenne mondiale qui n’hésite pas à critiquer les giuvernements. Quand les électeurs critiquent un gouvenement cela s’appelle la démocratie. La solution c’est le libéralisme, la libre concurrence, le commerce et donc la paix. À mon sens ce n’est qu’à ce prix, que les technologies NBIC progresseront dans le domaine civil et également militaire. Les états pourront ainsi conserver leurs pouvoirs régaliens et avoir le soutien de leurs électeurs sans avoir à utiliser la force et la surveillance sur leur population (2030 c’est 1984 ? :-))

  • Le train etait condamné avant d’exister: jamais l’humain ne pourrait atteindre des vitesses de plus de 30 km/h sans se déplacer les organes…

    On rêve aujourd’hui aux applications de demain pour la robotique. Hélas, l’humain part toujours sur un bad trip ! Le robot est dangereux etc….blabla.

    Ah, bon ? Parceque l’humain est parfait peut être ?

    Toujours cette même vision limité et forcement de l’angle humain…..

    Que dirait un robot intelligent à un humain ?

    Eh les gars, vous n’etes même pas capables de vivre ensemble, dans un système économique viable, sans dégrader votre planète. Conditions pourtant nécessaires à votre propre survie.

    Nous voyons bien que du point de vu des robots, nous serions de gros bouffons.
    D’oú la peur humaine, plutôt que de faire face a sa propre réalité, il préfère condamner celle des autres.

  • Bref, le futur c’est le jeu deus ex human révolution. En voulons nous ?

  • Oui ben qu’ils commencent à nous montrer les voitures volantes de l’an 2000 (vous êtes en retard les gars) et après et seulement après je pourrais dire : Ok vous aviez raison.

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intelligence artificielle
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