L’austérité fiscale, une réalité bien française

L’austérité, bien ressentie par les Français, ne s’explique pas par la baisse des dépenses publiques, mais par la hausse de la pression fiscale.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
imgscan contrepoints 2013658 fiscalité impôts taxes

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L’austérité fiscale, une réalité bien française

Publié le 24 octobre 2014
- A +

Par Nicolas Marques.

imgscan contrepoints 2013658 fiscalité impôts taxes

Les années se suivent et se ressemblent. Comme à l’accoutumée, la présentation du projet de loi de finances donne lieu à une surenchère de créativité pour masquer la situation difficile dans laquelle nous sommes. En parallèle, le débat sur l’austérité reprend. Un débat en trompe-l’œil, puisque, là où certains fustigent une austérité budgétaire, c’est dans les faits une austérité fiscale que nous subissons. Celle-ci prend des proportions d’autant plus importantes que, au-delà de la crise, nous avons à assumer des décennies de dérapages des finances publiques.

Contrairement à une idée reçue, l’austérité française n’est pas liée à une hypothétique baisse des dépenses publiques dans un contexte de retour à la normale suite à la crise de 2008. Les dépenses françaises continuent, en effet, d’augmenter de 21 milliards d’euros par an depuis 2009. Même si l’augmentation annuelle est moindre que sur les quarante dernières années, marquées par une hausse de 28 milliards d’euros par an, l’on ne constate pas de réduction des dépenses publiques d’un point de vue comptable depuis la crise.

Les dépenses publiques continuent aussi d’augmenter par rapport au PIB, de l’ordre de 0,1% par an. Certes, elles augmentent moins vite que durant les quarante dernières années, caractérisées par une hausse de 0,4% par an en moyenne, mais cette hausse détonne par rapport aux autres pays de l’Union européenne. Nos dépenses publiques ont augmenté de 0,4% du PIB depuis 2009, pour atteindre 57,1% du PIB en 2013, tandis que l’Union à 28 a diminué ses dépenses de 1,9%, pour revenir à 49,1% du PIB. Nous sommes donc clairement à contre-courant, ce qui rend les discours fustigeant les effets contre-productifs des baisses de dépenses publiques inadaptés à la situation française.

L’austérité, bien ressentie par les Français, ne s’explique pas par la baisse des dépenses publiques, véritable Arlésienne. Elle résulte avant tout de la hausse de la pression fiscale, d’autant plus douloureuse qu’elle se fait dans un contexte de faible croissance. Les recettes publiques françaises croissent en effet à un rythme de plus en plus soutenu. Depuis 2009, elles ont augmenté de 32 milliards d’euros par an. C’est plus que dans les quarante dernières années, caractérisées par une hausse moyenne des recettes publiques de 26 milliards d’euros par an. Ramenées au PIB, l’effet est encore plus saisissant, avec des recettes publiques en hausse de 0,7% par an dans les quatre dernières années, contre 0,3% du PIB par an en moyenne durant les quarante dernières années.

Contrairement à une idée reçue, les impôts et charges rentrent donc bien. Les recettes des administrations publiques n’ont d’ailleurs jamais été aussi importantes : elles représentent 52,8% du PIB l’an passé, un record historique. Cela explique très bien le sentiment de « ras-le-bol fiscal ». Là encore, nous nous distinguons par rapport à nos voisins. Selon Eurostat, depuis 2009, les recettes des administrations publiques ont augmenté deux fois plus vite chez nous que dans l’Union européenne, où elles représentaient 45,7% du PIB en 2013.

Face aux effets délétères de cette austérité fiscale, certains s’inquiètent de l’impact de cette politique qui risque de mettre l’économie à l’arrêt. D’où la tentation de laisser dériver les déficits. Après tout, trop de rigueur risque de nuire à la croissance. Pourtant, l’équation française est bien plus complexe. D’une part, les déséquilibres restent significatifs, en dépit des hausses massives de charges et d’impôts. En 2013, les administrations publiques ont dépensé 87 milliards d’euros de plus que leurs recettes, soit l’équivalent de 4,2% du PIB ; nous sommes donc bien loin de l’équilibre.

D’autre part, ce dérapage n’est pas conjoncturel, puisque cela fait, en effet, trente-neuf ans que les pouvoirs publics français n’équilibrent plus leurs comptes. Nous nous en sommes sortis car la France était initialement peu endettée, mais la situation devient de plus en plus critique d’année en année. En quarante ans, la dette rapportée au PIB a été multipliée par cinq. Si elle représente aujourd’hui une facture supportable, en raison de l’exceptionnelle faiblesse des taux, l’expérience de plusieurs voisins européens montre que de tels niveaux d’endettement ne sont pas sans risques.

Si la confiance dans la crédibilité des finances publiques française venait à se détériorer, nous serions très rapidement dans une situation incontrôlable. Un minimum de prudence devrait nous conduire à remettre à plat notre modèle de finances publiques, basé sur un développement non soutenable des dépenses, de la fiscalité et des déficits.


Sur le web

Voir les commentaires (12)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (12)
  • C’est parfait.

    Car outre les impôts, les taxes, les « contributions »… c’est tout l’environnement des dépenses « contraintes » en fait qui explose et assomme de plus en plus les français.

    Eh oui…. EDF, GDF, taxe diesel, timbre postal, assurances etc.

    Pour comprendre l’étendue des dégâts, il faut faire fi des fausses distinctions (état, collectivités territoriales, entreprises publiques, entreprises semi publiques etc.) et englober toutes les dépenses contraintes.

    Ce matin encore : la hausse probable de 2,5 % des tarifs EDF. D’accord, on a échappé à 5,5 cet été (le gvt a eu peur)… Mais en fait la hausse se fera en plusieurs étapes.

    Il convient de célébrer ce « toujours plus » insensé (François De Closet, qui avait tout compris il y a déjà 30 ans).

    La machine est devenue folle. Plus personne ne peut plus l’arrêter.

    Elle tend vers la fonction exponentielle. C’est à dire sa propre mort.

    Quand virtuellement, le « toujours plus » finira par dévorer 100 % du revenus des Français, alors boum.

    Le système implosera.

    Ce sera autrement plus efficace que les « réformes » préconisées par la pseudo droite, ou les libéraux de salons.

    Nous ne voulons pas des « réformes ».

    Mais la mise à bas, la destruction totale de ce système mafieux. Ni plus, ni moins.

    • j’ose espérer que les français réagiront avant que 100% de leur revenus ne soit bouffés par les ceusses d’en haut ; sinon , c’est vraiment à désespérer de la population ; ce ne serait plus des veaux , mais des légumes flétris ;

      • La réalité rattrape ce gouvernement socialiste , autour de moi , les gens , qui ont du mal à régler leurs dépenses obligatoires , non évitables et qui augmentent régulièrement , comme les taxes aux CL , l’ir , les assurances , EDF , la société des eaux , la mutuelle , diminuent leur niveau de protection pour les mutuelles ( vive la CMU ) , changent d’assurance , se chauffent moins , mettent de moins bonnes lunettes , dé consomment pour le reste , cad que moins de taxes et d’impôts entrent pour faire tourner le léviathan qu’est l’état providence franchouillard …

        Les hauts taux tuent les totaux ou l’impôt tue l’impôt !!!

  • Quand on voit les économies forcées dérisoires sur le budget de la sécu, alors que le déficit des hôpitaux vient principalement de l’augmentation exponentielle du nombre d’administratifs, sans que la qualité des soins soit meilleure, on se dit qu’on n’est pas sortis de l’ornière.
    J’entendais que ma communauté de communes envisage de recruter pour instruire les permis de construire, parce qe ce travail ne sera plus fat par l’État via les DDE… donc on garde le personnel des DDE parce qu’il est invirable et on le remplace par de nouvelles embauches!
    On pourrait sans doute multiplier les exemples.

  • J’espère que les contribuables matraqués iront au delà de leur indignation légitime et chercheront à savoir à qui profite leur sur-imposition et pourquoi ?

    Lire Contrepoints peut les aider.
    Contribuables Associés est actif depuis des années.
    Nous Citoyens a tout juste un an.

    • bonsoir populo,l’ennui réside dans le fait que certains contribuables ,comme votre serviteur , retraités (n’ayant ma foi pas trop à se plaindre ) puisque assimilé cadres .Ces retraités là ne peuvent rien lorsque par exemple l’état augmente la CSG ,prélevée d’office ;à part aller la reprendre manu militari chez le percepteur ou encore se rembourser en dérobant (comme un quiconque Rom ) des matériaux dans les enceinte de l’état , braconner dans les forêts domaniales etc.. on ne voit pas bien comment protester ,partant il n’existent pas encore d’association ou de syndicat de vieux briscards hargneux de mon acabit ; prends ton fusil Grégoire ….ça va peut-être revenir ?

      • bonsoir,
        un retraité en bonne santé, ce que je vous souhaite, dispose de temps. Il apporte souvent son expérience à une association et en garanti très souvent sa pérennité.
        S’il sait faire communauté autour de bonnes idées, le politicien local ne tendra-t-il pas l’oreille ? Dans ma commune le Député-Maire, comme son prédécesseur est de toutes les manifestations de la société civile. Donc un club de vieux-contribuables pourquoi pas ? Qu’en dirait Contribuables associés ?

      • Avant de vous plaindre, répondez juste à la question suivante : pourquoi les retraités paieraient ils moins de CSG que les actifs ?

        • parceque l on a deja engraisse le systeme pendant 45ans eu bossant souvent 70 heures par semaines ..!!

          • Vous raisonnez comme si vous aviez capitalisé mais il serait temps que les français comprennent le système qu’ils utilisent, c’est un système de solidarité, vous cotisez à un instant T pour des gens qui ont besoin au même moment, vos 45 ans de cotisations passées n’existe plus depuis belle lurette.

            Donc soit on change tout le système en passant par une capitalisation et auquel cas nos générations futures pourront dire comme vous, soit tout le monde paie la même chose sur le principe de solidarité actuel. Ça suffit des privilèges et niches de toutes sortes.

  • Cc n’est-ce pas « tant et plus « de de Closets?si oui..j aurais ce livre depuis 30 ans!puree comme le temps passe!
    Ou son livre « tant et plus »est une suite a « toujours plus »..je me souviens y lire a propos de gabegies Pantagruelique celle ci,projet d’avion spatial Hermes,le seul projet eut un cout..astronomique!l’avion rafale longtemps non fiable et son cout de 500 milliards de francs..
    Un vieil instinct humain mene a la turpitude,demandait Hugo..

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Un article de l'IREF.

En janvier dernier, dans un entretien accordé au Journal du Dimanche, le ministre de l’Économie et des Finances, Bruno Le Maire, annonçait la fin du « quoi qu’il en coûte ».

L’examen parlementaire en cours des projets de loi de finances de fin de gestion pour 2023, et de loi de finances pour 2024 montrent à l’inverse que, loin d’être fini, le « quoi qu’il en coûte » se poursuit. Et ce en dépit d’un goulet d’étranglement appelé à se resserrer du fait de l’aggravation de la charge de la dette dans les prochai... Poursuivre la lecture

Un article de l'IREF.

En 2022, pour alimenter un fonds pour le climat et la transformation énergétique  – KTF – de 212 milliards d’euros, le gouvernement allemand avait puisé à due concurrence dans les réserves non utilisées d’un autre compte, constitué en 2021 pour contribuer à l’amortissement de l’impact du coronavirus. Mais celui-ci avait bénéficié d’une suspension des règles du « frein à l’endettement », en raison de la pandémie. Ce qui ne pouvait plus être le cas du fonds KTF.

La CDU/CSU, les conservateurs dans l’opposition... Poursuivre la lecture

Le Parlement examinera le budget de l’Etat jusqu’à Noël. Comme chaque année, à défaut de faire l’inventaire des impôts français et de débattre de leur opportunité, il ajoute, supprime ou modifie de nouvelles niches fiscales, exonérations ou encore exceptions à l’exonération. Ces débats techniques occupent toutes les pensées des parlementaires durant trois mois pendant lesquels il n’est jamais question de débattre de l’essentiel : les conditions du consentement à l’impôt sont-elles réunies ?

 

La France, championne de la pressi... Poursuivre la lecture
Voir plus d'articles