Renoir à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny

L’intérêt de l’exposition Renoir est de réunir un panorama, aussi intimiste sinon le plus inédit possible de ses œuvres.

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Renoir à la Fondation Pierre Gianadda à Martigny

Publié le 27 juillet 2014
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Par Francis Richard, depuis la Suisse

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Dans les rues de Lausanne, nul n’est censé ignorer l’exposition Renoir à la Fondation Pierre Gianadda. Une affiche représentant une Femme s’essuyant la jambe droite est en effet reproduite à de nombreux exemplaires à travers la ville…

Ce n’est pas la première fois que sont accrochées aux cimaises de la fondation martigneraine des peintures de Pierre-Auguste Renoir. Le fonds est inépuisable. Car il a peint des centaines de toiles qui se trouvent maintenant à travers le vaste monde, à Paris, Moscou, Sao Paulo ou New-York.

L’intérêt de l’actuelle exposition est « de réunir un panorama, aussi intimiste sinon le plus inédit possible de ses œuvres » : « Nombre d’entre elles ont rarement, sinon jamais, été exposées. Cet accrochage propose un retour à l’émotion que suscite le souvenir des toiles que notre mémoire conserve du plus charnel des impressionnistes, amoureux du féminin, de la grâce et de la volupté », écrit Léonard Gianadda dans le supplément au Nouvelliste du 17 juin 2014.

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Les enfants de Caillebotte, 1895

 

Pierre-Auguste Renoir a peint la chair de sa chair, c’est-à-dire ses fils, Pierre, Jean et Claude, mais aussi les enfants des autres, tels que les enfants de Martial Caillebotte. D’une manière générale, il était d’une grande patience avec les enfants et ne leur demandait d’être immobiles que quelques instants, leur permettant de bouger le reste du temps. Ces instants lui suffisaient pour en saisir toute la grâce enfantine. Ce qui frappe en regardant ces tableaux d’enfants, c’est qu’ils sont vêtus de belles étoffes. Renoir était, certes, d’une grande simplicité, mais, s’agissant d’enfants, rien n’était trop beau, semble-t-il, pour les magnifier.

Les moissonneurs, 1873
Les moissonneurs, 1873

 

Même les paysages qu’il a peints et qui ne sont pas du Sud (aux environs d’Essoye ou ailleurs) sont paisibles et lumineux. Il émane d’eux une grande sérénité et la lumière y fait sur les êtres et les choses de doux dégradés de couleurs. Pour sa part, il aimait les tableaux de paysages dans lesquels on a envie de se balader et il en avait fait un précepte qu’il appliquait scrupuleusement aux siens. Dans ces paysages, la plupart du temps, un être humain figure, ne serait-ce que de manière discrète, comme pour souligner que la nature n’est rien sans la présence de l’homme.

Son fils Jean raconte dans le livre qu’il lui a consacré, Pierre-Auguste Renoir, mon père, qu’il aimait à répéter cette sentence de Pascal : « Il n’y a qu’une chose qui intéresse l’homme, c’est l’homme. »

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Jeune fille au chapeau noir à fleurs rouges, vers 1890

 

Cet intérêt pour l’homme, dans l’acception d’homo, et non pas de vir, inclut bien évidemment la femme, pour laquelle il avait une dévotion qui jamais ne s’est démentie, jusqu’à la fin de ses jours. Habillée ou nue, la femme est sensuelle sous son pinceau. Lequel lui donne vie en lui prodiguant de voluptueuses caresses, comme s’il lui passait la main sur le téton ou dans le dos… Les plus menues d’entre les femmes qu’il représente ont des formes avantageuses, des courbes pulpeuses. On connaît ce qu’il dit de leurs seins : « S’il n’y avait pas eu de tétons, je crois que je n’aurais jamais fait de figures. » Et de la peau des jeunes filles (il ne parle délibérément pas de leur chair) : « Ce que j’aime, c’est la peau, une peau de jeune fille, rosée, et laissant deviner une heureuse circulation. » Et toutes les femmes de Renoir se ressemblent, comme des sœurs…

Les doutes n’ont pas épargné Renoir. Et, à la fin de sa vie, la maladie non plus. Et pourtant, cela ne se ressent pas dans son œuvre, où il a fini par être complètement lui-même. Sans doute parce qu’il savait se créer un monde intérieur dans les vicissitudes.

renoir-renoirEn fait, Renoir était foncièrement aimable comme devait l’être pour lui un tableau, qui, de surcroît, devait être une chose « joyeuse et jolie, oui jolie ! » : « Il y a assez de choses embêtantes dans la vie pour que nous n’en fabriquions pas encore d’autres. »

Aussi le meilleur remède à la morosité n’est-il pas de voir ses œuvres quand elles sont exposées quelque part ou de lire, ou relire, le livre que son fils Jean lui a consacré, à lui qui se disait « ouvrier de la peinture », qui ne voulait surtout pas délivrer de message et qui ne se prenait pas pour un génie : « Moi, du génie ? Quelle blague. Je ne prends pas de drogues, n’ai jamais eu la syphilis et ne suis pas pédéraste ! Alors ? »

Il ne pourrait plus dire ça aujourd’hui… À tous points de vue…

— Renoir, Fondation Pierre Gianadda, Martigny, Suisse, jusqu’au 23 novembre 2014, tous les jours de 9 h à 19h.


Sur le web.

Voir les commentaires (3)

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Créer un compte Tous les commentaires (3)
  • Merci, je fais confiance aux choix de la fondation Gianadda, tjs surprise de découvrir une nouvelle expo chaque été, un vrai plaisir ( en plus du chemin pour y aller)!

  • Ah Renoir! attention quand même: la ( troisième ) photo du paysage est une exagération effrayante du « flou impressionniste » …

    Gianadda en marge de tous les commissaires d’exposition bardés de diplômes de philo et lettres, comme ingénieur issu d’une famille d’entrepreneurs de TP italiens en Suisse, a su en tout cas se forger une réputation de faiseur d’exposition incomparable dans le monde. Je lance un pavé dans la marre libérale tiens: à côté de lui, les Saatchi Gagosian etc… bien que plus riches sans doute, peuvent aller se rhabiller.

  • Très belle exposition précédée par la conférence de madame de Wolf passionée comme toujours . Le parc est magnifique avec les couleurs d’automne . Visite trop courte mais nous reviendrons car Annecy est relativement proche .

  • Les commentaires sont fermés.

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