Par Francis Richard
Il y a plusieurs formes de tourismes sur la planète Terre. Le guide d’Isabelle Alexandrine Bourgeois n’est en tout cas pas destiné aux adeptes du tourisme de masse ou des voyages organisés – les prix s’en ressentent, même s’il y a un large éventail de tarifs. Il s’adresse à ceux “qui ont l’élan de servir de belles causes tout en se faisant immensément plaisir”, et qui connaîtront donc immanquablement des temps forts.
L’auteur a regroupé ses 42 voyages extraordinaires et solidaires dans le monde en quatre thèmes : les hommes, l’environnement, les animaux, l’insolite. Il y en a donc pour toutes les sensibilités et la lecture du guide, illustré de très belles photos et de très belles citations, ne peut qu’enchanter le lecteur.
Les grands voyages ont ceci de merveilleux que leur enchantement commence avant le départ même.
— Joseph Kessel
Comme j’ai fait mienne la sentence de Térence, “Je suis un homme et rien de ce qui est humain ne m’est étranger”, je me réjouis qu’elle soit citée dans ce guide, que près de la moitié de ces voyages – dix-neuf sur quarante-deux – relèvent du premier thème et qu’ils aient pour destinations des pays dans lesquels il est possible d’apporter de l’aide concrète à des êtres humains en situation souvent précaire sans passer par des circuits étatiques.
Les voyages du premier thème s’adressent donc à ceux qui ont l’âme altruiste et qui veulent être solidaires non pas en demandant aux autres de bourse délier à leur place mais en le faisant eux-mêmes de leur plein gré – une part du prix versé au voyagiste est affectée au financement de projets précis – et en mettant la main à la tâche dans les lieux d’accueil, qui se trouvent sur les quatre continents américain, européen, africain et asiatique.
Les mots de responsable, d’équitable (je ne suis pas convaincu que le seul commerce éponyme se fasse directement, sans intermédiaire, avec le producteur), de volontaire trouveront un écho chez eux. Mais les mots qui leur parleront peut-être le plus seront ceux de rencontre (“Celui qui diffère de moi, loin de me léser, m’enrichit” disait Antoine de Saint-Exupéry), d’échange (ils offriront et ils recevront) et de respect des autres, en adoptant ce que l’auteur appelle une “positive attitude”.
Les onze destinations du deuxième thème se situent pour moitié en France et en Suisse : il n’est pas besoin de voyager loin pour se sensibiliser ou être sensible à l’environnement… Dans le Nord vaudois, une particularité a attiré mon attention parce qu’elle correspond à la philosophie de l’homme qui est mienne, c’est-à-dire faire confiance à l’homme a priori : la vente de produits de terroir s’y fait en libre-service, “sans encaissement de main à main ni caméra de surveillance”…
Les cinq voyages du troisième thème intéresseront ceux qui souhaitent sauvegarder ou protéger des espèces d’animaux en voie de disparition ou menacées : gibbon Hoolok en Inde, tortues vertes aux Comores, baleines et dauphins en Méditerranée ou en Mer Rouge, éléphanteaux orphelins au Kenya.
Les amateurs d’insolite ont six propositions de voyages à leur disposition dans ce guide, que je laisse le soin au lecteur de découvrir, en ne lui en donnant que des mots-clés : écovillage, sans-abri, mafia, revenants, aide humanitaire à cheval, raffinement nippon.
Le 42ème et dernier voyage consiste à accompagner le pianiste Marc Vella et son piano à queue dans une des pérégrinations de sa Caravane Amoureuse : ce printemps, il s’est rendu pendant deux semaines en Tunisie, où, comme les autres fois, il a mis en avant “le cœur de l’homme, patrimoine de l’humanité”.
Parmi les très belles citations de ce guide singulier, je terminerai par celle de Michel Déon, qui me parle, parce que je l’ai mise en application à chacun de mes voyages :
Pour bien aimer un pays il faut le manger, le boire et l’entendre chanter.
— Isabelle Alexandrine Bourgeois, 42 voyages extraordinaires et solidaires dans le monde, Éditions Favre, 2014, 320 pages.
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Sur le web.
Merci pour cet article qui m’a donné envie de partir avec le livre sous le bras.
Serais-je surpris ?
Un livre ‘écologique’ qui ne fais pas dans la peur, la manipulation et la dissimulation ?
Un Livre qui ne vante pas la culpabilité humaine pour nous faire accepter de payer pour les autres?
Un livre qui prône l’effort de soi pour aller vers les autres ?
Un tel livre existe-t-il ?
Serais-je surpris ?
Je vais le lire.
Merci bien de cet article.
Il redore ma foi en l’homme.