Poutine rafle-t-il la mise en Ukraine ? 5 raisons le prouvent

Beaucoup de commentateurs ont offert une interprétation optimiste des événements ukrainiens. Pourtant, Vladimir Poutine a gagné gros.

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Drapeaux ukraine (Crédits Vladimir Yaitskiy, licence Creative Commons)

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Poutine rafle-t-il la mise en Ukraine ? 5 raisons le prouvent

Publié le 7 juillet 2014
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Par Alex Korbel.

Drapeaux russe ukrainien américain et européen (Crédits maistora, licence Creative Common)
Drapeaux russe ukrainien américain et européen

Qui gagne la bataille en Ukraine ? Malgré des signaux continus de graves difficultés dans les provinces orientales de l’Ukraine, beaucoup de commentateurs ont récemment offert une interprétation résolument optimiste des événements qui s’y déroulent. Le président américain Barack Obama est l’un de ceux-là, ayant qualifié la réponse occidentale à la crise ukrainienne comme « un exemple éloquent de diplomatie multilatérale couronnée de succès ».

Il y a un peu de vrai dans ces interprétations optimistes. Oui, la Russie a payé le prix de ses actions récentes. Oui, cet État oriental ne représente plus une menace géopolitique majeure.

Mais ce qui ressort de cette crise est que Vladimir Poutine serait prêt à faire payer à la société russe un prix important pour protéger les intérêts de l’État russe.

Revenons sur les cinq cartes que Vladimir Poutine a empochées au cours des six derniers mois.

1. L’OTAN ne s’élargira plus

Tout d’abord, il a mis un coup d’arrêt – et pour longtemps – à toute idée de nouvelle expansion de l’OTAN. L’État russe s’est opposé à la marche de l’OTAN vers l’est depuis le milieu des années 1990 mais n’a jamais été en mesure d’y mettre le frein. La courte guerre de 2008 entre la Russie et la Géorgie a été la première tentative de Moscou de tracer une ligne rouge.

Cette fois, la crise ukrainienne démontre que toute tentative future de faire entrer l’Ukraine dans l’OTAN ou dans l’Union européenne fera face à une opposition ferme de la part de l’État russe et conduira probablement au démembrement du pays considéré.

Première carte empochée : l’expansion de l’OTAN est gelée.

2. La Crimée et les ressources de la mer Noire seront russes

Deuxièmement, Moscou a pris le contrôle de la Crimée. Cette prise a entraîné certains coûts à court terme (y compris de légères sanctions économiques), mais elle a cimenté le contrôle russe sur la base navale de Sébastopol et permettra à la Russie de revendiquer les réserves de pétrole et de gaz de la mer Noire, estimées à plusieurs milliards d’euros.

Les États-Unis et l’Europe tenteront de bloquer l’exploitation de ces réserves par l’État russe mais seront susceptibles de lever le pied une fois la situation ukrainienne stabilisée. Et concrètement, si la Russie décide finalement de commencer l’exploitation de ces zones, peut-on imaginer les États-Unis envoyer la 6ème flotte pour l’arrêter ? Non.

Deuxième carte empochée : la Crimée et les réserves énergétiques de la mer Noire.

3. L’Ukraine reprend sa place « d’entre-deux »

Troisièmement, Moscou a rappelé aux dirigeants ukrainiens qu’elle a plusieurs façons de rendre leur vie impossible.

Peu importe leurs propres inclinations, il est dans leur intérêt de maintenir une relation cordiale avec Moscou. Le nouveau président ukrainien semble avoir bien reçu le message. Depuis sa prise de fonction, il a clairement fait savoir qu’il veut approfondir les liens économiques entre l’Ukraine et l’Europe – ce qui est essentiel pour espérer réformer une économie ukrainienne en situation alarmante – mais qu’il a également l’intention d’améliorer les relations du pays avec la Russie.

Troisième carte empochée : l’Ukraine ne choisira plus un camp aux dépens de l’autre.

4. Le front européen de la Russie ne se réarme pas

Quatrièmement, l’appel à « faire revivre » l’OTAN est un vœu pieux, si ce n’est de la pure fiction. Certes, l’alliance atlantique a fait déployer quelques avions de guerre à l’est pour rassurer ses membres baltes et Washington s’est fendu des déclarations habituelles promettant une aide militaire à la Pologne.

Mais ce qu’il faut retenir de cette crise est que l’élargissement de l’OTAN n’a jamais été basé sur des calculs d’intérêts et de capacité : les États-Unis et leurs alliés ont tout simplement supposé que l’article 5 les engageant à défendre les membres de l’OTAN n’aurait jamais à être honoré.

Qu’en est-il des discussions européennes sur l’augmentation des dépenses de défense ? Elles n’empêcheront pas Vladimir Poutine de dormir. Les membres européens de l’OTAN parlent depuis des années d’améliorer leurs capacités de défense, mais le niveau des dépenses réelles a diminué de façon constante.

Quatrième carte empochée : ni l’OTAN ni l’Europe ne se préparent à combattre.

5. L’accord énergétique avec la Chine est profitable pour l’État russe

La Russie a signé un contrat gazier avec la Chine portant sur 400 milliards de dollars sur 30 ans. Ne croyez pas ceux qui prétendent que cet accord est mauvais pour Moscou : le prix que la Chine a accepté de payer est certes légèrement inférieur à celui que la Russie applique à ses clients européens, mais il est plus du double du prix payé par la Communauté des États indépendants et permettra à Gazprom d’engranger un joli profit.

Plus important encore, l’accord renforce les relations économiques sino-russes et diversifie la clientèle de Gazprom, ce qui lui permettra de faire pression pour négocier avec d’autres clients.

Dernière carte empochée : l’accord énergétique avec la Chine assure à Moscou des rentrées financières sur 30 ans.

Conclusion

Les manœuvres de Moscou ressemblent à un échec si vous croyez que leur but était de recréer l’Union soviétique. En revanche, si vous pensez que leur objectif était de maintenir l’Ukraine en dehors de la « sphère d’influence » américaine en Europe, tout démontre que Poutine a géré cette crise de manière adroite.

Il est temps pour le président russe de jouer l’accalmie maintenant qu’il a raflé à peu près tout ce qu’il pouvait raisonnablement empocher.


Article publié également sur 24hgold.com.

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  • si l’intélligence et la finesse de poutine peut nous éviter une guerre voulu par les usa , alors remercions poutine ;

    • Le seul qui crée les guerres ici c’est Poutine,Géorgie,Ukraine,Syrie et en juste 6 ans,joli palmarés

      • La médaille d’or revient aux USA: Irak, Afghanistan, Libye. Poutine fait guignol avec la Géorgie et l’Ukraine.
        Ce sont les USA qui créent les guerres, suffit de regarder leur CV.

      • Après il ne faut oublier non plus que la rhétorique et la logique géopolitique des derniers gouvernements des États-Unis ont été assez cyniques, de surcroît leur soutien direct ou indirect à la société civile est à deux vitesses selon les intérêts économiques potentiels.

        Mais il faut quand même parfois avouer que s’ils n’étaient pas là (même à intervenir cyniquement) ça ne serait pas l’ONU qui ferait grand-chose avec son droit international gnangnan et son conseil de sécurité dont des membres permanents sont des représentants de dictature, ce qui permet surtout l’attentisme et le maintien des despotes.

        Les superstructures intriquent rarement les intérêts étatiques, et contribuent rarement à la baisse de leurs velléités.
        Le constructivisme c’est sutout de l’argent du contribuable qui part en fumée pour des résultats moyens.

        Je ne suis pas sûr que le monde serait plus en paix si les États-Unis n’étaient pas intervenus militairement depuis des décennies.
        Puis comme on dit : Si vis pacem, para bellum.

    • Oui, tout à fait.

      Il me semble qu’il y a plus de bon sens chez Poutine que chez la plupart des dirigeants américains ou européens.

  • peut-etre aussi,la volonté de commencer à mettre fin au dollar comme monnaie d’échange internationalement reconnue…reste à savoir s’il s’agit d’une partie d’échecs ou de go(bien que celà renvoie toujours à un monde bipolaire qui semble etre defunt depuis le 09/11)

    • De toute façon le dollar est voué à perdre son statut de monnaie internationale en raison du dilemme de Triffin.

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Dilemme_de_Triffin

      • Ce dilemne est-il bien sérieux ?

        Rien n’empêche les agents économiques de l’état qui contrôle la monnaie de référence d’investir massivement à l’étranger. Ce n’est pas un signal de faiblesse et donc n’a pas de raison en soi de miner la crédibilité de cette état.

        En revanche si cette expansion monétaire sert à financer des guerres et des bulles spéculatives domestiques, les détenteurs de cette monnaie peuvent légitimement se poser des questions.

  • Il est bien dommage que Porcinet n’ait pas l’intelligence stratégique se Poutine.

  • 6. Les Etats-Unis vont devoir accepter (on n’ose dire : « comprendre ») qu’on peut s’assoir sur le droit international, mais qu’il y a certaines limites.

    Et ça, c’est un cadeau pour le monde entier.

  • Cet article semble porter un regard bienveillant sur Poutine qui n’est rien d’autre qu’un autocrate faisant fi des libertés.

    A long terme, la Russie court à l’échec. Son économie ne dépend que des ressources naturelles alors qu’avec plus de liberté, un vrai tissu économique pourrait se développer. Mais le tsarisme et le soviétisme ont la vie dure…

    Sur la politique extérieure, c’est la même chose: les mêmes vieux réflexes impériaux. La Russie et l’URSS ont toujours financé leurs expansions impériales. On retombe aujourd’hui dans le même travers: la Russie paye son extension (gaz, pensions, etc.). Alors qu’elle pourrait étendre fortement sa zone d’influence sur base de liberté et d’idendité (identité slave, identité orthodoxe…).

    Donc, en choisissant la restriction des libertés, Poutine peut imposer sa volonté à court-terme mais à long-terme, l’échec est assuré…

    • Je ne comprends pas grand chose en politique internationale mais j’ai l’impression que pour l’Ukraine, les enjeux sont plus de l’ordre de la guerre avec les USA, alors que vous, vous évoquez le développement de la Russie, seule. Donc je ne vois pas bien le lien…

      • L’extrême droite n’y connait jamais rien dans ce domaine,ça c’est sûre.Les autocrates sont des pourritures.Nos dirigeants aussi,mais au moins ils n’envahissent pas les pays voisins.

        • Envahir un pays n’est pas forcément une mauvaise chose pour le pays. Il me semble par exemple que les pays envahis par Rome n’ont pas eu à le regretter.

          inversement, pas besoin d’envahir un pays pour le détruire, cf. la France vs la Libye ou les USA vs l’Irak ces dernières années.

        • Perso, la Suisse envahissant la France, j’applaudis des deux mains… Hélas, ça ne les intéresse pas trop, ces hordes de fonctionnaires, de quémandeurs d’aides et autres parasites très abondants en France.

    • Enfin un commentaire intelligent.
      Les commentaires des mecs d’extrême droite et pas libéraux pour un sou .deviennent agaçants

    • On voit bien aujourd’hui qu’il importe finalement assez peu d’élire nos représentants démocratiquement. Au final c’est la volonté de l’élu : les nôtres trichent, ne cherchent qu’à se remplir les poches le temps que ça dure et après eux le déluge.
      Poutine, tout petit tyran qu’il est, prévoit de rester en place et n’a aucun intérêt à ne laisser que des cendres derrière lui. Il est insupportable probablement, mais efficace tout de même. On aura bien avancé quand nous pourrons en dire autant …

      • Si détruire une économie et distribuer la richesse à ses copains est vu comme un signe d’efficacité on ira pas loin.

        • Poutine est chez lui, les nôtres sont en location.
          Je ne l’encense pas, au contraire, je constate seulement qu’il peut se permettre de tenir tête à l’OTAN, de s’en tirer pas trop mal, et qu’au moins il s’agit d’intérêts russes.
          C’est toujours mieux que ce qui ce pratique ici en général. Entre nos « alliés » qui nous espionnent et nos mecs sous-équipés qui vont se faire buter pour du vent …

        • « Si détruire une économie et distribuer la richesse à ses copains est vu comme un signe d’efficacité on ira pas loin. »

          Bon, et maintenant qu’on sait que ni la Russie ni l’UE n’iront loin, que fait-on ?

    • Je n’ai vu aucun regard bienveillant, uniquemement des faits et leur interprétation par l’auteur. Je serais bien embêté de pronostiquer son sentiment vis a vis de Poutine…

  • Ukraine va vers l’Europe.Poutine a perdu l’Ukraine pour avoir la Crimée.
    Avec la crimée en moins la base pro-russe a été amputée et les Ukrainiens auront une influence renforcée au gouvernement.Poutine a perdu sur le long terme.
    De plus la Russie a détruit l’image moderne qu’elle souhaitait faire passer et est vue comme un Etat rétrograde.
    Article qui échoue à voir le long terme,et je parle même pas de l’économie,sacagée par Poutine depuis son retour et qui limitera la puissance russe à long terme.

    • Sabor(dage?) vous êtes un pur adepte du babelage peu productif.
      Opinions emplies d’un parti-pris, sans cette « vision » dont vous reprochez à d’autres de manquer !
      Les accords commerciaux décidés par l’U.E. juste après l’élection constituent une simple trainée de ce qui se discutait AVANT, un train d’échanges où il n’y a pas de marche arrière dans le véhicule mental. Rien n’empêchant d’ailleurs (OMC & Co) un libre échangisme en dépit des manoeuvres géopoliticiennes !

    • « De plus la Russie a détruit l’image moderne qu’elle souhaitait faire passer et est vue comme un Etat rétrograde. »

      En effet, voilà qui doit empêcher ce cher Wladimir de dormir. C’est vrai, c’est ballot d’écorner son image, c’est si facile à détruire et si long à construire. Long, mais pas impossible. Dans quelques mois tout le barouf médiatique sur l’Ukraine sera oublié. De toutes façons l’électeur américain de base se contrefout de l’Ukraine et Sébastopol est une ville de Californie.

    • Poutine a perdu l’Ukraine de l’ouest et du centre, la belle affaire ! Il a refilé ses mendiants à l’UE. La partie pro-russe va continuer à commercer et échanger avec la Russie, la ligne de démarcation est stabilisée au milieu de l’Ukraine pour longtemps et ça ne lui a rien coûté. Pour qu’il ait perdu quelque chose, il faudrait que quelqu’un ait gagné.

  • article très pro-Poutine

    Poutine a quand même perdu pour longtemps l’Ukraine et les ukrainiens qu’il essayait de conserver par tous les moyens dans sa sphère d’influence : avec les événements récents, ça va être dur de renouer les liens avec les ukrainiens… il a sauve son image pour son opinion nationale en prenant par la force la Crimée mais a écorné l’image internationale de la Russie… dommage que son nombrilisme nerveux l’empêche de fournir une belle opposition a l’ingérence maladive des USA… le jour ou la Russie produira moins de pétrole, ça va devenir plus difficile pour lui…

    • BRAVO vous êtes le vainqueur du concours « jedirèmèmplus » financé par Dupond & Dupont…
      Vous êtes le centième commentateur de cet article à exprimer la même idée tout en y changeant très vaguement quelque mots.

  • Pour ceux qui veulent en savoir plus sur l’importance géostratégique de l’Ukraine (CaspianReport) : http://www.youtube.com/watch?v=v6jHhzj08yQ

  • Je lis dans ce billet un texte de propagande qui semble écrit à l’Ecole de la Forêt ! L’analyse est moins enthousiasmante.
    Notons que la Fédération de Russie a annexé deux entités parfaitement séparées en droit : la métropole de Sébastopol est devenue la troisième ville fédérale de Russie (après Moscou et St Pétersbourg); ce qui signale à tous qu’elle ne puisse être en aucun cas rétrocédée ; et le reste de la presqu’île de Crimée.

    Ce reste va poser problème en soi, le pays est désolé sans eau douce ni productions, et coupé de la Russie continentale par le détroit de Kertch dont le pont envisagé par Medvedev est déjà un casse-tête hors de prix. Pour le moment la Crimée est occupée par 150000 réfugiés russes du Donbass.
    Heureusement qu’il y a des gisements pétroliers offshore et que des compagnies occidentales viendront les exploiter.

    L’accord sino-russe est un bon accord, c’est parfaitement vrai, mais il faudra tirer le gazoduc jusqu’au centre de la Chine, en traversant une région instable, le Xinjiang des Ouïghours, et certainement renégocier le volet livraisons avec les Chinois quand il sera posé.

    Sur la question de l’OTAN, il y aurait beaucoup à dire, mais il m’étonnerait que le Shape veuille actionner l’article 5 sur un pays au contact de la Russie, sauf en Mer baltique où c’est facile. A suivre.

    • …tandis que le rattachement à une Europe fauchée ouvrirait des perspectives formidables aux Ukrainiens ? On a l’impression à lire les commentaires que l’essentiel est de contrarier Poutine, parce que c’est un personnage peu recommandable. Comme il l’a compris, il s’arrange pour perdre la réputation qu’il n’a jamais eue et qui ne lui rapporte rien, et gagner ce qui compte pour lui : la Crimée et le soutien des russophiles qui craignent de se trouver marginalisés aux frontières de l’Empire.

  • Article original. Je ne serai pas aussi optimiste en ce qui concerne les gains cités. Quant à la plupart des commentaires, ils reflètent bien l’incompréhension d’esprits binaires vis à vis d’un jeu extrêmement compliqué où les deux seuls compétiteurs conscients des enjeux sont l’Empire et la Russie en la personne de Poutine. Je décerne un pompon d’honneur à Sabor.

  • Ca me paraît un peu tiré par les cheveux, ce raisonnement. L’Ukraine a été l’occasion pour Poutine de taper du point sur la table et d’annexer la Crimée (ce qui apparaît plus comme une mesure de sauvegarde au cas où la crise aurait mal tournée), mais cela s’est avéré coûteux en termes économiques et en termes d’images, puisque le bénéfice des Jeux de Sotchi -chèrement acquis- a été immédiatement dilapidé.
    Le coup d’arrêt porté à l’expansion de l’OTAN me paraît douteux. D’abord il n’en était pas question en ce qui concerne l’Ukraine. Ensuite, et alors que la déstabilisation de l’Ukraine a été limitée (les « rebelles » ont vraisemblablement été laissés à leurs sort et privé de tout soutien depuis plusieurs semaines), rien n’a été signé, aucun engagement n’a été pris, et les pays qui se sentent menacés par la Russie s’en sont plutôt trouvés renforcés dans leur détermination à rejoindre le camp atlantique. Camp atlantique dont l’influence s’étend par ailleurs, on le verra prochainement avec la très probable confirmation de l’emprise de Londres et Varsovie sur la diplomatie européenne (prix le plus évident que devra payer la chancelière allemande pour s’assurer de la solidarité de ses alliés face au front de l’Europe du Sud qui tente de se constituer). Bref, la stratégie d’entrisme qu’à tentée Poutine en soutenant certains éléments nationalistes en Europe (qui rappelle un certain Mouammar K. soutenant un certain Nicolas S.) a largement échoué, puisque ces derniers ont été prestement isolés au sein des institutions européennes. In fine, cette stratégie aura surtout contribué à affaiblir la France, qui était pourtant loin d’être le pays le plus hostile à la Russie ces derniers mois.

    Enfin, et surtout, Poutine n’a pas atteint ce qui était son principal objectif dans cette affaire, à savoir bloquer l’accord d’association entre l’UE et l’Ukraine. Même s’il obtient une forme de fédéralisation de l’Ukraine, il ne pourra empêcher l’Est de l’Ukraine, économiquement intégrée à la Russie, de s’ouvrir au commerce européen et donc de constituer une forme de porte dérobée pour accéder au marché intérieur russe.

    Dans ces conditions, l’expression « rafler la mise » paraît hors de propos. « Sauver les meubles » serait plus adéquat.

  • je ne me fais pas de souci pour poutine ,lui il sait ou il va ,et chez lui il n’est pas a 3% dans les sondages .
    le bouffi 3% et encore ,pourvu que l’on ai pas sondé des morts.

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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