Don de RTT : l’idée qui irrite les collectivistes

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François Rebsamen (Crédits Mathieu Delmestre-Solfé Communications, licence Creative Commons)

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Don de RTT : l’idée qui irrite les collectivistes

Publié le 5 mai 2014
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Il y a quelques jours était adoptée au Sénat une loi permettant à des salariés de faire don de leurs journées de repos à l’un de leur collègue dont l’enfant est gravement malade. L’histoire de cette loi et les votes qui l’ont accompagnée en disent très long sur le mode de pensée particulièrement délétère qui anime certains de nos élus.

L’histoire commence en 2010. Christophe et Lydie Germain ont un enfant qui, à neuf ans, est diagnostiqué pour un cancer du foie. Son père, à l’annonce de la maladie, se met en arrêt maladie pour accompagner Mathys dans son traitement. Magie d’une assurance santé compréhensive et louée pour son humanisme : trois mois plus tard, il est convoqué par la Sécurité Sociale qui le somme de reprendre le travail sous peine de perdre ses droits à l’indemnisation : il n’a pas le droit de se mettre en arrêt ainsi. Retournant donc travailler alors que son fils est souffrant, ses collègues, découvrant l’ampleur du problème, proposent de donner leurs jours de RTT pour qu’il puisse reprendre congé et accompagner son enfant jusqu’à son décès, fin 2012.

Mais voilà : ce qu’une entreprise et un groupe d’individus se sont autorisé, pour aider un père et son fils, ce que l’État n’a pas formellement interdit, la loi ne l’a pas encadré non plus. Jusque là, il est textuellement précisé que les congés sont strictement personnels et que toute initiative dépend donc du bon vouloir de l’employeur (qui pourrait, éventuellement, être un gros salopard, ne l’oublions pas, nous sommes en France, après tout). Immédiatement, il s’est alors agi de légiférer bien vite, des fois que les gens deviennent bêtement autonomes et s’autorisent ainsi des choses comme s’aider sans que tout ceci soit bien balisé par de longs textes. Rappelons que ces transferts, réalisés sur une base exclusivement volontaire, et en accord entre individus adultes et responsables, ne lèsent personne, pas même l’entreprise.

Loi il fallait ? Loi fut écrite, déposée et débattue à l’Assemblée. La loi a été adoptée le 25 janvier 2012, puis mise en suspend le temps que Sarkozy se fasse jeter, que Hollande s’installe, merdoie comme un beau diable et change finalement de premier ministre après deux ans d’atermoiements ridicules sans rapport avec cette loi mais tout de même. Et finalement, voilà notre loi présentée aux sénateurs.

Ils adopteront finalement la loi mercredi dernier, le 30 avril, youpi.

C’est un youpi modéré à deux titres.

C’est tout de même un youpi, puisque cette loi permet de s’en réclamer lorsque de telles pratiques seront mises en place dans une entreprise afin qu’un parent puisse accompagner son enfant plus facilement en bénéficiant de la charité de ses collègues. Indéniablement, ceci est un vrai plus.

Mais je le modère puisqu’en réalité, en encadrant ainsi l’utilisation du don de RTT, la loi exclut immanquablement certaines situations du champ d’application. On peut être sûr que la réalité, toujours plus inventive que le législateur, saura nous proposer l’un ou l’autre cas tordu et lacrymogène qui ne rentrera pas dans la bonne case législative, et qui aboutira probablement à plus d’emmerdements pour les parties prenantes qu’une absence de loi n’aurait entraîné en premier lieu. En effet, rien n’interdit d’imaginer que le flou pouvait plus souvent qu’à son tour bénéficier au salarié (non, il n’y a que dans l’esprit malade de certains syndicalistes, inspecteurs du travail ou élus communistes que tous les patrons sont des raclures ; la réalité est bien évidemment plus nuancée).

En outre, le youpi est largement modéré par la façon dont le vote au Sénat s’est déroulé. On apprend, aussi surpris que consterné, que le vote n’a pas recueilli l’unanimité. Oui, vous avez bien lu : il y a des élus qui se sont ouvertement opposés à ce « don de RTT » bien qu’ayant pris connaissance du contexte dans lequel il est proposé.

watrin n'aime pas trop trop la charité

Chose bien plus significative encore : ceux qui se sont opposés sont communistes, et ceux qui se sont abstenus de tout soutien sont socialistes. Ce n’est pas un hasard, c’est même parfaitement symptomatique.

La raison évoquée par les paléo-marxistes repose sur l’un de ces raisonnements parfaitement absurdes et les habituels sophismes agaçants de stupidité dont les collectivistes se barbouillent pour camoufler leur haine mal contenue de la liberté individuelle. Pour eux, il n’était pas question de valider une telle proposition puisque le don de RTT ne sera valable que dans les grandes entreprises, les petites ne permettant pas la collecte de suffisamment de RTT pour avoir un impact.

Vous avez bien compris : il faut s’opposer à une facilité parce que les petites entreprises n’ont pas la possibilité d’en profiter. Notez que ces dernières n’ont pas la possibilité de participer à certains appels d’offres d’administrations publiques, mais ça ne gêne pas le coco de base. Notez qu’elles ne peuvent pas offrir les mêmes facilités que le CE de la RATP ou de GDF, mais là encore, le turbocommuniste s’en tamponne. En revanche, lorsqu’il s’agit pour les salariés et le patron de s’entendre entre eux pour organiser leur propre solidarité, là, immédiatement, l’avant-garde et l’arrière-garde marxistes poussiéreuses se dressent comme un seul guignol pour crier leur opposition.

Ainsi, pour Dominique Watrin, ce grand humaniste communistoïde qui, tout sénateur qu’il est, n’aura jamais à se battre pour des RTT en cas de maladie d’un proche, estime-t-il que, je cite :

« Le cas des actifs qui s’occupent de proches malades est un problème politique de fond, et non une question de charité. Si on s’engage dans cette voie, on nous dira demain que c’est aussi aux collègues d’offrir leurs congés aux aidants familiaux, par exemple. »

Ah, que voilà bel argument de la pente glissante ! Ce n’est pas une question de charité parce que si jamais on commence à laisser les gens se faire la charité entre eux, qui nous dit que demain ils ne voudront pas les mêmes facilités pour les « aidants familiaux » ? Notez qu’ici, il n’est même pas fait mention du caractère parfaitement bénévole des dons en question : pour le paléo-communiste, le fait d’accepter ce début de charité libre risque d’entraîner, plus tard, des demandes de plus en plus pressantes, voire une obligation.

Véritablement, dans la bouche des collectivistes, s’offusquer d’une hypothétique obligation et d’une éventuelle coercition, c’est du grand art dans la catégorie du foutage de gueule en cinémascope, eux qui se sont empressés, à la libération, de verrouiller complètement le système social en imposant, par la force, la retraite par répartition (avec les catastrophes qu’on observe actuellement) ou ce système d’assurance maladie que le monde, bizarrement, ne nous envie pas plus qu’il ne nous le copie.

Quant à Rebsamen, socialiste assumé, il nous fournit son fumeux point de vue de multi-cumulard actuellement en charge du travail au gouvernement (oui, il ne doit pas être débordé, ça lui laisse le temps de pérorer sur les dons de RTT) :

« Il ne s’agit pas de briser les élans de solidarité. Mais j’émets de fortes réserves sur le texte : les jours de repos répondent à un impératif de protection de la santé des salariés et le congé n’est pas un capital ou un patrimoine. »

Autrement dit : le don de congés n’est pas bon pour la santé, et vous ne pouvez pas donner vos jours de RTT (dont tout le monde se passait très bien avant l’introduction des 35H) parce qu’ils n’existent pas pour de vrai, tout ça, voilà voilà, pouf pouf.

rebsamen contre les dons de RTT

Comme on peut le voir, entre la recherche d’une égalité chimérique et parfaitement néfaste entre les salariés, afin de bouter hors de France toute charité indépendante de l’État, et les considérations consternantes sur la santé des travailleurs qui se priveraient ainsi d’une bonne occasion de se reposer de leurs épuisantes semaines de 35H, il n’y a pas vraiment besoin de chercher longtemps pour trouver des raisons idiotes de s’opposer bêtement.

Mais surtout, comment ne pas comprendre qu’encore une fois, une partie, fossilisée, de nos élus cherche encore et toujours à imprimer sa marque, aussi nauséabonde soit-elle, dans chaque petit aspect de la vie de ses concitoyens qui n’ont alors plus aucune marge de manœuvre ou d’autonomie personnelle.

La solidarité, imposée, régulée par l’État, c’est bien. La charité, individuelle, spontanée, décidément, c’est mal.

Bienvenue en France.

—-
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  • C’est effectivement tristement symptomatique du socialisme, et aussi, du positivisme. Légiférer, toujours plus, socialiser, encore et encore, et bientôt la société sera parfaite. Mais si elle ne l’est pas encore, c’est qu’une loi a surement été oubliée, ou qu’il existe encore des clampins pour prendre des initiatives sans attendre l’avis, l’accord et la bénédiction des grands prêtres de l’assemblée nationale et des princes des palais républicains.

  • Ce qui a de désesperant, dans les débats à l’Assemblée et au Sénat sur ce texte, c’est que beaucoup – dont Rebsamen – se sont posés la question de l’utilité d’une loi dans le domaine… mais la votent quand même…

    Autre extrait effrayant :
    « Je ne trouve pas souhaitable que la solidarité résulte de l’assemblage de dons individuels, de jours de congés en l’occurrence ; elle est d’abord collective et mutualisée : c’est la seule qui ne soit pas aléatoire. Si l’on y réfléchit plus avant, la mise en œuvre concrète de ce genre de dons serait nécessairement imparfaite et risquerait d’être inégale entre salariés, selon le mode d’aménagement du temps de travail –nombre de parlementaires sont opposés aux RTT, ce régime peut donc être amené à évoluer –, les durées différentes des congés, la taille de l’entreprise ou le pouvoir décisionnaire de l’employeur.
    Je mesure combien ce que je suis en train de dire pourra sembler iconoclaste à l’extérieur de cet hémicycle, mais je suis obligé de tenir ces propos, parce que, en tant que gouvernants et représentants de la nation, l’une de nos missions est de maintenir les conditions de l’égalité. » (M. le ministre qui travaille Rebsamen)

  • Oui, bon, encore un noble celui là. Après Don quichote, Don camillio, Don de Rtt…pffff !
    Je déteste la particule si ridicule au nom d’emprunt et aux autres d’ailleurs.

  • Je m’attendais à ce que vous fassiez un parallèle de plus : nous chers socialoïdes nous ont refourgué les 35 heures à coup de « le travail, partage-le avec ton voisin qui est au chômage », et soudain les droits aux congés, acquis en fonction du travail, justement, ne seraient pas, eux, partageables…

  • on pourrait aussi offrir nos jours de RTT à la France pour l’empêcher de heurter le mur …. dans quelques jours ou quelques mois , ils y penseront

  • Le socialo-fascisme est une maladie honteuse

  • C’est le bal des morts vivants?

  • En paraphrasant légèrement Robert Honlein :

    Le principal problème de l’humanité, c’est l’envie qu’ont certains humains de vouloir diriger la vie d’autres êtres humains ….

  • ben comme ça , pour ceux qui doutaient encore de l’humanisme de ces élus , le constat est clair ; ce sont des salops , non seulement sans morale aucune , mais sans coeur ;
    je suis profondément dégoutée par cette armée d’assistés et je leur souhaite de vieillir en mauvaise santé ;

  • C’est pourtant logique: ce refus n’es pas un manque d’empathie mais il est motivé par l’idée qu’il faudrait créer un droit à bénéficier d’un congé de durée valable pour tous, correspondant à ce cas (enfant ou parent gravement malade ou mourant), adapté selon la gravité de la maladie en question et la dépendance causée.

    Ce congé serait indemnisé par la collectivité pour qu’il puisse bénéficier à toute personne concernée. Les entreprises n’y perdraient rien. Les collègues non plus. le coût serait dilué dans le nombre.

    Et on peut penser que tout un chacun aurait un jour à en bénéficier pour se rendre au chevet de ses parents, comme on bénéficie de congés maternité / paternité, ce qui rendrait les cas du type « je ne veux pas payer car je ne suis pas concerné » quasi inexistants.

  • C’est anormal d’en arriver là.Faire appel aux dons d’autrui dans une société qui se dit « évoluée » ça ne doit pas se produire que ce soit en RTT ou autre ,c’est une régression de plus et l’on a absolument raison de s’y opposer.Ca me fait penser à cette aberration de travailler aussi le dimanche présenté par la droite comme un « progrés » alors c’est une véritable régression sociale, qui démontre concrétement que le salarié travaillant normalement est insuffisamment payé.

    • Oui, enfin là il y a quelque chose que vous ne prenez pas en compte.
      Pour combler la nécessité ici il n’y a que deux alternatives en attendant la redécouverte de la corne d’abondance.
      1- Le Don
      2- L’Extorsion
      Parce qu’il faut bien comprendre que ce que la puissance publique donne, elle l’a pris auparavant.

      Il me semble donc que votre intervention se place à contre courant de l' »évolution »

      • Pas forcément. Que se passe-t-il si les collègues refusent, parce qu’ils n’apprécient aps la personne ou pour toute autre raison ? Et d’ailleurs, il faut d’abord qu’il y ait demande de la part de la personne concernée… privez-vous pour m’aider s’il vous plaît, même si vous n’y êtes pour rien… ça s’appelle la charité, c’est généreux quand ça marche mais en aucun cas un droit garanti. Alors certes c’est plus « libre » mais du coup beaucoup plus aléatoire.

        Et dans ce cas, la personne qui demande l’aide met une forme de pression sur ses collègues (et eux seuls), qui se sentent obligés d’aider par pitié, ou qui refusent et risquent de passer pour de cruels individus indifférents à la souffrance d’autrui. Pression d’autant plus forte que l’entreprise sera petite.

        Pourquoi eux plutôt que la collectivité ? Parce qu’on leur laisse le choix ? Mais dans ce cas autant proposer une liste nationale de gens qui acceptent de donner un nombre défini de RTT, comme on donne un chèque restaurant aux restos du coeur sans savoir qui va en bénéficier, ou comme on donne son sang.

        De plus le seul intérêt économique de ce don est qu’il ne crée pas de nouvelle dépense (c’est un fait), mais il peut aussi ne pas être suffisant en temps, à moins que les collègues sacrifient l’essentiel de leur temps de repos sur une longue durée : dans ce cas ils sont clairement perdants. Par contre, le patron est content car dans le même temps, ses salariés sont productifs au lieu d’être en congés ! c’est une façon de contourner les 35 heures, et un premier pas vers leur détricotage, qu’on le souhaite ou non.

        Pour info, il existe déjà une façon de donner ses RTT en s’employant à participer à la vie associative ou caritative, humanitaire…

        Je salue la générosité des collègues concernés et effectivement il est sympathique de les laisser faire, une tolérance peut exister sans que la loi s’en occupe nécessairement mais ce n’est pas à mon avis la meilleure solution car ce besoin peut toucher tout le monde donc un dispositif mutualisé d’envergure nationale serait plus efficace et éviterait les disparités trop grandes selon les entreprises et le « bon vouloir » des collègues avec lesquels on entretien des rapports plus ou moins bons, plus ou moins intenses…

        • Très bon point: la compassion ne s’exerce qu’envers les personnes qui ont un comportement social.

          Conclusion: ne trouvez-vous pas que notre société serait moins violente si les « droits sociaux » n’étaient pas distribués à l’aveugle comme aujourd’hui ?

      • Vous êtes trop dans vos limites, des alternatives il y en a autant que nos ressources et nos valeurs en fournissent.Deux c’est quand l’on ne croit plus , et que l’on a perdu la foi.

        • Une alternative serait:
          1- de pouvoir travailler
          2- d’avoir de l’argent fruit de ce travail
          3- un état au service des gens et non l’inverse

          • On parle ici d’un gars dont l’enfant est en phase terminale d’un cancer, le pouvoir travailler est moyennement sympa, si les collègues veulent donner c’est normal qu’ils le peuvent.

            Un état qui est encore au service des gens, ça reste l’embryon d’un état totalitaire.

            • Oui en effet, H16 parle d’un cas particulier. Je parle d’une façon plus globale.

              On oublie trop souvent en France le but du travail et pour cause: ça ne paie pas de travailler. Alors on préfère parler de RTT et de vacances, de retraites hypothétiques.

              un enfant en train de mourir d’un cancer en phase terminale ne doit en aucun cas être mélangé, ni au travail, ni au RTT, ni avec le public. Cela reste une affaire privée dramatique, et je doute que la solidarité en RtT soit suffisante à compenser le préjudice subit par ces parents.

              Enfin, ce que j’en dis:

              Je rêverais de donner des RTT au feu rouge à des ROM qui veulent me voler mon smart phone ou mon porte monnaie. Ou alors aux dealers qui gagnent plus en droguant nos jeunes qu’en restant au bureau à cumuler les dites RTT. Bref, rien à voir la dedans.

        • On doit bien pouvoir leur trouver des synonymes, mais on va difficilement aller plus loin. D’ailleurs vous me semblez implicitement confirmer mes dires en vous abstenant d’énumérer la longue liste d’autre sources de mise à disposition de richesse que permettent vos ressources et vos valeurs.

      • Vous êtes trop dans vos limites, des alternatives il y en a autant que nos ressources et nos valeurs en fournissent.Deux c’est quand l’on ne croit plus , et que l’on a perdu la foi.

  • Moi, je fais don de ma voix aux prochaines élections ? Est-ce que cela intéresse quelqu’un ? Comment ça, personne ???

  • Marre des lois ! de l’Etat totalitaire et des politicards véreux qui se gavent sur le dos de ceux qui travaillent!

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