Les lauréats des Gaspards des politiciens les plus antilibéraux

Les lauréats des Gaspard d’or des politiques les plus antilibéraux ont été décernés pour la première fois hier à Paris par Génération Libre et L’Opinion.

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Les Gaspards de la politique (Crédits : L'Opinion, tous droits réservés)

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Les lauréats des Gaspards des politiciens les plus antilibéraux

Publié le 4 février 2014
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Par Alexis Vintray.

Les Gaspards de la politiqueIl y a tant de saillies antilibérales et ultra-étatistes dans les discours politiques actuels qu’il est difficile de sélectionner les pires. C’est pourtant l’exercice que le think tank Génération Libre et le quotidien L’Opinion ont essayé avec succès hier pour la première fois à Paris, avec un jury réunissant Nicolas Beytout, Gaspard Koenigle sociologue Michel Maffesoli, Mathieu Laine, Augustin Paluel-Marmont ou Agnès Verdier-Molinié.

Grand lauréat de la soirée, le ministre de l’éducation, Vincent Peillon, pour sa phrase « Toute notre ambition consiste à regagner du temps public sur le temps privé ». Un « éloge de la nationalisation de nos vies, seule voie vers le bonheur suprême » comme l’analyse Rémi Godeau, rédacteur en chef de L’Opinion. Avec son autre citation « L’école doit dépouiller l’enfant de toutes ses attaches prérépublicaines », elle présente un portrait d’un ministre qui a « quelque chose d’effrayant » selon les mots de Michel Maffesoli à l’annonce des lauréats. On sera bien d’accord avec lui, même si, malheureusement, les propos de Vincent Peillon, « ultra-étatiste de l’année », sont loin d’être isolés.

Il est en effet accompagné de cinq autres lauréats, dans des catégories telles que autoritarisme, interventionnisme ou jacobinisme. Le ministre socialiste Victorin Lurel l’emporte dans la catégorie autoritarisme, avec un éloge du « dictateur Hugo Chavez » : « Chavez, c’est de Gaulle plus Léon Blum. Le monde gagnerait à avoir beaucoup de dictateurs comme Hugo Chavez ». Les Vénézuéliens apprécieront, en particulier au vu du sombre bilan de l’autocrate.

Les récompenses sont également nombreuses à droite, avec un prix de l’interventionnisme remis par Hector Obalk à Laurent Wauquiez, pour qui le salut est dans le repli sur soi protectionniste : « Je suis très méfiant sur cette espèce de veau d’or qu’est le libre-échange, dont à chaque fois on nous explique que c’est la modernité et que ça crée des emplois »

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Il tient compagnie à Marine Le Pen, récompensée de la phrase la plus dirigiste (et absurde ?) : « Bienvenue dans le monde du poulet chloré, du bœuf aux hormones et de l’horreur ultralibérale ». Une phrase mélangeant tout dans un fourre-tout sans queue ni tête, au point que le jury, s’exprimant à travers Gaspard Koenig, a souhaité y « récompenser la poésie et l’art de la concision » pour faire tant de contresens en si peu de mots.

Arnaud Montebourg, lauréat attendu (et presque trop facile), reçoit le prix du jacobinisme, pour son refus du progrès et son éloge du conservatisme économique : lors de la conférence LeWeb, le ministre du redressement productif a réussi à déclarer, devant le gratin de la web-économie mondiale : « When innovation destroys system, we have to go slowly. Let’s protect those who do not accept changes ».

Enfin, c’est la sénatrice EELV Esther Benbassa qui reçoit le prix du paternalisme remis par Augustin Paluel Marmont pour sa vision des Français comme des enfants qui ne comprennent que la punition et la sanction : « dans un pays comme le nôtre, où la menace de la sanction est brandie très tôt dans l’existence d’un enfant et continue d’encadrer en toute occasion la vie des adultes, bref, dans le contexte français… »

Aucun des lauréats n’était là pour recevoir son prix, même si une Roselyne Bachelot, qui aurait probablement mérité un prix, s’est retrouvé quelques instants par erreur dans la cérémonie. Interrogés par Contrepoints, les responsables de la cérémonie entendaient malgré tout envoyer son prix à chacun des lauréats !

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  • J’imagine que Mélenchon était hors-concours. Autrement il aurait tout raflé.

  • Dommage que Montebourg ait présenté ses vœux à la fédération des télécoms trop tard pour être nominés, des saillies du style : « quand je reçois l’Autorité de la Concurrence, je lui dis : vous êtes contre les ententes. Moi, je les organise ! Qui a raison ? Vous êtes nommé, je suis élu, donc c’est forcément moi ! » mériteraient largement un prix !

    • Pour les Gaspard 2014.

      • On pourra songer à ajouter Alain Juppé, qui récemment, lors de la présentation du programme de l’UMP, déclarait celui ci beaucoup trop libéral…. (oui rendez vous compte, il propose de baisser insuffisamment les charges et de baisser insuffisamment les dépenses! En voilà des extremistes ultra-libéraux!))

  • Je ne suis pas certain sur Peillon : je trouve qu’identifier le temps public à une vision étatique est du domaine de la confusion. Il est par exemple possible de tenir un discours en public sans intervention du moindre état : la frontière entre espace public et espace privé n’est pas déterminé par celui-ci.

    Après… quelles étaient réellement les intentions de Peillon ?
    En relisant sa déclaration dans son contexte, celui de l’école comme appréhension de l’espace public (qui est le propre de l’adulte, et non le propre du fonctionnaire), je me dis qu’il s’agirait plutôt d’un projet de former les citoyens à se projeter dans des appartenances choisies librement plutôt que des appartenances héritées et la soumission au conditionnement familial. Oui il y a une sorte d’accusation implicite de la famille, de la communauté… mais il faut la comprendre, je crois, dans une accusation plus large des appartenances matérielles et contingentes.
    Évidemment on peut interpréter sa déclaration dans une idée d’usinage de l’individu par l’état (notons qu’il s’agit d’une approche très fréquente des entreprises et écoles à capital privé), mais comparée aux autres je trouve que sa déclaration est encore préférable aux autres.

    L’idée que l’état peut offrir une meta-appartenance permettant à l’individu une certaine versatilité dans le choix de sa famille, de sa communauté, de sa religion… etc. n’est pas complètement idiote. Il faut remonter à l’origine de l’état pour voir son utilité. Ce qui me semble plus constructif c’est de constater que cette utilité s’est effritée grandement au cours du 20è siècle et que même dans une minimalité idéalisée et utopique il ne pourrait plus rendre les services qui font sa légitimité. En déduire une revendication de renforcement des appartenances héritées ne me semble pas très correct : il faut trouver une organisation compatible avec la liberté, la versatilité des comportements et des appartenances, le droit individuel de choisir ses affinités et ses allégeances jusqu’au droit de choisir de les abandonner sans mettre en péril les moyens d’exister (c’est à dire les moyens de se projeter dans l’espace public, qui n’est pas l’état).

    • Je me trompe peut être, mais j’ai eu connaissance d’un moustachu qui a dit et écrit à peu près la même chose il y a a près de 90 ans. A l’époque personne n’a pris au sérieux ce peintre du Dimanche.
      Pour les paroissiens de sa catégorie, et ils sont légion, l’individu ne s’appartient pas, il doit appartenir à la communauté, déguisé en chemise brune, noire ou rouge, col mao…. Vous avez le choix.
      Si l’école éduque pour donner le choix, qu’elle le fasse, mais il est inutile dans ce cas de faire des déclarations à l’interprétation délicate et ambigüe.

      • Peut-être qu’il considère que l’individu ne s’appartient pas, mais je ne l’ai lu nulle part. Et l’école privée a aussi l’objectif de gagner du temps public sur du temps privé. De nombreux conservateurs considèrent d’ailleurs que le travail est noble justement dans ce qu’il gagne du temps public sur du temps privé (je sens Peillon, puisque nous en sommes aux hypothèses, plutôt dans ce courant-là).

        Pour ce qui est de l’accusation dont je parle, je ne crois pas qu’il y ait une idée de substitution et de remplacement d’une mono-appartenance par une autre, mais bien celle de meta-appartenance. Il n’y a, à ma connaissance, pas beaucoup de politiques post-républicains prêts à considérer que l’état-nation n’est plus apte à jouer ce rôle. Après on peut aussi prétendre qu’il n’y a jamais eu de telle meta-appartenance… ça n’empêche pas, bien souvent, de prétendre pile l’inverse 2 minutes plus tard.

        Ce que je pense, pour être tout à fait sincère, c’est qu’il s’agit d’une représentation ancienne du citoyen (plutôt que d’une représentation de l’état, que je n’arrive toujours pas à détecter dans sa déclaration), dans laquelle on retrouve aussi la condamnation de la consommation, du plaisir, du loisir et de tout ce qu’on appelle « frivolité » (avec la croyance, derrière cela, en une virilité républicaine, proche de la Rome antique, ce statut qui donne droit au « temps public »). Alors l’école serait une institution ayant eu sa pertinence mais qu’il faudrait réformer (ou laisser se réformer hein, les dynamiques sont là) à la hauteur du défi de la sortie de la Révolution Industrielle. Bon… Peillon n’est clairement pas le fer de lance d’une telle position.

        Public/privé… et la référence avec la République derrière… ça ne me semble pas très ambigüe, ça me semble juste dater de la fin du 19è siècle (je dirais une bande de moustachus d’il y a 120 ans).

  • Souhaitons une longue vie aux gaspards(la cérémonie,évidement)

  • Les commentaires sont fermés.

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