Immobilier : demi-échec pour Hollande mais ratage total pour Duflot

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Immobilier : demi-échec pour Hollande mais ratage total pour Duflot

Publié le 30 janvier 2014
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Il aura donc fallu attendre un séjour touristique diplomatique par la Turquie pour que François Hollande admette s’être un peu gaufré au sujet du chômage, le président n’ayant sans doute pas voulu profiter de sa précédente intervention télévisée pour faire amende honorable, concentré qu’il était sur d’autres sujets ô combien plus palpitants. Cependant, un autre échec constatable est celui, plus discret, de l’immobilier.

Et pour une fois, je pense que le récent article de L’Expansion consacré à la question est un peu méchant : ce dernier estime ainsi que Hollande a subi un échec complet puisque les mesures prises dans la construction n’ont pas permis de la relancer. On note en effet une baisse en volume de 4,2% des mises en chantiers de logements neufs, sachant qu’en plus, l’année 2012 avait été assez médiocre.

Bref : on s’enfonce, là aussi, dans la crise, et de ce point de vue, le candidat Hollande qui s’engageait alors à relancer le secteur doit maintenant se faire oublier du président Hollande qui ne peut que constater, c’est vrai, un ratatinement persistant. Encore une histoire de courbe qui ne s’inverse pas, c’est pénible, cette réalité qui refuse de plier aux injonctions du socialisme triomphant et des lendemains qui sifflotent en douce…

Cependant, je mâtinerai un peu l’analyse de L’Expansion, et ce, de deux façons.

Le PTZ+ (Prêt à Taux Zéro Trop De La Balle) , la soluce !D’une part, même si l’objectif affiché était de produire tant et plus de nouveaux logements, l’idée de base qu’il manquerait cruellement de biens à vendre et à louer en France est une erreur. Il y a, de façon criante, de multiples problèmes liés au logement, mais ce n’est pas la quantité qui pose le principal problème. En effet, l’accession à la propriété ou à la location est conditionnée à une myriade de paramètres dont une bonne partie est directement dépendante des politiques gouvernementales en la matière. Par exemple, les facilités offertes pour les prêts à taux zéro, les facilités plus ou moins grandes pour bénéficier des APL, ainsi que les lois ultra-protectrices pour les locataires déjà en place forment autant de distorsions dans un marché qui n’est plus libre, loin s’en faut. Ces interventions étatiques pour « orienter » les acheteurs ou les vendeurs, protéger les locataires et loger un maximum de monde à grands coups de restrictions sur les propriétaires, sont directement responsables des hausses importantes des prix de l’immobilier sur les 10 dernières années. Ce sont aussi les politiques gouvernementales (vertes ou non) qui ont façonné les villes et leurs transports en commun, favorisant directement certains biens, certaines localités au détriment d’autres.

Comme bien souvent, l’État et les milliers de petites décisions locales d’élus divers et variés ont modifié les comportements des acteurs de ce marché pour en arriver à la situation ubuesque actuelle où des gens s’endettent sur trente ans pour des pavillons en carton et placoplâtre dans des villes dortoirs éloignées des centres économiques, totalement dépendantes de transports en commun lourdement subventionnés dont la qualité de fonctionnement s’écroule au moindre frémissement gréviste. Bilan : entre ceux qui, voyant les prix augmenter, décident d’investir dans l’immobilier, et ceux qui, propriétaires, prennent foultitude de précautions pour éviter de louer à des impécunieux, l’allocation de capital dans l’immobilier devient de plus en plus délicate. Pour le dire clairement, le marché est devenu opaque et complètement dépendant des bidouillages étatiques pour le maintenir en vie à force de perfusion publique.

L’évidence est là : il n’y a pas pénurie de biens, il y a simplement un écran de plus en plus épais entre les acheteurs et les vendeurs, entre les propriétaires et les locataires, écran constitué par les législations d’un côté et le calcul de risque de l’autre, écran qui opacifie les transactions et rend toute vision à long terme impossible à former. Et dès que la conjoncture se fait moins favorable, les uns et les autres retirent leurs billes, attentistes.

C’est justement ce qui se passe actuellement avec une baisse des prix notée un peu partout en France : avec une anticipation de 3% à l’année, on sent qu’un retournement de tendance se met en place. Les analyses de l’Institut de l’épargne immobilière et foncière (IEIF), présentées dans l’article du Monde, sont d’ailleurs corroborées par d’autres analyses comme Nomura, qui arrivent toutes à la conclusion d’une baisse globale des prix de l’immobilier.

imgscan  contrepoints 2014631 DuflotOr, cette baisse, pour François Hollande, tombe à pic : certes, le nombre de logements construits n’a pas atteint le niveau qu’il avait lui-même fixé quand il était candidat, et certes, il s’est banané. Mais au moins peut-on ici se réjouir que des centaines ou des milliers d’investisseurs ou de futurs propriétaires se sont, de fait, retenus ou ont attendu une meilleure conjoncture pour se lancer dans la construction. Si les prix baissent, c’est manifestement qu’un ajustement est en cours et qu’il est urgent de ne pas se précipiter à construire de nouveaux biens dont on ne sait pas combien on pourra les vendre… Autrement dit, en loupant son objectif, Hollande a aussi, involontairement, évité une catastrophe de plus pour quelques milliers de Français.

D’autre part, il ne faut pas perdre de vue que si l’objectif d’une reprise du secteur avait été signifié par Hollande, et même dans le contexte où le cap était Le Changement, Maintenant (ce qui aboutit parfois à des ronds dans l’eau), la partie active de l’opération avait été déléguée, dès le départ, à Cécile Duflot dont l’actuel silence est symptomatique.

Eh oui : c’est surtout un échec assez flagrant de Cécile Duflot qui aura réussi, en un an et demi, à pondre une loi rocambolesque et illisible, la faire appliquer n’importe comment, engendrer des effets néfastes et aboutir à cet échec évident.

Et c’est d’ailleurs le moment de remettre à jour le Parcours Institutionnel des Lois en République du Bisounoursland, petit graphique qui décrit pas à pas les différentes étapes par lesquelles passent toutes les lois mal ficelées en France. Pour rappel, nous en étions arrivés en Janvier 2013 (il y a un an, donc) au constat d’une mise en place confuse, et six mois plus tard, en juin, nous confirmions la validité du petit schéma en notant l’apparition d’effets « imprévus » et catastrophiques.

Sans surprise, nous arrivons lentement mais sûrement au dénouement de cette histoire, avec le passage obligé par la case « échec retentissant », qui se comptera encore en milliards d’euros dont la France, généreuse et opulente, se départira sans trop sourciller (on n’est plus à ça près).

parcours institutionnel Duflot Jan 2014

Et je ne m’avance guère ici en parlant de milliards perdus et d’échec retentissant ; bien sûr, parier sur la gamelle d’un socialiste est forcément de faible enjeu tant leur propension à effectuer des triples salto arrière pour terminer face la première est maintenant historique (et si jamais ils ne se loupent pas assez, ils remettent le couvert avec force). Mais dans le cas qui nous occupe, les signes se sont accumulés qui montrent que l’immobilier en France a formé une bulle qui mérite de se dégonfler depuis pas mal de temps, à tel point maintenant que même les journaux grand public n’hésitent plus guère à faire sortir le chat du sac : oui, l’immobilier est surévalué en France. On lit différentes évaluations, mais 15%, comme dans Le Figaro par exemple, ne me paraît pas choquant.

cecile duflot se prend les pieds dans le grand paris

L’avenir n’est pas écrit : un vent violent sur les marchés, une faillite bancaire carabinée, ou monétaire d’un pays mal placé, et les pronostics seront impossibles à tenir. Mais indépendamment, on peut déjà constater que l’objectif de loger toujours plus de Français n’est pas atteint, et que cet échec est très largement imputable à Cécile Duflot, qui n’a toujours pas compris les raisons intrinsèques des problèmes de ce marché. Rassurez-vous cependant : même si cet échec nous coûte fort cher, comme l’indique le petit schéma, les innocents seront sanctionnés et les coupables récompensés.

Cécile s’en sortira très bien.

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  • Rien à ajouter !

    Je peux témoigner. J’ai essayé de louer mon bien: ça c’est retourné contre moi. On m’a reproché de ne pas laisser mon bien gratuitement. Chose que j’ai faite, pour le récupérer avant la fin.

    Après seulement 6 mois de location mon bien était déjà dans un état lamentable. La trêve hivernale pointait son gros nez, et les destructions s’accumulaient….

    Je précise qu’avec ces lois (à la con), le propriétaire est forcément un escroc. Le locataire forcément une victime.

    Moralité, que fait le propriétaire ? Bah, il ne loue plus, et dit merde aux gens qui veulent louer.

    Dans mon malheur j’ai appris qq petits trucs.

    1- Prendre une bonne assurance locative
    2- Mettre un montant par mois énorme pour les provisions pour charges
    3- Ne pas hésiter à prendre 2 ou 3 mois de caution
    4- Une personne pouvant garantir les loyers en cas de défaut
    5- Éventuellement une bonne régie, car le locatif: ça tache !
    6- Enfin, ne pas louer ça coûte moins chère à la fin de l’année (dégâts, impayés, impôts, etc…)

    A vouloir faire du social on n’est jamais récompensé.

    • Le point 5 est LE point n°1. Et c’est pas « éventuellement », c’est NECESSAIRE si tu ne veut pas subir le genre de désagrément que tu évoques.
      J’ai testé, et la différence entre l’amateur (moi), le clown (le réseau de franchisés filiale des caisses d’épargne), et le vrai pro : c’est clair et net.
      Le vrai pro te coutera un peu moins de 10 % des revenus bruts, assurance incluse, et pour ce prix tu te contente d’encaisser les loyers (qui rentrent pour de bon !), donner une fois de temps en temps ton accord formel pour une dépense un peu grosse et quelque paperasse fiscale dont il a besoin (taxes foncière, ordures ménagères, …), et de recopier dans ta déclaration de revenu les chiffres qu’il te donnera.

      • @ P

        Qui déconseilles tu en tant que « clown » de la gestion locative ?
        Est-ce que le réseau Laforêt, c’est sérieux ?

    •  » j’ai essayé de louer mon bien, ça c’est retourné contre moi…  »

      essayez de louer votre mal ! vous aurez peut-etre plus de chance…

  • Si les prix baissent, la construction va devenir encore moins rentable et se casser encore plus la gueule.
    Si les prix baissent, quelques propriétaires imprudents qui ont acheté trop cher vont boire le bouillon, et dans notre système alakon ™, leur ruine sera la nôtre.
    Enfin il ne faut pas oublier le paramètre démographique, qui impose d’augmenter le parc de presque 0.5% par an rien que pour maintenir la même quantité de logement par personne. Et le paramètre sociologique (sous influence étatique) qui conduit à l’éclatement des familles et la réduction du nombre de personnes par foyer, qui multiplie le besoin de logement

    • Tu parle de quel prix et quelle construction? La dynamique du marché de l’immobilier est hyper localisé, je loue 65m² avec petit jardin et garage box en province, je paye 450 euro par mois. A Montpellier j’avais 20m² dans un quartier un peu limite pour le même prix.

  • Pour moi l’immobilier c’est une victoire d’Hollande. Parce que si les prix s’ajuste à la baisse le pouvoir d’achat dégagé chez les travailleurs va lui être attribué (alors même qu’il voulait en rajouter avec l’inflation). De plus un prochain rapport Attali pourrai lui murmurer d’arrêter de subventionner les loueurs par l’intermédiaire des APL. Je pense que c’est vraiment la seul planche de salut pour la France. Si cette bulle est dégonflé progressivement les entreprises pourront baisser les salaires sans trop de douleurs. Et si par miracle on avait un peu flexibilisé le marché du travail….

    • L’Allemagne a pu imposer la modération salariale au moment même ou les ménages français ont été mis sous pression de la bulle immobilière. Compresser les salaires en France sera beaucoup plus compliqué quand dans un pays où on loge une famille pour moins de 500 euro par mois.

  • Le principe socialiste du logement c’est plusieurs familles dans un même logement, comme dans les pays communistes. Avec les futures baisses de salaires comme en Espagne, les familles devront bien s’y résoudre.

    Je ne vois donc pas où est le problême de manque de logements.

  • La surévaluation de l’immobilier frôle les 30% dans certains secteurs. Et je ne connais aucun pays au monde qui a conservé des prix de l’immobilier haut, avec un tel décalage dans les revenus de la population. Même si on est en France le pays où tout est possible, ça sent plutôt mauvais.

    Autre chose. Le parc immobilier est détenu à près de 70% par des « vieux », or ils vont bien finir par mourir. Et que vont faire les prix dans 10-20 ans avec tout ces biens de baby-boomers sur le marché? Un grand plongeon.

    Le truc drôle, c’est qu’une fois qu’on sera enfin débarrassé des baby-boomers étatistes, notre pouvoir d’achat va très surement augmenter. (immobilier moins cher, plus autant de retraite à financer, moins de dépenses de santé, marché du travail plus dynamique, peut être moins d’étatisme, et promotion sur les montes escaliers stana!)

    •  » Le parc immobilier est détenu à près de 70% par des « vieux », or ils vont bien finir par mourir. »

      Les biens immobiliers ont toujours été détenus par des vieux.
      A leur décès, ça ne changera rien; les biens seront alors détenus par leurs héritiers qui les mettront sur le marché au même prix.

      • « les biens seront alors détenus par leurs héritiers qui les mettront sur le marché au même prix. »
        Taux des droits de succession permettant…

    • « Les biens immobiliers ont toujours été détenus par des vieux » dites-vous et bien ces vieux comme vous dites

      ONT SU PREVOIR LEUR RETRAITE EN N’AYANT PLUS DE LOYER A PAYER

       » Le truc drôle, c’est qu’une fois qu’on sera enfin débarrassé des baby-boomers étatistes,  » dite vous encore  »

      MAIS QUEL RESPECT ! QUEL LANGAGE! PRESQUE DE HAINE, JE PENSE QUE VOUS AVEZ DU GRANDIR DANS UNE FAMILLE QUI N’A PAS SU VOUS DONNER LE MINIMUM A SAVOIR

      • tout à fait d’accord avec mathieu, les vieux ont acheter de l’immobilier quand il était bon marché, et en ont remis une couche avec leurs retraites de ministre, qu’ils volent à leurs enfants…
        vous connaissez ses mots de Cromwell aux irlandais:  » to hell or to connaught « 

  • Duflot a raison de vouloir réinventer la loi de 48, qui avait valu à la France d’avoir à supporter un manque endémique de logements neufs et la construction à tout va de logements plus que médiocres de 1960 à 1970 pour rattraper le retard causé par cette loi. En effet, pourquoi investir dans l’immobilier pour des rendements inférieurs à la bourse ou des placements sécurisés?

    Nous devions aussi à la loi de 48 d’avoir le patrimoine immobilier le plus dégradé d’Europe car les propriétaires ne font plus de travaux quand les loyers couvrent à peine ou plus du tout les impayés, les taxes foncières et les frais de gestion.
    Enfin, le principe de protection absolue du locataire, avec des révisions réglementées inférieures à l’inflation, et la quasi impossibilité d’évicter un locataire qui ne paye pas avait créé un parc hypertrophié de logements laissés vides par des propriétaires qui considéraient que ce placement à taux zéro, valait mieux qu’une érosion du capital, nonobstant que depuis, on a eu le génie d’inventer l’ISF.

    Qui peut dire où est la frontière entre la démagogie, le cynisme et l’angélisme?

  • Ces dirigeants sont idiots! Leurs protections pour les locataires vont créer un blocage du marché locatif, les avantages perçus accentue l’irresponsabilité,et donc un durcissement pour l’accès au logement
    . Pour les lois du fermage agricole qui ont été très protectrice ont découragé les propriétaires donc ceux qui veulent cultiver les terres n’ont que le choix de l’achat.

  • la Duflot peut bien verser des larmes de crocodile sur l’immobilier hors de prix: la responsabilité des escrolos sur la bulle immobilière est écrasante:
    loi restrictive à la construction dans les villes
    obligation de mise aux normes environnementales pour les maisons non racordées au tout à l’égout. avec effet restrictif sur les PLU.
    division par deux du nombre d’agriculteurs à cause de l’obligation de mise aux nomes ( les agriculteurs sont traditionnellement autorisé à se construire une maison, ce qui créait par le passé, une soupape non négligeable concernant le terrain à construire )

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