La dette fédérale américaine est-elle un « actif sans risque » ?

Tous les éléments sont réunis pour faire de la dette fédérale américaine un des investissements les plus risqués.

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La dette fédérale américaine est-elle un « actif sans risque » ?

Publié le 20 décembre 2013
- A +

Par Siméon Brutskus.
Un article de l’Institut économique Molinari.

Etats-UnisFin 2008, l’encours des titres de la dette américaine fédérale (Treasury securities) s’élevait à 6 338 milliards de dollars, ce qui représentait 59% de toute la dette publique américaine, en y incluant celle des États, ou 43% du PIB d’alors. En juin 2013, ce montant avait presque doublé et se situait à 11 888 milliards, c’est-à-dire 71% du PIB attendu pour 2013. La part de la dette fédérale dans la dette publique consolidée est aussi passée à 68%. En effet, la dynamique de la dette publique consolidée a été déterminée par la variation de la dette fédérale, dont la hausse de 5 550 milliards de dollars entre décembre 2008 et juin 2013 représente 83% de l’accroissement de la dette publique consolidée.

Sur cette période presque quinquennale, peut-on déceler un changement dans la structure de détention de ces titres ? Le tableau suivant décrit les grandes catégories de détenteurs de la dette américaine fédérale. En 2008, un peu plus de la moitié de cette dette (51%) était détenue par les étrangers. Le reste était distribué entre les fonds mutuels (12%), les gouvernements locaux (8%), les ménages (4%), les fonds privés de retraite (3%) et d’autres. Les autorités monétaires détenaient 7,5% du total.

La répartition a sensiblement changé en 2013. La part détenue par les étrangers a diminué légèrement, pour se situer à 47%. Le grand changement intervient au niveau de la distribution nationale, où ménages et autorités monétaires détiennent, à eux seuls, plus du quart de la dette fédérale, à comparer avec un peu plus de 11% il y a cinq ans. En pourcentage, les titres fédéraux détenus par les ménages et les autorités monétaires ont crû de 397% et 307% respectivement !

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Répartition des détenteurs de dette fédérale américaine.

Trois conclusions simples s’imposent. Premièrement, le désenchantement des investisseurs étrangers reste à prouver. Il est vrai que sur la première moitié de 2013, les titres détenus par les étrangers n’ont augmenté que de 27 milliards de dollars, ce qui n’était que 8,4% de la hausse totale. Il n’y a cependant pas eu encore de retrait net de la part des investisseurs étrangers.

Deuxièmement, les autorités monétaires mènent une politique très agressive d’achat de la dette fédérale qui a pour objectif d’abaisser les taux d’intérêt dans l’économie. Depuis juin 2013, l’encours sur le bilan de la Réserve Fédérale a encore monté de quelques 206 milliards.

Troisièmement, ce contexte de taux bas modifie profondément les incitations des épargnants et des institutions financières. Les ménages semblent privilégier la dette américaine fédérale (sans doute au détriment des dépôts bancaires), alors que les intermédiaires financiers quittent les titres de dette fédérale (sans doute au profit des actions). Voilà ce qui expliquerait aussi les nouveaux sommets du Dow et du Nasdaq.

En réalité, tous les éléments sont réunis pour faire de la dette fédérale américaine un des investissements les plus risqués. Si les autorités monétaires se désengageaient de leur politique actuelle, la hausse des taux d’intérêt ferait subir des pertes aux investisseurs privés. Si, au contraire, elles maintenaient leur politique, la bulle financière de tous les actifs en dollars qui est en train de grandir finirait par éclater tôt ou tard. Dans un cas comme dans l’autre, les taux actuels sur la dette fédérale américaine (0,13% sur un an, 1,36% sur cinq ans et 3,81% sur trente ans) sont totalement déconnectés des véritables risques associés.


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  • Lorsque B2 a annoncé en mai dernier qu’il envisageait de réduire le QE, les taux sont immédiatement partis à la hausse. Quelques semaines plus tard, alors que B2 renonçait à réduire le QE au vu des réactions des marchés, les taux sont quand même restés à des niveaux élevés. Quoi que fasse la Fed désormais, les taux vont monter, le pire étant la poursuite obstinée du QE alors que les taux grimpent. L’hiver vient ! (citation)

    Pendant ce temps, les taux français ont augmenté de plus de 30% cette année… Ce n’est pas encore la franche panique mais il y a désormais comme une odeur de roussi !

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