Hunger Games, L’embrasement : « Se rappeler qui est l’ennemi »

« Hunger Games : L’embrasement » se situe dans la lignée du premier film : très bon, soutenu par des effets spéciaux et des acteurs de qualité.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
hunger-games-44351-16x9-large

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Hunger Games, L’embrasement : « Se rappeler qui est l’ennemi »

Publié le 3 décembre 2013
- A +

Par Aurélien Chartier.

hunger-games-2-catching-fireAlors qu’il vient de sortir, Hunger Games : L’Embrasement (The Hunger Games : Catching Fire) s’annonce déjà comme un succès au box-office. Le premier film de la saga avait rapporté près de 700 millions de dollars et le second volet paraît bien placé pour le dépasser. S’il se place parmi les séries pour jeunes adultes et adolescents très populaires ces dernières années, The Hunger Games se différencie par une thématique plus sombre et plus politique. De nombreuses analyses ont été faites sur le premier volet, notamment aux États-Unis, ainsi que des critiques récurrentes sur la ressemblance troublante du scénario original avec Battle Royale, un film culte japonais. Dans les deux films, un État totalitaire enferme un certain nombre de jeunes dans un lieu clos avec pour mission de s’entretuer, le lieu étant infesté de pièges mortels.

Passé ce point, The Hunger Games possède toutefois beaucoup plus d’éléments politiques, le classant dans le genre des dystopies ou contre-utopies. Ce genre est généralement prisé des libéraux, car critique des dangers que représente un gouvernement ayant acquis un pouvoir trop important. Parmi les plus célèbres, il y a bien entendu Atlas Shrugged et Anthem de Ayn Rand, mais aussi des œuvres mieux connues du grand public francophone comme 1984 ou Fahrenheit 451. Si The Hunger Games ne présente pas d’éléments le plaçant de façon certaine dans la littérature libérale, il contient plusieurs thèmes qui en sont proches comme la résistance à un gouvernement totalitaire et la recherche de liberté

La situation politique de Panem, république futuriste située en Amérique du Nord, divisée entre le Capitole, lieu rempli de richesses opulentes, et les 12 districts où beaucoup sont au bord de la famine présente également un parallèle saisissant avec les États-Unis divisés entre les élites de Washington et le peuple du reste du pays. D’autant plus que Panem comprenait originellement 13 districts, le dernier s’étant fait annihiler pour avoir fait acte de résistance. Soit le nombre de colonies originelles des États-Unis qui s’étaient rebellées contre le pouvoir lointain de l’Empire britannique.

Le film peut toutefois être vu aussi comme une critique du capitalisme avec les riches exploitant les pauvres, les Hunger Games représentant une forme extrême de consumérisme, où l’on parie sur des mises à mort. Il est difficile de savoir de quel côté penche l’auteur de la saga, la construction du monde de Panem étant assez floue. On ne connait quasiment rien du fonctionnement politique et économique de la société dans laquelle se déroule la saga. L’histoire se concentre principalement autour des personnages principaux et de leurs relations au monde qui les entoure, une institution tellement figée qu’ils ne savent pas comment en sortir.

La suite de cette critique contient des spoilers sur les deux films.

L’histoire de ce second film débute juste après le retour des héros du premier film dans leur district natal. Si l’héroïne Katniss pense avoir fait le plus dur en sortant vivante du premier film, elle se rend rapidement compte que c’est loin d’être le cas. Le gouvernement totalitaire, personnifié par son président, la tient responsable des émeutes qui commencent à agiter Panem. La situation ne faisant qu’empirer, le président décide de lancer une édition spéciale de son programme meurtrier, où les vainqueurs des anciennes éditions, dont Katniss, seront de nouveau jetés dans l’arène. Ce coup de dés politique s’avère dangereux, les anciens vainqueurs en question étant très populaires auprès de la population aisée de Panem. Ces gladiateurs du futur ne manquent d’ailleurs pas de montrer leur mécontentement face à un État qui leur reprend tout ce qu’il leur avait donné.

On peut déplorer la répétition du scénario qui nous donne droit à des scènes très similaires au premier film. Mais là où le premier film s’attachait davantage au sentiment d’isolement de Katniss et au spectacle organisé autour des Hunger Games, ce second volet se concentre quasiment exclusivement sur la relation de force qui s’établit entre les individus poussés dans l’arène et le système qui les envoie vers la mort pour la plupart d’entre eux. Une critique très pertinente de l’usage des médias est faite ici quand le gouvernement se retrouve obligé de couper ses propres programmes de télévision pour éviter que les spectateurs ne puissent se rendre compte de l’horreur de la situation.

La suite et la fin du film relatent le tiraillement que subit l’héroïne entre sa méfiance envers les autres participants de l’arène et le besoin de se rappeler en permanence qui est l’ennemi, la cause réelle de sa présence ici. La mise en scène se base moins sur le survivalisme que le premier film, et davantage sur des individus devant collaborer pour éviter les pièges tendus par le président lors du « jeu ». Les différents personnages sont là aussi très bien développés, bien que certains auraient probablement mérité plus de profondeur. Le film parvient à garder un rythme soutenu, balancé entre action pure et tension psychologique.

Notons aussi la performance des acteurs qui sont excellents dans leurs rôles respectifs. Le focus principal est bien entendu sur Jennifer Lawrence qui continue de confirmer les espoirs que l’on pouvait avoir après l’avoir vu dans Winter’s Bone ou plus récemment dans Silver Linings Playbook. Donald Sutherland est parfait en président machiavélique sans aucune morale. Le jeu d’Elizabeth Banks pour son personnage se rendant lentement compte de l’horreur du système dans lequel elle vit est aussi à saluer. Enfin, Woody Harrelson joue à merveille son personnage d’alcoolique devenant progressivement un élément principal de la résistance contre le Capitole.

The Hunger Games : Catching Fire se situe dans la lignée du premier film : très bon, soutenu par des effets spéciaux et des acteurs de qualité. On peut regretter le manque de surprises du scénario, à l’exception d’un twist final qui ouvre le suspense sur le dernier épisode de la trilogie qui sera divisé en deux films. Il serait toutefois dommage de passer à côté de cette adaptation qui marque une nouvelle étape dans ce qui pourrait bien devenir une saga culte.


Lire aussi : The Hunger Games par Damien Theillier

Voir les commentaires (11)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • Il faudra que je trouve le courage de rédiger une réponse à cet article relativement faible. Hunger Games n’est pas un bon film, et encore moins un bon film de science-fiction, la lecture politique est d’une faiblesse affligeante.

  • Le film est mauvais

  • J’ai adoré ce film.

  • 1) J’ai lu le premier volet, ai vu le film (assez bien fait) mais n’ai ni lu ou vu le second volet. Ca n’est pas de la grande littérature mais ca reste très agréable à lire et son succès n’est pas volé.

    Je vous cite :
    « Le film peut toutefois être vu aussi comme une critique du capitalisme avec les riches exploitant les pauvres, les Hunger Games représentant une forme extrême de consumérisme, où l’on parie sur des mises à mort. »

    Le Capitalisme est un système économique de production de richesses, le meilleur qui soit. En nourrissant la planète depuis près de deux siècles, elle a permis l’émergence de sociétés libres et démocratiques.
    Mais l’Humain, une fois ses besoin de liberté et de sécurité assuré, recherche pour certains le Pouvoir. Et le Capitalisme peut être détourné pour permettre à certains (à la tête de l’Etat et de secteurs clé de l’économie) d’accroitre ce besoin pervers de pouvoir, l’accumulation de richesse, non plus en produisant mais en spoliant, confiscant au plus grand nombre.
    Je ne dis pas que l’auteur est un communiste convaincu mais il y a une certaine idée marxienne en filigrane.
    Karl Marx, en Cassandre, avait mis en garde la Société Capitaliste contre cette dérive. Celle de laisser s’accroitre trop les inégalités entre détenteurs du Capital et Prolétariat. Et on connait le drame qu’a été le Communisme dans ces pays…

    Hunger Games est plaisant, divertissant et surtout pas blessant ou abrutissant.

    • Je complète mon commentaire après avoir lu l’article sur le premier volet :

      Je cite  » Le capitalisme n’est pas un régime politique, encore moins un régime policier. C’est un mode de production et d’échange, fondé précisément sur le libre consentement. Mais certains ne font pas la différence… »

      Et c’est cette confiscation du « Capitalisme » par une minorité que je dénonçais plus haut.

    • @Gauch’Lib’ : Je serais mal à l’aise de dire de telles absurdités à ta place…
      « Le Capitalisme est un système économique de production de richesses, le meilleur qui soit. En nourrissant la planète depuis près de deux siècles, elle a permis l’émergence de sociétés libres et démocratiques. » Tu fais, comme nous tous, partie d’une masse qui se croit libre, ta vie est résumée de A à Z. Laisse moi te dire, mon ami, que le système dans lequel tu vis est loin d’être libre ou démocratique. Une démocratie ou les médias décident pour plus de 70% de la population, ou une ribambelle de marionnette, de gauche, de droite ou d’où tu voudras, qui sont autant démagogues les uns que les autres.
      De plus pour ta gouverne, c’est pas parce que ta descendance « est nourrie par le capitalisme » depuis deux siècles (toujours plus) que la planète entière l’est. Sait tu seulement combien d’enfants, de femmes et d’hommes meurent tous les jours tandis qu’à la télévision on te parle du dernier iPhone ; ignorant que tu es, un message est présent dans ce film, mais seul dans ton aveuglement tu le renie, croyant que tu possèdes le savoir, sache t’ouvrir aux autres. Le Nord domine, les riches capitalistes possèdent tout ce dont ils rêvent grâce à nous, consommateurs.
      Quant au capitalisme c’est une insulte que tu lui fais en croyant une seule seconde que ce qu’ont mis en place Lénine, ou pire, Staline, en était des applications conformes. Ce régime est basé sur du partage, de l’entre-aide, et surtout une devise « Le bonheur est accessible dans les choses simples ».

  • critique de film ? positive ? Au secours, Odieux Connard !
    http://odieuxconnard.wordpress.com/2012/04/11/hunger-games-un-jeu-pas-tres-faim/
    Si le second est du niveau du premier … ooooos’couuuuuuuurs !

  • le film etait pas mal mais j’ai aussi aime L’Aventure des Ewoks

  • « ritiques récurrentes sur la ressemblance troublante du scénario original avec Battle Royale »

    Mais Battle Royale avait deja pompe pas mal sur « The Running Man » de Stephen King, adapte en film avec Shwarzi, et lui meme etait inspire de nouvelles du debut du siecle dernier…

    Rien de nouveau sous le soleil.

  • Film irregardable tourné entièrement caméra sur l’épaule. Impossible de voir quoi que ce soit, la fatigue visuelle s’installe très rapidement (au bout de 2 ou 3 minutes où les yeux tentent d’apercevoir quelque chose dans cette bouillie d’images).
    Car non seulement la caméra est hystérique et tremblote en permanence, mais on est obligé de subir des plans de quelques nano secondes, ajoutant encore à la difficulté de tenter de discerner quelque chose dans ce chaos.

    J’ai hâte de voir Gravity, tourné en longs plans séquences avec une caméra bien fixée sur un support sans soubresauts …

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Voici un roman dont je n’avais étrangement pas attendu parler jusque-là, comme nombre d’entre vous j’imagine, alors qu’il a été publié pour la première fois en 1940, en Suède. Il semblerait qu’il soit pourtant considéré comme l’une des quatre principales dystopies du XXe siècle.

 

État mondial et collectivisme

Ce roman est postérieur à Nous d’Evgueni Zamiatine, paru en 1920, et au Meilleur des mondes d’Aldous Huxley, paru en 1932. Il précède le 1984 de George Orwell, véritable monument paru en 1949. Il a en commun avec les ... Poursuivre la lecture

Trois romans, un point commun : l’annihilation de l’individu, soumis au règne du collectif. Un danger pas si éloigné de la réalité, quand le conformisme gagne du terrain, influe fortement sur les manières de penser, et rogne de plus en plus sur les libertés.

 

Eux

Eux est un roman paru en français seulement en 2023, édité pourtant en 1977 au Royaume-Uni. Œuvre de la journaliste londonienne Kay Dick, il décrit un univers étrange et bien mystérieux, dans lequel d’inquiétants et nombreux personnages, sans réelle humanité, tapi... Poursuivre la lecture

Par Johan Rivalland.

La liberté est le sujet fondamental au centre des préoccupations de Contrepoints, à travers articles, analyses, réflexions, discussions. Au-delà de l’actualité, de l’Histoire, des perspectives d’avenir, qu’en est-il de ce sujet dans la littérature, en particulier lorsqu’on pense à son opposé le plus extrême : le totalitarisme ?

J’ai déjà eu l’occasion, ici-même, de commenter quelques grands romans d’Ayn Rand, qui trouveraient toute leur place dans cette série. Je vais donc prolonger avec d’autres réalisation... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles