« Power Africa » : à quelle énergie africaine les USA s’intéressent-ils ?

La question de savoir si les États-Unis ou tout autre pays peuvent vraiment résoudre la crise énergétique en Afrique reste sujette à discussion.

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« Power Africa » : à quelle énergie africaine les USA s’intéressent-ils ?

Publié le 27 novembre 2013
- A +

Par Chofor Che.
Un article de Libre Afrique.

ElectricitéJocelyne Sambira, d’Africa Renewal écrivait dans un article du 12 novembre 2013 que dans cinq ans l’Afrique pourrait connaître des améliorations significatives en matière d’énergie, grâce à la récente initiative américaine  appelée Power Africa présentée par le président Barack Obama lors de sa dernière visite à trois États sur le continent. Selon Sambira, les étudiants seront en mesure d’étudier la nuit tombée, les cliniques pourront garder leurs vaccins réfrigérés et les entreprises pourront fonctionner à des heures normales. Sambrina ajoutait que le gouvernement américain mène la charge pour Power Africa, aidé par quelques entreprises américaines et par des organisations internationales telles que la Banque africaine de développement (BAD).

La Tanzanie est l’un des trois pays visités par M. Obama lors de son voyage en Afrique. Il n’est un secret pour personne que la Tanzanie connaît un essor de son secteur du pétrole et du gaz et qu’elle a attiré plusieurs investisseurs étrangers. Or, malgré la présence de pétrole et de gaz en Tanzanie, le pays souffre encore de scandaleuses pénuries d’électricité, tout comme plusieurs États africains ayant des réserves de pétrole et de gaz. En fait, bien que le continent dispose de réserves gigantesques de pétrole, de gaz, de charbon et d’énergie renouvelables, il souffre encore de graves pénuries d’électricité. Selon la Banque mondiale, à peu près 29% des Africains sub-sahariens seulement ont accès à l’électricité.

La question de savoir si les États-Unis ou tout autre pays peuvent vraiment résoudre la crise énergétique en Afrique reste sujette à discussion. Et autant que nous puissions applaudir l’initiative Power Africa, il ne fait guère mystère que les États-Unis sont en réalité intéressés par l’obtention de davantage de pétrole sur le continent africain dans les cinq ans à venir. Ce qui sent mauvais là-derrière est que les dirigeants africains sont très conscients des véritables intentions d’États comme les États-Unis. Depuis la récente visite d’Obama en Afrique, des États comme la Tanzanie ont reçu d’importantes délégations américaines s’intéressant à l’industrie du pétrole et du gaz plutôt que de voir comment elles peuvent améliorer la crise de l’énergie dans le pays et le continent dans son ensemble. Le débat sur la rénovation du secteur de l’énergie du continent n’a pas été et n’est pas pris au sérieux surtout pendant les séances portant sur le pétrole et le gaz sur le continent.

Si les dirigeants américains et africains sont vraiment préoccupés à aider l’Afrique à résoudre sa crise de l’énergie, alors Africa Power devrait également s’assurer que les multinationales qui effectuent des opérations dans le secteur du pétrole et du gaz en Afrique jouent un rôle plus important dans la réorganisation du secteur de l’énergie. Il y a ici la complicité de hauts fonctionnaires corrompus et douteux, qui seraient pourtant les mieux placés pour orienter les politiques vers l’amélioration du secteur de l’énergie sur le continent en assurant que les multinationales impliquées dans ce secteur concentrent une partie de leurs bénéfices sur la réorganisation du secteur de l’énergie, plutôt que de siphonner les ressources et expédier leurs profits hors d’Afrique. Ceux qui bénéficient de ces opérations illicites sont les hommes d’État africains corrompus ainsi que les membres de leur famille immédiate, tandis que le reste de la population croupit dans la misère.

Dépendre uniquement de l’industrie pétrolière et gazière pour résoudre la crise de l’énergie sur le continent n’est sans doute pas la seule, ni la bonne voie. Le continent peut également profiter du soleil abondant et du vent pour une énergie alternative. Parfois on se demande presque pourquoi diable nous avons des institutions publiques en Afrique qui forment des ingénieurs et des spécialistes en énergies renouvelables…

L’Afrique est également considérée comme le continent avec la plus grande quantité de déchets. Il est possible de recycler et de convertir ces déchets en énergie comme cela est fait par certains États européens. Les gouvernements africains peuvent ainsi collaborer avec la Banque mondiale, la BAD et d’autres organisations dans le secteur des énergies renouvelables pour créer des emplois pour les jeunes entrepreneurs intéressés à transformer les déchets en énergie utile.

Il est possible de transformer la triste réalité africaine en une réalité positive.


Cet article a paru initialement sur AfricanLiberty.org. Traduction : Libre Afrique.

Lire aussi : Obama peut-il vraiment doubler l’accès à l’électricité en Afrique sub-saharienne ?

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Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • Bonjour M. Chofor Che

    Cette Afrique si riche et si puissante par sa diversité, tellement souillée et pillée par l’occident.

    Le pire étant la corruption, si il y a un combat que vous devez mener avant tous les autres c’est de vous faire le dénonciateur des dérives de vos dirigeants, à la solde de puissances extérieures.
    Notre époque communicante vous en donne l’opportunité, voila peut-être à quoi peuvent et doivent se rendre utiles tous les ingénieurs et gens formés en Afrique.

    Donnez la parole à votre peuple, rendez lui la dignité, mettez en place des canaux de communication, soyez Africain et revendiquez le haut et fort, rejetez avec force et virulence toutes ces ONG soit disant bienveillantes, elles n’ont pas pour but d’aider mais d’asservir d’avantage.

    L’Afrique se suffit à elle même, une fois débarrassée de ses démons elle pourrait devenir la société libérale que beaucoup ne soupçonnent pas.

  • Les commentaires sont fermés.

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