Monoprix, Sephora, même combat ?

La CGT Commerce vient de s’opposer à un accord sur le travail de nuit. Monoprix des Champs fermera désormais à 21h00.

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Monoprix, Sephora, même combat ?

Publié le 4 octobre 2013
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La CGT Commerce vient de s’opposer à un accord sur le travail de nuit. Monoprix des Champs fermera désormais à 21h00.

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

À 21h, tous les rideaux des Monoprix seront désormais abaissés. La CGT vient en effet de mettre son veto sur le travail de nuit, soit entre 21h et 6h du matin. Le syndicat vient de bloquer un accord qui avait été négocié avec la direction sur les horaires nocturnes. « La CGT a exercé son droit d’opposition, rendant ainsi l’accord inapplicable », a indiqué mardi soir la direction de Monoprix (groupe Casino) dans un communiqué.

Cet accord, discuté après l’invalidation en avril par la Cour d’appel de Versailles de celui datant de 2006, prévoyait notamment de 25% à 35% de majoration de salaire pour le travail en soirée. Les salariés des 94 magasins qui jusque-là fermaient au-delà de cet horaire (sur 300 que compte l’enseigne à travers la France), ne pourront donc pas en bénéficier.

« Le travail de nuit nuit »

« Le travail de nuit nuit (…), on a un refus de travailler de nuit exprimé majoritairement par les salariés », a insisté Stéphane Fustec, de la CGT Commerce. Ce à quoi la direction du distributeur répond que l’accord avait été « signé par trois syndicats, approuvé par le Comité Central d’Entreprise ainsi que par 81% des CHSCT (Comités d’hygiène et de sécurité) des magasins fermant après 21h ».

Le magasin Monoprix des Champs-Élysée, qui fermait jusque-là à minuit, ne pourra en tous cas plus accueillir les visiteurs nocturnes de la célèbre avenue parisienne jusqu’à nouvel ordre. L’annonce de cette fermeture forcée s’ajoute à celle du magasin Sephora voisin, interdit d’ouverture nocturne par la Cour d’appel de Paris il y a une semaine.

Peut on dire pour autant que Sephora et Monoprix posent le même problème ?

En un sens oui, car il pose celui de la liberté. La liberté d’entreprendre, la liberté de travailler

Fixons une bonne fois pour toutes les règles du jeu :

  • Deux jours consécutifs de repos obligatoires par semaine ;
  • Majoration du salaire de 35% à 50% pour les heures de travail comprises entre 21h00 et 06h00, ainsi que le dimanche ;
  • 50% de majoration les jours fériés avec récupération obligatoire ;
  • Aucune affectation à un travail de nuit ou de dimanche ou jour férié sans accord du salarié.

Après, Messieurs les totalitaires, foutez nous la paix !

Les entreprises qui estiment que le surcoût ne vaut pas la peine d’ouvrir n’ouvriront pas, celles qui ne trouveront pas de volontaires, n’ouvriront pas. Si des entreprises estiment que le surcoût en vaut la peine, c’est qu’elles répondent à une demande. Il y a trop d’activité en France, pour que vous mettiez des bâtons dans les roues d’entreprises qui peuvent travailler et générer de la richesse ?

Les salariés qui estiment que travailler le dimanche ne les dérange pas et que percevoir un salaire majoré les intéresse, qu’ils puissent travailler ! Qui êtes-vous pour leur dire ce qui est bien pour eux et leurs familles ? Il y a toute une frange de la population qui ne demande qu’à travailler le week-end, quitte à ne garder qu’un jour en commun pour la famille. Cela permet en particulier à nombre de femmes de rester avec leurs enfants le mercredi. C’est autant de temps que ces derniers ne passent pas avec les agents de la propagandastaffel de l’EN et des services d’État. Il y a toute une frange de la population estudiantine qui recherche du travail le week-end et les jours fériés pour pouvoir continuer leurs études. Il y a toute une frange de la population dont le conjoint a perdu son emploi et qui a besoin de salaires majorés. De quels droit les tenants de l’archaïsme leurs dénient-ils la possibilité de travailler ?

Il y a, curieusement, dans ce dossier des convergences étranges :

Les syndicats officiels et le pouvoir socialiste qui, ensemble, luttent contre le travail. Ils sont dans leur logique idéologique. Ils sont cohérents avec la taxation des heures supplémentaires, avec la destruction du statut d’auto-entrepreneur, avec la suppression du jour de carence pour les fonctionnaires. Tout le monde avec un revenu identique, pas question que certains cherchent à s’en sortir par leurs propres moyens. À chaque besoin son allocation, à chaque tête qui dépasse son impôt permettant de payer (au deux tiers, le reste étant emprunté) les allocations.

L’Église catholique est opposée au travail le dimanche. Étonnante, l’attitude de l’Église et d’un certain nombre de ses fidèles. D’abandons en lâchetés, l’Église de France a laissé la France glisser dans l’athéisme matérialiste, a abandonné son rôle de phare, a abandonné des millions de Français qui n’ont plus aujourd’hui comme repères que les marchands du Temple, les marchands de soupe ou de rêve, voire les prêcheurs de haine. Elle n’est pas fichue de défendre les principes de base enseignés par ses Saints et ses grands acteurs au sein même des écoles qui lui appartiennent et qui sont de moins en moins catholiques. Et voici qu’elle monte sur ses ergots à propos du repos dominical !

Quelques précisions. Si, pour tout le monde, il est « normal » de bénéficier d’un repos hebdomadaire, c’est au travail et à la volonté de l’Église que nous le devons (comme l’enseignement, la santé, le mariage par consentement mutuel etc.). Si l’Église, pour imposer le repos hebdomadaire au pouvoir civil, a imposé le dimanche au nom du « jour du Seigneur », c’est parce qu’elle était là dans son « domaine de compétence », pouvant ainsi, au nom de Dieu, imposer le repos des plus pauvres aux dirigeants économiques et politiques. Mais désormais, les choses étant entrées dans les mœurs (et la plupart des travailleurs ne sachant même pas à qui ils le doivent), n’est-il pas du ressort de chacun de choisir ses deux jours de repos consécutifs par semaine ? Les chrétiens décideront de ne pas travailler le dimanche car telle est la volonté de Dieu (les musulmans le vendredi, les juifs le samedi…). Bon, c’est leur choix. Librement consenti, pas imposé.

Alors, je sais, certains diront qu’il s’agit là d’une étape supplémentaire vers la déchristianisation de la France. Je leur répondrai que la déchristianisation de la France, c’est dans les cœurs et dans les esprits qu’elle se fait, pas dans les signes extérieurs. Si demain des entreprises veulent ouvrir le dimanche et qu’elles ne trouvent pas d’employés parce qu’ils préfèrent aller à la messe, alors oui, bravo, le clergé aura (enfin) fait son boulot ! Pour l’instant, que je sache, il n’y a jamais de prêtres dans les églises, on ne cherche plus à convertir (surtout pas de prosélytisme !) et les paroisses organisent toutes des messes dominicales… le samedi pour ceux que ça arrange ! Alors ? Le christianisme (hormis la branche protestante) est une religion non théocratique. La seule au monde. Si les valeurs chrétiennes doivent guider la société, c’est parce que l’ensemble de la population ou la majorité de la population les fait siennes.

Les petits commerçants sont contre l’extension des heures d’ouverture. Toujours une guerre de retard ! Alors qu’ils étaient jusqu’à présent les seuls à avoir le droit d’ouvrir le dimanche (à condition de tenir leur boutique eux-mêmes), ils se sont bien gardés de profiter de cet avantage (pour la majorité) et cherchent maintenant à empêcher les autres de le faire. Combat d’arrière garde.

Les employeurs sont favorables à la libéralisation totale du temps de travail. Logique. Tout à fait dans leur rôle de vouloir disposer d’une liberté plus grande dans les paramètres de gestion de leur entreprise.

De très nombreux salariés. Logique aussi, dans la mesure ou plus d’heures d’activité des entreprises impliquent forcément plus d’employés, une meilleure rémunération si les règles sont imposées, donc une augmentation du pouvoir d’achat et une baisse de chômage.

En un sens non car il ne semble pas qu’il y ait le même consensus

Autant chez Sephora les syndicats ont agi en dehors de toute représentation légitime des salariés qui semblent majoritairement favorables à l’extension des heures d’ouvertures, autant chez Monop, il semble que les choses soient moins claires. La CGT est représentée dans l’entreprise, elle est même le principal syndicat (ce qui ne prévaut en rien de réelle représentativité, c’est-à-dire du nombre de syndiqués) et les avis des salariés de l’enseigne semblent plus mitigés. Bien sûr, de l’enseigne. Nous ne savons rien des salariés des établissements concernés (les salariés des établissements n’ouvrant pas le soir ou le dimanche pouvant avoir peur de se retrouvés contraints de travailler à des heures qui ne leurs conviennent pas). En tous cas, les choses ont l’air moins claires que chez Sephora.

En revanche, il est à noter que les enseignes de moindre taille : Monop’, Monop’ Daily, Monop’ Beauty, Monop’ Station (en gares) et Naturalia (magasins bio) ne sont pas concernés.

Pourvoi en cassation

La direction de Monoprix – qui précise avoir formé un pourvoi en cassation contre la décision de la cour d’appel de Versailles – compte désormais « examiner, magasin par magasin, les réponses à apporter et étudier la situation des collaborateurs concernés », ce qui semble effectivement être la solution la plus sage et de bon sens.

Ce problème des heures de travail est révélateur des clivages qui traversent aujourd’hui la société française. Des archaïsmes qui la plombent. Des erreurs d’appréciation qui la paralysent.


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