Clash Patrick Cohen – Marine le Pen : « bolchos » contre « fachos »

Marine Le Pen a récemment accusé France inter d’être « radio bolcho ». Étymologiquement, ce n’est pas faux.

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Clash Patrick Cohen – Marine le Pen : « bolchos » contre « fachos »

Publié le 3 juillet 2013
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Quand les dirigistes s’invectivent, cela donne des situations intéressantes à analyser. L’un de ces mini psychodrames s’est récemment déroulé sur l’antenne de France Inter où le journaliste Patrick Cohen recevait Marine Le Pen.

 

Mission de service public : faire déraper Marine Le Pen

Au début, Patrick Cohen pose quelques questions de politique politicienne sur les scores récents du Front national, et sur le scrutin de Villeneuve-sur-Lot. Il essaye de faire réagir Marine Le Pen en employant avec insistance l’expression partisane de « front républicain », sans succès, son interlocutrice ne réagit pas.

Dans un deuxième temps, Patrick Cohen semble s’intéresser au programme du Front national. Sa dirigeante se voit offrir l’occasion de présenter rapidement les points de programme qui différencient son parti de l’UMP, à savoir : « tous pourris » et vive la « transparence » (imposée par le chef). Patrick Cohen s’ennuie. Il ponctue chaque phrase de Marine Le Pen de « hum » dubitatifs et méprisants : aucune neutralité journalistique mais peu importe (on est en France, et le service public), il peut passer à la suite qu’il a soigneusement préparée.

Car l’actualité sur Nelson Mandela lui donne l’occasion de venir titiller Marine Le Pen sur le passé peu glorieux du Front national sur le sujet . À peine Madame Le Pen a-t-elle déclaré que Nelson Mandela était « une figure d’apaisement » et que « la sortie de l’apartheid était une bonne nouvelle », que Patrick Cohen l’attaque sur les anciennes positions de son père et de Bruno Megret. Il réussit cette fois à (enfin) énerver Marine Le Pen qui traite France Inter de  « vieux relents de bolchevisme » puis de « radio bolcho ».

 

Les « contre-réactionnaires » entrent en action

L’expression fait les choux gras de la gauche dirigiste qui y décèle immédiatement une preuve de la filiation du Front national avec le fascisme (ce qui semble être un scoop). Ainsi le chroniqueur Bruno Roger-Petit, relayé par « Le Plus » du Nouvel Observateur ne craint pas d’écrire :

« … ce bolcho jeté par Marine Le Pen à la face de Patrick Cohen est la manifestation de ce que l’habitus facho de Marine Le Pen est vivant, et bien vivant. »

L’ancien journaliste de France Télévisions, dans la droite lignée des contres-réactionnaires de pacotille, si bien décrits par Pierre André Taguieff, commence d’ailleurs son article par un subtil : « Chassez le naturel il revient au facho ». Il utilise donc exactement le même procédé que Marine Le Pen sans même s’en apercevoir.

 

Étymologiquement, France Inter est bien une radio bolchévique

Au-delà de cette polémique stérile, il est intéressant de se pencher sur le sens réel du mot bolchevik.

En effet, les bolcheviks sont en russe, ceux qui ont la majorité. Et le bolchévisme, c’est la dictature parfois violente de la majorité. L’idée qu’à travers ses représentants, la majorité peut faire absolument ce qu’elle veut du simple fait qu’elle est majoritaire, est l’idée centrale de la démocratie représentative, soutenue par la quasi-totalité des médias. Cette idée repose, depuis Rousseau, sur plusieurs postulats largement erronés, à savoir que la majorité ne se trompe pas, qu’elle possède un fondement moral à opprimer la minorité, qu’elle est neutre politiquement, alors que par définition elle est collectiviste, qu’elle est non violente alors qu’elle permet aux plus influents d’utiliser le monopole de la violence à leur profit.

Au sens étymologique du mot, France Inter est donc clairement une radio bolchévique qui accepte sans broncher l’absolutisme démocratique, c’est-à-dire l’immixtion des décisions majoritaires dans tous les domaines de notre vie : s’habiller, circuler, manger, voyager, avoir des relations sexuelles, aimer, travailler, tout, absolument tout, est régi par des codes de plus en plus contraignants sans que cette invasion ne provoque la moindre enquête ou le moindre doute au sein de cette radio publique. France Inter c’est la voix de la démocratie représentative à tendance absolutiste. Celle qui n’est pas près de comprendre ce principe simple : soumettre au vote quelque chose qui ne doit pas l’être est aussi dictatorial, aussi violent et aussi inique que lui soustraire ce qui doit l’être.

 

Quand Marine le Pen devient bolcho

Le plus paradoxal c’est que Marine Le Pen, qui sent que la majorité est à sa portée, devient elle aussi une adepte de la démocratie représentative sans limites, ce système béni qui lui permettra d’imposer ses vues à la minorité dans tous les domaines de la vie courante grâce à l’appareil coercitif préparé par les dirigistes gaullistes et socialistes. Elle assène ainsi dans la même émission :

« Dans une élection, quand il y a deux personnes, il en a une qui fait plus de 50 % et l’autre qui fait moins, évidemment, c’est tout à fait naturel. »

Pas sûr qu’on soit rassurés !


Sur le web.

La peur de rappeler les racines socialistes du fascisme

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  • Marine Lepen a en effet tout pour s’entendre avec les bolcheviks ou en devenir une. Constructiviste comme elle est, elle devrait etre de gauche.

  • Le petit monde médiatique se livre au concours de « qui coincera son interviewé » . Cela peut être un mot, un éternuement, peu importe …
    Il ne s’agit en aucun cas de laisser quelqu’un s’exprimer, mais de le désigner comme « mauvais », de le faire sortir de ses gonds, et d’offrir sa queue et ses deux oreilles au public de la corrida …

    On a vu Pujadas se ridiculiser à ce jeu face à Tapie, Cohen rater sa mise à mort de MLP, bref, les toreros du micro s’écrasent dans le sable. Mais 800.000 euros d’argent public en guise de salaire, cela vaut bien une petite gamelle de temps en temps, non ?

  • L’idée du pouvoir de la majorité et ses limites constitutionnelles est un problème de droit privé à la base, qui ne se limite pas à la république.

    En bon minarchiste, il serait sans doute très judicieux qu’un des experts de Contrepoints fasse un jour un article sur la législation concernant les possibles heurts et conflits d’intérêts entre majorité et minorité dans les sociétés de droit privé (SA, SARL …).

    L’Etat ne peut réussir que ce que le privé fait déjà correctement.

    • Non parce que les contrats de droits privé sont conclus entre des partenaires volontaires et peuvent être rompu à tout moment.

  • Je ne soutiens absolument pas Marine Lepen, mais sur ce point là elle raison.
    France Inter est bel et bien une radio bolchevique avec des relents de dictatures, cela c’est notamment vu lorsque la direction à viré sans ménagement les deux chroniqueurs Stéphane Guillon et Didier Porte…

  • France Inter est une caricature de journalisme. Des militants qui se gargarisent, mépris et idéologie con-con non stop.

  • N’oublions pas que les extrêmes viennent du même moule idéologique.
    En france avant l’éclatement, nos extrêmes sont issues du blocs des gauches, les uns (communistes et affidés) sont internationalistes (l’international communiste) et les autres (fn) sont nationalistes (droite maurassienne).
    D’ailleurs, cela a été évoqué à de nombreuses reprises ici, le national socialisme (le nom est explicite) ou les fascistes italiens ont comme leurs homologues socialistes et communistes, pour ennemi la liberté, le libéralisme, le capitalisme, l’individualisme, le common law etc…
    Question à 1 euro, définissez en termes précis le clivage économique des programmes des fronts de gauche et front national…

    • C’est bien t’as bien bouffé la propagande de tes maîtres pour rapprocher FN et FDG.
      Et les extremes qui viennent du même moule idéologique. Encore un qui comprend pas que le nationalisme n’a de socialisme que le nom. Crachez pas trop sur vos chiens de gardes, vous les capitalistes, le moment venu ils seront là pour vous défendre. C’est ce qu’on fait Hitler, Franco et Mussolini. Et là vous verrez que votre amour pour la liberté c’est qu’une façade, tout comme votre soit disant rejet du nationalisme.

      • j’ai bien peut hélas que c’est toi qui refuse de voir le socialisme dans le nationalisme, et le nationalisme dans le socialisme. Aussi bien sur le plan historique que sur le plan conceptuel. Et au fond, comment ça peut t’étonner que des gens qui foutent des étiquettes sur des fractions de peuple, pour ensuite les traiter différemment, soient fondamentalement les mêmes ? Que les étiquettes soient marquées « étrangers », « juifs » ou « koulak » est de peu d’importance, non ?
        Par exemple c’est le Front populaire, sous la pression de la CGT, qui met en place la « préférence nationale », interdit aux étrangers de devenir fonctionnaires, etc.
        Cela dit tu as raison, faut pas cracher sur les chiens de garde. Il faut plutôt les tenir en laisse, avec une bonne gamelle. Comme fait le gouvernement avec les journalistes et les profs.

      • Il a bien apprit sa leçon le petit toutou, il est jolie a faire ses cabrioles ridicule pour faire croire qu’on peut marché la tête à l’envers. Nationalisme et socialisme sont les deux face de la tyrannie. Elle sont toujours allé de paire, partout. La capitalisme lui n’est pas nationaliste c’est en partie pour cela que les socialiste l’exècre. ça et parce qu’il profite et promeut la liberté individuelle alors que les socialiste font tout pour la combattre dans leur criminel poursuite de l’égalité à tout prix.

        • Au cas ou t’aurais pas compris la liberté ne peut pas exister sans égalité. Mais ça on t’as fait avaler que les 2 etaient contradictoire.

          • Bonjour,
            La liberté implique que les individus fassent des choix de vie différent et donc acquièrent des compétences différentes. Certaines étant plus utiles que d’autres, les individus laissés libres finissent fatalement par devenir inégaux. Comment faire pour empêcher cela ?
            Peut-être fais-je erreur sur la définition d’égalité, pouvez-vous me donner la votre ?

    • Facile !
      Le FDG veut régulariser tous les salariers sans-papiers tandis que à l’inverse le FN veut les mettres hors-la-loi…
      Dans la logique du FN, cela ne met pas tous les salariers sur le même pieds d’égalités et du coup cela provoque une concurrence déloyale sur le marché du travail. En effet les employeurs préfèrerons embaucher des sans-papiers car ils peuvent se permettres de les exploiter sans qu’ils bronchent car ils ont peur de se faire expulser.
      Le FDG veut aux contraires que cette inégalités cesse pour que cela profitent à tous les salariers aussi bien immigrés que français de souche.

  • Petite précision historique concernant les « bolcheviks »:

    Bien qu’étymologiquement totalement exact (c’est bien le groupe des « plus nombreux »), historiquement lors des débuts de la révolution ceux qui se faisaient appeler « bolcheviks » (en opposition aux « mencheviks » – les moins nombreux) étaient en fait beaucoup moins nombreux et moins forts que ces derniers.

    Comme quoi faire mentir les mots a depuis toujours été l’apanage de ces pourris de socialistes…

  • Ils ont des auditeurs France-inter ?

  • France inter n’est pas conforme à votre définition. En effet elle ne se soumet pas du tout à la « dictature de la majorité » car elle combat de manière virulente toutes les actions des gouvernements de droite ou plutôt tous ce qui n’est pas socialiste. France inter est une radio d’obédience socialo communiste tout simplement et c’est ce que voulait dire marine lepen.

    • Je pense que la dictature de la majorité et le socialisme c’est la même chose. Les sociales-démocraties ne peuvent évoluer que vers le socialisme, entrainant la droite avec elles. La démocratie représentative n’est pas un système neutre politiquement.
      Une démocratie libérale ne peut pas exister au sens où l’on entend la démocratie représentative globalitaire.

  • Marine Le Pen est une politicienne comme tous les autres et il n’y a pas matière à ergoter sur ce point. Qu’elle soutienne des concepts extrémistes, c’est son problème que la majorité des Français rejettent. Mais la force de cette dame est de dire souvent tout haut ce que beaucoup de citoyens pensent tout bas et c’est là sa force. Maintenant il est facile pour des journalistes de crier au scandale mais à force de tenter de forger une opinion « politiquement correcte » (je cite Lénine) il arrivera un jour où la masse gluante des anonymes se rebellera et ce sera la révolution …

  • Bruno Roger-Petit n’est pas un grand nom du journalisme.

  • Excellente illustration de René Le Honzec, bravo.

  • Les commentaires sont fermés.

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