Panneaux solaires chinois : un protectionnisme contre-productif

La taxe protectionniste de l’Union Européenne sur les panneaux solaires chinois est contre-productive.

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Panneaux solaires chinois : un protectionnisme contre-productif

Publié le 6 juin 2013
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La taxe protectionniste de l’Union Européenne sur les panneaux solaires chinois est contre-productive.

Par Barthélémy Bonadio.
Un article de l’Institut Laissez-faire.

On apprenait hier que la Chine n’apprécie pas la mise en place d’une nouvelle taxe protectionniste de l’Union Européenne sur les panneaux solaires chinois.

Pour rappel, cette taxe est motivée par les subventions perçues par les fabricants chinois, qui leur permettent de vendre leurs produits à bas prix sur le marché européen, imposant ainsi une concurrence importante sur les fabricants européens. En réalité, les problèmes rencontrés par l’industrie solaire européenne proviennent surtout de la baisse des subventions qu’elle percevait. La Chine, de son côté, a maintenu ses aides financières.

Une analyse économique s’impose. La Chine, en subventionnant les exportations de son industrie solaire, permet aux européens de profiter de bas prix sans que leurs gouvernements n’aient à dépenser en subventions. Autrement dit, en instaurant une taxe sur les importations solaires chinoises, l’Union Européenne refuse de facto un cadeau chinois.

L’argument censé justifier ce refus est qu’en l’absence de protection, l’industrie solaire européenne sera détruite et ne connaîtra pas de développement. En la protégeant durant une certaine période, on lui laissera le temps d’atteindre un certain niveau de production auquel elle pourra réaliser des économies d’échelle lui permettant de rivaliser avec les prix chinois sans protection. Ainsi, si le coût associé au prix plus élevé à subir durant la période de protection est inférieur aux bénéfices qui seront à terme retirés de l’activité de l’industrie solaire, la protection peut se révéler bénéfique.

Il existe plusieurs problèmes avec cette argumentation. Premièrement, s’il est vrai que l’énergie solaire sera, à terme, profitable sans protection ni subvention, alors des investisseurs privés seront prêts à investir sans aide gouvernementale. Un contre-argument répandu à cette objection est que l’existence d’externalités positives en production (spillover effect) fait qu’un entrepreneur n’a pas intérêt à investir en premier, car son investissement et son amélioration technique sera copiée ou profitera à ses concurrents. Ainsi, aucun entrepreneur n’aura intérêt à investir. Mais comme le note Baldwin (1969), ceci n’est pas lié à la présence ou non de mesures protectionnistes. La mise en place d’une taxe sur les panneaux chinois n’aura donc pas d’effet sur l’incidence des externalités en production.

Ensuite, l’incitation donnée aux producteurs européens est de produire des panneaux solaires à un prix élevé. Une concurrence chinoise incite précisément les producteurs européens à investir davantage dans le développement technologique que dans la production, car produire des panneaux solaires leur est inutile, étant donné leur coût supérieur à celui chinois. Investir dans la technologie, en revanche, est leur stratégie optimale. Ainsi, en protégeant l’industrie, on déplace l’incitation du développement technologique vers la production de panneaux solaires peu rentables.

Enfin, les producteurs européens, s’ils savent que la protection dont ils bénéficient dépend de leur infériorité par rapport aux protecteurs étrangers, auront une incitation à rester inférieur et non à dépasser les concurrents étrangers. Bastiat ajouterait que leur activité se déplacera en plus vers le lobbying en faveur de la perpétuation du protectionnisme.

La décision de l’Union Européenne révèle ainsi une inadéquation entre moyens et objectifs exprimés. Alors que l’on prétend aider le secteur solaire européen au nom du développement des énergies renouvelables, la mesure est contre-productive et mènera à une utilisation moins répandue de l’énergie solaire en Europe.


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  • Encore une fois, c’est le côté économique qui est bien abordé.
    Pourquoi ne pas parler du problème qui vient avant et est celui de la non rentabilité technique de ces panneaux solaires.

    Par exemple, les allemands ont autant de panneaux solaires que le reste du monde et cependant ça ne couvre que 4% de leur électricité tout en étant interruptif et aléatoire…

    De plus, cet hiver particulièrement mauvais à fait chuter la production dans des proportions calamiteuses.
    Aucun pays, aucune industrie ne peut s’appuyer sur un tel système.

    De plus les rendements sont nettement inférieurs tant pour la durée de vie de panneaux que du taux Watt/m² que les vendeurs avaient assurés.

    Donc faire avec les chinois un troc du solaire qui ne vaut pas grand chose contre notre vin ou les exportations allemandes, on sera perdant à tout coup.

  • L’Europe se ridiculise et se tire une balle dans le pied.

    Les chinois ont vite répondu avec le vin, largement subventionné par la PAC.

    Ce sont donc les producteurs agricoles (en attendant d’autres) et les consommateurs (s’ils veulent du solaire, ce qui n’est pas très intelligent) qui feront les frais d’une sauvegarde de l’emploi) de quelques centaines d’ouvriers, largement compensée par des pertes chez les installateurs.

    • A ma connaissance le vin n’est pas subventionné par la PAC. La seule mesure protectionniste qui existe consiste en la mise en place de labels AOC.

  • Permettre au solaire chinois de se développer avec les contributions des consommateurs européens c’est tout d emême remarquable qui plus est avec une production chinoise carbonée, c’est plus fort encore…

    http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Environnement/n/Contenus/Articles/2013/05/28/Et-qu-en-dit-donc-EDF-1482176

    « En ce qui concerne le photovoltaïque, EDF exploite deux fermes en région dont une à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire), mais a abandonné les projets de Mer (Loir-et-Cher) et Chaillac (Indre). Marc Brugière est très clair sur le sujet : « La quasi-totalité de l’équipement est chinoise et fabriqué sans souci de l’émission de CO²… » Autrement dit, la France subventionne l’émission de CO² ! »

    Puisque nous sommes en plein délire avec les énergies renouvelables, alors pourquoi pas envisager la solution suivante :

    Faire des copies ( de panneaux ) sans carbone

    1000 Milliards d’ici à 2040

    Voila ce que devrait coûter la note de la transition énergétique qui permettra de réaliser le politique énergétique de la France.

    On ne sait pas si dans ces 1000 milliards sont déjà inclus les quelques dizaines de milliards ayant permis de financer le développpement de la filière de production de panneaux photovoltaïques chinois carbonés

    http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Environnement/n/Contenus/Articles/2013/05/28/Et-qu-en-dit-donc-EDF-1482176
    « Pour sortir du nucléaire d’ici 2040, il faudra investir 1.000 milliards d’euros, alors qu’il faut 55 milliards pour prolonger à 60 ans le parc français », indique Marc Brugière qui ajoute : « La décision est politique ».
    En ce qui concerne le photovoltaïque, EDF exploite deux fermes en région dont une à Avon-les-Roches (Indre-et-Loire), mais a abandonné les projets de Mer (Loir-et-Cher) et Chaillac (Indre). Marc Brugière est très clair sur le sujet :« La quasi-totalité de l’équipement est chinoise et fabriqué sans souci de l’émission de CO²… » Autrement dit, la France subventionne l’émission de CO²

    Ce coût de 1000 milliards devra contribuer à assurer une production d’énergie électrique totalement décarbonée avec les seules énergies renouvelables.

    C’est bien connu, en France on a des idées et comme tout bon français j’ai eu une idée pour éviter que la note ne soit trop salée.

    Peut-être pourrions nous envisager d’utiliser les panneaux photovoltaïques chinois déjà installés qui, maintenant, produisent une énergie sans CO2 afin de produire de nouveaux panneaux photovoltaïques « européens » avec le label vert, qui à leur tour permettraient d’en produire de nouveaux à plus grande échelle, etc.
    Qu’ainsi on créerait une sorte de production perpétuelle de panneaux photovoltaïques sans CO2 !?

    Car c’est bien là la question , comment produire de l’énergie sans CO2 et ce à quelque stade que ce soit du cycle de production.

    http://www.lanouvellerepublique.fr/Indre-et-Loire/Actualite/Environnement/n/Contenus/Articles/2013/05/28/Il-va-falloir-apprendre-a-devenir-plus-sobres-1482793

    « Reste à savoir comment on pourra se passer du nucléaire tout en diminuant les gaz à effet de serre (GES), « le nucléaire produisant 60 g de CO2 par KWh ; l’énergie fossile de 500 à 800 » Heureusement les énergies renouvelables n’en produisent quasiment pas. Nature Centre est donc convaincue qu’il faut sans tarder agir sur la maîtrise de la demande d’énergie, développer massivement les énergies renouvelables, favoriser la place du monde associatif dans la prise de décision. »
    « Nous n’avons aucune autre alternative. Le remplacement des énergies nucléaire et fossile par les seules énergies renouvelables ne pourra évidemment se faire que par étapes mais il faut les engager rapidement. »

    Et pour extraire la matière première ( silicium et autres composants ), la transporter jusqu’à l’unité de production des panneaux puis pour installer les panneaux et les raccorder, et le cuivre comment s’assurer qu’il a été produit et transporté sans CO2 et les chassis métalliques des panneaux ?

    On pourrait utiliser des engins de chantier, des camions de transport, tous alimentés au biogaz, biogaz dont on sait qu’il est produit par des déchets et autres matières en décomposition provenant de l’Agriculture.
    On pourrait industrialiser à grande échelle l’ Agriculture pour permettre d’abord une production énergétique autosuffisante au monde agricole et ensuite une production suffisante pour remplacer l’énergie fossile utilisée dans les transports, ce dont on parle peu.

    L’on pourrait supprimer en premier les animaux fermiers ( adieu veaux, vaches, cochons… ) gros herbivores qui entrent en concurrence directe avec les méthaniseurs, tout ou presque serait consacré à l’alimentation des usines à méthane.

    Manger ou produire ( du biogaz ), il faut choisir !

    Les 1000 milliards , il va falloir les trouver mais pas de problème car en France c’est bien connu, on n’a plus d’argent mais il nous reste les idées, l’une d’entre elles consisterait à faire contribuer les consommateurs, et la preuve que l’on a encore des idées, ceux qui peuvent ( encore ) payer le feront pour ceux qui ne le peuvent pas !?

    Les candides ainsi seront bienheureux au pays d’ UTOPYLAND !

    Après l’augmentation du Kwh annoncée hier, bientôt celle de la part de CSPE que doit le consommateur, qui a l’image de son compteur en devient « bleu », tôt ou tard ce dernier verra rouge peut-être même même chez les plus « verts »!

    • Ceci est un faux débat, car la théorie du CO2 est pratiquement abandonnée sauf par les politiques qui y trouvent un magnifique sujet à taxe.

    • Alias « AP » : comment pouvez-vous nous pondre une longue tartine sur des bases si peu crédibles que cette fausse-théorie du CO2 anthropique ???
      Pourquoi ne met-on pas en accusation ces firmes qui exploitent le filon « indument subsidié » que constituent ces filières gérées par des apparatchiks sans vraies compétences scientifiques ? Lorsqu’on lit la pub éhontée que déversent ces firmes de « placeurs sur toitures » , il y a de quoi éprouver un hoquet (de honte).
      Les responsabilités supportées par les sphères politiciennes sont immenses et tuent l’économie parmi toute l’U.E. ! Ceci sur de fausses croyances. Illustration de plus du bêtisier des politiques qui prétendent nous gouverner, plus des imbéciles-idéologues nichés chez les EELV & acolytes d’autres mouvances obscures : ces WWF, Greenpeace, etc. Pitoyable !!!

      • Nous sommes bien d’accord !

        J’ai écris:

        Puisque nous sommes en plein délire avec les énergies renouvelables, alors pourquoi pas envisager la solution suivante :
        Faire des copies ( de panneaux ) sans carbone

        Heureux de constater que d’écrire des énormités contribue à ce que certains prennent enfin conscience des limites du système.
        Sans subvention le PV et l’éolien n’existerait pas car économiquement injustifiés, de plus si vraiment c’était la Solution alors pourquoi les chinois ne les installent-ils pas chez eux leurs panneaux PV, plutôt que de construire des centrales thermiques charbon et aussi à combustible fissile ?
        De cela personne ne parle !
        Je vous invite cordialement à relire « au second degré » ma tartine, les lignes entre guillemets sont des extraits d’articles…

      • @ the Wolff, une réponse ci-après

        Cordialement

  • Ou est donc le libéralisme dans l’intervention de subventionnement chinois ?

    Vendre moins cher un produit en masse et moins performant ça tue l’industrie d’avenir aussi. Pourquoi vendre à perte les voiture française ?
    C’est aussi des produits moins bons et sans garantie.

    • Lafayette: « Vendre moins cher un produit en masse et moins performant ça tue l’industrie d’avenir aussi. »

      Si c’était le cas elle serait morte au début de la révolution industrielle.

  • Les commentaires sont fermés.

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