Hollande veut forcer sa nature

Le président de la République procrastine, ajourne ses décisions, dans l’espoir d’opportunités de réformes indolores.

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Hollande veut forcer sa nature

Publié le 15 mars 2013
- A +

Le président de la République procrastine, ajourne ses décisions, dans l’espoir d’opportunités de réformes indolores.

Par Marc Crapez.

Au bout de dix mois d’exercice du pouvoir, il faut se rendre à l’évidence. Tout reste à faire. François Hollande le reconnaît enfin. Après avoir admis qu’il n’inverserait pas la courbe du chômage dès septembre prochain, comme il l’avait promis dans un premier temps, le voici qui veut « forcer l’allure » des réformes. Se voit-il en tortue de la fable ?

Il préconise même un « choix courageux » devant permettre « d’alléger les normes et de raccourcir les délais » et de secouer un peu « l’administration, les banques, les décideurs publics ». Fichtre, c’est le langage de la droite ! Visiblement, Hollande est en train de se faire un mental. Mais est-il capable de passer à l’acte ? On en doute pour plusieurs raisons (je les avais esquissées dans « Hollande entre Mitterrac et Chirand » , puis « Hollande veut être ‘au plus haut’ »).

Primo, si l’on retrace la carrière de Hollande, il ne fut au service du pouvoir exécutif que durant la période archaïque du parti socialiste. Au moment de mettre en application le tournant du réalisme, en 1983, il se déroba pour se réfugier dans le ministère de la parole (comme journaliste puis premier secrétaire du PS). Il ne prend pas le risque de déplaire, n’assume pas ses responsabilités, ne sait pas refuser. C’est son tempérament cette propension à louvoyer, rester évasif, ménager la chèvre et le chou, contourner les difficultés, repousser le moment fatidique de la décision.

Réformer à la dérobée

Secundo, il a prétendu que Gerhart Schröder avait réformé « dans le consensus ». Le leader social-démocrate allemand affronta pourtant des manifestants et même une scission dans son propre parti. Hollande, lui, n’est capable de tenir tête qu’à des opposants au mariage gay. N’a-t-il pas déjà reculé devant les ambulanciers et chauffeurs de taxi ? Pour affronter la colère des corporatismes, il faut l’audace d’un socialiste d’origine ouvrière, tels Schröder ou Göran Persson en Suède, qui surent imprimer un destin à leur pays.

Tertio, il s’est fié aux prédictions d’une économiste, Karine Berger, qui assurait que 2013 serait un nouveau 1997. Hollande se voyait déjà, comme Lionel Jospin, porté par une conjoncture mondiale favorable qui allait le dispenser d’opérer des choix douloureux. Gouverner, c’est choisir. Mais comme l’enfant avec la piqûre de l’infirmière, qui commence à pleurer à la seule vue de l’aiguille, le seul mot de rigueur fait hurler les syndicats comme s’il s’agissait déjà de réelles mesures d’austérité. Et la seule idée d’avoir à les affronter fait claquer des dents François Hollande.

Sa tactique consiste, dès lors, à réformer à la dérobée, en s’abritant derrière d’autres initiatives. Il comptait avancer dans la roue de la croissance mondiale promise par certains, puis dans la roue d’un volet croissance de l’Union européenne. Aujourd’hui, son projet démagogique de taxation à 75% étant inapplicable, il se met dans la roue de l’initiative suisse sur la surveillance accrue des très hautes rémunérations. Demain, il compte se mettre dans la roue des initiatives de David Cameron annonçant, à Davos, qu’il va mettre à l’agenda du G8, qu’il va bientôt présider, l’élaboration de nouvelles règles internationales contre l’évasion fiscale des grandes entreprises.

Il y a un an, durant la campagne présidentielle, Hollande jugeait que « l’impopularité révèle la défiance des Français à l’égard de ceux qui les dirigent ». Effectivement, s’il est aujourd’hui encore plus impopulaire que Sarkozy, c’est à cause de sa démagogie. L’impopularité est l’effet boomerang de la couardise des élites qui dupent le peuple au lieu de lui dire la vérité.

—-
Suivre les articles de l’auteur sur Facebook.

Voir les commentaires (11)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (11)
  • Flamby@c, on doit l’écrire Flanby ou Flamby ? En tout cas je ne mange plus de flan depuis qu’il est Président. A la place de la marque je serais triste que l’on parle de moi comme ça…..manger Hollande; berk ! Enfin à voir comme notre Président gonfle on peut en déduire que la bouffe est bonne et que le vin coule à flot….ouf on est rassuré 🙁

  • Beaucoup demandent qu’Hollande agisse enfin. Pour ma part je demande qu’il n’agisse surtout pas, les malheureuses (et courageuses !?) initiatives qu’il a prises jusqu’à présent n’ont réussi qu’à plonger encore un peu plus la France dans le gouffre et à la mettre carrément en récession.
    Et de toute façon, que l’État bouge le moins possible, ce serait déjà un grand pas dans la libéralisation de la société, de l’économie et des Français en général..

    • si, qu’il agisse sur les réformes structurelles de l’état. mais… comme le dit l’article, il a cédé devant ambulances et taxis, je ne le pense pas capable de réformer sa clientèle majeure :les fonctionnaires.
      A moins qu’ on soit en train de chuter dans le gouffre.

    • La France c’est comme la chèvre de Mr Seguin. Il vaut mieux qu’elle reste attachée à son piquet que d’aller découvrir le monde libre et dangereux car elle va se faire bouffer tout cru……chose qui serait finalement souhaitable pour abréger les souffrances de ce peuple !

    • Rassurez-vous, même s’il veut forcer sa nature, ce qui me surprendrais : je met au défi de me prouver que des gens ayant un caractère en acier trempé, charismatiques avec une forte personnalité, deviennent du jour au lendemain pour raison X, des tous mous ! donc inversement.

      Il restera un socialiste dogmatique, qui plus est, ligoté par ses principaux électeurs :  » ses chers partenaires sociaux », tous les fonctionnaires et assimilés, tous les gens profitant de l’état providence, qui n’ont aucun intérêt à ce que quoi que se soit ne change justement.

      Même s’il a compris, qu’il veuille changer, il est coincé, d’autant que ses vrais et principaux opposants sont ses extrêmes qui lui feront un tir de barrage, en absence de la fausse droite, déjà baptisée la plus bête du monde et qui se force à nous le prouver sans arrêt.

      C’est pure utopie, que de croire le contraire.
      Nous sommes foutus.

  • Si Hollande est incapable d’être un Homme d’ Etat, s’il est constamment voué à tergiverser, lâche et fuyant, qu’il démissionne !
    qu’ils partent, lui et sa cohorte de ministres tous aussi nuisibles que lui. La seule chose dont ils sont capables, c’est pondre des taxes, de nouvelles contraintes. Le système est à bout de souffle il faut le changer complètement de la tête aux pieds. Pour faire peau neuve, il faut que les abonnés du système de droite comme de gauche, partent et laissent la place à du sang neuf dont les tenants mettront sur pied un système nouveau d’auto-gestion. Que les fossoyeurs de la France s’en aillent, notre pays refuse de mourir, il se battra jusqu’au bout et malheur aux vaincus !

  • Je suis chrétien et j’étudie la Bible depuis de nombreuses années, tant sur la plan prophétique que sur les plans historiques et exégétiques. Je dois dire que Monsieur Hollande et tous les gouvernements oxidentaux attirent la malédiction de dieu et donc la ruine sur nos pays du fait des rejets des lois divines.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Le taux de chômage en France est autour de 7,3 % de la population active selon le BIT pour le deuxième trimestre de l'année 2024. Or, la comparaison avec nos voisins allemands et hollandais n'est pas très flatteuse puisqu’ils ont des niveaux de chômage moitié moindre du nôtre, sans parler de la Suisse où il est négatif.

Cet écart est ancien, et si on cherche le moment où la France avait moins de chômage que l’Allemagne, il faut revenir au début des années 2000, il y a près de 25 ans.

 

La genèse de la réussite économiqu... Poursuivre la lecture

En matière de finances publiques, le Danemark apparaît un peu comme l’anti-France car elle était en situation d’excédents budgétaires (+0,8 %) en 2023 et son ratio de dette publique était de 30,9 % du PIB en 2022. Ses marges de manœuvre budgétaire en matière financière en cas de nouvelles crises sont beaucoup plus importantes que celles de la France.

 

Cette situation est la conséquence de quasiment trente années, entre 1995 et 2022, d’une baisse d’environ 14 points du ratio dépenses publiques sur PIB. Avec la Grande-Bretag... Poursuivre la lecture

L’économisme de gauche le plus archaïque est bien parti pour revenir peu ou prou aux affaires et, avec lui, le magistère d’économistes théoriciens non-pratiquants, comme Élie Cohen, réputé faire consensus. L’objectivité et l’omniscience prêtées à ceux-ci par ce dernier reposent depuis longtemps sur un dosage subtil et pourtant largement déséquilibré entre libéralisme et interventionnisme d’État agrémenté d’antinucléarisme « raisonnable ». 

 

Dans cette caste séculairement omniprésente sur les plateaux télé, on trouve le dis... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles