L’Europe selon François Hollande

En souhaitant faire de la France la première des derniers États membres, François Hollande cherche à promouvoir sa vision uniformisante et centralisatrice de l’Europe.

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L’Europe selon François Hollande

Publié le 5 mars 2013
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François Hollande veut faire de la France le premier des derniers États membres et promouvoir sa vision uniformisante et centralisatrice de l’Europe.

Par Xavier Chambolle.

François Hollande cherche à devenir le chef de file des pays du Sud contre l’axe Londres-Berlin des pays du Nord, il préfère donc que la France soit la première des derniers, plutôt que la dernière des premiers. Pire, dans sa vision, l’Europe est calquée sur la France !

F. Hollande, donc la France, se prononce pour une Europe fédérale à condition qu’elle soit harmonisée (comprenez « uniformisée ») et solidaire. Son gouvernement menace l’indépendance de la BCE et considère que l’euro est trop fort.

Un euro faible

Cela doit être historique, la France a souvent dévalué son franc et s’est contentée d’une monnaie faible. À l’inverse, des pays comme la Suisse ou l’Allemagne s’en sortent (mieux) avec une monnaie stable et forte. Certains reprochent à l’euro d’être fort, ils veulent donc un euro plus faible.

L’euro est-il trop fort pour la zone euro ? À en juger par son excédent commercial : non. L’euro faible est-il préférable ? Vu l’importance considérable de l’énergie dans nos économies, et notre nécessité d’importer du gaz et du pétrole, sans parler des matières premières : non, un euro dévalué ne serait pas la solution ultime à nos problèmes économiques. La monnaie n’est pas un outil magique à instrumentaliser pour soi-disant créer de la richesse, créer de la valeur ajoutée, créer des emplois, réduire les inégalités. Ce qui compte par-dessus tout, c’est que la monnaie soit stable.

Dévaluer l’euro, ou vouloir dicter à la BCE ce qu’elle devrait faire, c’est nuire à son indépendance déjà malmenée et, pire, à sa mission première : la maîtrise de l’inflation. L’inflation, vous me direz, c’est du pain béni pour les pays endettés, mais cela reste un impôt déguisé, il n’y a pas de miracle. Pensez-vous que la solution au surendettement des pays soit la fuite en avant avec l’inflation, ou bien la rigueur budgétaire (gestion rigoureuse du budget de l’État) ? Peut-être pensez-vous que les eurobonds sont une meilleure solution : soigner la dette par de la dette !?

On accuse souvent les Allemands de réussir au détriment de leurs voisins. Mais ils n’ont aucun intérêt à appauvrir leur marché intérieur, la zone euro. Et s’ils refusent obstinément de céder aux lubies de M. Hollande notamment, c’est par souci de ne pas s’appauvrir eux aussi, ni d’annihiler tout espoir de reprise saine sur le long terme.

Une Europe solidaire

Un égoïste… un homme qui ne pense pas à moi. (Eugène Labiche).

Aux débuts des États-Unis, le gouvernement fédéral remboursa la dette des États parce qu’ils avaient contribué à la guerre d’indépendance, ce qui a été bénéfique à l’ensemble du pays. Quelques décennies plus tard, ce même gouvernement refusa d’assumer des dettes contractées par certains États, désormais surendettés, car ils l’avaient fait pour financer leurs infrastructures. Le gouvernement fédéral les laissa donc faire défaut. Aujourd’hui encore, l’État fédéral ne rembourse pas la dette de la Californie.

Nous faisons actuellement l’inverse et c’est un dangereux précédent. Comptez bien sur la France pour réclamer la solidarité dans quelques années, parce qu’elle aura été accordée à la Grèce par exemple. Or le poids du pays n’est pas tout à fait le même… Songez aux conséquences que cela aura pour l’Europe.

Cette dernière ne devrait être solidaire qu’à partir du moment où cela bénéficie à tous les Européens. Nous pourrions donc l’être sur le budget de la défense, de la diplomatie et du contrôle des frontières par exemple. M. Hollande propose-t-il de prêter main forte aux Italiens pour le contrôle de leurs côtes, à hauteur du poids de la France ? L’Europe ne devrait pas être solidaire dès lors qu’il s’agit de dépenses locales (pour répondre à des besoins locaux). Bien sûr, vous me direz que les Européens bénéficient de retombées positives… Certes, mais lorsque mon voisin s’endette pour construire une superbe maison (ce qui augmente la valeur de la mienne), je ne vais pas pour autant rembourser avec lui son hypothèque ! Ou bien sinon, dîtes-moi où vous habitez pour que je vienne m’endetter en face de chez vous.

Il faut bien comprendre qu’une Europe solidaire sur tout, et plus particulièrement sur les dettes contractées pour financer des modèles coûteux, archaïques et inefficaces, ne sera tout simplement pas durable, car insoutenable. L’Europe ne pourra pas être solidaire avec la France. Elle ne le pourra pas.

… et uniformisée

L’harmonisation est une vaste imposture car, dans les faits, il s’agit à chaque fois d’uniformiser. Un même âge à la retraite, un même salaire minimum, une même fiscalité (à quelques points près)… Bizarrement, ce sont surtout les enfers fiscaux qui avancent de telles idées. Ouvrir les frontières avec Schengen, c’est un peu comme abattre le mur de Berlin. On nous dit donc que la seule solution pour que tout aille bien dans notre zone de libre-échange, c’est de tout uniformiser, pardon, harmoniser.

Pourtant ! Aux USA, en Allemagne, au Canada ou encore en Suisse, il y a certes un impôt commun et certaines taxes communes, pour financer le gouvernement fédéral, mais il y a, selon le pays, une plus ou moins grande liberté fiscale notamment. Par exemple sur l’impôt sur des sociétés aux États-Unis. Il n’y a bien sûr pas que la fiscalité, mais également le droit du travail, la retraite et toutes sortes de lois, tant qu’elles sont conformes avec la Constitution du pays. Nul besoin de faire l’inverse de ces fédérations pour l’Europe.

Au fait, qu’apporte donc l’uniformisation ? Une plus grande égalité… ? J’ai bien peur qu’elle ne soit voulue que par les pays en difficultés ou peu ambitieux, qui préfèrent rabaisser l’Europe à leur niveau, plutôt que de se hisser à celui des meilleurs en s’inspirant des meilleures pratiques. C’est d’ailleurs l’intérêt de conserver cette grande diversité à l’intérieur de l’Europe : permettre aux Européens de tester régionalement une grande variété de solutions pour que leurs voisins s’inspirent de leurs réussites et s’immunisent de leurs échecs. C’est un processus d’itération à l’échelle du continent, dans un cadre favorable aux échanges (Schengen), à terme beaucoup plus efficace qu’une solution unique imposée. «Unie dans la diversité», c’est la devise de l’Union Européenne : respectons-là.

Les Jeunes Européens devraient s’opposer à cette vision franco-française, donc uniformisante et centralisatrice, parce qu’il y a pire que l’euroscepticisme et l’intergouvernementalisme : c’est le fédéralisme instrumentalisé, dénaturé et perverti, celui qui bafoue le principe de subsidiarité pour son unique profit au détriment de tous les Européens. Les JE-France montreraient par la même occasion que c’est le bien des Européens qui compte, et pas le triomphe idéologique de son propre pays.


Sur le web.

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Créer un compte Tous les commentaires (4)
  • tout est dit dans le titre

    « François Hollande veut faire de la France le premier des derniers États membres »

    il est bien parti pour en faire le dernier de la classe !

  • Flamby se tranforme en soufflet ! Attention a la sortie du four.

  • Pas de panique ! Les européens se moquant comme un poisson d’une pomme du gallimatia de mendicité uniformisatrice et protectionniste que clabotent Hollande, M. Le Pen, et finalement toute la classe politique française.

    Et si un jour un modèle doit être adopté, ce ne sera certainement pas le leur 🙂

  • @mauvaise langue

    très juste on a déjà vu une mauvaise gouvernance en causalité d’une guerre mondiale.

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