Réordonner l’économie à l’Homme

Un libéralisme déconnecté de la vérité ontologique devient naturellement libertaire et donc liberticide. Le véritable libéralisme doit promouvoir une liberté responsable.

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Réordonner l’économie à l’Homme

Publié le 1 mars 2013
- A +

Un libéralisme déconnecté de la vérité ontologique devient naturellement libertaire et donc liberticide. Le véritable libéralisme doit promouvoir une liberté responsable.

Par Cyril Brun.

Personne n’est dupe. Les questions dites ‘sociétales’ sont à la fois un écran de fumée pour masquer les difficultés du gouvernement et des gages donnés à la gauche inquiète des déviances centristes du président Hollande, malgré les grands discours de ‘moralisation’ de l’économie dont se flatte Pierre Moscovici. Faire durer un débat qui n’en est pas un près d’un an est pain béni pour le gouvernement Ayrault. Cela lui permet de poursuivre le reste de son action sans rencontrer la moindre opposition. C’est oublier que tout est lié. Si l’Homme en vient à des revendications sociétales qui sont contraires à sa propre vérité anthropologique, c’est notamment parce que la dignité humaine est malmenée au plan économique. C’est devenu un lieu commun de parler de l’homo-economicus, cet individu exploité par le système. Tout altermondialiste qui se respecte sait rappeler que l’Homme est devenu esclave de l’économie alors que l’économie devrait être au service de l’Homme.

Il est indéniable que la place de l’économie dans le devenir de l’Homme pose un vrai problème. L’économie en tant que telle n’est pas le problème. Qu’est, en effet, l’économie sinon l’ensemble des échanges, des productions qui permettent à l’Homme de vivre ?  L’économie n’agit pas de son propre chef, ne décide pas par elle-même. Ce sont les acteurs économiques qui font l’économie. Même si des mécanismes une fois enclenchés peuvent sembler être autonomes et vivre leur propre vie, ils n’en demeurent pas moins impulsés et donc contrôlés ou au moins contrôlables par l’Homme. Or si aujourd’hui l’économie semble dominer l’Homme, si elle paraît incontrôlable, si elle donne l’illusion de s’autoréguler, de mener sa propre vie, c’est peut-être, précisément, parce qu’on la laisse faire ou qu’on lui donne cette liberté-là. Or la liberté est un droit inhérent à la dignité humaine, pas à l’économie. Si cette dernière, sous couvert de liberté, en vient à asservir, d’une manière ou d’une autre, l’Homme, c’est bien parce que nous avons totalement inversé la valeur des choses. L’Homme peut-il avoir une valeur inférieure, une dignité moindre qu’un système mécanique ? Car qu’est l’économie sinon un ensemble de mécanismes ? Or la liberté de l’Homme est fondamentale et l’économie doit concourir à cette liberté de la personne humaine.

Si nous n’ordonnons pas ainsi les choses, si l’économie n’est pas au service de l’Homme, alors ce dernier sera existentiellement instable et insatisfait. Cette insatisfaction est un véritable venin qui atrophie, paralyse l’ensemble du corps et de l’esprit. Il est donc important pour qui veut œuvrer au service de l’Homme, de sa dignité, de ne pas confondre les libertés. En économie, comme ailleurs, c’est bien la liberté de l’Homme qu’il faut promouvoir. Cela signifie également de comprendre qu’être libre ne suppose pas l’absence d’entrave. En d’autres termes ce n’est pas faire ce que l’on veut mais faire ce que l’on aime. L’exigence que pointe cette apparente facilité réside précisément dans le fait d’aimer et de ne pas confondre amour, sentiment et désir. Aimer, ce n’est pas ressentir une émotion, ce n’est pas vouloir pour soi quelque chose. Aimer, c’est vouloir le bien de ce qu’on aime. Au fond, on n’aime pas pour soi, mais pour l’autre. Cela suppose donc de savoir quel est le bien de l’autre, donc de le connaître. Dans le cadre de l’économie, cela impose de connaître les besoins vitaux, essentiels et existentiels de l’Homme, car si l’économie doit concourir au bien de l’Homme, alors l’activité économique libre n’est autre que l’action responsable de chaque acteur dans le développement des autres acteurs économiques que nous sommes tous. Il y a en réalité dans la liberté une coresponsabilité (que notre république pourrait appeler fraternité) qui porte en elle-même un principe vertueux : mon bien passe par le bien des autres. La réciproque du cercle vicieux est tout aussi valable.

Il y a donc un immense chantier à entreprendre (à poursuivre pour certains) pour repenser l’économie à la lumière de cette liberté fondamentale et essentielle à la dignité humaine. L’économie est une activité humaine libre et donc responsable de l’épanouissement de chaque personne humaine. Mais pour qu’une activité humaine soit libre, il ne sert à rien de vouloir supprimer les lois, si chaque personne humaine n’est pas éduquée à la liberté, à la responsabilité et donc comme nous le disions plus haut à aimer, c’est-à-dire à vouloir le bien de l’autre et donc à rechercher quel est, en vérité, le bien de l’autre. Toute activité qui ne conduit pas à ce bien de l’autre est donc non seulement inutile, mais dangereuse. C’est pourquoi, s’il est fondamental de parler de liberté en économie, il est tout aussi essentiel que cette liberté puise sa source dans la vérité la plus profonde de l’Homme. Car liberté et vérité anthropologique sont intimement, essentiellement liées. Il ne peut y avoir de liberté vraie si elle est déconnectée de l’Homme véritable. Un libéralisme déconnecté de la vérité ontologique devient naturellement libertaire et donc liberticide. Un libéralisme qui fait de la liberté une icône absolue tombe dans un certain « ultra-libéralisme » déconnecté de la réalité et asservit l’Homme à une utopie. Le véritable libéralisme quant à lui doit promouvoir une liberté responsable qui œuvre pour le développement intégral de chaque personne humaine et dont l’Homme est à la fois l’acteur principal et la norme absolue de l’économie. C’est-à-dire qui met l’Homme au centre de l’activité économique. Il n’y a pas d’autres critères de moralisation de l’économie, il n’y a pas d’autre étalon que l’Homme.

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  • J’avoue ne pas très bien saisir où veut nous mener l’auteur.

     » Un libéralisme qui fait de la liberté une icône absolue »

    De qui (quoi) parlez-vous? Auriez-vous des exemples précis? Evoquez-vous des dérives au sein de la communauté libérale?

  • Drôle d’article qui nous explique que la véritable liberté, c’est le bien des autres, qui nous explique,en quelque sorte, que le libéralisme, c’est le socialisme et qui, comme melenchon veut faire, veut mettre l’ homme au centre de l’économie (l’humain d’abord dirait l’autre).

    • Par  » au centre de l’économie », l’auteur entend une économie au service de l’homme et d’autre part, compare l’economie actuelle à un asservissement. On retrouve là la structure de pensée de l’actuelle extrême gauche.

      L’homme est déjà naturellement au centre de l’économie, il en est le seul acteur. Il n’y a aucune nécessité à vouloir l’y replacer. L’economie ne reflète que ce qu’il en fait.

      Et puis, le concept de dignité humaine associé à celui de liberté me gêne. C’est un concept fourre-tout dont les socialistes raffolent, un de leurs outils de culpabilisation des masses.

      • « De fait, l’auteur aurait bien raison de penser ainsi avec une économie actuelle complètement asservie à l’État. »

        Oui mais il ne le précise pas en ce sens. Il nous dit, au contraire, qu’il y aurait une mauvaise liberté et que sous son couvert, elle aurait conduit l’economie à asservir l’homme.

        « La dignité de l’homme, c’est bien d’être libre »

        Si on definit la dignité humaine comme le plein exercice de sa liberté, ça me va aussi.

      • +1
        Charabia peu libéral.

  • Je plussoie !

    L’auteur confond loi et droit.

    Lorsque je lis : « pour qu’une activité humaine soit libre, il ne sert à rien de vouloir supprimer les lois, si chaque personne humaine n’est pas éduquée à la liberté, à la responsabilité et donc comme nous le disions plus haut à aimer, c’est-à-dire à vouloir le bien de l’autre et donc à rechercher quel est, en vérité, le bien de l’autre. »

    Pardonnez mon coté trivial, mais si une loi m’oblige à ramasser la savonnette, j’ai peu de doute sur le bien que cela pourra faire à l’autre, en revanche sur le miens, je reste sceptique.

    Comme dirait Evelyn Hall, je désapprouve ce que vous dites et je me battrai pour que vous puissiez le dire, en revanche, j’ajoute que je me battrai encore plus pour que vous ne me l’imposiez pas !

  • J’avoue ne pas comprendre pourquoi Contrepoints publie ce texte. D’ordinaire, même si les articles sont de qualité variable, tous sont clairement libéraux. Ce texte est non-seulement de très mauvais qualité, mais foncièrement anti-libéral:
    (i) rejet systématique de l’individualisme social : usage générique du terme « l’Homme », l’économie « agit » et a même une « liberté ».
    (ii) rejet de la liberté négative comme condition nécessaire à la liberté : « ’être libre ne suppose pas l’absence d’entrave »
    (iii) rejet de la neutralité axiologique : il y a UN bien de l’Homme, des préférences plus dignes que d’autres « les besoins essentiels et existentiels »
    (iv) rejet de l’égoïsme psychologique : acteur supposés être motivés fraternité, la coresponsabilité, le bien être des autres acteurs
    (v) style confus,expressions postmodernes : « ultra-libéralisme », « ‘l’Homme véritable »,  » liberté et vérité anthropologique sont intimement, essentiellement liées »
    Sur Rue89 ça détonerait moins.

    • Je crois que la philo parle de l’homme, c’est un peu socialiste en effet. Je crois que l’auteur essaye de coupler les deux et d’en tirer une synergie. C’est un peu dur pour un pur libéral d’aller dans le sens de l’auteur. Perso, je trouve l’auteur sympa et il à l’air d’avoir un bon fond. Donc, tout n’est pas blanc, ou noir. Pour moi un pur libéralisme est un non sens, autant que le socialisme. Car il ne faut pas oublier l’histoire humaine : guerre, dictature, période de paix, guerre….un animal ne serait pas capable d’autant de persévérance dans la connerie, un humain si. Je me demande si l’humain est capable de libéralisme car il n’est pas assez avancé dans son évolution. Pour Boudha il était plus simple de devenir pauvre, car il avait la richesse et l’éducation. Il a connu la pauvreté volontaire et a ainsi fait l’experience de la vie. Ce que je veux dire c’est qu’il est plus simple d’être libéral avec un minimum de vécu, culture et recul sur les choses. Je ne vois pas un Africain dire : je crève la dalle et je suis libéral. Pour finir l’homme est il capable de penser à la réalisation de son bonheur ? Ou au contraire, l’humain fait il tout pour se compliquer la vie pour se persuader d’être bien en vie et utile à quelque chose ?

  • « liberté et vérité anthropologique sont intimement, essentiellement liées » : phrase très vraie. Mais était-ce volontaire ? Ainsi, la vérité anthropologique de l’Homme est qu’il doit gagner son pain à la sueur de son front. On peut s’acharner à repenser l’économie tant qu’on voudra, imaginer n’importe quelle idéologie parasitaire qui justifie in fine la mise en esclavage d’autrui, tout système économique, toute institution politique qui contrevient à la loi économique fondamentale est condamnée à l’échec, plonge l’humanité dans la misère et l’homme dans l’indignité.

    « Qu’est, en effet, l’économie sinon l’ensemble des échanges » : cette définition est notoirement insuffisante. L’économie est l’ensemble des échanges volontaires. Les échanges contraints (impôts, taxes, cotisations obligatoires, réglementations ubuesques) agissent comme une économie négative, une sorte d’énergie noire économique, qui détruit les richesses créées par ailleurs. S’il y a aujourd’hui une mécanique économique sans contrôle à l’œuvre dans les pays développés, c’est bien celle des mafias étatiques qui veulent asservir les populations.

  • Encore un « satellisé » qui nous fait sa bouffée délirante chronique, en se planquant derrière les mots creux de la philosophie « moderne »

  • Ce monsieur parle « d’ultralibéralisme », c’est un mot créé par la gauche, non?
    Je ne sais toujours pas ce que cela signifie!
    Son CV ne me semble pas vraiment libéral. Son texte non plus.

  • L’auteur décrit un libéralisme sans individualisme, c’est ce qui crée une confusion.

  • Bonjour à tous. Bon j’ai lu le texte en diagonale parce qu’il m’a paru très con (le genre écrit avec les pieds par un sectateur de l’homme à tête de veau). J’ai manqué quelques chose?

  • Je suis à 100% d’accord. Je me pose la question : qu’est ce qui pousse l’humain à vouloir donner du pouvoir aux autres pour les dominer et les diriger. Je pense à la religion ou au socialisme. On dirait que l’humain a peur de lui même et de se retrouver seul avec lui même. Dans cette logique il est plus confortable de désigner un être dit superieur pour penser à sa place. Pourriez vous essayer de m’expliquer pourquoi ?
    Moi je dirais qu’ainsi on ne prend pas la responsabilité de nos actes, et on peut toujours dire : c’est pas moi, c’est lui. Mais, c’est assez flou dans mon esprit, je manque de références.

    • J’ai l’impression que l’auteur a voulu imaginer un « libéralisme » politiquement correct, il l’a donc dilué dans une abondance de bons sentiments.

      La véritable question est peut-être qu’il faut que les libéraux choisissent entre un libéralisme authentique qui ne sera jamais qu’une utopie en France, ou un libéralisme dilué qui devient, du coup, présentable sur la scène politique ?

      Le test de Contrepoints était peut-être là 😉

    • Excellente remarque – pour comprendre il vous faut lire Gustave LEBON, tout Gustave – un génie

  • Citations du blog de M. Brun:

    « laisser à l’homme la libre entreprise suppose qu’il a admis et compris sa responsabilité au service du Bien Commun »

    « C’est le rôle fondamental de l’État de garantir le Bien Commun et non celui de l’économie.  »

    « L’Etat doit être la boussole de l’économie en lui indiquant toujours le bien de l’Homme. »

    L’Homme doit servir le Bien Commun dont l’État doit être le garant ??Libéral ?? Je pense qu’il y a eu une erreur d’aiguillage, M. Brun.

    • J’ai bien aimé ce texte quand à moi. La liberté ne peut se développer que dans un contexte de réciprocité.

  • Réciprocité entre quoi et quoi?

    @CITOYEN : Il s’avère très difficile de défendre un bout de libéralisme sans l’embrasser tout entier. De facto, il est tout aussi difficile de rendre ce libéralisme populaire pour les raisons que décrivaient admirablement bien Bastiat il y’a 150 ans et d’une manière générale car nous nous ne recherchons pas le bien commun et que nous n’avons pas l’heur de promettre monts et merveilles. Mais il ne doit pas s’agit d’une raison pour baisser les bras.

    Monsieur Brun, il me semble grand temps de réagir…

  • Sous des dehors très confus, cet article dit des choses profondément vraies.
    Quelle est en effet « la vérité ontologique et anthropologique de l’ Homme » ? La société précède l’individu. La coexistence précède l’existence de soi! Toutes choses que nous ont apprises les sciences de la nature et les sciences humains, et que continue à ignorer un certain libéralisme.

    Pour en venir à l’économie, ce que l’auteur de l’article a sans doute en tête est ceci : le besoin qu’on a d’un bien passe par la nécessité et le désir d’exister avec les autres et par rapport à eux.

    • « La société précède l’individu. La coexistence précède l’existence de soi! »
      ça veut dire quoi? Il pourrait exister une société sans individus, et ils viendraient après? Nous coexiterions avant mêm d’exister?
      La réalité, c’est à la fois que la société n’est faite que d’individus, et que chaque individu naît au sein d’une société. L’un ne « précède » pas l’autre, ni l’inverse.

      « Toutes choses que nous ont apprises les sciences de la nature et les sciences humains, »
      sa et que continue à ignorer un certain libéralisme.

      • (désolé pour la fausse manoeuvre…)

        « Toutes choses que nous ont apprises les sciences de la nature et les sciences humains, »
        sans blague? Vous devez avoir de bien mauvaises lectures.

         » et que continue à ignorer un certain libéralisme. »
        Il a bien raison.

  • Les commentaires sont fermés.

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