Vœux publics, une exception française

Le calcul montre que les frais occasionnés par les vœux publics en France représentent à peu près 0,2% du PIB. Une goutte d’eau objecteront les fêtards !

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Vœux publics, une exception française

Publié le 8 février 2013
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Le calcul montre que les frais occasionnés par les vœux publics en France représentent à peu près 0,2% du PIB. Une goutte d’eau objecteront les fêtards ! C’est pourtant une dépense suffisante pour contribuer à engendrer chômage et pauvreté.

Par Michel de Poncins.

François Hollande lors de ses vœux aux Corps constitués (haute fonction publique) à Paris, le 8 janvier 2013.

Depuis le premier Janvier 2013, le Président actuellement en vigueur, François Hollande, est allé presque tous les jours visiter une catégorie de la population pour lui présenter ses vœux. Les jeunes, les syndicats, les gendarmes : tout le monde y a droit. Il a depuis belle lurette abandonné le train utilisé seulement pour quelques belles photos et emprunte souvent son magnifique objet volant, ceci à grand renfort de kérosène. C’est l’occasion de lancer des banalités ridicules du genre « La jeunesse est l’avenir ». S’y ajoutent à chaque fois des promesses intenables comme celle de terrasser le chômage avant la fin de l’année, alors qu’il sait bien qu’il ne pourra pas le faire ; les médias énamourés dégustent ces promesses.

Des vœux et des buffets

Ces vœux du Président ne sont que la pointe de l’iceberg des innombrables vœux publics français, véritables scandales générant l’effet de ruine dans toutes les catégories de la population avec par ricochet le chômage et la pauvreté.

Si, depuis le premier janvier, vous avez essayé de contacter votre député ou votre maire, vous avez constaté qu’il était « in-tou-chable » parce que, justement, il était à la fête. Vœux et ensuite « galettes des rois » se succèdent sans interruption, les galettes des rois ne gênant guère ces fameux républicains dès lors qu’elles sont gouleyantes. Un ministre, naguère, s’est vanté d’avoir invité pour recevoir « ses » vœux 10 000 personnes au total, dans « son » ministère, « sa » ville et « sa » présidence de région. Il était présenté avec gourmandise par la presse comme un « pro », tant son adresse était grande dans la préparation et la tenue de ces multiples fêtes.

Dans les fêtes et réceptions publiques, il peut certes arriver que les simples contribuables soient invités. Cela fait partie de ce que l’on dénomme « la stratégie des miettes » : les prédateurs publics spéculent sur leur modeste joie pour continuer à les spolier en paix. Il s’agit d’ailleurs de « miettes » en bonne et due forme et parfois, on les aperçoit voleter au coin des vestons. En dehors de ces quelques contribuables invités par erreur, les Hommes de l’État se retrouvent entre eux dans ces réceptions de début d’année : le Président du Conseil Général donne la main au Député, qui la transmet au Chef Syndicaliste. Le Président d’association subventionnée la saisit au passage et la repasse au directeur de société d’économie mixte ; tiens voici le Sous-Préfet qui tend la main au Président du Conseil Général, terminant ainsi la boucle. La ballade des mains se produit entre gens qui vivent tous des impôts. On écoute les discours d’une oreille distraite en lorgnant sur le buffet.

Certains pourraient se demander si le total des frais occasionnés par ces vœux représente un chiffre assez significatif pour générer  la pauvreté dans le corps social. Or le calcul montre qu’en fait les frais occasionnés par les vœux publics en France, lesquels constituent une véritable exception française, représentent à peu près 0,2% du PIB ce qui est tout à fait considérable et suffisant pour faire partir des industries et engendrer du chômage et de la pauvreté.

Le calcul

Voici les termes du calcul approximatif.

Il y a d’abord les buffets : pas de vœux réussis sans buffets bien garnis. Pour évaluer le coût des buffets, il faut d’abord savoir combien il y a de « puissances invitantes » suivant la terminologie prétentieuse de ces gens. Bien entendu, au départ il y a les 40 ministres chacun offrant ses vœux ici ou là ; mais il faut ajouter bien d’autres puissances invitantes comme les dirigeants de l’opposition qui vivent aussi des fonds publics, les dirigeants d’un grand nombre d’assemblées et puis les dirigeants de groupes parlementaires et des Hautes Autorités Administratives. L’évaluation approximative de toute cette population nous amène à 300. Il faut maintenant ajouter le millefeuille administratif qui pèse si lourdement sur toute la France. Un rapport Balladur avait évalué à 591 unités le millefeuille administratif ; nous pouvons arrondir à 600 et nous voilà à un total de 900. Que penser des 36 000 communes ? Les communes les plus importantes, les syndicats des communes, et l’intercommunalité nous conduisent probablement à 1000 puissances invitantes supplémentaires ce qui nous porte à 1900 ; arrondissons à 2000.

D’autres éléments doivent être pris en compte. Président et Ministres font la fête tous les jours mais les puissances invitantes de moindre catégorie ne font pas la fête tous les jours : il faut faire une moyenne. Soyons modestes et limitons nous à quatre fêtes en moyenne ce qui nous porte le total à 8000 fêtes. Combien de fêtards dans chacune des fêtes ? L’on se précipite en général pour être invité et il est vexant dans les provinces de ne pas serrer la louche du préfet à cette occasion. Là aussi nous sommes obligés de prendre des moyennes et nous supposons 200 fêtards par séance. Nous voici avec 1 600 000 fêtards.

Dans notre évaluation à la louche, si l’on peut dire, il reste à savoir à combien nous évaluons la place. Il faut tenir compte non seulement des frais des traiteurs mais des transports pour amener les fêtards avec souvent des fonds publics et prendre en considération l’amortissement ainsi que l’entretien des fabuleux palais dans lesquelles se passent ces multiples fêtes. Nous supposons en moyenne un coût de 200 € par place et nous voici à 320 millions d’euros simplement pour le prix des buffets bien garnis.

Le temps

Nous allons surprendre nos lecteurs car nous n’en sommes qu’au début du scandale et encore au sommet de l’iceberg. Un économiste honnête, doublé d’un comptable scrupuleux, doit prendre en compte le temps des fêtards. En effet, faisant preuve pour une fois de gentillesse, nous pensons que ces fêtards sont des personnes de très grand talent même s’ils appartiennent aux branches mortes de la nation et exercent parfois leurs talents d’une façon nuisible : voir les chefs syndicalistes ou les dirigeants de l’éducation nationale. Au lieu de passer la journée bouche bée devant une puissance invitante dont ils n’ont rien à faire ils pourraient, avec leurs talents propres, créer de la richesse dans leur domaine de compétence. Nous ne prendrons pas pour l’évaluation de la valeur de ce temps le tarif d’un PDG du CAC40, ce qui ne voudrait rien dire. Nous prenons seulement 2000 € par vacation de fêtard ; 2 000 euros multiplié par 1 600 000 nous donne 3,2 milliards d’euros. Avec le coût des buffets nous voici à 3,52 milliards d’euros.

D’autres frais

Nous n’avons pas encore fini car lorsque l’on détricote les causes du désastre français l’on n’est jamais au bout. Une troisième catégorie d’autres frais doit être prise en compte.

Que les lecteurs sceptiques prennent la peine de sortir de chez eux. À la campagne, début janvier, ils reçoivent en pleine figure, par voie d’affiche sur les routes, les vœux du Conseil Général dont ils n’ont rien à faire et à Paris, pendant huit jours, les vœux du Maire. Il faut voir les dames du quartier remercier avec effusion le Maire pour la boîte de chocolat qu’il leur a « offerte » avec l’argent qu’il a ramassé dans toutes les rues, non sans en garder précautionneusement une part pour lui.

Ajouter les cartes de vœux avec frais d’envoi à toute la population, les frais de dessinateurs et de logos, les affiches, les services de communication. Un ministre, naguère, voulant sans doute montrer son attachement aux valeurs de la République avait envoyé en France et à l’étranger des milliers de cartes de vœux avec des images obscènes mettant en jeu certaines de nos gloires nationales. Quand on voit, dans le journal local, la photo d’un Conseiller Général venu « offrir » les vœux du Conseil Général dans un asile de vieux, il faut bien comprendre de quoi il s’agit. Ce Conseiller Général reçoit pour cette tâche sympathique une prime, plus ses frais de déplacement, le tout probablement sans impôt. Ne pas oublier le temps des attachés de cabinet chargés de préparer les discours et d’y semer les phrases idiotes habituelles.

Le total général

Personne n’a intérêt à nous informer sur cette dernière catégorie de frais qui se perd dans le marécage nauséabond de la comptabilité publique. L’on peut imaginer que cela nous conduit à un total général de 4 milliards d’euros soit 0,2% du PIB. Les impôts et charges nécessaires pour financer cette insupportable spécificité française mènent à due concurrence aux délocalisations, au chômage, voire à la pauvreté. Les innombrables fêtards objecteront que nous parlons de gouttes d’eau : objection classique. Mais de multiples gouttes d’eau forment le torrent de la ruine que les prédateurs publics infligent aux autres.

Un diplomate allemand rencontré par hasard il y a quelques années lors d’un mois de janvier avait dit que les vœux publics dans son pays se réduisaient à presque rien mais avait dû abréger l’entretien pour courir entendre des phrases banales lors d’une cérémonie !

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  • Bien d’accord sur le fond, mais il ne s’agit pas d’une perte, c’est un manque à gagner. La différence étant que si on interdit les voeux, on ne rend pas le temps et les petits fours économisés productifs de richesses pour autant, et on peut faire confiance aux acteurs frustrés pour trouver alors un autre moyen de perdre avec autant d’allégresse et de gâchis les ressources fournies par le contribuable…

  • Combien de temps perdent des gens comme moi qui lisent contrepoints ( et à répondre à ses articles ineptes). Du temps que j’aurais pu passer à créer de la richesse! Si on multiplie avec le nombre de lecteurs on arrive surement à une somme astronomique. Le libéralisme est vraiment le cancer de notre société s’il nous fait perdre tant d’argent.

    Et sinon si l’Etat dépense en effet de l’argent il le récupère en partie par les taxes qu’il récolte sur le bénéfice des sociétés de traiteurs et sur l’activité engendrée.

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