Parce qu’un con qui marche va toujours plus loin qu’un intellectuel assis, deux frères sont partis sur les routes depuis de longs mois, traversent les frontières, les villes et les campagnes à l’occasion d’un tour du monde à durée indéterminée, sans casques ni golden-parachutes. Au fil de leur voyage, ils livrent leurs impressions sur des expériences qui les ont marqués.
Aujourd’hui, leur regard s’arrête sur le far west administratif d’Australie.
Par Greg, depuis Port Hedland, Australie.
Voilà deux mois que je quittais Perth pour Port Hedland, (1600km plus au Nord, 10 000 habitants) afin d’y trouver du travail. Au-delà de la possibilité de gagner plus, il y avait aussi une volonté de couper dans la vie de backpacker et de ne plus côtoyer tous les voyageurs pendant que je travaillerais. Port Hedland est avant tout une ville minière : 90% de la population se promène en bleu de travail et la gent féminine est aussi bien représentée qu’il y a de kangourous vivants au milieu de la route en Australie. Ambiance testostérone. Les habitants accumulent en moyenne 2 semaines Aubry pour toucher 4 fois plus. Bref, ici, on bosse et il n’y a rien d’autre à faire. Quand on décroche un bon poste dans les mines ou le BTP, il est possible de devenir millionnaire en 10 ans, à condition de supporter ces conditions de vie pendant ce laps de temps. Au nord de la ville, c’est l’océan où la concentration de méduses, sauriens et autres animaux sympathiques interdisent tout baignade. Le reste est cerné par le désert sur 500km à la ronde. À l’horizon, les seuls reliefs dans l’étendue désertique sont les installations minières et les tornades en formation. La ville n’a rien de particulier, voire même rien du tout. Disons le minimum pour ce type de populace : quelques bars et un Mc Donald’s.
Si on ne trouve pas forcément tout de suite le poste en or, il est en revanche aisé de décrocher un travail bien payé. Pour ma part, cela a pris 24h. L’autre bonne surprise, qui est propre à toute l’Australie, est de recevoir sa fiche de paie. La première fois on se demande bien ce que sont ces trois lignes qui se courent après, après avoir connu les joies indéchiffrables d’une fiche de paie française : des primes de tenue de travail, des majorations de primes conv., des heures TEPA, du FNAL plafonné, de la FNGS, de la CSGCRDS temporaire qui dure, du FNAL déplafonné, une ligne « accident du travail » même quand on en a pas eu, de la contribution solidarité, une indemnité de trajet, une indemnité de transport, une indemnité compensation transport, une taxe sur… le transport, de la CNPO, de l’AGFF, du chômage TA, de la retraite qu’on aura pas, une taxe complémentaire employeur prévoyance et pour finir une ligne « autres charges patronales » qui a priori seraient trop longues à énumérer.
C’était un petit condensé d’une vielle paie d’apprenti sur laquelle une employée du personnel avait dû passer 2 heures. Et encore, vous n’avez sûrement pas les mêmes acronymes ou le même nombre de lignes sur la vôtre selon le secteur dans lequel vous êtes, pour quelle compagnie vous travaillez, à quel poste, sous quelles conventions ou accords syndicaux obscures.
Ici, trois lignes donc. La première fait la multiplication de vos heures effectuées avec votre taux négocié sans SMIC. La seconde est indiquée « Tax ». Des taxes (13% pour les résidents) que vous récupérez à votre sortie d’Australie quand vous êtes étranger. La troisième ligne correspond à la retraite (Superannuation) mais vient en plus du salaire. Ce n’est donc pas une cotisation, c’est de la capitalisation. Le montant (calculé sur 9% du salaire) arrive sur un compte spécial retraite dans votre banque. Compte que vous pouvez bien sûr compléter à côté par un simple virement. Ce montant est également débloqué lorsqu’on quitte l’Australie.
Et les assurances dans tout ça ? Vous êtes couverts pour les accidents du travail par l’assurance de l’entreprise. Pour le reste, c’est vous qui voyez. À mon avis, personne n’a jamais souscrit d’assurance chômage… Les Australiens ont une couverture santé gratuite.
Au rayon des simplifications administratives appréciables, l’achat d’un véhicule et les démarches qui s’en suivent dans le Western Australia (d’autres États d’Australie sont plus pénibles) sont tout aussi éloignés de la situation française. On ne se rend pas dans une obscure sous-préfecture du Val de Marne avec un ticket de poissonnerie et un personnel définitivement étranger à votre démarche, alors qu’on vient de poser une après-midi. On va au bureau de poste pour faire enregistrer le changement de propriétaire, moyennant 70$ pour mon cas. Pour la suite, pas de contrôle technique. On paye environ 500$ par an (cela comprend une assurance au tiers) pour renouveler les papiers du véhicule, sur internet, cinq minutes. On ne remplit aucun Cerfa, et si vous voulez rouler dans une poubelle, c’est votre problème.
En revanche sur leurs routes désertes, il vous faudra toujours un casque à vélo…
—-
Sur le web.
Lire les autres épisodes de la série :
- Un périple autour du monde. Vers la Papouasie
- Un périple autour du monde. Quatre jours dans un clan papou
- Un périple autour du monde. Guerre de clans papous
- Un périple autour du monde. Législatives exotiques
- Un périple autour du monde. Terroristes biologiques
- Un périple autour du monde. Le phénomène aborigène
moi aussi je suis en mode *con qui marche* a surfers paradise
Ce qui est dramatique avec les pays socialistes, c’est que la population oublie comment la vie peut-être au fil des générations victimes de l’étatisme. La fiscalité confiscatoire, les contraintes légales indénombrables , la lourdeur administratives, toutes ces pesanteurs qui engluent progressivement nos vies ne sont pas la fatalité, ce n’est pas la normalité. La vie est un chemin suffisamment difficile sans qu’on vienne nous accrocher des boulets au pieds.
Comme tu as raison !
Nous sommes entourés de gens ayant intériorisé une mentalité d’esclaves.
L’age venant, je constate, décennie après décennie, le pourrissement des esprits.
La Fontaine serait contemporain, il mettrai certainement en premier sa fable « le chien et le loup ».
Avec ce « petit » bémol qu’actuellement le chien subit la double peine : collier étrangleur + gamelle vide.
« Ici, trois lignes donc. La première fait la multiplication de vos heures effectuées avec votre taux négocié sans SMIC. La seconde est indiquée « Tax ». Des taxes (13% pour les résidents) que vous récupérez à votre sortie d’Australie quand vous êtes étranger. La troisième ligne correspond à la retraite (Superannuation) mais vient en plus du salaire. Ce n’est donc pas une cotisation, c’est de la capitalisation. Le montant (calculé sur 9% du salaire) arrive sur un compte spécial retraite dans votre banque. Compte que vous pouvez bien sûr compléter à côté par un simple virement. Ce montant est également débloqué lorsqu’on quitte l’Australie. »
Limpidité et bon sens ! Et aussi justice, donc.
On voit clairement que les Australiens, peuple descendant de bagnards, criminels et autres délinquants déportés là-bas, sont hermétiques aux « élites » et leurs usines à gaz 😀
« Les Australiens ont une couverture santé gratuite. »
Couverture financée entièrement par l’impôt, donc ? Il y a possibilité d’y souscrire ou des assurances privées disponibles pour les étrangers ?
Oui financée par l’impôt. On peut en bénéficier si on acquiert le statut de résident permanent ou pour certaines nationalités (NZ, UK, Italie, Irlande…).
Pour nous le problème ne s’est pas posé puisqu’on est parti avec une assurance voyage nous couvrant partout dans le monde.
Passez à Hutt River si vous le pouvez
« Les Australiens ont une couverture santé gratuite. »
Je devine que le système de santé australien est communiste, comme le britannique et le canadien…
Certes, on ne paie pas.
Mais impossible de voir un généraliste: Si c’est vraiment nécessaire, il n’y a pas d’autre solution que faire la queue aux urgences pendant des heures.
Et pour voir un spécialiste, c’est pire. Mesdames, oubliez voter visite périodique chez un gynécologue…
Contrairement à l’idée répandue, les anglo-saxons ne sont pas foncièrement libéraux – en fait, en matière de santé, ils sont profondément collectivistes. Et ils paient très cher.
Impossible de voir un généraliste? Dans chaque petit centre commercial vous avez un ou deux cabinets de généralistes. Vous pouvez soit prendre rendez-vous soit vous asseoir dans la salle d’attente et attendre qu’on vous prenne. On vous dira combien de temps vous risquez d’attendre. Vous attendez, ou vous prenez rendez-vous, ou vous allez voir ailleurs, ça ne manque pas.
Pour voir un spécialiste, il faut obtenir rendez-vous en passant par un généraliste.
« Et ils paient très cher »
En Australie une consultation avec un généraliste de coûte rien. Vous l’avez dit vous-même: « Certes, on ne paie pas. » Alors qui paie très cher quoi?
Vous avez une curieuse conception du sens du mot « collectiviste »
« Je devine que… » Vous ne devinez pas, vous affabuler.
Au fait, comment je sais tout ça? L’Australie, cela fait 45 ans que j’y vis. Alors j’en sais peut-être plus long que vous.