Adieu Crédit Immobilier de France !

C’est fini, l’État apporte sa garantie, et va nommer les liquidateurs. Le CIF est mort et son Président sacrifié.

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Adieu Crédit Immobilier de France !

Publié le 3 septembre 2012
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C’est fini, l’État apporte sa garantie, et va nommer les liquidateurs. Le CIF est mort et son Président sacrifié.

Par Thibault Doidy de Kerguelen.

Ce week-end fut décisif pour le Crédit Immobilier de France. Nous vous annoncions il y a déjà quelques temps que le CIF était condamné, nous vous disions jeudi dernier que le crash était imminent, eh bien c’est fait, le Crédit Immobilier de France s’est écrasé après une longue chute pendant laquelle, invariablement, les décisionnaires nous répétaient l’antienne « jusque là tout va bien, jusque là, tout va bien…» .

Vendredi 31 août au soir, le dernier conseil d’administration du Crédit Immobilier de France s’est tenu. Appel a été lancé à l’État pour sauver le CIF. Bercy n’a pas répondu par une nationalisation ni par un sauvetage. L’État apportera sa garantie afin de permettre la levée des fonds minimums permettant à l’établissement de poursuivre son activité…. dans le cadre d’une gestion « en extinction ». C’est-à-dire, pas d’affaire nouvelle, réduction des effectifs, transfert d’activités sur d’autres structures. Le modèle cité est Dexia (tiens, tiens, gageons que parmi les rapaces qui se partageront la dépouille de CIF, nous trouverons…. La Banque Postale). «Il n’est pas question de nationaliser le CIF», assure-t-on à Bercy. Même si nous ne sommes effectivement pas dans le scénario d’une nationalisation, il n’en demeure pas moins que l’État impose sa loi.

Exit Claude Sadoun, et sans indemnités, s’il vous plaît ! Cette précision est écrite en toutes lettres sur le communiqué de presse du ministère qui annonce la mise en place de la garantie et réitérée avec force par J.-M. Ayrault à la radio. Si cette sortie n’est pas glorieuse, au moins cet énergique dirigeant qui avait constitué le groupe en un peu plus d’une dizaine d’années, qui avait réussi à sauver les actifs de son établissement quand l’État avait cherché à s’emparer de ses 3 milliards d’euros de fonds propres et qui avait même eu gain de cause devant le Conseil d’État en mars dernier face à l’Autorité de Contrôle Prudentielle(*) [1], n’aura-t-il pas à conduire son bébé à la morgue. C’est peut-être le tandem mis en place vendredi dernier avec Bernard Sevez, un administrateur du CIF nommé PDG, et Patrick Amat, directeur financier, nommé au poste de DG qui se chargeront de la sale besogne. Peut-être car ils ne semblent pas (d’après les « on dit » des gens qui se disent bien informés, mais auxquels en l’occurrence, votre serviteur accorde quelque crédit) avoir la pleine confiance du ministre Moscovici.

Là-dessus, il faut quand même évoquer la déclaration de Jean Marc Ayrault qui a assuré hier, dimanche 2 septembre, lors de l’émission « Tous politiques (29’55 »)» sur France Inter, que « comme cet établissement dispose de fonds propresl’argent des contribuables ne sera pas mis en cause ». La garantie que dès lundi l’État sera amené à présenter est déjà de 4,7Md€. On estime qu’à terme elle s’élèvera à 20Md€. Les fonds propres évoqués par le premier ministre s’élèvent quant à eux à 1,6Md€ (au dernier bilan connu (p.25), puisque le CIF n’a pas publié ses comptes)… Bon, il faut reconnaître que les encours s’élèvent à 32,9Md€, mais, cher premier ministre, il ne s’agit pas de fonds propres… Toujours est il que l’État accepte de garantir, avec l’argent des contribuables le refinancement d’un établissement auquel les investisseurs indépendants ne veulent plus prêter, ne l’estimant pas fiable ! Affirmer de la sorte que l’opération ne coûtera pas un cent au contribuable me semble quelque peu téméraire….

—-
Sur le web.

Note :

  1. L’ Autorité de Contrôle Prudentiel, autorité de tutelle, avait demandé au CIF de renforcer ses capitaux propres et réclamait au CIF un ratio de solvabilité d’au moins 12% avant le 31 mars 2010. Le CIF avait alors engagé un recours auprès du Conseil d’État afin de faire annuler la décision de l’ACP. Le juge administratif a finalement donné raison au CIF et a décidé que le Crédit immobilier de France n’avait pas besoin de renforcer ses capitaux propres. La juridiction administrative a donc annulé la décision de l’ACP le 5 mars dernier et a condamné l’État à verser 1 500 euros au CIF. Le flingage de Sadoun, tant dans le communiqué de presse que dans l’intervention radiophonique de J.-M. Ayrault ressemble un petit peu à un règlement de compte sur fond de démagogie. Notre Premier Ministre n’a pas l’élégance de s’abstenir de tirer sur une ambulance…
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  • Si le CIF est un établissement privé, alors il doit disparaitre si sa gestion a été calamiteuse.
    Par contre je ne connais pas l’histoire de cet établissement (était-il public au départ…). J’ai cru comprendre que son activité principale était le prêt immobilier aux bailleurs sociaux… Ce qui me semble très loin d’un modèle économique viable, et plus proche d’un modèle « sub-prime »…
    Qui est à l’origine d’une telle stratégie?
    Enfin, j’ai entendu à la radio que le CIF devait s’accoler avec une banque pour « survivre » et que l’état avait choisi la Banque Postale…
    Je considère toujours que la Poste n’a aucun droit d’être une banque !!!

    • @ Daniel : comment le Cif a t’il pu avoir une gestion calamiteuse alors qu’il dégage des bénéfices ?
      La banque postale et la poste sont deux entités différentes.
      De plus le Cif accorde des prêts uniquement aux particuliers et permet l’accession aux faibles revenus. Avec la fin du Cif cela veut-il dire que seules les classes moyennes et les riches peuvent devenir propriétaire ?

  • Pour information, les fonds propres s’élèvent aujourd’hui à 2,4Md€.

    • @LuDo

      Pourriez vous avoir l’amabilité de me communiquer vos sources, svp? J’ai en effet vu ce chiffre à droite et à gauche, mais aucun document du CIF qui, je vous le rappelle, n’a publié aucun chiffre depuis ceux que j’ai mis en lien. Si vous en avez d’autres, je serais très intéressé à les consulter,
      Cordialement,
      Thibault

  • le CIF est l’archétype du machin para-public :
    http://www.procivis.fr/l-histoire-du-reseau
    http://www.groupe-arcade.com/legroupe/creditimmobilierdefrance.html

    Je ne sais pas si la gestion du CIF a vraiment été calamiteuse, par contre il me semble clair que
    1) son business-modèle, fondé sur un refinancement permanent court pour assoir du crédit immobilier long, a été fusillé par la crise financière. Le sauveteur etat est celui a allumé l’incendie qui a grillé le CIF
    2) il va y avoir des gens qui vont se faire une max de pognon sur le démantèlement du CIF, par différence entre la valeur réelle de certaines créances et leur valeur comptable artificiellement déprécié. Et ce, pendant que le contribuable sera appelé a épongé les pertes sur d’autres créances réellement douteuses…

  • Je suis une salariée du CIF et je trouve votre titre innacceptable car comportant à mes yeux un manque de respect des 2 500 salariés du CIF. Comment pouvez-vous dire « Adieu Crédit Immobilier de France ! »? Un peu de respect Monsieur le journaliste tant pour ma Société dont je suis fière mais aussi pour l’ensemble de mes collègues. Pour rappel, en 2011, nous avons fait des bénéfices et nous avons 2,4 milliards de fonds propres. A fin juin 2012, nous avons fait plus de bénéfices qu’à fin juin 2011. Nous avons aidés de nombreux ménages modestes à devenir propriétaires. Aujourd’hui, le CIF n’est pas mort alors ne nous enterrez pas trop vite. Je dis à tous ces charognards de se méfier car on ne se laissera pas manger comme cela. On se battera jusqu’au bout pour sauver nos emplois et je dis à tous ceux qui nous soutiennent et nous estiment de nous rejoindre le 13 septembre à Paris. Le CIF n’est pas mort, il dort…

  • Le CIF, presque 110 ans.
    Fondé à la base pour aidé les foyers peu fortunés à devenir propriétaire. Parce qu’il est toujours plus intelligent de construire petit à petit un patrimoine que de payer un loyer, sans en obtenir de fruit.

    Le CIF, c’est 2500 salariés, un modèle économique à la marge mais qui fonctionnait jusqu’à présent : en lieu et place des dépôts des épargnants, le CIF achète sur les marchés financiers l’argent qu’il prête ensuite aux foyers souhaitant faire construire ou acheter leur résidence principale.

    Moody’s, agence de notation toute puissante, a donc décidé de dégrader le CIF. Dans le viseur entre autre, le modèle économique anecdotique de l’entreprise. Et pour cause, nous sommes en pleine crise de liquidité, les banques sont de plus en plus frileuses pour se prêter entre elles.
    La dégradation par les agences de notation empêche alors le CIF d’aller chercher de l’argent sur les marchés comme il l’a toujours fait, et ce dans une gestion plus que rigoureuse. Dès lors, le CIF DOIT trouver un repreneur qui soit lui apportera l’argent qu’il allait chercher sur les marchés, soit se portera garant, pour que le CIF puissent continuer d’acheter des liquidités sur les marchés.
    A l’inverse de Dexia, le CIF ne laisse pas d’ardoise à ce jour. Les engagements de remboursements ont toujours été honorés.
    Les 33 milliards d’encours sont en fait les millions de prêts immobiliers accordés à ses clients devenus propriétaires, et qui tous les mois, remboursent leurs échéances de prêts, intérêts compris. Clients qui bien souvent se sont d’abord vu refuser un prêt par leur propre banque, estimant qu’il était dangereux de leur faire confiance.

    Retour en arrière, en 2009. Le Credit Agricole propose au CIF un rapprochement dans le cadre d’un adossement. Claude Saddoun parle alors de plusieurs propositions, et que la meilleure sera exigée.
    Tellement gourmand le dirigeant que finalement, le CIF ne s’adossera pas à la banque mutualiste. La crise des subprimes de l’époque a pourtant déjà fragilisé le secteur, et les « potentiels partenaires » se font de plus en plus rares.

    Une part des dividendes annuels financent les SACICAP qui œuvrent dans le monde du logement social, en octroyant des prêts à taux bonifiés pour des foyers très peu fortunés qui souhaitent acheter leur logement. En cela, le CIF a toujours été très liés aux pouvoirs publics, et de fait est un véritable acteur de l’accompagnement à l’accession à la propriété.

    En plus de mettre sur le carreaux 2500 personnes, stopper les activités du CIF revient donc à stopper toute une politique en faveur du logement. Politique que le nouveau gouvernement de gauche et le Président de la République souhaitent pourtant relancer. Comment si c’est en tuant un des acteurs majeurs du secteur ?

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