La mort d’Europe

Voici un rappel éloquent de la vision quasi-prophétique de Charles Gave donnant, en 2003, son sentiment sur le devenir à brève échéance de la zone euro et de l’UE.

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La mort d’Europe

Publié le 14 août 2012
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Paru en mars 2003, l’ouvrage de Charles Gave intitulé Des lions menés par des ânes – Essai sur le crash économique (à venir mais très évitable) de l’euroland en général et de la France en particulier est aujourd’hui, en 2012, devenu d’une brûlante actualité.

Le crash annoncé mais que nul, finalement, n’a su éviter tant nos européistes de service ont mis du coeur à le rendre inévitable, est en train de détricoter, État membre après État membre, la noble construction issue de l’après-guerre européen et pervertie à souhait.

Tout est parti de la Grèce (antique), mettant instantanément à feu la bombe à retardement des États surendettés jusqu’à provoquer, au cœur même de la zone euro, un violent incendie se propageant alors, à la vitesse d’un cheval au galop, partout en Union européenne.

Voici donc un rappel éloquent de la vision quasi-prophétique de Charles Gave donnant, en 2003, son sentiment sur le devenir à brève échéance de la zone euro en particulier et de l’UE en général :

« Toute l’histoire de l’Europe depuis la Révolution française a été dominée par des tentatives plus malheureuses les unes que les autres d’imposer la force d’une loi à des populations disparates, depuis Napoléon, en passant par Bismarck, et en terminant par Hitler.

La solution par la force d’une loi n’a jamais fonctionné, et ne fonctionnera jamais. Nous y sommes : à nouveau le lit de Procuste est avancé.

Cette fois, ce n’est plus un État, mais une technocratie transétatique qui cherche à imposer ses règles. La crise morale, économique et financière dans laquelle nous entrons à toute vitesse a été créée de toutes pièces par son désir d’uniformité. Les structures de décision de l’Europe actuelle sont incapables de régler, ou même de comprendre, les problèmes qui se posent au Vieux Continent, pas plus que M. Gorbatchev ne pouvait réformer le communisme, et pour les mêmes raisons. Régler les problèmes suppose de se débarrasser d’abord de ce qui les a créés, c’est-à-dire les structures existantes. Pour régler les problèmes russes, il fallait d’abord virer Gorbatchev…

Les technocrates au pouvoir et leur idéologie sont le problème, et attendre d’eux la solution est hilarant […] Rien dans les structures de décision actuelles ne permet de faire face à ces événements inévitables. Cette incapacité à traiter les problèmes structurels engendrera inévitablement une énorme crise politique.

Nous entrons, sans doute aucun, dans une situation prérévolutionnaire, comme dans les précédents débuts de siècle. L’Europe de 1820 ne ressemblait en rien à l’Europe de 1790. L’Europe de 1920 n’avait qu’un rapport très lointain avec celle de 1890. Il est à craindre que l’Europe d’ici à 2020 ne connaisse à nouveau des convulsions difficilement imaginables aujourd’hui… »

Puis vient le coup de grâce imparable que je résume en trois calamités telles que les imagine Charles Gave en conclusion de son livre :

  1. Nous ne parierions pas par exemple sur la survie de l’euro, sur l’existence d’une armée européenne, ou sur la construction d’une Europe fédérale
  2. La balkanisation d’un certain nombre d’États européens apparaît tout à fait possible
  3. Attachez vos ceintures, la météo annonce de considérables trous d’air, le pilote de l’avion est fou et pense qu’il est aux commandes d’une locomotive

 

Dont acte et que le ciel (après nous être tombé sur la tête) nous vienne en aide plutôt que les ânes qui, aujourd’hui comme hier, et peut-être même demain si nous les laissons faire, nous mènent tout droit en enfer. Euh… Bonnes vacances quand même !

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  • Soyons positifs:
    – les pays feront faillite chacun leur tour
    – ils mettront en place un Etat minimal (défense, justice, diplômatie)
    – l’Europe entrera dans une période extrêmement prospère pendant laquelle toutes les initiatives seront encouragées.

    Et merde, je viens de me réveiller.
    Bon ben je me recouche.

    • Je suis un peu plus pessimiste

      Pour mettre en place un etat minimal, les incapables aux manettes doivent se mettre eux-memes au chomage. Donc premiere mesure: mettre en place leur propre maintien.

      A mon avis ils feront tout pour rester enkystes, quitte a tout ruiner encore plus. Et beaucoup trop d’interets particuliers entremeles etablis soigneusement depuis des decennies n’accepteront pas de lacher le morceau facilement. Allez annoncer aux fonctionnaires la fin du Contrat a Duree Eternelle, aux cheminots l’obligation de travailler comme tout le monde, aux entreprises acoquinees aux politiciens clientelistes de subir une vraie concurrence, aux paysans la fin des subventions, aux assistes la fin des allocations… et ce n’est que le haut de l’iceberg. Le pays est reellement profondement embourbe dans le socialisme et ce sont des dizaines de millions de personnes dont l’existence depend du maintien du socialisme.

      L’ecroulement du socialisme n’implique pas automatiquement une conversion a un systeme plus libre.

      De toutes facons, si tout s’ecroule, on connait deja le responsable: le liberalisme.

      A mon avis, il ne faut pas sous estimer l’enracinement profond chez nos concitoyens de la soumission volontaire a l’etat et qu’ils reclament encore plus d’interventionnisme en cas de crise aggravee.

      Wait and see, but preparez vous quand meme a degager rapidement.

      • « Donc premiere mesure: mettre en place leur propre maintien »

        Aucune chance lorsque tous les créanciers auront dégagé. Il se retrouveront de toute façon au chômage. Ce n’est qu’une question de temps.

        « L’ecroulement du socialisme n’implique pas automatiquement une conversion a un systeme plus libre. »

        Tout à fait d’accord. Mais je pense qu’une partie relativement grande de la population sera ok pour le vrai libéralisme.
        Au pire, la vrai charité et la débrouillardise prendront le dessus sur tout. Le fait donc de se démerder par soit-même et pour soit-même (ainsi que les gens qu’on aime) sera la meilleure démonstration du succés du libéralisme.

        Ou on peut également se préparer à une 3ème guerre mondiale, ça dépend de notre imagination.

  • à l’opposé des « idiocrates » penseurs d’une U.E. fédéraliste (parce qu’ils avaient/ont encore un intérêt à en promouvoir l’utopie), le seul organe institutionnel capable de naviguer sur des flots déchaînés reste le CONSEIL européen. Conseil : le croisement où concertent en pleine liberté décisionnelle nos représentants « élus » des Nations, chacune avec ses spécificités propres, avec ses défis à relever, sa culture, ses innombrables plus et moins.

    Vouloir l’U.E. telle qu’en avaient rêver les pères fondateurs (tous des gens issus du 19e, ayant chacun vécu les enfers des crises et guerres européennes), ça relève d’une utopie dans ce monde chamboulé du XXe. A l’examen, il en est de même des organes d’une gouvernance dite « mondialisée » : ONU et ses filiales incontrôlées …jusqu’à l’OCDE.
    Avoir plaqué de vieilles recettes rances sur une utopie de l’uniformisation à tous égards, c’était bêtement recréer l’ère soviétique sous une ombrelle de soi-disant libertés. S’il y a d’indéniables avancées en quelques décennies, elles viennent plus des sciences & techniques que de nos armadas de juristes et diplomates se partageant le grand gâteau des méga-crédits à consommer (eux s’en régalent plus que le citoyen-payeur).

    Il importe maintenant de tamiser le bon grain ce celui d’ivraie !
    Seule la responsabilité bien exercée vaut …

  • Ironie de l’histoire cette Europe voulue au nom du « plus jamais ça » est en train de recréer à vitesse grand V des conditions tout à fait favorable; une paupérisation massive et une montée des extrémistes démagogue.

    Je vois plutôt un déclin progressif, une descente qui n’en fini plus avec des soubresauts et des enchainements de crises sur fond de violence sociale à l’encontre de bouc-émissaire.

    Tout sauf un gros rhume passager avec redémarrage sur des bases plus saines. Pour cela il faudrait une prise de conscience et les oligarque et leurs séides ne le permettront jamais.

  • Amiens c’est dans les balkans depuis 3 jours non ?
    L’Etat est donc mort ? Que meure aussi l’UE à présent !

  • Puisque c’est les vacances :

  • « Des lions menés par des ânes ».
    Qui a élu ces ânes?
    Où sont les lions?

    • Les lions? Tous partis, notamment où la savane est plus accueillante (Hong Kong, Nouvelle-Zélande…), chassé par les braconniers de Bercy.

  • Les commentaires sont fermés.

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