“Si l’État n’était pas là, il faudrait l’inventer” répètent ses thuriféraires à qui mieux mieux pour en justifier autant l’existence que les ponctions fiscales afférentes. La réalité, bien sûr, est qu’à chaque fois qu’il le peut, le citoyen a tout intérêt à se passer d’État, et ce ne sont pas les habitants de Kauai qui diront le contraire…
L’histoire est relatée en anglais par CNN et se déroule dans le parc national de Polihale, qui a été fermé en décembre dernier suite à des inondations. Ces inondations ont entraîné des dommages assez importants sur la route d’accès au parc, estimés à 4 millions de dollars.
Comme par hasard, l’agence en charge de la gestion des ressources naturelles et du parc ne dispose pas de cette somme, et les assurances ne semblent pas couvrir ce genre de dégâts. Avec un tel montant, le parc n’aurait pas pu ouvrir cet été, et les meilleures estimations portaient à deux ans le temps nécessaire à la réfection des infrastructures endommagées.
De façon parfaitement logique, tant que les réparations ne sont pas faites, les commerces attenants ne peuvent fonctionner et sur une aussi longue période doivent s’attendre à fermer purement et simplement, notamment ceux dont les revenus dépendent totalement de l’ouverture du parc pour fonctionner.
Devant ce constat et la probable perte de leur affaire, les résidents et personnes directement concernées par la bonne réfection de la route ont abandonné rapidement l’idée de faire faire par l’État ce qu’ils pouvaient faire eux-mêmes. S’associant rapidement les uns avec les autres, ils ont donc loué les machines et utilisé leurs bras pour remettre les infrastructures en bon état.
Ce qui devait finalement prendre plusieurs mois et des millions de dollars s’est étalé sur huit jours. Comme l’explique Troy Martin, qui a prêté les machines et donné l’acier nécessaire aux réparations :
“Nous n’aurions pas dû avoir besoin de faire ceci, mais lorsque toute cette affaire atteint le niveau de l’État, cela devient si bureaucratique que quelque chose qui nous a pris 8 jours leur aurait pris des années. Nous nous sommes donc rassemblés, la communauté, et nous l’avons fait nous-mêmes.”
Finalement, on en arrive à la conclusion que ceux qui sont les principaux bénéficiaires de la route sont aussi ceux qui l’ont remise en état, et ce plus vite et pour un prix inférieur à l’entité plus ou moins abstraite qui en est normalement responsable… Cette remarque peut facilement s’étendre à d’autres routes, d’autres domaines et d’autres communautés, mais le constat est globalement le même : l’État n’est pas le garant que ce qui doit être fait le sera, qu’il le sera dans un temps raisonnable, et qu’il le sera pour un coût normal.
En période de crise, les individus et les communautés seront de plus en plus confrontés à ce genre de décision et devront régulièrement agir pour faire par eux-mêmes ce qu’avant l’État entreprenait, avec les lourdeurs et les débordements budgétaires inhérents à sa nature : l’État, en définitive, dépense pour d’autres que lui de l’argent qui ne lui appartient pas, sa motivation pour en faire un aussi bon usage que possible ne tient donc qu’à l’implication fort variable des gens qui l’animent. Or, lorsque la situation se tend et que les budgets se font plus critiques, chacun est tenté de tirer la couverture à lui : on peut donc parier que la dépense sera mal calibrée, mal gérée, et mal planifiée.
Cette petite aventure dans une communauté américaine montre à merveille que la plaie bureaucratique est partout la même, et que partout, la solution n’est pas dans une vaine optimisation de cette bureaucratie, une espèce de raffinement ultime qui permettrait d’avoir un état utopique, efficace et bon, mais qu’elle repose avant tout sur les volontés individuelles des personnes directement concernées par le problème.
Dans quelques semaines, quelques mois tout au plus, l’État français, comme d’autres avant lui, sera aux abois. Chaque Français pourra alors faire le choix de s’entêter, rester le cul vissé sur une chaise et attendre que la République et ses commis lui viennent en aide. Chaque Français pourra réclamer (à bon droit, d’ailleurs, vu les colossales ponctions qu’il aura dû subir) que ce soit l’État qui nettoie le merdier dans lequel le pays se trouvera. Et on peut le parier, la majorité des Français fera exactement ce choix-là.
Mais ceux qui s’en sortiront seront ceux qui auront la présence d’esprit de chercher d’abord en eux-mêmes et autour d’eux les bonnes volontés individuelles, ceux qui ne se reposeront en rien sur l’organisme étatique, cancéreux en phase terminale.
Ils ne seront pas nombreux. Pire : attendez-vous à ce que ceux-là soient rapidement jalousés.
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Sur le web
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@Contrepoints Interressant… Mais dans ce modèle, qui construit le viaduc de Millau, le tunnel sous la manche ou le barrage Hoover ?
Si personne ne les construit, c’est que personne ne trouve d’intérêt à le faire.
Le tunnel sous la Manche a été financé intégralement par le privé. les petits actionnaires en savent quelque chose. J’en faisait partie , et ai perdu 90% de la mise initiale mais au final je préfere encore ça aux prélèvements publics.
au niveau de l’État ça devient si bureaucratique que qq chose qui nous a pris 8 jours leur aurait pris des années. http://t.co/zNKLB5tl #rlq
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Votre exemple recouvre un cas très particulier : un petit tronçon, des utilisateurs bien identifiés, un intérêt commun. Ces gens ont fait usage de leur bon sens et de leur pragmatisme : ils ont mis en commun leurs ressources, et fait jouer la subsidiarité.
Et si c’est la N7 est inondée, genre à la porte d’Ivry, on demande aussi aux riverains de venir avec des seaux pour éponger ? On fait un sondage auprès des utilisateurs les plus fréquents et on les sollicite pour la corvée ?
On dénationalise (privatise dans le langage étatiste) la route avant et il n’y a plus de problème ou plutôt c’est aux propriétaires seul qui on comble de le résoudre avec éventuellement des clients ou contractuel diverse.
Si le tronçon est très utilisé, vous n’aurez aucun mal à trouver des fonds auprès de ceux pour qui la perte de ce tronçon se traduit par une perte de temps, d’argent, de sécurité.
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A lire : Quand les citoyens se passent d’Etat – Où l’on découvre encore une fois qu’il vaut mieux compter sur soi-mê… http://t.co/nXV76HKH
Quand les citoyens se passent d’Etat: Où l’on découvre encore une fois qu’il vaut mieux compter sur soi-même que… http://t.co/EhWaPJvY
Pas sûr qu’en Belg. on puisse faire ça sans emmerdes après… “Quand les citoyens se passent d’Etat” http://t.co/oHCRodjc via @Contrepoints
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“Nous n’aurions pas eu besoin de faire ceci” dit Troy Martin.
Mais si.
L’anomalie c’est l’intervention de l’Etat. Cette déclaration, de quelqu’un qui pourtant a compris qu’il pouvait s’en passer, démontre à merveille l’inversion généralisée de la logique au XXIème siècle.
Quant à ceux qui s’en sortiront par eux même et subiront la jalousie, un petit conte: sur le Titanic, si des débrouillards avaient compris dès le moment du choc, ce qui se préparait, ils auraient eu tout le temps de trouver les matériaux sur le navire pour fabriquer leurs propres radeaux de sauvetage. Et en effet, s’ils l’avaient fait, au moment de les mettre à l’eau, ils se seraient fait trucider par les autres.
Se passer de l’Etat, ça fait si peur. Et pourtant. http://t.co/CQFFXJOs
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Bref une critique bien plus liée à la centralisation qu’à l’Etat en tant que tel. Ces lourdeurs administratives, elles existent de la même manière dans les grandes structures privées. On oublie aussi de s’interroger sur les raisons qui conduisent l’assurance (sans doute privée) à ne pas indemniser rapidement le Parc.
L’Etat n’est rien d’autre que ce que les citoyens en font. A la base un moyen de mutualiser des services jugés indispensables (?) à tous : santé, éducation, sécurité, infrastructure de transport et de communication etc. Un tas de choses dont beaucoup d’individus, à l’échelle à laquelle ils agissent tous les jours, n’y voient pas forcément d’intérêt. Mais, en cas de maladie ou de catastrophe son action peut être salutaire directement auprès des individus, comme elle l’est en général à un niveau macroscopique sur les indicateurs de développement humains…
“…L’Etat n’est rien d’autre que ce que les citoyens en font….”
Faux et archi-faux : l’Etat est ce que les politocards “élus démocratiquement” en font, pas les citoyens.
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tiens h16,en toute honeteté,qu’est ce que tu penses de ce qui se passe avec les étudiants du québec,face aux dirigeants du parti libéral,on t’a pas trop entendu la dessus pour une fois?
Je prépare un papier courant de semaine à ce sujet. Et pour faire court, deux volets : une bande de branleurs qui chouine pour un truc ridicule, et une loi qui n’aurait jamais dû voir le jour.
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Dans l’univers libérale tout ne tournerait toujours pas rond, exemple l’affaire FaceBook. Vous n’en parler pas ?
pourriez-vous préciser ce qu’est pour vous “l’affaire facebook” et “ce qui ne tourne pas rond”
Qui prétend que tout tournerait toujours rond dans l’univers libéral ?
Strawman.
L’affaire facebook? C’est à dire?
Bonjour.
Juste une question. Ce tronçon est construit selon quelle norme? Remplacer l’état est une chose. Faire une route capable de tenir de la circulation demande des savoirs faire qu’un tenancier de boutique n’a pas.
D’après IREF 7 millions de Français sont salariés par l’Etat et ses satellites. Presque autant dépendent de l’argent public. Au total, la moitié des Français est à la charge de la collectivité. C’est une véritable drogue : le goût du travail et l’esprit d’initiative se perdent. Le nouveau pouvoir veut encore élargir la sphère publique : les hommes libres peuvent encore réagir.
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Le problème n’est donc pas l’État en lui-même mais la bureaucratie et, à la lecture de vos réponses dans les commentaires, qui est aux commandes de l’État, ici des politiciens professionnels.
Ce qu’il faut enlever, ce n’est pas l’État, c’est plutôt cette crasse politicienne et la lourdeur administrative.
Quant au cas particulier ici, un bon point pour le commentaire sur l’état de cette nouvelle route (qualité, durabilité, risques etc) et la remarque sur les raisons qui poussent l’assureur à ne pas payer.
Et effectivement, des constructions utiles comme des viaduc ou autre, seraient-elles réalisées selon le schéma décrit ? On aurait plutôt chacun fait sa route, il n’y aurait pas de cohérence et beaucoup de gaspillage, sans parler de destructions environnementales.
Bref, je réitère, erreur de diagnostic sur le problème : ce n’est pas l’État mais la bureaucratie excessive et l’élection de politicards.
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