Malaparte : Muss ou Mussolini déboulonné

L’écrivain italien Malaparte, de passage en France, devait en 1931, pour l’éditeur Grasset, écrire une biographie du Duce. Probablement ne s’attendait-on pas à cet essai, descente en flèche du prototype du fascisme

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
muss

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Malaparte : Muss ou Mussolini déboulonné

Publié le 4 mai 2012
- A +

« Muss » de l’écrivain italien Malaparte est une intéressante analyse historique des conditions d’émergence du fascisme, de son inscription dans l’histoire italienne, une préfiguration aussi de ce que sera l’Allemagne d’Hitler à partir de ce qu’il voit de l’Italie de Mussolini.

Par Thierry Guinhut.

Nous avons les gouvernements que nous méritons, dit-on souvent. Malaparte, portraiturant Mussolini, brosse un portrait peu flatteur de l’Italie de son temps : vanité, mauvaise foi, bêtise… L’écrivain italien, de passage en France, devait en 1931, pour l’éditeur Grasset, écrire une biographie du Duce. Probablement ne s’attendait-on pas à cet essai, descente en flèche du prototype du fascisme.

Après avoir, dans Technique du coup d’État, assuré la perspicacité de son analyse du phénomène Hitler, Malaparte en remettait une couche en déshabillant ce modèle de la tyrannie. Crimes « contre les corps » et « contre les consciences » sont les péchés de l’icône politique, associés à ceux de son imitateur autrichien que notre auteur devine devoir se révéler encore plus violent. C’est ainsi que le nouveau César est replacé dans son contexte historique, dans la distorsion d’une nouvelle légalité capable d’auto-justifier ses crimes. Pourtant la mère de l’écrivain a été « amoureuse » du « pauvre Muss », comme elle l’appelait.

Fallait-il publier ces manuscrits hélas inachevés ? Certes, oui ! Interrompus par sa relégation politique en des lieux perdus de la péninsule, il pensa reprendre ces travaux dans les années quarante. S’il a, un temps, été fasciné par les personnalités d’exception des gouvernements autoritaires, au point d’avoir été un théoricien apprécié du fascisme italien, le voilà renvoyant dos à dos ce totalitarisme et celui communiste.

Mieux encore, son second opus consacré à Mussolini, Le Grand imbécile, devient une franche bouffonnerie, dans laquelle une révolte grotesque balaie l’homme pas si fort du régime. Le tyran sans humour est brocardé de façon à montrer qu’il n’aurait pas été si difficile de le renverser, du moins si le peuple avait su en assumer la décision. Après avoir trop pris au sérieux le surhomme, Malaparte déboulonne celui qui porte « la tomate jaune de son kyste sur sa nuque lardeuse » avec les armes efficaces du rire…

Curzio Malaparte : Muss, suivi de Le Grand imbécile, traduit de l’italien par Carole Cavallera, Quai Voltaire, 224 p, 18 €.

—-
Sur le web.
Paru initialement dans Le Matricule des Anges, avril 2012.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don
Extinction Rebellion écologisme
7
Sauvegarder cet article

Le gauchisme est une maladie, la maladie infantile du communisme. Ce n’est pas de moi, mais de Lénine. Cette affirmation est le titre d’un document rédigé par l’instigateur de la révolution bolchévique, document assez court et facilement accessible en ligne. Il mérite d’être lu, surtout avec le recul de ce qui s’est passé après 1920, date de sa rédaction.

Le titre est intrigant. Comment et pourquoi opposer communisme et gauchisme ? On arrive vite cependant à comprendre où Lénine voulait en venir : afin de réussir la révolution prolétar... Poursuivre la lecture

Par Axel Weber et Dan Sanchez.

Le philosophe du XIXe siècle Joseph de Maistre a écrit que "toute nation a le gouvernement qu'elle mérite."

C'est vrai dans un sens car, comme l'a écrit plus tard Ludwig von Mises, "l'opinion publique est en définitive responsable de la structure de l’État."

Les croyances et les valeurs d'un peuple déterminent les institutions qu'il embrasse ou accepte.

L'influence s'exerce également dans l'autre sens. Des systèmes de gouvernement différents créent des incitations différentes. Certain... Poursuivre la lecture

En janvier 2022 j’attirais l’attention sur la posture pour le moins surprenante adoptée par quelques sénateurs français vis-à-vis des approches du gouvernement chinois durant la crise que nous avons traversée (traversons). Dans un rapport prospectif ils se montraient ostensiblement admiratifs du solutionnisme technologique chinois.

Dans ce même rapport, ils ne manquaient pas de vanter - sans ambages - tous les mérites des méthodes de l’empire du Milieu, sans omettre de valoriser certaines de ses approches les plus coercitives…

S... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles