Nous, pipoconomistes, soutenons Hollande

Une fois analysé, le soutien de certains économistes au candidat Hollande ne laisse aucun doute…

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Nous, pipoconomistes, soutenons Hollande

Publié le 24 avril 2012
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L’entreprise Demeard vient de développer une nouvelle machine assez géniale, le Décodothron, qui permet à partir d’un texte de toute nature d’en fournir une lecture entre les lignes grâce à sa technologie de Numérisation + Reconnaissance de Sous-Entendus. Je l’ai passé sur le texte, assez consternant, des éconofumistes, évidemment paru dans Le Monde, qui — bizarrement — soutiennent Hollande. Et j’obtiens le résultat suivant …

Bon alors voilà, nous sommes économistes et comme nous avons du temps libre, beaucoup, payé par vous, nous suivons avec attention les débats en cours et le festival de promesses rigolotes faites par les candidats à la présidence. Comme nous avons tous bien prévu la crise qui secoue le monde actuel (et nous avons même pu nous enrichir avec nos prédictions), nous nous permettons de juger leur ambition économique à la pertinence des options qu’ils proposent, en particulier pour ce qui concerne la reprise de la croissance et de l’emploi, le redressement de notre compétitivité, la régulation financière, la vision des politiques économiques européennes, le bonheur sur terre, la paix aux hommes de bonne volonté, tout ça et surtout leur capacité à nous offrir une place au chaud une fois élu. Sachons vivre.

Mais comme nous sommes assez culottés, nous jugeons aussi de la crédibilité de leur projet, notamment la cohérence d’ensemble des propositions, leur impact sur la cohésion sociale de notre pays, la constance et la fiabilité des engagements et leur compatibilité avec les contraintes budgétaires. Bon. Ce n’est pas vraiment de l’économie et c’est, bien évidemment, un boulevard à la subjectivité la plus totale, mais nous sommes économistes, hein.

Et comme par hasard, paf, un candidat se dégage à nos yeux, le plus apte à redresser la France et rassembler les Français. Surprise : ce candidat, c’est François Hollande. En toute objectivité.

En effet, comme les options sont nombreuses, les marges de manœuvres larges et les budgets colossaux, l’heure est aux choix. Et avoir le choix, c’est un vrai luxe quand les autres pays sont en crise. Alors que les autres, d’ailleurs, proposent une course absurde (et méchante) vers le moins-disant social, des vilaines politiques d’austérité qui brisent la croissance menu menu, nous, on s’est dit qu’il fallait mettre un terme à ces politiques qui dévastent les économies européennes. La crise de la dette ne pourra se régler qu’en relançant la croissance, avec certes un peu de dette, mais cette fois, ce sera de la *bonne* dette.

Et puis une réorientation de la construction européenne est urgente. Par exemple, renégocions un nouveau Pacte de responsabilité, de croissance et de gouvernance avec nos partenaires européens : ça fait au moins 3 ou 4 sommets dans les tuyaux (facile), avec pas mal de petits-fours, de gyrophares, de champagne, d’hôtesses accortes et de traiteurs payés rubis sur l’ongle. La croissance, ça passe aussi par celle des factures !

Ceci posé, les grosses dettes publiques rendent indispensable l’assainissement des finances. L’objectif de revenir à l’équilibre budgétaire à la fin (ou un peu après la fin) du quinquennat constitue un cadre pratique et finement trouvé puisque repousse très habilement le moment douloureux à plus tard (chose qui n’a pas été tenté sur les 40 dernières années). Certes, pour camoufler la procrastination, il faudra lancer une grande réforme fiscale, mais le cap fixé est aussi bon que celui que fixa, jadis, le Capitaine Edward Smith. Le tout sera de saupoudrer la sodomie fiscale assistée d’une chignole de chantier par des petits mots adoucissants comme « justice sociale » et « efficacité économique » qui ne veulent rien dire mais font plaisir et aident à passer le cap très douloureux des douze premiers centimètres. Par exemple, on va te me mettre un terme à la sous-taxation du capital et des rentes quelque chose de maousse et ça va bien calmer les gens qui en ont. Pan.

En fixant une norme d’évolution des dépenses publiques strictement inférieure à celle du PIB, François Hollande montre qu’il a le courage de ne surtout pas appliquer sa méthode personnelle de gestion départementale dit Du Gros Trou Qui Devient Énorme. Pour compenser cet accès de lucidité modéré, il propose fort judicieusement d’abandonner le non-renouvellement d’un fonctionnaire sur deux, parce que l’emploi public payé avec l’argent gratuit qui tombe des rotatives de la BCE ne peut pas lui nuire, et en plus, ça étend encore pas mal les prérogatives de l’État, ses responsabilités pour dorloter le citoyen du téton au sapin.

Economics

En matière d’emploi et de pouvoir d’achat, là, c’est clair, une nouvelle orientation est nécessaire. Par exemple, la France dispose d’un atout exceptionnel, celui d’une jeunesse nombreuse et dynamique, citoyenne, festive, qui sait allier l’utile de la production d’énergie calorique avec l’agréable d’une soirée barbecue, par exemple. Et malgré ce côté volontaire et dynamique, pouf, ça chômise à longueur de journée. L’accent doit donc être mis, pour changer vraiment du tout au tout, sur des mesures en faveur de l’insertion professionnelle de la génération qui monte, de Kevin à Jean-Edouard, à travers la sécurisation des parcours professionnels, le développement de contrats criblés de taxes et le renforcement de l’Édulcoration nationale, qui a déjà démontré son extraordinaire capacité de nuisanceréussite.

La France manque de syndicats forts, présents dans toutes les strates de la société civile, prêts à tout pour obtenir l’indispensable ? Redonnons leur place aux syndicats, par exemple en organisant un Grenelle De Paul Employ. Ceci est évidemment crucial pour que les salariés découvrent des modes alternatifs de transport en commun, des modes alternatifs d’énergie électrique, des modes alternatifs d’éducation, des modes alternatifs d’administration publique lorsqu’il y a des mouvements citoyens menés par ces syndicats. Comment, sinon, faire évoluer la mixité sociale, l’égalité hommes-femmes, le vivrensemble à bisou latéral, les mobilités interentreprises et les turbo-pantouflages dans les administrations ?

La mondialisation a été porteuse de croissance et de diffusion des connaissances mais a fait découvrir la triste réalité du monde aux Français qui étaient persuadés que leur modèle social était envié de partout alors qu’en fait, ben non. La méchante finance internationale, qu’on décrie à Paris et qu’on chérit à Londres, a malencontreusement suivi les obligations imposées par les états de favoriser la rente, la dette et les monnaies fiat bidons. Des mesures indispensables pour remédier à ces défaillances sont certes nécessaires mais ce n’est pas une raison pour en proposer. Optons plutôt pour la séparation des activités bancaires entre spéculation et économie réelle, ça ne restreindra aucun risque (après tout, Lehman n’était pas une banque de dépôt, ni Bear Stearn, ni Goldman Sachs, ni JP Morgan, …) mais ça fera joli dans le palmarès du candidat. Et ça ne mange pas de pain.

Et puis bon on va interdire les paradis fiscaux. Les socialistes auraient pu le faire quand ils étaient au pouvoir. Mais on ils ne l’ont pas fait. Mais là on ils vont le faire. Juré promis craché. Et puis enfin, une petite taxe sur les transactions financières, pour s’ajouter aux autres taxounettes discrètes, ne rapportera rien mais sera extrêmement populaire la première année.

Le débat sur la politique économique à suivre ne doit pas occulter les questions économiques fondamentales qui se posent maintenant : comme on va augmenter le rythme d’impression des billets, doit-on conserver la couleur, ou peut-on passer à des billets en noir et blanc ? Des euros sans couleur, c’est aussi une économie d’énergie et l’assurance de rotatives qui produisent plus pour moins cher ! Car c’est aussi ça, l’économie vue par nous, les économistes qui adoubons François Hollande : chaque détail a été longuement pensé pour éviter les mauvaises surprises. On veut, en effet, plus de santé, plus d’éducation, plus de qualité de vie, et ça, on sait comment faire avec plus de billets. Et même si l’Europe offre des densités de population parmi les plus élevées, on va mettre fin à l’étalement urbain – catastrophe économique, écologique et sociale -, paf, comme ça, parce qu’on a une super soluce qu’on vous dévoilera en saison 2.

Pour toutes ces raisons, nous appelons à voter pour François Hollande. Alors que le souvenir de 2007 nous oblige à la plus grande réserve sur les multiples promesses de campagne du candidat sortant, celles de François Hollande, elles, ont un fumet bien plus prometteur de postes et de petites prébendes sympathiques.

Vive François Hollande, vive la France, vive l’Argent Public !

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Nicolas Tenzer est enseignant à Sciences Po Paris, non resident senior fellow au Center for European Policy Analysis (CEPA) et blogueur de politique internationale sur Tenzer Strategics. Son dernier livre Notre guerre. Le crime et l’oubli : pour une pensée stratégique, vient de sortir aux Éditions de l’Observatoire. Ce grand entretien a été publié pour la première fois dans nos colonnes le 29 janvier dernier. Nous le republions pour donner une lumière nouvelles aux déclarations du président Macron, lequel n’a « pas exclu » l’envoi de troupes ... Poursuivre la lecture

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