Au Canada comme en France ou partout ailleurs, quand les leaders de “mouvements étudiants” se revendiquent de la démocratie, il faut se méfier à plus d’un titre.
Par Pierre-Yves Saint-Onge, depuis Montréal, Québec.

Dans le discours des manifestants de la cause étudiante, on entends parler constamment de démocratie. Comme quoi leur décisions sont démocratiques, et que leur voix est celle de la majorité et que de ne pas accorder leurs demandes est d’agir contre la démocratie.
Il faut premièrement mettre une balise au deuxième point. Admettons un instant que la décision des étudiants était effectivement prise démocratiquement. On ne peut quand même pas utiliser cet argument pour justifier un changement. Dans ce cas, nous parlerions d’un majorité d’étudiants de 200,000 personnes qui imposeraient leur décision sur plus de 3 millions de contribuables. On est très loin de la démocratie… cela ressemble toujours autant au même problème de faire plaisir aux groupes d’intérêts. Une majorité dans une minorité ne devrait pas primer sur la société, même si la résolution initiale semble démocratique. Qu’est ce qui m’empêche de voter avec mes concitoyens de ma petite ville de banlieue et de nous voter une exemption aux impôts fédéraux et provinciaux? Décision totalement légitime et démocratique selon cet argument.. il ne nous reste plus qu’à bloquer les autoroutes jusqu’à ce que nous ayons victoire sur notre cause!
Dans les faits, les pouvoirs démocratiques ont traditionnellement été restreints pour empêcher les abus de décisions qui apparaissent “démocratiques” mais qui briment des droits. Car, et oui, dans toute décision il y a des perdants et des gagnants. Et même la décision qui a l’air la plus bénigne a des conséquences évidentes et non-évidentes.
Mais revenons à notre première question: les décisions des mouvements étudiants sont-elles un exemple de démocratie? Si nous adoptions le modèle syndical/étudiant pour nos élections, peut-être pourrions nous améliorer notre système politique qui en a bien besoin!!!
Voyons:
1) Votes à main levée
2) Droit de parole géré par les dirigeants
3) Intimidation des personnes votant pour le “mauvais côté”
4) Attente de prise de vote que les adversaires perdent patiente et quittent
5) Périodes de vote qui ne conviennent pas aux étudiants qui sont en stage ou en travail.
6) Reprise des votes qui obtiennent un “mauvais résultat”
Nous avons certes place à améliorer notre système, mais cela me semble être dans la mauvaise direction!
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RT @Contrepoints: La farce de la “démocratie étudiante”: http://t.co/PgmZ5W7o
Un fait éclairant ce constat : la mobilisation de groupes syndicalistes étudiants visant à empêcher Marine Le Pen de débattre au sein de l’université Paris Dauphine alors qu’elle était invité par un groupe de discussion. (Je tiens à préciser que je ne suis pas nationaliste)
On oublie tous ceux qui sont en accord et qui ne se lèvent pas!