La France, victime de l’ultralibéralisme sauvage

C’est entendu, la France souffre d’un excès de libéralisme. Le chômage, la stagnation du pouvoir d’achat, la désindustrialisation, les problèmes d’immigration et de « vivre ensemble », tout est conséquence directe de l’idéologie libérale, de l’ultralibéralisme mondialisé et du capitalisme dérégulé.

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Ultralibéralisme (Action française)

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La France, victime de l’ultralibéralisme sauvage

Publié le 12 avril 2012
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C’est entendu, la France souffre d’un excès de libéralisme. Le chômage, la stagnation du pouvoir d’achat, la désindustrialisation, les problèmes d’immigration et de « vivre ensemble », tout est conséquence directe de l’idéologie libérale, de l’ultralibéralisme mondialisé et du capitalisme dérégulé.

Par Georges Kaplan.

C’est entendu, la France souffre d’un excès de libéralisme. Le chômage, la stagnation du pouvoir d’achat, la désindustrialisation, les problèmes d’immigration et de « vivre ensemble », le déficit de la balance commerciale, celui du budget de l’État et la dette qui en résulte sont des conséquences directes de l’idéologie libérale dominante, de l’ultralibéralisme mondialisé et du capitalisme financier dérégulé.

Comment en douter ?

C’est ce qu’affirme Nicolas Sarkozy, notre président sortant, qui propose pour y remédier une adroite combinaison de protectionnisme, d’impôts punitifs et de politiques industrielles volontaristes.

C’est aussi l’avis de François Hollande, son principal challenger, qui reproche justement à l’actuel président son ultralibéralisme, et ne jure que par une augmentation des impôts et de la dépense publique.

C’est encore ce que pensent Jean-Luc Mélenchon et Marine Le Pen qui ont fait de la lutte contre l’ultralibéralisme mondialisé leur principal cheval de bataille.

C’est enfin l’analyse d’Éva Joly qui déclare vouloir « en finir avec l’ultralibéralisme » et de François Bayrou qui défend un « projet de société humaniste en rupture avec le modèle ultralibéral. »

Je vous passe les Nathalie Arthaud, Philippe Poutoux, Nicolas Dupont-Aignan et autres Jacques Cheminade : l’unanimité est si parfaite qu’il ne peut pas en être autrement : les malheurs de notre pays sont certainement liés aux politiques ultralibérales prônées et mises en œuvre par les tenants de la pensée unique.

 

Exemple #1 : la dépense publique

Le libéralisme économique, et à plus forte raison l’ultralibéralisme, prônent une intervention très limitée de l’État dans l’économie. Une fois chiffrée, la situation d’un pays libéral et donc, a fortiori d’un pays ultralibéral, devrait se traduire par un faible volume de dépense publique au regard de la « taille » de l’économie (en général le Produit Intérieur Brut).

Vérifions…

De la révolution à la veille de la première guerre mondiale, on estime que la dépense publique pesait entre 10 et 13 % du PIB – ce qui correspond, pour l’essentiel, au coût des fonctions régaliennes de l’État. Après un pic à environ un tiers du PIB vers 1920, c’est surtout à partir des années 1930 que commence l’inexorable croissance de la dépense publique avec les premières politiques d’inspiration keynésiennes (grands travaux, aides spécifiques à certains secteurs, soutien des prix agricoles…). En 1938, la dépense publique atteint un quart du PIB. Mais c’est après la seconde guerre mondiale et avec la création de la Sécurité Sociale que les dépenses s’emballent : d’environ 36 % à la fin des années 1950, elle franchit le seuil des 40 % en 1967, puis celui des 50 % en 1983 et dépasse le seuil des 56 % du PIB pour la première fois en 2009.

En 2010, la dépense publique française 1 s’élevait à 1095,6 milliards d’euros, soit 56,6 % du PIB. Selon les premières estimations de l’Insee, elle aurait atteint 1118,5 milliards d’euros en 2011 (55,9 % du PIB, +2,1 % par rapport à 2010) et le Projet de Loi de Finance pour 2012 évoque un objectif de 55,8% du PIB. Sur la base des chiffres de 2010, si l’on exclu quelques pays exotiques 2 et le cas particulier de l’Irlande 3, l’État français était le troisième État le plus dépensier des 178 pays pour lesquels les données sont disponibles 4. Seuls les États cubain (75,2 % du PIB) et danois (58,5 % du PIB) parvenaient à dépenser plus que le notre.

Du point de vue de la dépense publique, donc, la France a battu tous ses records historiques sous la présidence de Nicolas Sarkozy et se trouve être, avec Cuba, le Danemark et sans doute la Corée du Nord, un des pays les moins libéraux au monde.


Sur le web

  1. « Dépenses des administrations publiques consolidées » ; hors entreprises publiques produisant des biens et services marchands, telles que La Poste et la SNCF.
  2. Le Timor oriental, les Kiribari, le Lesotho, les Maldives et la Micronésie.
  3. L’État irlandais a bien fait exploser la tirelire avec une dépense publique à 67 % du PIB en 2010 mais ce chiffre est exceptionnel : la dépense publique irlandaise est habituellement plus proche de 40 % du PIB.
  4. Voir l’Economic Freedom Index de la fondation Heritage.
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  • A propos de G Kaplan « Il gagne honnêtement sa vie sur les marchés financiers » tu parles ouais le renard dans le poulailler… c’est pour blaguer
    J’adore vos articles géniaux que N Arthaud prof d’éco en terminale(incroyable mais vrai)devrait lire à ses élèves

  • J’ai du mal à retrouver les chiffres mais je pense que la Norvège est au-dessus aussi.

  • Oui mais on vous expliquera que les dépenses publiques sont importantes pour contrebalancer les injustices créé par l’ultralibéralisme ambiant.
    De toutes façons, les faits ont beau vous donner raison, vous avez tort parce que si vous êtes libéral, cela veut dire que vous ne voulez pas partager votre pognon, (peu importe que vous en ayez ou pas d’ailleurs)

    • De toutes façons, il a tort parce qu’il est libéral et donc un méchant. Si un libéral dit qu’il pleut, c’est qu’il fait beau ! Les vessies libérales sont les lanternes socialistes…

  • Une obsession s’est emparée de la vie intellectuelle française : le néolibéralisme. A travers livres et débats, s’est imposée l’idée selon laquelle l’enjeu essentiel doit être de dénoncer “l’invasion des logiques néolibérales”. Dans ce mouvement unanime, on trouve, bien sûr, une dénonciation de l’individualisme. Il est intéressant de noter que toutes les formes d’Etat-Providence commencent avec un programme de redistribution – contrôle du marché et de sa technique des prix – et finit avec des tentatives de gestion de l’économie. C’est parce que, contrairement à leurs attentes, les lois économiques ne sont pas suspendues à leurs interventions politiques, les prix ne répondent pas à leurs diktats, et que dans un ultime effort pour faire marcher leurs notions préconçues ils les appliquent à la production, et que là aussi ils échouent. L’imperméabilité des lois économiques aux lois politiques est repérable à travers ce fait historique : à long terme tous les États s’écroulent, disparaissent souvent complètement et deviennent des curiosités archéologiques. Chaque effondrement dont nous avons suffisamment les preuves est précédé par la même série d’événements. L’État, dans sa soif insatiable de pouvoir, intensifie constamment son emprise sur l’économie de la nation. Précédant cet événement, l’économie de la société, sur laquelle les pouvoirs de l’État s’appuient, se dégradent, et cette dégradation s’accompagne d’un déclin des valeurs morales et culturelles ; les gens ne se soucient plus de rien. En d’autres termes, la société s’effondre et entraîne l’État avec elle. Il n’y aucun moyen pour l’État d’éviter cette conséquence à part, évidemment, d’abandonner ses interventions dans la vie économique de la population qu’il contrôle, chose que son avidité pour le pouvoir ne permet pas. Il n’y pas de moyens pour la politique de se protéger elle-même de la politique.
    Il importe aujourd’hui de tourner le dos à de telles incantations, mais en France c’est impossible et on va continuer à s’enfoncer. Dommage.

  • Pour ma part, je dirais plutot que la vision du libéralisme qui est proposée aux gens est erronée.
    En effet, le libéralisme prône la liberté d’entreprendre et le droit de jouir des bénéfices de son travail, de ses idées… bref de ce qu’il a produit.
    Le souci dans nos sociétés, c’est que le libéralisme a parfois tendance à s’associer, voir être remplacé par une forme de cupidité primaire.
    Le but n’étant plus de développer un projet (quel qu’il soit) pour en tirer des bénéfices, mais bien de gagner le plus d’argent possible en un minimum de temps.

    Et je pense qu’aujourd’hui, le problème des français vis-à-vis du libéralisme vient de là…
    Les gens aimeraient d’un jour on leur dise : « vous bossez bien, la boite est rentable… continuez »
    Malheureusement ce qu’ils entendent c’est « vous bossez bien, la boite est rentable… mais les actionnaires gagnent pas assez (à leur goût) donc vous êtes virés »

    Tant que le facteur humain sera une variable d’ajustement dans les entreprises, personne ne soutiendra le système qui anime ces entreprises.

    • Et même si la vision des actionnaires étaient celle là, toutes les sociétés de France ne sont pas aux mains d’actionnaires qui ne travaillent pas dans la société. 90% à 95% des entreprises sont des TPE/PME a structure familiale. Vous pensez vraiment qu’en France, on peut virer quelqu’un juste parce qu’on veut augmenter le rendement?
      C’est totalement impossible! Il est déjà impossible de virer quelqu’un qui se révèle être un incapable ou un tire au flanc une fois sa période d’essai passée.
      Sinon concernant les grands groupes, combien d’emplois directs et indirects les Peugeot ou les Michelin ont créé depuis plus de cent ans.
      Ils ne licencient pas, ils suppriment des postes en réorganisant, ce n’est pas du tout la même chose;

      • @Frederic
        J’en suis parfaitement conscient, mais comme je l’ai écrit (peut etre pas assez explicité) je parle bien de ce qui est montré aux français.
        Une tpe/pme qui doit se séparer d’une ou deux personnes, ça ne fait pas les choux gras de la presse… surtout si la raison est la survie de l’entreprise. En revanche taper sur les grands groupes qui restructurent ou délocalisent non pas pour produire plus, mais pour produire moins cher et pas toujours à qualité équivalente, là on sort les projecteurs, parce que là on a un épouvantail qui nous attirera la sympathie des gens.
        Hier j’ai lu un commentaire d’article ou la personne disait que pour avoir une vraie politique libérale il fallait commencer par changer la vision que les gens ont du libéralisme.
        Et je pense aussi que toute la base du problème est là… « grâce » aux médias

    • Les humains seront toujours la variable d’ajustement, à terme en tout cas, y compris dans un systeme communiste.

      Meme lorsqu’on essaie de figer la société en l’empechant d’évoluer, comme dans le communisme, ou par une monarchie absolue par exemple, ça ne marche jamais !!

      La société evolue toujours. C’est un fait.
      Et qui dit changement dit des nouveaux besoins, des nouveaux objectifs, donc des gens rares et recherchés ici et devenus inutiles là.

      La problèmatique est d’accompagner convenablement ce changement et non de maintenir debout un chateau de sable qui disparaitrait forcément.

      Le liberalisme a cette force que tout finit pas s’equilibrer tout seul.
      Je ne suis pas contre quelques mesures de « justice sociale » sur le principe, mais si on regarde bien, quand on laisse vraiment faire, on s’apercoit que le chomeur d’une société libérale retrouve vite un emploi, que le salarié d’une boite en difficulté à souvent déjà quitté le navire, que cette boite va se faire racheter par une autre qui saura la gérer mieux …

      L’interventionnisme étatique doit se donner pour but maximum de remettre le train sur le rails quand il déraille (grosse crise, conditions humaines insoutenables, etc…) mais jamais de se prendre pour le cheminot sinon c’est l’ensemble du convoi qui part dans le fossé.

  • Ce que la classe politique et la masse unanime des français fustigent sous les termes de « libéralisme », « néo-liberalisme » ou « ultra-libéralisme » n’a strictement rien à voir avec les thèses défendues par les penseurs et les économistes libéraux. On le sait. Mais malheureusement je ne vois pas ce qui pourrait nous faire sortir de cette impasse…
    Le terme de « libéralisme » a subi un tel glissement sémantique dans ce pays qu’il en est devenu un véritable épouvantail à moineaux pour la foule en délire, très utile pour s’épargner le moindre effort intellectuel… C’est devenu l’équivalent moderne de la « finance apatride enjuivée » ou ce genre de fantasmes confortables nés dans les années trentes. Les français se sont tellement identifiés à leur Etat omniscient et omniprésent qu’on dirait que l’idée même de liberté leur fait peur. On va droit dans le mur.

    • Peut-être que les gens devraient commencer par lire l’article de C. Gave « grosse fatigue libérale » paru sur Contrepoints.

    • Vous avez raison, et c’est exactement pourquoi je m’affirme libéral à chaque fois que c’est nécessaire.

  • Les USA qui ne peuvent pas être taxes de pays communiste ont une dettes de 15000 milliards de dollars avec des infrastructures en très mauvais etat, un système de protection sociale quasi inexistant. Alors ou est donc passe l’argent dans ce pays libéral ? Dans la poche des banques?

    • Le monde selon duam : un monde qui n’existe que dans sa tête et dans celles de ses amis socialistes. Le réveil est-il programmé pour bientôt ?

  • La France n’est pas un pays libéral, bien au contraire…. l’état est ultra interventionniste en économie, via les impots bien sur,mais aussi dans l’organisation même de la vie économique… les réglementations… le soutien aux situations de rentes ou de monopole ( jusque dans les taxis….)
    L’ultra interventionnisme s’immisce même jusque dans la manière de s’habiller dans les lieux publics… l’interprétation de l’histoire… ou dans la manière de finir sa vie d’homme…

    Dans un vrai modèle libéral, l’État se doit d’être fort, sous peine se sombrer dans une sorte d’anarchie où la loi du plus fort outrepasse le principe fondamental du libéralisme : le respect de l’autre, du libre arbitre de la liberté d’entreprendre, etc..

  • Dans ses mémoires d’enfance, au sujet du travestissement de l’histoire pour la faire coller aux besoins idéologiques du moment, Marcel Pagnol parle des (abominables) rois de France qui prélevaient « jusqu’à  » 10% de la richesse nationale….
    Rappelons que Vauban estimait que son impôt universel à assiette large et taux faible permettrait de financer le Roi pour son niveau de prélèvement à 10%…

    • Il faut dire aussi qu’à l’époque 90% de la production humaine était une production de premiere necessité (nourriture, bati).

      On peut plus facilement se permettre de « gacher » 50% de l’outil productif aujourd’hui, car la premiere necessité ne doit représenter à tout casser que 10 à 40%

      • Je préfèrerai que cette production pas tout à fait necessaire soit utilisée par les gens comme ils l’entendent. Par exemple en loisirs ou en temps pour soi, plutot qu’en administrations inutiles, au sens large.

  • la france est l’un des pays les plus socialistes d’europe, il suffit de regarder les chiffres (dépenses publiques 57%, la fonction publique représente pres de 7 millions de fonctionnaires), 70 au rang des libertés économiques selon Heritage Foundation après le Cap-Vert, le Kazakhstan ou encore la Jamaïque, l’un des plus haut taux d’imposition ( la France a un taux d’imposition total moyen de 64,7% principalement constitué (51,7%) de charges sociales, le 2 plus fort taux d’imposition en europe),….. certains partis de gauche dans le reste de l’europe (spd, parti travailliste,…) sont plus libéral que l’ump. la france est championne du monde en dépenses sociales. la france possède 60 code et est ultraréglementé (plus de 500000 lois et décrets).

  • Les commentaires sont fermés.

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