Les politiciens actuels, qui vantent tant les mérites du principe de précaution, ne devraient-ils pas se l’appliquer quand ils font leurs propositions de politiques économiques et leurs promesses d’une croissance sans peine ?
Par Vladimir Vodarevski
La précaution est de nos jours érigée en principe, et utilisée pour empêcher certaines innovations, comme les OGM, même après des études très poussées n’ayant pas pu démontrer un danger quelconque. Cette utilisation du principe de précaution peut alors apparaître exagérée. Par contre, ce principe de précaution n’est pas appliqué en politique économique. Alors qu’il serait pour le coup de quelque utilité.
En effet, les politiques économiques influent sur la vie et la destinée de chacun bien plus que la mise en vente d’une innovation. Pourtant, des politiques radicales ont été mises en œuvre, ou sont réclamées, sans que jamais les éventuels effets néfastes ne soient envisagés.
Il en est ainsi des politiques de relance, qui nécessitent que le pays s’endette. Jamais une interrogation sur les limites de l’endettement supportable par le pays, en cas d’échec de la relance, n’est envisagée. Alors même que les relances ont toujours buté sur l’endettement.
De même, un pays comme la France a mené une politique de limitation de la population active, à travers les pré-retraites, l’abaissement de l’âge de la retraite, ainsi qu’une diminution des heures travaillées par cette population active. Aucune interrogation sur le financement des retraites n’est venue troubler cette politique. Ni aucune interrogation sur le pouvoir d’achat. Encore moins sur les conséquences sociales, qui sont aujourd’hui le fait qu’à 50 ans un actif est considéré comme dépassé et trop coûteux. Ni les conséquences de la réduction du temps de travail, et de la stagnation des salaires qui s’ensuit, sur le financement de la sécurité sociale.
Dans les années 2000, c’est « l’effet richesse » et la relance monétaire qui ont été loués de façon quasi inconditionnelle. Les taux bas permettaient de relancer l’économie par le crédit. De même, l’augmentation de la valeur des actifs immobiliers accroissait les capacités d’endettement de la population, américaine notamment, mais aussi britannique, et donc de consommation. Personne ne se souciait d’un quelconque effet pauvreté en cas de retournement des prix immobiliers. Ni du niveau de création monétaire. Au contraire, la Banque Centrale Européenne était critiquée pour ne pas suffisamment soutenir l’économie, alors que ses taux étaient historiquement très bas.
Aujourd’hui, deux nouvelles politiques radicales sont proposées. La monétisation de la dette souveraine, ce qui est aussi appelé la planche à billets, pour soutenir indéfiniment l’économie. En faisant fi de tous les problèmes de déstabilisation qu’une création monétaire excessive a toujours provoqué. Et une conversion forcée de l’économie vers l’industrie écologique, afin de créer de nouveaux emplois, dans la plus pure tradition soviétique de sinistre mémoire.
Ces politiques radicales ont un point commun : elles promettent la croissance sans peine. Elles attirent donc les politiciens, adeptes de solutions faciles de très court terme.
Mais n’est-il pas temps d’être un peu plus raisonnable, pragmatique, d’abandonner ces idéologies radicales de la facilité et de l’excès, cet aventurisme, et de revenir aux principes de réalité ? Alors que les soi-disant excès des marchés sont dénoncés, ne faudrait-il pas dénoncer plutôt les excès des politiques économiques ?
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