Principe de précaution en politique économique

Alors que les soi-disant excès des marchés sont dénoncés, ne faudrait-il pas dénoncer plutôt les excès des politiques économiques ?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
imgscan contrepoints 755 Précaution

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Principe de précaution en politique économique

Publié le 20 février 2012
- A +

Les politiciens actuels, qui vantent tant les mérites du principe de précaution, ne devraient-ils pas se l’appliquer quand ils font leurs propositions de politiques économiques et leurs promesses d’une croissance sans peine ?

Par Vladimir Vodarevski

La précaution est de nos jours érigée en principe, et utilisée pour empêcher certaines innovations, comme les OGM, même après des études très poussées n’ayant pas pu démontrer un danger quelconque. Cette utilisation du principe de précaution peut alors apparaître exagérée. Par contre, ce principe de précaution n’est pas appliqué en politique économique. Alors qu’il serait pour le coup de quelque utilité.

En effet, les politiques économiques influent sur la vie et la destinée de chacun bien plus que la mise en vente d’une innovation. Pourtant, des politiques radicales ont été mises en œuvre, ou sont réclamées, sans que jamais les éventuels effets néfastes ne soient envisagés.

Il en est ainsi des politiques de relance, qui nécessitent que le pays s’endette. Jamais une interrogation sur les limites de l’endettement supportable par le pays, en cas d’échec de la relance, n’est envisagée. Alors même que les relances ont toujours buté sur l’endettement.

De même, un pays comme la France a mené une politique de limitation de la population active, à travers les pré-retraites, l’abaissement de l’âge de la retraite, ainsi qu’une diminution des heures travaillées par cette population active. Aucune interrogation sur le financement des retraites n’est venue troubler cette politique. Ni aucune interrogation sur le pouvoir d’achat. Encore moins sur les conséquences sociales, qui sont aujourd’hui le fait qu’à 50 ans un actif est considéré comme dépassé et trop coûteux. Ni les conséquences de la réduction du temps de travail, et de la stagnation des salaires qui s’ensuit, sur le financement de la sécurité sociale.

Dans les années 2000, c’est « l’effet richesse » et la relance monétaire qui ont été loués de façon quasi inconditionnelle. Les taux bas permettaient de relancer l’économie par le crédit. De même, l’augmentation de la valeur des actifs immobiliers accroissait les capacités d’endettement de la population, américaine notamment, mais aussi britannique, et donc de consommation. Personne ne se souciait d’un quelconque effet pauvreté en cas de retournement des prix immobiliers. Ni du niveau de création monétaire. Au contraire, la Banque Centrale Européenne était critiquée pour ne pas suffisamment soutenir l’économie, alors que ses taux étaient historiquement très bas.

Aujourd’hui, deux nouvelles politiques radicales sont proposées. La monétisation de la dette souveraine, ce qui est aussi appelé la planche à billets, pour soutenir indéfiniment l’économie. En faisant fi de tous les problèmes de déstabilisation qu’une création monétaire excessive a toujours provoqué. Et une conversion forcée de l’économie vers l’industrie écologique, afin de créer de nouveaux emplois, dans la plus pure tradition soviétique de sinistre mémoire.

Ces politiques radicales ont un point commun : elles promettent la croissance sans peine. Elles attirent donc les politiciens, adeptes de solutions faciles de très court terme.

Mais n’est-il pas temps d’être un peu plus raisonnable, pragmatique, d’abandonner ces idéologies radicales de la facilité et de l’excès, cet aventurisme, et de revenir aux principes de réalité ? Alors que les soi-disant excès des marchés sont dénoncés, ne faudrait-il pas dénoncer plutôt les excès des politiques économiques ?

—-
Sur le web

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

L'économie bolivienne ne se porte pas très bien. En voici cinq raisons.

On ne pense pas souvent à la Bolivie, petit pays situé au cœur de l'Amérique du Sud. Mais dès qu'on l'évoque, outre les montagnes et les lamas, on pense au socialisme et à Evo Morales. Certains vont même jusqu'à parler de « miracle socialiste » en raison de sa stabilité économique et monétaire dans les années 2010. Pourtant, cette perception est loin de la réalité.

Le parti politique bolivien actuel, Movimiento al Socialismo (Mouvement vers le socialisme), e... Poursuivre la lecture

Le classement sur la "facilité de faire des affaires" est une liste de pays classés en fonction de la facilité avec laquelle il est possible d'enregistrer, de créer et de maintenir une entreprise dans ce pays. Bien que sa méthodologie ne soit pas parfaite, elle tente de prendre en compte plusieurs facteurs importants tels que le coût et le temps nécessaires à la création d'une entreprise, l'enregistrement de la propriété, la charge fiscale et l'exécution des contrats. Il n'est pas surprenant que les pays qui se situent en haut de ces classeme... Poursuivre la lecture

Le très court délai d’organisation des scrutins des 30 juin et 7 juillet prochains favorise indéniablement le Rassemblement national (RN) en forte dynamique aujourd’hui à la droite de l’échiquier politique face à une gauche minée par ses querelles intestines, malgré une unité de façade purement électorale, des Républicains en plein divorce et une majorité présidentielle victime entre autres du rejet de la réforme des retraites, et de l’inflation.

Toutes les études d’opinion soulignent que le vote RN est un vote de colère et de méconten... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles