BillGuard analyse vos factures et détecte les fraudes

Une startup lance Billguard qui analyse vos factures et détecte les fraudes. Et si on appliquait ce principe aux entités publiques ?

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BillGuard analyse vos factures et détecte les fraudes

Publié le 22 janvier 2012
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Je vous parlais il y a peu de Linky, les merveilleux compteurs « intelligents » d’EDF, dont la version allemande fuite des renseignements personnels en toute décontraction. Eh bien si la technologie peut apporter le pire en matière de fuite de données personnelles, elle peut aussi, envers et contre tout, rendre de vrais services…

Pour rappel, Linky, ce sont des compteurs qui, connectés à internet, vous permettront de surveiller votre consommation à distance et au plus près, et à n’importe qui d’espionner discrètement comment vous passez vos dimanches en famille. En parlant de factures et de surveillance, plutôt que l’espionnage et la fuite malencontreuse de renseignements personnels, vous pouvez aussi analyser la façon dont vous dépensez et organisez votre budget jour après jour, et, en utilisant la puissance des statistiques tant sur vos données que sur celles de millions d’autres clients, optimiser vos dépenses et, surtout, repérer très vite les dépenses inhabituelles ou, surtout, frauduleuses…

C’est exactement ce que propose le service BillGuard, actuellement en cours de déploiement aux Etats-Unis.

L’idée de base est la suivante : l’utilisateur s’abonne au service BillGuard, et continue d’utiliser normalement sa carte bancaire. Chaque utilisateur, lorsqu’il reçoit ses factures, peut, s’il l’estime nécessaire, marquer telle ou telle dépense comme illégitime (un frais ajouté alors qu’il n’était pas au courant, un débit étrange, etc…).

BillGuard se charge ensuite d’analyser des millions de transactions et de pondérer les lignes qui ont été notées comme problématiques par les utilisateurs ; le moteur de la start-up en profite aussi pour analyser les plaintes déposés sur Facebook ou Twitter sur les marques et sociétés qu’il retrouve dans les factures. L’ensemble lui permet alors d’obtenir des informations relativement précises et statistiquement significatives.

Par la suite, il suffit à BillGuard de fournir un rapport mentionnant les dépenses légitimes, celles qui méritent une clarification (et, par la suite, une classification) et enfin, les dépenses qui posent clairement problème. Evidemment, les heuristiques employées par le moteur font que plus les utilisateurs caractérisent leurs factures, plus le moteur sera rapide et précis pour retrouver les lignes problématiques.

Pour mes lecteurs anglophones, la société a préparé une petite vidéo :

Pour le moment, c’est un service limité aux banques et cartes bancaires américaines, mais on comprend que sur le principe, l’application peut fonctionner exactement à l’identique sur le vieux continent. Inutile de dire qu’en ces périodes de crise, traquer les petites lignes et petites dépenses douteuses va devenir un passe-temps obligatoire pour la plupart des foyers européens dont le budget va être assez stressé.

Ce qui est vrai au niveau des individus est aussi transposable au niveau des entreprises : l’intérêt apparaît clairement lorsqu’il s’agit de piloter les dépenses au plus près.

On peut même se laisser aller et imaginer la même chose au niveau d’un gouvernement, d’une institution publique, d’une collectivité locale : la transparence des comptes de ces entités, obligatoire pour toute démocratie, permettra à chaque citoyen de vérifier ainsi l’excellente probité de nos élus qui se font, on en est sûr, un devoir de tailler leur comptabilité au cordeau.

Cette utilisation innovante de l’intelligence collective couplée avec la collecte massive et automatisée de données vivantes est, je trouve, une illustration assez phénoménale de ce que le data-mining permet de nos jours et ouvre des perspectives intellectuellement très riches.

Du reste, l’idée d’analyser des millions de données de consommation n’est pas nouvelle puisque les grandes sociétés de cartes bancaires et de crédit, comme Visa, Mastercard ou Amex, utilisent depuis un moment des méthodes comparables. Elles ont ainsi découvert, après l’analyse poussée de millions de transactions et en réalisant des séries de corrélations, que certains comportements de consommation permettaient par exemple de prévoir avec un taux de réussite bien pertinent la probabilité de divorce dans un foyer.

Ces évolutions (quasiment, des révolutions) dans l’utilisation des données personnelles sont, actuellement, silencieuses, discrètes et profondes. Petit-à-petit, les consommateurs comprendront l’énorme avantage qu’ils sont à même d’en tirer. D’un autre côté, le citoyen aura tout intérêt à rester vigilant pour marquer de façon claire les limites de ces utilisations.

Mais en tout cas, on peut être absolument certain que si les avantages et les inconvénients de ces technologies ne sont pas clairement exposés, les politiciens s’empareront de l’affaire. Et à l’instant même où ceux-là y mettront leur groin, les avantages s’évanouiront et ne subsistera plus qu’une cohorte d’inconvénients insolubles, portés bien haut pour effrayer les masses et déclencher l’irrésistible besoin d’ouvrir les vannes à législhorrée.
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