Barack Obama a consacré Sonny Rollins, l’ultime Pape du Jazz, saluant « l’un des plus grands improvisateurs de l’histoire du jazz ».
Par Mathieu Beaufrere
Barack Obama applaudit des deux mains, tous les regards se tournent vers Sonny Rollins. La scène pourrait sembler presque anodine si elle ne se déroulait pas dans la grande salle de concert du John F. Kennedy Memorial Center for the Performing Arts de Washington D.C. Ce soir de décembre, le glorieux édifice, dessiné par le moderniste Edward Durell Stone, accueille le gotha américain pour rendre hommage aux artistes qui ont contribué à la richesse culturelle des États-Unis.
Cheveux blanc soigneusement peignés en arrière, barbe finement taillée, nÅ“ud papillon et lunettes de soleil, le jazzman à la voix feutrée jubile. À ses côtés, la chanteuse de Brodway Barbara Cook, le crooner Neil Diamond, le violoncelliste Yo-Yo Ma et l’actrice aux deux Oscars Meryl Streep acquiescent respectueusement. Au premier rang, Michele Obama se dresse pleine d’admiration. Ravi Coltrane, le fils du saxophoniste ténor John Coltrane a fait le déplacement. Non loin, le couple Clinton salue la performance. Le vieux sage impressionnait déjà les amateurs passionnés, par sa carrière rarement égalée dans l’histoire du Jazz, autant que pour sa qualité de jeux, son don mélodique et ses talents d’improvisateurs. À plus de 81 ans, il force le respect de l’Amérique entière.
L’éloge est amplement mérité. Si Sonny Rollins a pour principal mérite d’être l’un des rares survivants de la grande époque du Jazz, il n’en est pas moins l’un de ses rois majestueux. Sonny le colosse, Rollins l’increvable. Depuis l’année 1956 et son terrible Saxophone Colossus, le saxophoniste ténor n’a jamais cessé d’explorer les champs musicaux et de porter jusqu’à  l’apothéose ses qualités d’instrumentistes. Disciple de Thelonious Monk et admirateur de Charlie Parker, le gamin de la Grosse Pomme grandit non loin des temples de la musique noire new-yorkaise que sont Le Savoy et l’Apollo. Il fait aujourd’hui figure de maître incontesté et de grand prophète de l’ère post-bebop. Sonny Rollins a traversé plus d’un demi-siècle de musique, bravé toutes les modes, survécu à Stan Getz et frôlé la mort à l’âge de 71 ans, s’échappant de justesse de son appartement, voisin du World Trade Center, un certain 11 septembre 2001, avec seulement son saxophone ténor à la main. Alors oui, l’inépuisable Jazzman méritait bien une récompense de plus à entreposer aux côtés du Down Beat Jazz Hall of Fame de 1973 ou du National Endowment for the Arts de 1983, près de son Polar Music Prise de 2007.
L’actuel Président des États-Unis a consacré l’ultime Pape du Jazz, saluant « l’un des plus grands improvisateurs de l’histoire du jazz ». Barack Obama s’est déclaré stupéfait par le souffle de Sonny Rollins et sa capacité à produire de longs solos sans répétition et sans jamais la moindre défaillance. Définitivement, qu’il s’agisse de Bill Clinton, enflammé au saxophone ténor, ou de Barack Obama, décorant les grands maîtres de la Culture américaine, force est de constater que les Présidents américains ont, par leurs penchants attendrissants pour le Jazz, une classe certaine.
Écouter : Deezer Discographie de Sonny Rollins
À Découvrir : Site Officiel de Sonny Rollins
—-
Sur le web
Sony Rollins sur le Williamsburg Bridge. Se voit récompensé 50 ans plus tard. Ca résume en effet en grand partie la classe américaine.
sonny rollins c’est la grande classe ,et ça me fait gerber de voir obama se faire mousser auprès de ce géant(je suis saxophoniste de jazz).je tiens a préciser que beaucoup de grands jazzmen sont morts dans la misère,alors que les journalistes qui écrivaient sur eux baignaient dans l’opulence:il y a clairement un problème