Les nouveaux entrepreneurs cubains survivront-ils?

Les laissera-t-on exister ou va-t-on à nouveau les éliminer?

Partager sur:
Sauvegarder cet article
Aimer cet article 0
imgscan contrepoints419

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Les nouveaux entrepreneurs cubains survivront-ils?

Publié le 3 décembre 2011
- A +

Par Yoani Sánchez, depuis La Havane, Cuba

Entre les affreux immeubles de béton et les grandes maisons avec jardin apparaissent de timides espaces de loisirs. Un quartier qui pendant des années a été condamné à l’ennui nocturne, à être une portion de ville dortoir, voit maintenant surgir ici et là des enseignes lumineuses et des bars à boisson. Des cafeterias confortables, des bars, des gymnases et des salons de coiffure apparaissent avec la récente renaissance du travail à compte propre. Peu des entrepreneurs d’aujourd’hui ont fait partie de la vague des petites entreprises privées du milieu des années quatre vingt dix. Ils n’ont donc pas en mémoire le traumatisme de la fermeture, la volonté gouvernementale de les asphyxier avec des impôts élevés, des restrictions absurdes et des inspections excessives.

À côté des échoppes sans beaucoup de ressources s’élèvent également des lieux qui rivalisent de beauté et d’efficacité avec le meilleur hôtel de l’île. Des œuvres d’art aux murs, des meubles en bois travaillé, des lampes commandées aux artisans locaux, sont quelques uns des détails utilisés par cette nouvelle classe d’entrepreneurs pour décorer leurs locaux. On entend dire partout : « ils viennent d’ouvrir un restaurant mexicain à ce coin de rue » ; « un chef est arrivé de Suède pour donner des cours à des cuisiniers qui prévoient d’ouvrir un site au Centre de la Havane », « sur cette terrasse on vend les meilleures pizzas du pays ». On a l’impression que cet influx de créativité ne peut être arrêté et qu’ils ne pourront pas – comme ils l’ont fait autrefois – barrer la route à un secteur qui dépasse en qualité les établissements d’État.

Le quartier est devenu une destination pour ceux qui auparavant s’échappaient vers la 23è rue ou le Malecon à la recherche de détente. Mais il subsiste comme un doute qui nous empêche encore de profiter pleinement des tables aux nappes impeccables et des serveurs en cravate. Quelques questions surgissent à chaque cuillerée que nous goûtons : Survivront-ils ? Les laissera-t-on exister ou va-t-on à nouveau les éliminer ?

—-
Sur le web

Traduction: Jean-Claude Marouby

Voir le commentaire (1)

Laisser un commentaire

Créer un compte Tous les commentaires (1)
  • Le tourisme a apporté beaucoup de devises dans le pays, créé beaucoup d’emplois, et surtout ouvert les yeux des cubains.

    Raul Castro a fait de timides avancées en libéralisant quelques métiers, en contrepartie du licenciement d’une foule de fonctionnaires, mais les gens en ont tant vu que leur interprétation de l’évolution dépend de leur caractère : certains imaginent une opportunité de rester, d’autres y voient celle de partir.

    L’expérience démontre qu’il faut des décennies pour guérir du communisme …

  • Les commentaires sont fermés.

La liberté d’expression n’est pas gratuite!

Mais déductible à 66% des impôts

N’oubliez pas de faire un don !

Faire un don

Cet été, Contrepoints vous propose une série d'entretiens sur le libéralisme avec plusieurs de nos auteurs et des invités spéciaux. Yves Bourdillon est écrivain et journaliste au service international du quotidien Les Échos.

 

Comment définissez-vous le libéralisme ? 

C’est une doctrine de droit et de morale issue de l’alliage quasi miraculeux entre Rome, Athènes et Jérusalem, dont on pourrait résumer le principe essentiel par « tu t’appartiens, sans être seul pour autant ».

Tu t’appartiens, en ce sens qu’on p... Poursuivre la lecture

Les auteurs : Miruna Radu-Lefebvre est Professeur en Entrepreneuriat à Audencia. Raina Homai est Research Analyst à Audencia.

 

Au travers des interactions entre entreprise et territoire, un ancrage se construit dans le temps. Celui-ci apparaît particulièrement fort pour les entreprises familiales qui restent sur le même territoire pendant des années, parfois des générations. Le territoire donne une certaine couleur à l’identité d’une entreprise comme à l’identité des individus qui la composent. L’ancrage territorial s’expr... Poursuivre la lecture

Le monde du management est noyé sous les mots-valises, les expressions à la mode et les concepts creux. C’est un problème parce que mal nommer un phénomène, c’est s’empêcher de pouvoir l’appréhender correctement, et donc de pouvoir le gérer.

Un bon exemple est celui de l’expression technologie de rupture, très trompeur.

Je discutais récemment avec le responsable innovation d’une grande institution, qui me confiait : « La grande difficulté que nous avons est d’identifier parmi toutes les technologies nouvelles celles qui sont vra... Poursuivre la lecture

Voir plus d'articles