Le plan de rigueur annoncé lundi par François Fillon a du mal à convaincre quand on constate qu’aucun effort sérieux n’est fait pour réduire les dépenses publiques. À l’inverse, la majorité du plan repose sur une hausse des impôts payés par les Français.
L’immobilier, sujet central du plan de rigueur, ne déroge pas à ce constat, et les économies présentées sont majoritairement des fins de crédit d’impôt, i.e. des hausses d’impôts. Quelques mesures vont dans le bon sens néanmoins:
- Fin du Scellier au 31 décembre 2012 au lieu de 2015. Celle-ci devrait surtout permettre de réduire l’augmentation des prix immobiliers dans le neuf. En effet, le « gain » permis par le crédit d’impôt Scellier avait terminé in fine dans la poche des promoteurs par une hausse des prix immobiliers.
- Fin du Prêt à Taux Zéro dans l’ancien. À peine créé, le PTZ+ est déjà réduit de moitié. Une suppression bienvenue puisque le dispositif nourrissait lui aussi la hausse des prix. On regrettera qu’il soit malgré tout maintenu dans le neuf, alors qu’il aurait fallu le supprimer complètement, de même que toutes les aides à l’accession à la propriété. Ces aides qui « rappelent le triste exemple des subprime aux USA qui avaient pour but de vendre des logements à des personnes ne pouvant pas acheter ».
Néanmoins ces mesures restent insuffisantes, en particulier car le principal déterminant du marché reste intact : la pénurie organisée par l’État à travers les permis de construire. Ainsi, Vincent Bénard estimait-il dans une étude de 2005 que le surcoût lié à la règlementation par les permis de construire représentait 45 milliards € par an.
Sur ce point, rien n’est fait ni même dans les cartons. Pourtant, comme le rappelle le président de la Fédération des Promoteurs Immobiliers de la région lyonnaise :
Le seul moyen d’avoir des logements accessibles, c’est d’avoir un foncier abondant. La rareté crée l’exclusion. Moins il y a de terrains, plus il est vendu cher, et plus ceci produit une production de logement cher, et inaccessible au plus grand nombre, ce que toute la production regrette.
De même, rien n’est fait pour lutter contre la surprotection des locataires, qui impacte directement le niveau de garanties demandées par les propriétaires; une étude internationale réalisée à Harvard indique que la France est un des pays de l’OCDE où le recouvrement d’un logement et l’expulsion d’un locataire est le plus long: en moyenne, 226 jours, dont 75 jours pour obtenir un procès et 135 jours pour l’application de l’acte de justice. Loin de protéger les locataires, ce refus de faire respecter le droit de propriété aboutit à faire payer par tous les abus de certains. Quel gouvernement fera enfin quelque chose à ce propos?
Enfin, on a du mal à voir comment la hausse de la TVA sur les travaux à domicile pourrait créer autre chose que du chômage supplémentaire…
Précision: le coût n’est pas de « 45 milliards par an » mais de 45 milliards pour l’année 2005, le surcout représente la survaleur payée aux vendeurs par les acheteurs et varie en fonction du niveau atteint par la bulle et du montant total des transactions.
et il s’agit d’un surcout lié à la réglementation générale de l’urbanisme et pas du seul permis de construire, qui n’est que la partie « visible » de l’iceberg.
le calcul ici
http://www.objectifliberte.fr/2007/12/zonage.html
Je rejoins dans l’idée que les deux mesures principales (suppression du Scellier et du PTZ+ dans l’ancien) sont de bonnes choses pour le marché immobilier.
Le seul moyen de rendre le logement plus accessible à tous les Français est la baisse des prix d’achat. Elle favoriserait aussi bien ceux qui veulent accéder à la propriété que les investisseurs qui obtiendraient de meilleurs rendements tout en proposant des logements à des loyers abordables.
Les aides destinées à soutenir la demande telles que le PTZ Plus ou le Scellier ne font qu’entretenir des prix d’achat toujours plus hauts, jusqu’à ce que la majorité des ménages soient exclus du marché… Vu l’état des comptes publiques, il serait peut-être plus judicieux de chercher à augmenter l’offre à prix abordables, plutôt que de tenter de soutenir par n’importe quel moyen des prix inaccessibles par rapport aux revenus des Français.
Les finances publiques n’avaient pas pour vocation de gonfler artificiellement les prix immobiliers:
http://www.immopub.fr/blog/rigueur-budgetaire-equilibre-marche-immobilier&art=221
De la même manière , si l’on baissait les indemnités de nos députés et certains hauts fonctionnaires , le prix de l’immobilier baisserait dans Paris et sa banlieue , pour le bien du plus grand nombre.
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